Peinture d'Alain Thomas
http://www.alain-thomas.com

 

En monde chinois

 

 

Yves Raguin est un jésuite qui vit depuis plus de 50 ans à Taïwan...
personne en langue française ne connaît mieux que lui la christologie chinoise...

"Tous les chemins de la pensée  nous conduisent vers le Père...
 la profondeur des expérience spirituelles présentes en Chine nous fait découvrir le Verbe ...et l'Esprit présent sur le monde... 
 Cela est particulièrement vrai lorsque l'on examine les trois grandes traditions chinoises qui présentent trois images de l'homme parfait....: 
Le bouddhisme  qui a pour idéal un humain libéré des illusions et du poids du karma
le taoïsme un humain libéré des contraintes surajoutées de la culture  et rendu à la simple nature de l'être
le confucianisme un humain libéré par l'acceptation d'un ordre dont l'harmonie exprime celle du ciel et de la terre...

Le Verbe présent au plus intime de la conscience humaine  qui éclaire la quête d'intériorité et habite toute l'histoire de l'humanité s'est exprimé à travers le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme"

 Ainsi selon lui seul le Fils de l'homme  comble une telle recherche et nous ouvre accès au coeur du Mystère divin
insondable Mystère dont le silence et l'indifférence ont tant troublé les chercheurs de Dieu...
Celui-ci  a parlé par son Verbe en langage d'homme
il nous a dit que Dieu, profondeur de mon être et au delà de cet être était amour...
Par la révélation du Christ nous savons que la perfection de Dieu, c'est d'être UN et trine... et que notre perfection est de participer à cette vie divine....
 mais il fallait que quelqu'un vînt de Dieu pour nous le faire savoir.... 
Aucun homme n'avait pu pénétrer à cette profondeur le Mystère.... 
Le Fils est venu qui nous a dit de Dieu tout ce qu'il pouvait dire"

En Asie l'auteur montre que les débats sur la conscience de Jésus peuvent être éclairés par le Zen...et que la christologie pouvait bénéficier de l'idée de Nature du Tao
mais les problèmes sont immense: la langue,surtout... celle du Canon des écritures chinoises au travers duquel s'exprime une certaine perception du Ciel, de la Terre... et de l'homme... 
Canon des 5 classiques ( jing) ( Livre de l'histoire, livre des odes, livre des rites, livre des mutations, livre des printemps et des automnes) et les 4 livres qui en complètent le sens( La grande étude, entretiens de Confucius, le Mencius, et l'invariable milieu)...
alors surgissent des problèmes de traduction...et de compréhension...
Ainsi doit on appliquer les termes de Tian ( ciel) et de Shangdi ( seigneur d'en haut) au dieu révélé ?
Le terme de Voie ( Tao)  n'est-il pas meilleur ? ( littéralement: ce qui rend toute chose conforme à la nature du Ciel) terme voisin de Logos... 
mais là le Ciel ne parle pas...
 alors comment glisser vers  la christologie ? vers le Verbe qui est Voie , Vérité et Vie ?

Il en est de même de même xiao ( piété filiale) ... la plus importante des relations sociales en Chine... la même attitude que nous vénérons  face à Dieu..."sortie de moi vers un autre"
décentrement naturel et à éduquer...
c'est dans cette catégorie que doit être présentée la relation au Dieu- Père en gommant toute connotation d'amitié souvent présente en pastorale occidentale...
Car en Chine la piété filiale n'est pas fondée sur le devoir ou sur le droit... mais sur l'intériorisation de la reconnaissance du don de la vie...
 sur le retour au principe et à l'origine...

" la racine de 10000 choses c'est le Ciel, celle de l'homme c'est l'ancêtre"

 l'accent  est porté sur la transmission...
 et l'interruption de cette transmission  est " le plus grand péché contre la piété filiale" ( Mencius)
 rien n'est plus difficile que de prôner le célibat pour le Royaume !

Un 2ème problème porte sur la nature de la relation ainsi établie entre Dieu et le prochain: 
le corpus des textes classiques dans lesquels s'exprime la notoriété des rapports du fils à son père suffit-il à rendre compte de la relation qui en Jésus s'instaure entre l'homme et le Père...N'y a-t-il pas là un risque de distorsion?

Il en est de même de l'idéal de la vertu ( de ou daode)
" ce principe agissant, cette rectitude intérieure qui tout naturellement ordonne les actions et gouverne les conduites,, la sienne et par contagion celle des autres"
 tradition qui prédispose bien a entendre la révélation de l'homme créé à l'image de Dieu et à percevoir dans le sage confucéen une préfiguration ou plus de Jésus...
mais risque une suspicion par rapport à la loi...
  et de favoriser au nom d'une culture chinoise de l'innocence de relativiser le péché ?

Le Qi est d'une égale importance, qi qui désigne en médecine le souffle, la respiration, l'énergie
dynamique spirituelle sans cesse à l'oeuvre...
Car Jésus est de ceux qui Le posséde en plénitude... ce qi...qui émane de lui comme une source et pénètre les dimensions de la vie et du cosmos...

Mencius avait recommandé l'entretien du qi...
Jésus serait une personne qui a su l'entretenir comme personne d'autre ...
ce qi  qui est en communion avec celui du Deus absconditus...
si quelqu'un a permis au "large, grand et noble qi"  de Mencius de devenir visible en ce monde alors c'est bien Jésus le Nazaréen...
Son qi remplit l'univers, tend un pont entre le Ciel et la terre...et conduit là haut vers le monde idéal dont rêvait Mencius...
en JC le rêve est devenu réalité...

ceux qui souhaitent plus de détails sur ce concept du qi= logos doivent cliquer sur ce lien

On peut  bien sûr se demander si ainsi on n'essaye pas trop d'habiller le Christ en sage chinois...?
en fait il s'agit plutôt de rendre fructueux la rencontre du Christ avec les chapitres que contient le livre de Mencius...
un Christ plein du hao jan chih qi  qui comme le soleil resplendissant exerce une force d'attraction irrésistible...
Jésus le dit lui même: " L'esprit du Seigneur repose sur moi car le Seigneur m'a conféré l'onction. Il m'a envoyé pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres..."

 On peut ajouter avec Vermander:

" le qi est un concept qui depuis une bonne dizaine d'année a acquis en Chine populaire une faveur extraordinaire ( qi gong) cela en étroite relation avec des phénomènes de guérison et autres...il est aisé alors de rapprocher le qi de la force qui sort de Jésus et de faire du Christ l'homme habité en plénitude par le qi de rectitude
il convient aussi de se rapprocher du bouddhisme  chan ou  zen  qui permet lui aussi ce dialogue
car la disparition finale du moi est jugée d'un bouddhisme tardif...de même que l'acquisition de la nature de bouddha"

" de même que Dieu a envoyé Moïse auprès du peuple Juif, Dieu est entré dans la vie de Confucius afin de faire don au peuple Chinois de la vie morale et par là de l'éternité...
Confucius eut vraiment la mission de propager la Voie du Ciel...c'est réellement un prophète dans l'histoire du salut
rejoignant ainsi ce que dit Paul
" si le Créateur a défini des temps fixes et tracé les limites de l'habitat des hommes, c'était pour qu'ils cherchent Dieu; peut-être pourraient-ils  le écouvrir en tâtonnant lui, qui en réalité n'est pas loin de chacun de nous. Car c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être ( Act 17, 26-28)"( Aloysus Chang)

mais attention disent certains avec sagesse.....
le confucianisme a été une force conservatrice...alors que l'irruption du Message de l'évangile est un Message de nouveauté et de bouleversement !

*Ceux qui souhaitent approfondir les rapports Confucianisme et Christianisme cliquer içi

*Ceux qui désirent s'informer sur les premiers écrits chrétiens en Chine cliquer içi

*Pour ceux  enfin qui souhaitent approfondir le mode de pensée chinois et les difficultés pour appréhender le Message  suivre ce lien

 

Chouan-Seng Song

 lui considère d'un côté que les hindous de par leur vision pessimiste du samsara discréditent ce qui est particulier, historique et unique et ne voient en Jésus qu'une puissance divine parmi d'autres et non pas le Dieu incarné...
et que en regard la religion chinoise est avant tout une religion de l'homme portée par une vision optimiste du monde et de son harmonie interne... qui de ce fait se rapproche de l'Evangile...
 mais tout en s'avèrant en même temps auto-suffisante... et comme telle  ne permettant pas  d'honorer le contenu de la Révélation chrétienne...
il faut donc se concentrer sur le Christ...
c'est de la Révélation du Verbe fait chair et de son action rédemptrice que les chrétiens doivent témoigner...
 sans considérer les actes de Jésus en dehors de sa personne humano-divine ni séparer le Christ de l'histoire de celui de la foi... ainsi

" le nirvana indien sera sérieusement questionné par JC en tant que l'Être en acte et le TAO exposé à la majesté transcendante de l'Être...
ainsi sera brisé le samsara et sa ronde infernale et ébranlée la vision de la Chine optimiste comme ayant sa propre harmonie interne... dans son auto suffisance et sa vaine complaisance..."

Il est curieux de constater qu'alors que les occidentaux s'efforcent d'habiller le Christ en sage chinois...
La pensée christologique chinoise l'invite à un retour aux sources  !

Mais Sen-Song va plus loin...

"Il ne faut pas non plus oublier que bouddhisme et christianisme sont avant tout des religions du peuple et que comme telles toutes deux reconnaissent à leur manière la signification salvifique de la souffrance et de compassion vers les frères et
la croix dit au monde entier qu'il n'y a en Christ ni juifs ni gentils

 Le dieu de la création est le dieu de l'incarnation.
 Dans l'incarnation la création s'élève à sa nouvelle hauteur, atteint sa nouvelle profondeur, s'étend jusqu'à sa nouvelle largeur...
nous devons apprendre à prononcer d'un seul souffle le "dieu devenu chair"...l'accent doit porter sur la chair...
 que nous puissions entendre le verbe en elle...
depuis que Dieu a dit : "faisons l'humanité à notre image" jamais l'image de Dieu n'a cessé d'être dans les créatures humaines.
 De la même manière, depuis que le Verbe s'est fait chair, jamais la chair n'a été sans le Verbe, ni le Verbe sans la chair, le verbe sans la chair n'est plus le Verbe; la chair sans le Verbe n'est plus la chair
et ce sont les gens du peuple qui découvrent le Christ sur leurs propres chemins de souffrance et d'espérance...
les masques......tous ces masques en viennent à ressembler à la croix...
désormais il est possible de reconnaître le Nazaréen parmi les gens..;
signe que le desespoir doit faire place à l'espérance et que la mort doit être vaincue par la vie...
Jésus est lui même le masque de Dieu...il accomplit la danse de Dieu jusqu' à ce que les gens réalisent la présence de Dieu parmi eux"

ainsi
" la christologie est l'histoire de Jésus tirée des cendres du peuple qui est tué dans les champs de bataille et détruit dans les taudis. Elle est l'histoire des gens tissée à partir du feu qui dévore et les consume. Elle est l'histoire de la vie racontée au milieu de la mort. Elle est l'histoire de l'espérance face au désespoir. Dans notre nouvelle christologie nous saisissons  et nous sommes saisis par le Christ derrière la dance masquée des gens. Il est le Christ de mes soeurs et de mes frères, de mes prochains, tout à la fois connus et inconnus de moi mais avec qui je souffre et j'espère. C'est ce Christ qui est mon Christ"

il va rappeler la pièce du coréen Kim Chi Ha ( voir précédement )

Le salut vient bien sûr de Dieu seul mais le christ doit être reconnu tel qu'il est ..
.non sous les traits d'une statue avec une couronne d'or mais sous les traits qui ont été les siens durant sa vie humaine et qui le rendent accessible aux personnes immergées dans la souffrance

" Jésus ne peut pas être Jésus à l'écart de telles personnes
Jésus n'est pas réel à moins qu'il ne soit avec elles dans leur combat quotidien...
Le Jésus réel n'est pas cette piéta de ciment avec une couronne d'or...
Le Jésus réel est l'amour de Dieu qui crée des miracles de vie dans le monde. 
Il est la douleur de Dieu mêlée à la douleur de l'humanité. 
Il est l'espérance de Dieu que les gens manifestent au milieu du désespoir. 
Il est la vie éternelle de Dieu que les gens vivent à la place de la mort.
 Jésus est, vit et devient réel lorsque les gens, avec une fois inlassable en Dieu, s'engagent mutuellement à faille jaillir un monde nouveau des ruines de l'ancien monde. 
Le Jésus réel est la lumière du salut de Dieu que les hommes, les femmes et les enfants allument dans l'obscurité de l'enfer. 
Le Jésus réel est cette puissance de la vérité de Dieu que les gens manifestent face à
la puissance des mensonges exercée par les puissances et principautés de ce monde. 
Jésus est l'histoire d'un tel peuple. Et étant l'histoire d'un tel peuple, Jésus est l'histoire de Dieu"

" Nazareth...un ancien village dans lequel Jésus a grandi et qui est toujours identifiable comme un village dans la Palestine d'aujourd'hui, ne peut pas être remplacé par un autre village ou une autre ville, il a sa place particulière dans la géographie et l'histoire.
Nazareth n'est pas Jérusalem. 
Pour cette raison, ce n'est pas Bangkok non plus. 
Pas plus que ce n'est Manille.
 Mais en tant que c'est un monde marqué par des drames humains de conflits et d'espoirs, une communauté dans laquelle l'amour et la haine luttent pour leur suprématie, Nazareth n'est pas différente d'autres communautés humaines
C'est une autre Jérusalem, une autre Manille, une autre Bangkok
En ce sens Nazareth joue un double rôle dans notre effort pour comprendre la profonde intuition théologique du Verbe fait chair en Jésus de Nazareth
D'un côté Nazareth nous appelle à concentrer notre attention sur Jésus en relation avec le monde de drames humains où il a vécu, où il a travaillé  et où il est mort.
D'un autre côté ce lieu nous inspire de retrouver en Jésus de Nazareth quelqu'un qui commande la foi des chrétiens et en même temps partage la destinée historique de tous les êtres humains. 
Si donc nous voulons parler de Jésus de Nazareth nous devons parler aussi  de Jésus de Bangkok, de Jésus de Manille...
Que voudrait dire cela ?
Ne pouvions nous pas commencer par Jésus de Manille, Jésus de Bangkok; 
Jésus de Taïpei ou Jésus de Colombo au lieu de partir toujours de Jésus de Nazareth ?...ces mondes anciens ou nouveaux pacifiques ou méditerranéens font partie de l'unique monde de Dieu avec ses communes tragédies et aspirations humaines...n'est -il donc pas approprié de commencer notre approche de Jésus depuis l'endroit où nous sommes ?"

"La croix n'est pas, comme certains théologiens le penseraient, Jésus-Dieu s'arrachant à Dieu, Dieu-le-Fils passant par la douleur de la séparation avec Dieu-le-Père.
 La croix n'est pas une telle chose « théo »-logique. 
Elle n'est pas « la Seconde Personne » de la Trinité abandonnée par « la Première Personne » de la Trinité. 
Elle n'est pas non plus « la Seconde Personne » de la Trinité que « la Troisième Personne » de la Trinité aurait laissé chanceler. 
Un tel langage « trinitaire » ne saisit guère la signification de la croix sur laquelle Jésus est mort. Un langage théologique hautement abstrait, tel que celui-là, suggère presque une mutinerie à l'intérieur de Dieu.
Qu'est-ce, alors, que la croix de Jésus ? Que signifie-t-elle ? Que symbolise-t-elle ? Quelle réalité représente-t-elle ? 
La croix est la souffrance de Jésus de Nazareth et elle est la souffrance de l'humanité. La croix signifie des êtres humains qui rejettent des êtres humains. 
Elle consiste en ce que des êtres humains abandonnent des êtres humains. 
Elle montre comment des êtres humains, aux prises avec des puissances démoniaques,
s'infligent l'injustice les uns aux autres, se déchirent les uns les autres, se détruisent les uns les autres. 
La croix est le complot d'une religion organisée qui est aveuglée par son propre pouvoir et son orthodoxie, et incapable de tolérer ces personnes profondément et sincèrement religieuses qui brûlent de restaurer la foi au Dieu d'amour et de miséricorde. 
Et la croix révèle la complicité des pouvoirs socio-politiques prêts à défendre leur intérêt propre à n'importe quel prix, même aux dépens de la loi, même au prix de la vie de ces personnes inspirées par Dieu, fidèles à la vérité et vouées à l'amour des autres,
Voilà ce que la croix de Jésus signifie et symbolise. 
Elle n'a pas été projetée par Dieu-Abba, mais par des êtres humains. 
Elle n'a pas été instituée au nom de Dieu-Abba, mais au nom de Dieu emprisonné par une religion organisée et par ceux qui y détenaient le pouvoir. 
Elle n'a pas été complotée par le Dieu-Abba de Jésus, mais par le Dieu qu'avaient inventé les autorités religieuses. 
La croix n'a pas été exécutée par le Dieu-Abba de Jésus crucifié dans un marché
clandestin avec le diable qui avait sous son pouvoir des êtres humains « pécheurs », mais par les autorités politiques qui regardaient l'opportunité politique comme bien plus importante que le respect des droits humains. 
Et la croix n'a pas révélé que le Dieu-Abba n'était pas le Dieu-Abba, consentant à la mort de Jésus innocent pour « sauver » les êtres humains de leurs « péchés ».
La croix, en réalité, est le sommet du défi humain contre ce DieuAbba. 
Elle est une violence qui a été commise, non pas par ce DieuAbba, mais par une humanité au service d'elle-même. 
Elle révèle la profondeur du péché humain.
 Elle est un triomphe de la démonolâtrie et une défaite d'un Dieu domestiqué par une religion organisée. Mais naturellement un Dieu domestiqué n'est pas le vrai Dieu. 
La croix révèle l'impuissance, non pas du Dieu de Jésus, mais du Dieu de ceux qui conspirèrent pour mettre Jésus à mort, du Dieu qui eut à acquiescer aux mauvais plans tramés dans la part la plus secrète de la religion qui tenait ce Dieu captif.
 La croix, en bref, est violence humaine et non pas violence divine. 
Et l'histoire de la croix continue.
 Elle sera peut-être répétée à maintes reprises jusqu'à la fin des temps"

 

"En Jésus crucifié sur la croix, nous percevons le peuple crucifié. 
Et l'inverse est également vrai. 
Dans le peuple qui connaît douleur et souffrance, dans le peuple qui est torturé et mis à mort, nous sommes témoins de Jésus torturé et cloué sur la croix. 
Et en ce Jésus, et dans un tel peuple, nous rencontrons le Dieu qui aime et qui souffre.
Jésus, en bref est le peuple crucifié ! 
Jésus signifie : peuple crucifié. 
Dire Jésus, c'est dire : le peuple qui souffre. 
Connaître Jésus, c'est connaître le peuple crucifié.
 Une conversion christologique critique a lieu à cet endroit. 
La théologie chrétienne traditionnelle nous dit que' pour connaître Jésus, nous devons d'abord connaître Dieu. Mais nous soulignons que, pour connaître Dieu, nous devons connaître Jésus, parce que Jésus nous rend Dieu réel. 
Maintenant nous devons aller plus loin encore : pour connaître Jésus nous devons connaître le peuple.
 Nous ne pouvons pas connaître Jésus sans connaître en même temps le peuple. Nous ne pouvons pas parler de Jésus si nous ne parlons pas simultanément du peuple. Par « peuple », je n'entends pas le peuple en général. 
Je l'ai déjà fait remarquer. En fait je ne sais pas ce que le peuple signifie en général. C'est une abstraction ; mais les gens ne sont pas une abstraction. Ce n'est pas une appellation commune ; les gens avec la chair et le sang,, c'est une appellation propre, une appellation avec un nom particulier et une identité spéciale. Par peuple, j'entends ces femmes, ces hommes et ces enfants dont Jésus aimait la compagnie, avec qui Jésus aimait manger et boire, et dont Jésus déclarait que le Royaume de Dieu leur appartient. Par peuple, j'entends ces hommes, ces femmes et ces enfants qui, aux jours de Jésus, aujourd'hui et dans les jours à venir, sont économiquement exploités, politiquement opprimés, culturellement et religieusement aliénés, et victimes de discriminations à cause de leur sexe, de leur race ou de leur classe sociale.
L'histoire (history) est faite des histoires (stories) d'un tel peuple
s'opposant à un historicisme qui limiterai l'action salvifique de Dieu à des lieux particuliers où à une période particulière 

"Les chaines de cet historicisme ont été brisées, et Jésus est maintenant reconnu comme « le Christ historique » parmi des femmes, des hommes et des enfants, par-delà les limites des nations et d'une manière qui transcende les frontières du temps. Du Jésus historique au Christ historique ! C'est une conversion christologique de grande importance. La conversion restaure la plénitude théologique de l'amour salvifique de Dieu. Elle nous permet de sentir les réverbérations de la puissance salvifique de Dieu sur toutes les parties de la création de Dieu"

"Pour Jésus le Règne de Dieu n'est ni un royamne ni un territoire...ce n'est pas quelque chose qui doit être réalisé dans le futur...il n'est pas hors d'atteinte mais appartient à tous ceux qui sont maltraités et marginalisés, aux victimes de l'injustice, aux hors-caste et aux étrangers...le règne de Dieu est à vous car vous êtes vous même le règne de Dieu... membres souffrants de son propre corps identifié aux drames du peuple de l'asie
Pour connaitre Jésus nous devons connaitre le peuple. Nous ne pouvons pas connaitre Jésus sans connaitre en même temps le peuple
ainsi Jésus-Christ continue à souffrir à travers l 'histoire...Il est cette dynamique qui est à l'oeuvre à l'intérireur de l'histoire à travers des hommes, des femmes et des enfants, cette puissance de rédemption qui répare, guérit et recrée la création entière pour le jour d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle. Nous ne savons pas quand ce jour sera ni à quoi ressemblera cette nouvelle création. Mais nous savons que ce jour est l'accomplissement de tous nos jours et que la nouvelle création tout comme l'ancienne ne va pas être une création ex-nihilo mais création à partir des réalités qui engagent notre vie et notre histoire en ce monde"

 

Un témoignage magnifique de foi...et de christianisme contemporain...

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