Bien sûr
il n'y a pas que les mae à Hiva Oa les paysages sont superbes
ils sont d'ailleurs nous l'avons dit le complément "naturel" au culte des mae
Aux collines somptueuses ornées de verdures et de fleurs s'ourlent de petites baies sauvages aux plages grises où la route aime à musarder
...surtout à l'Est et au Nord de l'île
Cette île
était aimé d'un navigateur célèbre , le premier a traverse l'Atlantique en
solitaire sur son petit bateau le Firecrest :
Alain Gerbault
Il aimait rendre visite à ces iles et jouer avec les enfants polynésiens . On
lui doit l'importation du football... et tous les villages possèdent
désormais un terrain
Il fut le
premier à pratiquer aussi le surf ...enfin l'ancêtre du surf : le surf riding
tel que Titus le pratiquait jadis sur les plages de la côte basque quand il
était enfant !
Voici un texte de Gerbault qui raconte la chose :
" Cependant
la plus grande attraction pour moi d'Atouona était l'ancien jeu polynésien que
Jack London et les Américains venus à Honoloulou ont fait connaitre au monde
sous le nom de surf riding.
Ce sport du hekenarou - littéralement : glisser sur le brisant -
avait été presque complètement abandoniné. Les premiers gendarmes et les
missionnaires avaient, en effet, - en supprimant la religion païenne, - proscrit
tous les divertissements de cette époque et maintenant, en dehors de leur
travail, les indigènes vivaient enfermés dans leurs cases, tandis que le jeu de
billes constituait la principale récréation des enfants. Cependant, toute la
jeunesse du pays fut charmée lorsque je leur fis part de mon intention de
pratiquer leur ancien sport et, s'armant de légères planches en bois. me suivit
sur la plage.
La plage d'Atouona est idéalement située pour ce sport : étroite et encaissée
entre de hautes falaises. La houle du large arrivait à travers la baie des
Traîtres devant l'îlot Anakee et venait déferler en longs rouleaux sur la plage
de sable noir.
Les petits canaques, portant leurs planches, s'avançaient dans l'eau jusqu'à
l'endroit où les vagues commençaient à déferler, et là attendaient une vague de
hauteur convenable et, chevauchant sa crête, comme l'exprime poétiquement le nom
anglais de surf riding, ils glissaient sur elle, emportés avec grande vitesse,
et venaient atterrir dans l'écume mousseuse sur le rivage.
Je m'avançais dans l'eau pour imiter mes jeunes amis. Sur la même ligne qu'eux,
j'attendais la vague et m'élançais sur sa crête, mais, hélas! j'avais le
désappointement de rester seul en arrière et le voir tous les « toiki >> filer
loin devant moi, emportés sur son dos.
De nouvelles
tentatives ne donnèrent pas de meilleurs résultats. Je commençais à être
découragé de mes insuccès répétés quand, par le plus grand des hasards, je
m'élançai au bon moment et me trouvai emporté sur la crête de la vague, filant
avec vélocité sur le rivage. J'avais connu l'ivresse et la griserie de me sentir
emporté à grande vitesse au milieu de l'écume. Dès ce moment, j'étais conquis
par ce sport.
Un de mes amis, aviateur de la première heure, voulant nie convertir aux joies
du ski, son sport préféré, me disait : « Cette impression d'être libéré de la
pesanteur, de voler comme un oiseau, que nous n'avons pas connue dans
l'aviation, je l'ai vraiment trouvée en descendant en ski les pentes couvertes
de neige. Je pus lui répondre que, moi aussi, j'avais eu cette impression en
chevauchant les brisants des plages océaniennes.
Mais ce jeu n'était pas sans risque. Il était nécessaire de maintenir un
équilibre parfait, et lorsqu'on se maintenait trop en avant de la vague, on
glissait avec la planche vers le fond et la planche faisait au ventre et à la
poitrine de sérieuses blessures. Toutes ces difficultés à maîtriser, ne
faisaient qu'alimenter ma passion pour ce sport et j'étais heureux d'avoir
trouvé là une source de neuves et inoubliables sensations.
J'appris aussi un autre procédé pour chevaucher les vagues sans employer de
planches, les mains en avant et le corps complètement allongé, mais il était
nécessaire de garder la tête sous l'eau, et cette méthode devint vite pour moi
aussi attrayante que l'autre.
Le bain terminé, les enfants se roulaient dans le sable noir de la plage avant
d'aller se laver à l'eau fraîche qui descendait de la montagne. Ainsi, jadis,
les élégantes romaines utilisaient, pour se polir la peau, une terre volcanique
qu'on trouvait sur les pentes du Vésuve. Les Marquisiens ont toujours pris un
grand soin de leur corps, et ce peuple, assez peu civilisé à certains points de
vue, connaissait les massages, les bains de vapeur parfumés, et vivait dans la
plus grande propreté, quand l'Europe vivait dans la saleté du moyen âge et que,
sous Louis XIV, un manuel de la parfaite galanterie conseillait aux beaux de
l'époque de se laver une fois par semaine. !
( in l'Evangile du Soleil Fasquelle éditeur )