Quelques précisions sur  la République de Panama



Capitale: Panamá
Population: 2,7 millions (2001)
Langue officielle: espagnol



Le Panamá est divisé en neuf provinces et des territoires autonomes particuliers, les comarcas.

On peut définir les comarcas comme des districts territoriaux réservés aux populations autochtones qui bénéficient d'une certaine autonomie politique et administrative.


On compte cinq comarcas indigènes: la comarca Kuna Yala, la comarca d'Emberá-Waunan, la comarca de Ngobe-Buglé, la comarca de Kuna Madugandí, la comarca de Wargandí.
Au point de vue ethnique, le Panama compte environ 65 % de Métis («Mestizos», 15 % de Noirs, 10 % d’Européens descendants des Espagnols, 8,3 % d’Amérindiens («Indígenas») et plus de 2 % d’Asiatiques (des Chinois).


 


Selon les données décennales de l'année 2000, on comptait 234 400 indigènes au Panama, ce que signifie 8,3 % du total des habitants du pays. Ces indigènes sont divisés plusieurs ethnies, bien que les deux tiers du total appartiennent au groupe des Guaymí (presque 150 000 personnes) et 25 % du groupe Kuna (plus de 58 000). Au total, le pays compte sept peuples indigènes, dont un grand nombre dans des régions dotées d’une certaine autonomie, les comarcas:


Avant l’arrivée des Européens, ce sont les Amérindiens kuna, choco et guaymi, qui occupaient cette région doublement stratégique, reliant l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud et séparant l'océan Pacifique de l'océan Atlantique.

C’est Rodrigo de Bastidas, un rival de Christophe Colomb, qui découvrit la région en 1501. L'année suivante, Christophe Colomb revendiqua le territoire au nom de l'Espagne. La région fut explorée en 1513 par Vasco Núñez de Balboa, le gouverneur espagnol du territoire qui, le premier, traversa l’isthme et atteignit le Pacifique.

La ville de Panamá (mot signifiant «zone riche en pêche»), fondée dès 1519, devint le point de départ de toutes les expéditions coloniales espagnoles vers le nord et le sud du continent. C’est par cet axe stratégique que passait tout l’argent du Pérou. C’est pourquoi la colonie suscita la convoitise des corsaires hollandais, français et anglais, qui l'attaquèrent à maintes reprises, ce qui nuisit à la prospérité de Panama. Pour se défendre, les Espagnols fortifièrent la côte est. Cela n’empêcha pas le Britannique Henry Morgan de s’emparer de la ville de Panama en 1671.

Dépendant au début de la vice-royauté du Pérou, le Panamá fut ensuite intégré à la Nouvelle-Grenade au début du XVIIe siècle, puis de la Colombie, mais resta sous la domination espagnole jusqu'en 1821. C’est durant cette période que la population se métissa et que la langue espagnole se répandit dans tout le pays, sauf chez les indigènes.

Au cours de la colonisation espagnole, le roi d'Espagne, Charles Quint, commanda une étude en 1523 pour préparer un premier projet d’un canal sur l’isthme de Panamá. Un plan des travaux fut même élaboré dès 1529. En 1534, un notable espagnol proposa un projet de canal proche de celui qui existe aujourd’hui. Il y eut par la suite plusieurs propositions, mais rien ne fut réellement entrepris. Puis, en 1819, le gouvernement espagnol donna l’autorisation officielle de construire un canal et de créer une compagnie commerciale pour effectuer cette construction...sans résultat, car avec la révolte des colonies l’Espagne perdit le contrôle des emplacements susceptibles d’être utilisés pour sa construction.


Dès la fin de la domination espagnole en 1821, le Panama fut rattaché à la république de Grande-Colombie, créée sous l'égide de Simón Bolívar. En 1826, Bolívar réunit les gouvernements des États de la Grande-Colombie (Venezuela, Colombie, Équateur et Panama), à Panamá, lors du congrès panaméricain, afin de construire avec eux l'unité du continent sud-américain. Il mourut cependant en 1830, avant d'avoir consolidé cette unification. Dès la dissolution de la république de Grande-Colombie, chacun des États se retrouva politiquement autonome, mais le Panama continua de faire partie de la Colombie, dont il constituait une province.

Entre 1850 et 1855, les États-Unis achevèrent la construction d’une voie ferrée au Panama, reliant l'Atlantique au Pacifique et ce fut un Français, Ferdinand de Lesseps, qui, en 1880, réalisa une première tentative concrète, avec la Compagnie universelle du canal interocéanique. De Lesseps, le père du canal de Suez, avait créé une compagnie faisant appel à l’épargne privée en France. Les travaux furent interrompus, neuf ans plus tard, en raison d'un grave scandale politico-financier qui secoua la IIIe République française et de difficultés diverses (épidémie de fièvre jaune, accidents de terrain, faillite, etc.).

En 1903, la Colombie refusa aux États-Unis le droit d'achever le canal. En réaction, les États-Unis «incitèrent» le Panama à se soulever. Le 3 novembre de cette même année, la Colombie dut alors se départir du Panama, qui devint la république du Panama.
Sous le couvert d’un Traité de paix et d’amitié, les Américains débarquèrent dix fois sur le territoire du Panama entre 1856 et 1902. Beaucoup d'Américains ont alors cru sincèrement que l’armée des États-Unis avait soutenu le peuple panaméen dans son aspiration à la liberté et dans son désir de se libérer de l’oppression colombienne. Cette même année, le président américain, Théodore Roosevelt, avait sanctionné la loi Spooner qui devait lui permettre de s’approprier une bande de 16 km de large pour la construction du canal et maintenir des «droits perpétuels» sur la zone.

En réalité des troupes américaines furent envoyées pour «soutenir» le nouveau gouvernement panaméen et le Panama fut contraint de signer un traité avec les États-Unis par lequel ces derniers entreprenaient la construction d'un canal interocéanique à travers de l'isthme de Panamá. En 1904, les États--Unis achetaient à la Compagnie française du Canal ses droits et propriétés pour une somme de 40 millions de dollars. Deux semaines après, et en échange de 10 millions de dollars, le traité Hay-Brunau-Varilla concédait aux États-Unis «l'usage à perpétuité» d'un canal encore à creuser et d'une zone de huit kilomètres sur chacune de ses rives, ainsi que la «totale souveraineté» sur cet ensemble. En retour, les États-Unis garantissaient l'indépendance du Panama. En fait, il devait y avoir deux gouvernements: un pour le Canal (américain) et un pour le pays (panaméen).

Le canal fut achevé par les Américains en 1914 pour un coût d'environ 387 millions de dollars. Il mesurait quelque 80 km de longueur. Les États-Unis demeurèrent propriétaires de la zone du canal («Canal Zone»), soit 16 km de large sur 80 km de long. Ce fut, jusqu’à la rétrocession du canal, un État dans l’État, ce qui permettait dans un cadre «pacifique» de maintenir une présence militaire américaine dans la région. Dans cette «Canal Zone», Washington déploya jusqu'à 10 000 soldats distribués dans 14 casernes et forts.
Le lieu devint le centre d'entraînement des forces armées américaines et d'Amérique latine, un centre d'espionnage continental et une base d'appui aux opérations de contre-insurrection.

Bref, la «Canal Zone» recouvre un territoire 1474 kilomètres carrés sur lequel Washington exerçait une totale souveraineté: un État indépendant créé de toute pièces par et pour les États-Unis.


Depuis l’ouverture du canal, l’économie du Panama dépend en partie de la rente annuelle versées par les administrateurs du canal et des milliers d’emplois — environ 8000 — créés pour son entretien. La langue anglaise s’installa dans le pays et fit concurrence à l’espagnol. Dans la zone du canal, temples, églises, bureaux administratifs, médias, commerces, etc., tout ne fonctionnait qu'en anglais.

Cependant, depuis l'indépendance, la vie politique du Panama a connu de nombreux soubresauts, car les relations avec les États-Unis demeurèrent tendues.

En 1953, le gouvernement panaméen accorda aux autochtones, les Kunas, une grande autonomie dans la comarca de San Blas (les îles de San Blas), aujourd'hui «Kuna Yala»; par les suite, cette autonomie fut étendue à quatre autres communautés autochtones: Emberá (1983), Ngobe-Buglé (1997), Kuna Madugandí (1996) et Wargandí (2000).

Finalement, le commandement américain des forces spéciales pour le sud (Socsouth) devait quitter Panama pour s'installer, à l'été 1999, à Porto Rico. La création d’un «centre international de lutte contre la drogue» — Centre multilatéral antidrogue — pour la sécurité du trafic interocéanique devrait néanmoins maintenir sur place une présence militaire américaine.

La concession du canal fut confiée à une entreprise de Hong-Kong. En effet, c’est la société Hutchison Whampoa, dont le siège est à Hong-Kong, qui s'est assuré la gestion (pour les prochains 25 ans) des ports de Cristobal (côte atlantique) et de Balboa (côte pacifique). En somme, après l’«Oncle Sam», ce serait au tour de l'«Oncle Tchang»!

Ce n’est pas pour rien que les Panaméens ont toujours dit: «No hay democracia en Panama porque no conviene a los gringos» («Il n'y a pas démocratie en Panama parce que cela ne convient pas aux étrangers»).

Quoiqu'il en soit la politique vis a vis des indigène diffère profondément de celle des autres états d'amérique latine: après un conflit armé en 1925 — la «révolution Tule» — avec les autochtones (qui avaient alors constitué une république autonome), une loi en 1938 créait la première comerca de San Blas, un territoire caractérisé par une autonomie politique et administrative pour les Kunas.
L’ancienne organisation politique des Kunas a été améliorée par des «Congresos Locales» (communautés) et des «Congresos Generales» (comarcas) qui ont contribué à conserver une forte cohésion du groupe et maintenir le pouvoir de décision sur les activités effectuées sur leur territoire, puis exercer le contrôle sur leurs ressources naturelles ou d'autres ressources de la région.

D'autres suivirent pour d'autres ethnies cependant, on compte quelque 48 communautés Emberá-Waunan réparties dans la province de Darién et dans une partie de l'est de Panama dont les membres sont demeurés hors de la comarca et qui luttent pour la reconnaissance de leurs terres collectives.

Au total, on compte cinq comarcas autochtones: la comarca Kuna Yala, la comarca d'Emberá-Waunan, la comarca de Ngobe-Buglé, la comarca de Kuna Madugandí, la comarca de Wargandí. Le Panama est l’un des rares États d’Amérique latin a avoir adopté ce mode d’autogouvernement à l’intention de ses autochtones. Ceux-ci peuvent adopter des lois dans la mesure où elles ne contreviennent pas aux dispositions constitutionnelles de la République, ni aux lois du pays.

Malgré cette disposition constitutionnelle, les peuples indigènes de Panama se sont trouvés devant un énorme défi: défendre leurs territoires contre les exploitants étrangers des ressources minières. Malgré cette reconnaissance constitutionnelle, le processus juridique reste néanmoins basé sur un Code minier (Código Minero) désuet datant de 1963. Le Code minier ne reconnaît pas dans sa totalité l'intégrité et le respect des régions indigènes. Pour beaucoup de Panaméens, les autochtones sont encore considérés comme des «ennemis du développement» («enemigos del desarrollo») économique et restent isolés du «progrès».

et dans les faits, la plupart des activités minières entraînent des conséquences écologiques importantes sur la flore, la faune et les eaux, ce qui oblige le gouvernement à déplacer des populations autochtones entières vers d’autres lieux de résidence.

Ce n’est pas pour rien que le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’Organisation des Nations unies (le 14e rapport périodique de 1996) mentionnait que «la question des droits fonciers des populations autochtones n’a pas été réglée dans la grande majorité des cas» et reconnaissait que ces droits semblent «menacés par les activités minières entreprises par des sociétés étrangères, avec l’accord des autorités centrales», et par le développement du tourisme dans les régions habitées par les populations autochtones.

Soulignons enfin que le gouvernement de Panama n'a pas encore signé ni ratifié la Convention relative aux peuples indigènes de l’Organisation internationale du travail (OIT). Pourtant, beaucoup d'États latino-américains l'ont ratifiée: l’Équateur, la Bolivie, le Paraguay, le Pérou et, en Amérique centrale, le Guatemala, le Costa Rica, le Honduras et l’Argentine. Il est vrai que la Convention est plus ou moins appliquée dans la plupart des pays et qu'une ratification qui ne s'accompagne pas de mesures destinées à la mettre en vigueur reste inutile. Il est probable que c'est là le point de vue du gouvernement panaméen

En fait, l’éducation primaire est généralement donnée dans la langue autochtone lors de la première année scolaire. Par la suite, les élèves passent à l’espagnol. On invoque le fait que les écoles manquent de manuels et d’enseignants bilingues qualifiés. La plupart des professeurs viennent de Panamá Ciudad et ils donnent leurs cours en espagnol, car ils ignorent les langues indigènes.

Les autochtones estiment aussi qu’il est difficile de parler des droits humains, de démocratie et d’équité, alors qu’ils sont impliqués contre leur gré dans des projets économiques néo-libérales qui accentuent les différences entre les plus riches et les plus pauvres. Alors qu’ils représentent 10 % (sic) de la population panaméenne, 95,4 % des indigènes vivent sous le deuil de la pauvreté et 86,4 %, dans une «extrême pauvreté».

Ils affirment également partager «comme d'autres peuples indigènes» une «triste histoire» soumise aux politiques qui ont provoqué l’invasion de leurs territoires, la modification de la bio-diversité, la violation des accords nationaux et internationaux, la discrimination, le génocide, les conditions sanitaires précaires et les difficiles conditions de vie propres aux peuples opprimés.

En somme, la situation des autochtones panaméens ne semble pas être meilleure que dans la plupart des pays latino-américains.
-------------------------------

http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/amsudant/panama.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Panama

 

 

Continuer

Retour page précédente

Retour chapitre précédent

Retour à la table des matières

Ecrire