Le vrai Jésus

Dans ce texte remarquable le Père Le Saux montre comment certains catholiques ont détourné le Message du Nazaréen et comment la "figure" du Christ dépasse les images et les clichés reçus

Une bonne mise à jour pour de nombreux catholiques ou chrétiens...
Une bonne initiation pour les autres...

Les textes sont tirés de Intériorité et Révélation paru aux éditions Présence et avec leur aimable autorisation

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Jésus a apporté le salut au monde, tel est le message central de l'Évangile et de tout le Nouveau Testament. 
Cela a été malheureusement trop souvent entendu à partir d'une philosophie et d'une théologie dualiste
 et exprimé en termes mythiques et surtout en concepts - encore plus dangereux parce qu'ils prétendent définir ce que le Mythe se contente d'insinuer.

Ce dualisme a fait considérer Dieu et l'homme comme deux partenaires, dont le second a péché contre le premier.... 
Ce péché ne peut être simplement pardonné, il doit être expié;
 il faut que le pécheur paie une rançon pour être admis à nouveau dans l'amitié de Dieu, faute de quoi il est incapable, éternellement, d'obtenir son salut, 
c'est à dire. la délivrance de son état de pécheur et d'ennemi de Dieu. 
Comme l'homme est incapable d'offrir à Dieu un prix convenable, il faut que le Fils de Dieu descende du ciel, devienne homme, et au nom de l'homme paie à Dieu le prix de son rachat, lui procurant ainsi une nouvelle possibilité de salut. 
Par conséquent ce salut ne peut être obtenu que par la foi en ce Fils de Dieu-Rédempteur
,une foi qui reconnaît sa condition de Fils de Dieu et son oeuvre de rachat, 
une foi qui se manifeste par des oeuvres mais qui cependant sauve par elle-même, car le salut est un don du Christ absolument gratuit et immérité....
 
Cette vue juridique de la Rédemption a entraîné une vue non moins juridique des sacrements au moyen desquels l'homme entre en communion avec le Christ-Rédempteur,
 et avant tout de ce lieu même du sacrement qu'est la koinônia ecclésiale
.
Une telle vue n'a de sens que dans un contexte dualiste de pensée et reste pleinement engagée dans le Mythe (
le mythe a pour but de transporter hors du temps et de faire vivre l'intemporalité sous une forme temporelle). 
Les éléments de valeur définitive ne manquent certes pas dans ce Mythe; 
cependant certains aspects secondaires ont pris
une place indue dans l'élaboration théologique ultérieure, avec comme conséquence le malaise de plus en plus grand ressenti aujourd'hui dans un monde auquel les mythes antiques ne parlent plus,
 sans même mentionner le simple non-sens qu'une telle théologie représente dans un contexte spirituel qui a dépassé l'aspect mythique et dualiste du mystère divino-humain ou théandrique.

La formulation théologique actuelle du Mystère du salut dépend essentiellement du contexte mental et religieux, en premier lieu du monde juif (et nécessairement de l'ensemble de son environnement sémitique), et ensuite du monde gréco-romain.

Dans le milieu juif où se produisit l'événement Jésus, il était absolument normal qu'on cherchât à en expliciter le Mystère à partir de l'histoire juive, de ses espoirs nationaux, des prophètes qui avaient témoigné de la Présence divine tout au long de l'histoire d'Israël.

 La naissance de Jésus tout comme sa mort devaient être interprétées à la lumière de l'Ancien Testament. 
Le passage sur terre de Jésus était marqué de caractères trop spéciaux pour que les Juifs n'y voient pas une manifestation très particulière de Dieu, 
et cette manifestation, ils ne pouvaient la comprendre que dans la ligne des précédentes manifestations de Dieu dans l' histoire. 
En notre temps, par exemple, il devient clair que les Évangiles de l'Enfance représentent beaucoup moins de faits historiques qu'une interprétation théologique de la
Personne/Mystère/ Événement Jésus. 

Il suffit d'ailleurs de remarquer le grand nombre de citations de l'Ancien Testament dans l'Évangile, dont le rapport à la réalité historique nous échappe en plus d'un endroit.

 Les paroles de Jésus après la Résurrection rapportées en saint Luc « Tout était écrit de moi ». « Et - comme explique l'Évangéliste - commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait>> ne sont pas sans nous poser des problèmes d'herméneutique générale..

.On peut se demander dans quelle mesure la valeur rédemptrice de la mort du Christ n'est pas d'abord une sorte de pesher ou de midrash sur les Psaumes 21 et 68 par exemple, ou sur les textes d'Isaïe concernant le Serviteur de Yahvé, le tout mêlé au contexte messianique/apocalyptique/eschatologique de la pensée juive au temps du Christ, avec sa constante centration de toute l'activité divine autour de son peuple choisi d'Israël.

Si l'événement Jésus et le Mystère de salut que toute la tradition y rattache sont envisagés maintenant à partir d'une théorie libérée des présupposés dualistes et dans le contexte non seulement de la pensée religieuse juive, mais en tenant compte également de la théologie du Salut qui sous-tend aussi les grandes religions orientales, ne pourrait-on pas proposer certaines considérations qui permettraient à la théologie chrétienne de sortir de son solipsisme et de se renouveler ?

Car...
Jésus est Sauveur
d'abord parce qu'il nous révèle la Présence salvatrice de Dieu
,
ensuite en nous fournissant le moyen de nous libérer de notre ego, pécheur.

La théologie classique réduit l'acte rédempteur qui nous a réconciliés avec Dieu à un acte que Jésus aurait accompli en notre nom sans doute, mais indépendamment de nous. 
La Rédemption
est acquise une fois pour toutes, que l'homme le sache ou ne le sache pas, qu'il s'y intéresse ou ne s'y intéresse pas, même si l'application à l'individu du fruit de l'acte rédempteur réclame de lui un acte positif d'acceptation de cette Rédemption. ( évident dès l'instant où il vit )
La Rédemption est quelque chose qui nous rejoindrait comme de l'extérieur,
 qui existerait d'abord
en dehors de nous.

 On reconnaît ici le faux problème de la causalité de Dieu et de celle de l'homme, de la grâce et de la liberté qui jaillit en ligne droite de l'hérésie dualiste.

Or
La Présence de Dieu à l'homme n'est pas une Présence extérieure,
 mais une Présence au plus intime de l'être,
 
à l'origine même de cet être,
 une origine non-temporelle mais ontologique,
 une origine qui sous-tend comme du plus intérieur de cet être, une Présence dont l'être de l'homme est indissociable,
 tellement elle pénètre cet être tant en soi que dans toutes ses activités.
Dieu n'est pas d'abord un autre, avec qui on aurait des rapports déterminés par des choix mutuels et conditionnés par les volontés respectives ! 


Alors la question de l
'actualité de facto du péché est une question qu'on a le droit de poser.

 Sans doute, tout comme l'enfer, le péché a une actualité et une réalité dialectique c'est le moins que l'on puisse dire pour rendre justice à la lettre de la Bible;
 cependant quel homme est vraiment capable de cette malice qui seule actualise le péché mortel de la théologie ?
 - c'est-à dire un péché qui nous atteigne si profondément ou plutôt qui ait en nous une origine si profonde, si fondamentale, qu'elle fausse dans leur totalité nos rapports avec Dieu ?

 Même sans recourir aux découvertes récentes de la psychanalyse et de la psyco-physiologie, ne peut-on dire que le plus souvent ce n'est que depuis une couche fort superficielle de son être que l'homme accomplit l'acte dit peccamineux ?

 Que la théologie courante du péché soit utile indirectement pour donner à l'homme le sens de sa valeur et le faire vivre (grâce à la crainte du péché et à la contrition-repentir) à un niveau plus profond de soi, ce n'est pas niable, mais nul ne peut non plus nier les désastres psychiques qu'une telle théologie entraîne...

( Mieux ne vaut-il pas dès lors considérer le péché comme une déviation du plan originel, du bios de fabrication, du patrimoine génétique fixé pour chaque individu, et que l'ego par non connaissance ou volonté délibérée  se veut occulter en n'acceptant pas ce pourquoi il est ?)

Selon la théologie hindoue l'homme est incapable de pécher au niveau auquel il est réellement soi-même,
 et le salut est justement de parvenir en soi,
 à ce niveau de soi, 
où l'égoïsme ou l'égocentrisme est essentiellement impossible.
 
Ceci n'est pas méconnaître pour autant la valeur de la proclamation biblique' du péché laquelle fait prendre conscience à l'homme de sa valeur ' divine en cela même qu'elle le fait se reconnaître comme partenaire et compétiteur de Dieu. (...)

 La preuve que le péché humain, même dit mortel, n'atteint pas dans l'être humain la couche fondamentale de son être, 
c'est précisément le fait qu'il peut le regretter,
 qu'il peut changer, 
se convertir, non pas seulement parce qu'une autre personnalité temporaire  aurait pris la place de cette personnalité également temporaire selon laquelle il avait d'abord péché.

 En quoi ce péché temporel et momentané pourrait-il nécessiter une rédemption d'ordre tel qu'elle impliquerait le sacrifice d'un Homme-Dieu ?

Le péché n'est d'ailleurs
que la manifestation la plus expressive en langage biblique de cette contingence de l'homme qui le rend « étranger » à son propre être véritable.

 L'histoire biblique du salut commençant à l'Eden,
 se continuant par le péché d'Adam, puis par la préparation de la Rédemption,
 et s'achevant par le sacrifice sanglant du Christ qui ouvre le Royaume à quiconque vient participer à ce sacrifice dans la koinônia ecclésiale du Corps mystique du Christ, est un
merveilleux mythos sous lequel des générations de croyants ont vécu leur Mystère intérieur;

 Mais n'est-ce pas le cas ou jamais de se rappeler les propres dires de Jésus affirmant que ses paroles sont spiritus non littera ?

Le mystère divino-humain ou théandrique est à la fois
double et un :
 
Double parce qu'il se vit à la fois dans l'intimité de la conscience personnelle et dans la koinônia du genre humain,
 
Un parce que cette koinônia et cette incommunicabilité personnelle sont constituées réciproquement dans l'être.

Cependant la démarche fondamentale du salut ou de la conversion se fait au niveau du coeur humain, 
c'est-à-dire au centre le plus profond de l'être que nul n'atteint 
- à la fois en soi et dans les autres - 
qu'au plus profond de soi-même dans la révélation du Soi, de l'âtman.

 Et ici il est absolument impossible de regarder Dieu comme un partenaire, et encore moins de se regarder soi même comme un partenaire à Dieu. 

Même l'humilité la plus intense du pécheur repentant est ici dépassée,
 car pour que humilité et repentir puissent exister, il faut de toute nécessité que l'homme se
projette au moins soi-même en face de Dieu. 

L'expérience du fond (de l'être) ne permet plus cela, tout est brûlé...
 
Le pécheur n'a même plus de place en soi-même pour se reconnaître pécheur....
 
L'homme s'est découvert dans son Être, comme étant,
 et dans cette existence il est sorti de tout ce qui le constituait pour ainsi dire soi.

Même si cette vision de la pensée orientale
effraie,
 il faut au moins dire que le Salut c'est la conversion de soi à Dieu au-dedans même de soi.

 C'est la mise de soi en présence de Dieu, 
c'est l'acceptation de cette Présence qui se manifeste par l'alignement de la volonté sur cette Présence même qui est l'Esprit.
 Ce retournement de l'être vers Dieu est d'ailleurs indissociable de l'appel de grâce de la part de Dieu, comme l'explique fort bien saint Thomas. (...)
 

Nous pouvons donc dire que
le Salut c'est l'Éveil à la Présence de Dieu, même si différentes théologies mettent des sens divers sous ce vocable.
 
Comme cet Éveil s'opère nécessairement dans le temps... et dans un temps d'homme,
 l'observation psychologique le traitera peut-être comme n'étant qu'une suite d'éveils successifs,
 empruntant les formes conceptuelles et mythiques les plus variées,
 et s'exprimant en actes extérieurs rituels spontanés de diverses sortes.

 
L'éveil initial comporte déjà en germe l'illumination finale,
 car qui dit éveil dit découverte par le fond de l'âme d'un fond de soi plus profond encor..., quelles que soient les images mentales qui sous-tendent cette découverte trans-mentale.

(...)

Jésus Sauveur lui est dit non-sauvé parce
qu'éveillé spontanément et essentiellement à la Présence

Jésus est d'abord l'homme qui n'a nul besoin de salut soi même, car au fond de soi dès l'origine de son expérience humaine il a découvert en soi le Mystère du Père, c'est-à-dire d'un abîme de soi plus profond que soi. 

Il a vécu, sans interruption jamais, ce Mystère de Présence tout au long de son existence.
 
On peut dire qu'il a été la manifestation tangible de Dieu au milieu de ses contemporains.
 
Il est cette Présence de Dieu, la shekhinah de l'Ancien Testament qui s'exprimait sous le symbole du Temple de Jérusalem, dont les Prophètes étaient la voix et que les Sages devinaient dans leurs méditations.
 
Il a été en plénitude la Présence de Dieu à son peuple,
 et,
 au-delà de l'ethnie juive au sein de laquelle il a vécu, pour tous les hommes qui jamais entreraient en contact avec lui.

Jésus est sauveur ontologique de l'humanité par cette accession en soi à la Plénitude de la Présence
Jésus est salut pour tous d'abord parce qu'
il EST cette Présence.

 En raison de la koinônia inhérente au genre humain,
 en atteignant en soi le Mystère, 
Jésus l'atteint en tous les hommes.

 Il a ouvert à tous le secret du Père au fond de chaque coeur ...
 en révélant chaque coeur à soi-même Jésus de ce fait même
a réalisé potentiellement le Salut de chacun.

Ce n'est pas ici le lieu de soulever le problème de l'unicité de Jésus ...
 Il est certain que chaque sage ou voyant qui s'est éveillé au Mystère intérieur y introduit l'humanité par le fait même.
 
Sur le plan phénoménologique la Présence divine manifestée en Jésus s'apparente à toutes les autres manifestations de Présence, où qu'elles se soient produites dans l'histoire religieuse de l'humanité.
 
Elle a sans doute, comme chacune d'elles, ses composantes temporelles et ethniques ; 
Elle a plus encore son caractère absolument incommunicable qui découle de l'incommunicabilité de toute personnalité humaine. 

Au-delà seule la foi peut parler,
 et on ne doit jamais oublier que les formulations de foi sont elles aussi dépendantes du milieu culturel et mental;
 de plus on ne doit pas oublier que la foi peut tenter d'exprimer l'Absolu en termes qui ne sont pas nécessairement exclusifs.

Jésus est Sauveur de son Peuple par cette Présence qu'il EST lui-même et qui attire les âmes au fond de leur mystère.
 
Croire en Jésus c'est reconnaître Dieu, donc atteindre à Soi.

Pour les Juifs le Salut était de reconnaître le Mystère de Dieu présent en Jésus, 
l'appel au fond de leur être que Dieu leur faisait entendre en Jésus,
 disons, en termes non juifs, l'appel à pénétrer en eux-mêmes en ce centre plus profond de leur être
où ils se découvriraient ou bien en face à face avec Dieu, ou bien oubliés eux-mêmes dans l'aveuglante splendeur de la Gloire.

Jésus était au milieu de son peuple comme le sad-guru de la tradition indienne.
 
Le guru de chair et d'apparence (parfois remplacé par la forme symbolique d'un temple ou d'une montagne comme dans le cas de Ramana Maharshi) est comme la
réflexion au-dehors de l'Unique Guru présent au coeur de chacun,
 la projection en face de soi du signe en lequel chacun « s'appelle » en l'Esprit, à sa vérité totale. 

Le guru extérieur, causal, signe et sacrement, ne cherche qu'à mener au Guru Vrai et Unique;
 car si chacun ne portait déjà dans son coeur de façon pour ainsi dire archétypal ce guru ou ce soi plus profond, comment serait-il jamais attiré par la manifestation tangible de ce guru ?

Comme Jésus le disait aux Juifs, parfois de façon claire, parfois par allusion,
 il était
Ego eimi, ce Mystère même qui s'était révélé jadis sous ce nom au buisson ardent de l'Horeb.
 Il était
Ego eimi, mais avec une différence,
 car il était celui qui en même temps se référait à
, venait de,
 allait à cet autre
Ego eimi qu' appelait le Père, connu de personne et révélé par lui.
 
Avec cet Autre cependant il était UN.
 
Il accomplissait les oeuvres de Dieu
 jugeait et remettait les péchés, ressuscitait les morts - pouvoir exclusivement divin s'il en est - et cependant
 il disait que le Père était plus grand que lui,
 il priait le Père,
 il lui était soumis,
 retournait à lui. 
Comme le dit saint Jean en son Prologue, s'il était theos il n'était pas ho theos.

  ( Jean 1,18  Dieu Personne ne l'a jamais vu, le fils, Dieu-l'étant dans le sein du Père celui-là nous l'a présenté)

En face du Mystère de Jésus que devait être la réaction des hommes ?
, antérieurement aux spéculations de théologie judéo-chréienne qui se font jour dans les Evangiles ?  (...)
Le terme « Fils de Dieu » ne recouvrait certainement pas alors tout ce la méditation chrétienne subséquente, aidée des intuitions essentialistes des Grecs, y reconnaîtra.
 
En réalité cela voulait dire d'abord
Tu es la Présence de Dieu parmi nous.
 Le terme « fils mettait justement cette nuance d'une distinction subtile entre et le Tout-Puissant qui avait choisi et guidé Israël tout au long de son histoire
 cependant il comportait en puissance
le tout du Mystère de Jésus.
 
Comme le dit saint Jean, les Juifs cherchaient à le tuer parce qu'il appelait Dieu son Père, ainsi se faisant Dieu et la condamnation du Sanhédrin n'eut pas d'autre motif légal.

Lorsque Jésus demandait la foi à lui-même comme Fils Dieu, ce que visait cette formule était d'abord la reconnaissance de
la Présence, bien avant les subtilités à venir de la théologie 

Cette reconnaissance de Dieu en Jésus 
- cette foi en Jésus -
 était pour les auditeurs comme le
point de départ du salut personnel au sens qui fut expliqué plus haut.
Un mot très mystérieux' est d'ailleurs employé par Jean idein Iêsoun
(Jn. 12,21), « voir Jésus »
(idein indiquant voir de l'intérieur).

 Voir Jésus c 'est être confronté avec l'Absolu, le Brahman - aussi bien d'ailleurs qu'avec l'Absolu au fond de soi.
 
Lui dire : « Tu es le Fils de Dieu », ce n'est pas formuler une expression verbale, une conception donnée,
c'est être saisi par cet Absolu, 
c'est être terrassé par cette Présence. 

Ce terrassement c'est adoration, prostration, latreuein (comme les Mages à Bethléem, qui, contrairement aux bergers juifs, adorèrent). 

Credo, Domine, Seigneur je te donne ma foi.
Plus exactement,
je ne suis rien, Tu es tout.

 Tu es au-delà de moi en mon for intérieur lui-même, Tu es mon plus vrai moi.

Le devoir fondamental de l'homme par rapport à Jésus est de reconnaître qu'il est Ego eimi, et de croire en lui.
 
Les Juifs ont refusé de croire, de reconnaître cette Présence, ils se sont par-là même mis en marge de Dieu ; ils sont coupables envers le Père et l'Esprit. 
Refuser le Fils, c'est refuser le Père.(...)
 
Cette foi en Jésus produit en l'âme l'équivalent d'une nouvelle naissance,
 une naissance en l'Esprit,
 une naissance d'en haut, anôthen.

 Une naissance analogue à celle de Jésus....

 Comme il le dit aux Juifs, il vient d'en haut. C'est cette naissance seule qui permet l'entrée au Royaume.

Cette naissance d'en haut,
c'est une naissance du dedans.

 L'homme est né de chair, c'est à partir de son éveil au cosmos, le monde extérieur, qu'il s'éveille à soi. 
Mais l'éveil au Mystère final de soi, au plus fond de soi, ne peut être obtenu par le même procédé.

 Ici reviennent toutes les notions théologiques sur la gratuité de la grâce et de la justification, du Salut en un mot.
 C'est une naissance
d'un ordre tout nouveau, non un éveil progressif comme celui de l'éveil à la personnalité phénoménologique, par exemple à la portée de la perception mentale ou sensorielle.

 
Cet éveil c'est l'irruption des eaux de l'abîme, l'Esprit dont parle Jésus en saint Jean ;
 en un mot c'est la naissance d'en haut. 

Le rite baptismal en est un symbole, malheureusement fort dégénéré au cours des temps. L'accent fut mis de plus en plus sur le péché à remettre et sur la valeur...

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