Le vrai Jésus
Une bonne initiation pour les autres...
Jésus a apporté le salut au monde, tel est le message central
de l'Évangile et de tout le Nouveau Testament.
Cela a été malheureusement trop souvent entendu à partir d'une philosophie et d'une
théologie dualiste
et exprimé en termes mythiques et surtout en
concepts - encore plus dangereux parce qu'ils prétendent définir
ce que le Mythe se contente d'insinuer.
Ce dualisme a fait considérer Dieu et l'homme comme deux
partenaires, dont le second a péché contre le premier....
Ce péché
ne peut être simplement pardonné, il doit être expié;
il faut que
le pécheur paie une rançon pour être admis à nouveau dans l'amitié
de Dieu, faute de quoi il est incapable, éternellement, d'obtenir
son salut,
c'est à dire. la délivrance de son état de pécheur et d'ennemi
de Dieu.
Comme l'homme est incapable d'offrir à Dieu un prix
convenable, il faut que le Fils de Dieu descende du ciel, devienne
homme, et au nom de l'homme paie à Dieu le prix de son rachat,
lui procurant ainsi une nouvelle possibilité de salut.
Par conséquent ce salut ne peut être obtenu que par la foi en ce Fils de
Dieu-Rédempteur
,une foi qui reconnaît sa condition de Fils de
Dieu et son oeuvre de rachat,
une foi qui se manifeste par des
oeuvres mais qui cependant sauve par elle-même, car le salut est
un don du Christ absolument gratuit et immérité....
Cette vue juridique
de la Rédemption a entraîné une vue non moins
juridique
des sacrements
au moyen desquels l'homme entre en communion
avec le Christ-Rédempteur,
et avant tout de ce lieu même du sacrement qu'est la koinônia ecclésiale
.
Une telle vue n'a de sens que dans un contexte dualiste de pensée et reste pleinement engagée dans le
Mythe (le mythe a pour but de transporter hors du temps et de faire vivre
l'intemporalité sous une forme temporelle).
Les éléments
de valeur définitive ne manquent certes pas dans ce Mythe;
cependant certains aspects secondaires ont pris
une place indue
dans
l'élaboration théologique ultérieure, avec comme conséquence
le
malaise
de plus en plus grand ressenti aujourd'hui dans un monde
auquel les mythes antiques ne parlent plus,
sans même mentionner
le simple non-sens qu'une telle théologie représente dans un
contexte spirituel qui a dépassé l'aspect mythique et dualiste du
mystère divino-humain ou théandrique.
La formulation théologique actuelle du Mystère du salut dépend essentiellement du contexte mental et religieux, en premier
lieu du monde juif (et nécessairement de l'ensemble de son environnement sémitique), et ensuite du monde gréco-romain.
Dans le milieu juif où se produisit l'événement Jésus, il était
absolument normal qu'on cherchât à en expliciter le Mystère
à partir de l'histoire juive, de ses espoirs nationaux, des prophètes qui avaient témoigné de la Présence divine tout au long de l'histoire d'Israël.
La naissance de Jésus tout comme sa mort devaient
être interprétées à la lumière de l'Ancien Testament.
Le passage
sur terre de Jésus était marqué de caractères trop spéciaux pour
que les Juifs n'y voient pas une manifestation très particulière
de Dieu,
et cette manifestation, ils ne pouvaient la comprendre
que dans la ligne des précédentes manifestations de Dieu dans l' histoire.
En notre temps, par exemple, il devient clair que les Évangiles de l'Enfance représentent beaucoup moins de faits historiques qu'une interprétation théologique de la
Personne/Mystère/ Événement Jésus.
Il suffit d'ailleurs de remarquer le grand nombre
de citations de l'Ancien Testament dans l'Évangile, dont le rapport
à la réalité historique nous échappe en plus d'un endroit.
Les
paroles de Jésus après la Résurrection rapportées en saint Luc
« Tout était écrit de moi ». « Et - comme explique
l'Évangéliste - commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes
il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait>> ne sont
pas sans nous poser des problèmes d'herméneutique générale..
.On peut se demander dans quelle mesure
la valeur rédemptrice de la mort du Christ n'est pas d'abord une
sorte de pesher ou de midrash sur les Psaumes 21 et
68 par
exemple, ou sur les textes d'Isaïe concernant le Serviteur de Yahvé,
le tout mêlé au contexte messianique/apocalyptique/eschatologique
de la pensée juive au temps du Christ, avec sa constante centration
de toute l'activité divine autour de son peuple choisi d'Israël.
Si l'événement Jésus et le Mystère de salut que toute la tradition y rattache sont envisagés maintenant à partir d'une théorie
libérée des présupposés dualistes et dans le contexte non seulement de la pensée religieuse juive, mais en tenant compte également
de la théologie du Salut qui sous-tend aussi les grandes religions
orientales, ne pourrait-on pas proposer certaines considérations
qui permettraient à la théologie chrétienne de sortir de son solipsisme et de se renouveler ?
Car...
Jésus est Sauveur
d'abord
parce qu'il nous révèle la Présence
salvatrice de Dieu
,
ensuite
en nous fournissant le moyen de nous
libérer de notre ego, pécheur.
La théologie classique réduit l'acte rédempteur qui nous a
réconciliés avec Dieu à un acte que Jésus aurait accompli en notre
nom sans doute, mais indépendamment de nous.
La Rédemption
est acquise une fois pour toutes,
que l'homme le sache ou ne le
sache pas,
qu'il s'y intéresse ou ne s'y intéresse pas,
même si l'application à l'individu du fruit de l'acte rédempteur réclame de lui
un acte positif d'acceptation de cette Rédemption. (
évident dès l'instant où il vit )
La Rédemption
est quelque chose qui nous rejoindrait comme de l'extérieur,
qui
existerait d'abord
en dehors
de nous.
On reconnaît ici le faux
problème de la causalité de Dieu et de celle de l'homme, de la grâce
et de la liberté qui jaillit en ligne droite de l'hérésie dualiste.
Or La Présence de Dieu à l'homme n'est pas une Présence extérieure,
mais une Présence au plus intime de l'être,
à l'origine même
de cet être,
une origine non-temporelle mais ontologique,
une origine qui sous-tend comme du plus intérieur de cet être, une
Présence dont l'être de l'homme est indissociable,
tellement elle
pénètre cet être tant en soi que dans toutes ses activités.
Dieu n'est pas d'abord un autre,
avec qui on aurait des rapports déterminés par des choix mutuels et conditionnés par les
volontés respectives !
Alors la question de l'actualité de facto du
péché
est une question qu'on a le droit de poser.
Sans doute, tout
comme l'enfer, le péché a une actualité et une réalité dialectique
c'est le moins que l'on puisse dire pour rendre justice à la lettre
de la Bible;
cependant quel homme est vraiment capable de cette
malice qui seule actualise le péché mortel de la théologie
?
-
c'est-à
dire un péché qui nous atteigne si profondément ou plutôt qui ait
en nous une origine si profonde, si fondamentale, qu'elle fausse
dans leur totalité nos rapports avec Dieu ?
Même sans recourir
aux découvertes récentes de la psychanalyse et de la psyco-physiologie, ne peut-on dire que le plus souvent ce n'est que depuis une
couche fort superficielle de son être que l'homme accomplit l'acte
dit peccamineux ?
Que la théologie courante du péché soit utile indirectement pour donner à l'homme le sens de sa valeur et le faire
vivre (grâce à la crainte du péché et à la contrition-repentir) à un
niveau plus profond de soi, ce n'est pas niable, mais nul ne peut
non plus nier les désastres psychiques qu'une telle théologie
entraîne...
( Mieux ne vaut-il pas
dès lors considérer le péché comme une déviation du plan originel, du bios
de fabrication, du patrimoine génétique fixé pour chaque individu, et que
l'ego par non connaissance ou volonté délibérée se veut occulter
en n'acceptant pas ce pourquoi il est ?)
Selon la théologie hindoue l'homme est incapable de pécher
au niveau auquel il est réellement soi-même,
et le salut est justement de parvenir en soi,
à ce niveau de soi,
où l'égoïsme ou l'égocentrisme est essentiellement impossible.
Ceci n'est pas méconnaître pour autant la valeur de la proclamation
biblique' du péché
laquelle fait prendre conscience à l'homme de sa valeur ' divine
en cela même qu'elle le fait se reconnaître comme partenaire et
compétiteur de Dieu. (...)
La preuve que
le péché humain, même dit mortel, n'atteint pas dans l'être
humain
la couche fondamentale de son être,
c'est précisément le fait qu'il
peut le regretter,
qu'il peut changer,
se convertir, non pas seulement parce qu'une autre personnalité temporaire
aurait pris
la place de cette personnalité également temporaire selon laquelle
il avait d'abord péché.
En quoi ce péché temporel et momentané
pourrait-il nécessiter une rédemption d'ordre tel qu'elle impliquerait le sacrifice d'un Homme-Dieu ?
Le péché n'est d'ailleurs
que la manifestation la plus expressive en langage biblique de cette contingence de l'homme qui le
rend « étranger » à son propre être véritable.
L'histoire biblique
du salut commençant à l'Eden,
se continuant par le péché d'Adam,
puis par la préparation de la Rédemption,
et s'achevant par le
sacrifice sanglant du Christ qui ouvre le Royaume à quiconque
vient participer à ce sacrifice dans la koinônia ecclésiale du Corps
mystique du Christ, est un
merveilleux mythos
sous lequel des générations de croyants ont vécu leur
Mystère intérieur;
Mais n'est-ce
pas le cas ou jamais de se rappeler les propres dires de Jésus
affirmant que ses paroles sont
spiritus non littera ?
Le mystère divino-humain ou théandrique est à la fois
double
et un
:
Double
parce qu'il se vit à la fois dans l'intimité de la
conscience personnelle et dans la koinônia du genre humain,
Un
parce que cette koinônia et cette incommunicabilité personnelle
sont constituées réciproquement dans l'être.
Cependant la démarche fondamentale du salut ou de la conversion se fait au niveau du coeur humain,
c'est-à-dire au centre le
plus profond de l'être que nul n'atteint
- à la fois en soi et dans
les autres -
qu'au plus profond de soi-même dans la révélation
du Soi, de l'âtman.
Et ici il est absolument impossible de regarder
Dieu comme un partenaire, et encore moins de se regarder soi même comme un partenaire à Dieu.
Même l'humilité la plus intense
du pécheur repentant est ici dépassée,
car pour que humilité et
repentir puissent exister, il faut de toute nécessité que l'homme
se
projette
au moins soi-même en face de Dieu.
L'expérience du
fond (de l'être) ne permet plus cela, tout est brûlé...
Le pécheur n'a
même plus de place en soi-même pour se reconnaître pécheur....
L'homme s'est découvert dans son Être, comme étant,
et dans cette
existence il est sorti de tout ce qui le constituait pour ainsi dire soi.
Même si cette vision de la pensée orientale
effraie,
il faut au
moins dire que le Salut c'est la conversion de soi à Dieu au-dedans
même de soi.
C'est la mise de soi en présence de Dieu,
c'est l'acceptation de cette Présence qui se manifeste par l'alignement de
la volonté sur cette Présence même qui est l'Esprit.
Ce retournement de l'être vers Dieu est d'ailleurs indissociable de l'appel de
grâce de la part de Dieu, comme l'explique fort bien saint Thomas. (...)
Nous pouvons donc dire que
le Salut c'est l'Éveil à la Présence
de Dieu,
même si différentes théologies mettent des sens divers
sous ce vocable.
Comme cet Éveil s'opère nécessairement dans le
temps... et dans un temps d'homme,
l'observation psychologique le
traitera peut-être comme n'étant qu'une suite d'éveils successifs,
empruntant les formes conceptuelles et mythiques les plus variées,
et s'exprimant en actes extérieurs rituels spontanés de diverses
sortes.
L'éveil initial
comporte déjà en germe
l'illumination finale,
car qui dit éveil dit découverte par le fond de l'âme d'un fond de
soi plus profond encor..., quelles que soient les images mentales
qui sous-tendent cette découverte trans-mentale.
(...)
Jésus Sauveur lui est dit non-sauvé parce
qu'éveillé spontanément
et essentiellement à la Présence
Jésus est d'abord l'homme qui n'a nul besoin de salut soi même, car au fond de soi dès l'origine de son expérience humaine
il a découvert en soi le Mystère du Père, c'est-à-dire d'un abîme
de soi plus profond que soi.
Il a vécu, sans interruption jamais, ce Mystère de Présence tout au long de son existence.
On peut dire
qu'il a été la manifestation tangible de Dieu au milieu de ses
contemporains.
Il est cette Présence de Dieu, la shekhinah de l'Ancien Testament qui s'exprimait sous le symbole du Temple de Jérusalem, dont les Prophètes étaient la voix et que les Sages devinaient dans leurs méditations.
Il a été en plénitude la Présence
de Dieu à son peuple,
et,
au-delà de l'ethnie juive au sein de laquelle
il a vécu, pour tous les hommes qui jamais entreraient en contact
avec lui.
Jésus est sauveur ontologique de l'humanité
par cette accession en soi à la Plénitude de la Présence
Jésus est salut pour tous d'abord parce qu'il EST cette Présence.
En raison de la koinônia inhérente au genre humain,
en atteignant
en soi le Mystère,
Jésus l'atteint en tous les hommes.
Il a ouvert
à tous le secret du Père au fond de chaque coeur ...
en révélant
chaque coeur à soi-même Jésus de ce fait même
a réalisé potentiellement
le Salut de chacun.
Ce n'est pas ici le lieu de soulever le problème de l'unicité
de Jésus ...
Il est certain que chaque sage ou voyant qui s'est
éveillé au Mystère intérieur y introduit l'humanité par le fait même.
Sur le plan phénoménologique la Présence divine manifestée en
Jésus s'apparente à toutes les autres manifestations de Présence,
où qu'elles se soient produites dans l'histoire religieuse de l'humanité.
Elle a sans doute, comme chacune d'elles, ses composantes
temporelles et ethniques ;
Elle a plus encore son caractère absolument incommunicable qui découle de l'incommunicabilité de
toute personnalité humaine.
Au-delà seule la foi peut parler,
et on
ne doit jamais oublier que les formulations de foi sont elles aussi
dépendantes du milieu culturel et mental;
de plus on ne doit pas oublier que la foi peut
tenter d'exprimer l'Absolu en termes qui ne sont pas nécessairement
exclusifs.
Jésus est Sauveur de son Peuple par cette Présence qu'il EST lui-même et qui attire les âmes au fond de leur mystère.
Croire
en Jésus c'est reconnaître Dieu, donc atteindre à Soi.
Pour les Juifs le Salut était de reconnaître le Mystère de Dieu
présent en Jésus,
l'appel au fond de leur être que Dieu leur faisait
entendre en Jésus,
disons, en termes non juifs, l'appel à pénétrer
en eux-mêmes en ce centre plus profond de leur être
où ils se
découvriraient ou bien en face à face avec Dieu, ou bien oubliés
eux-mêmes dans l'aveuglante splendeur de la Gloire.
Jésus était au milieu de son peuple comme le sad-guru de la
tradition indienne.
Le guru de chair et d'apparence (parfois remplacé par la forme symbolique d'un temple ou d'une montagne
comme dans le cas de Ramana Maharshi) est comme la
réflexion
au-dehors
de
l'Unique Guru présent au coeur de chacun,
la projection en face de soi du signe en lequel chacun « s'appelle » en l'Esprit, à sa vérité totale.
Le guru extérieur, causal, signe et sacrement, ne cherche qu'à mener au
Guru Vrai et Unique;
car si chacun
ne portait déjà dans son coeur de façon pour ainsi dire archétypal
ce guru ou ce soi plus profond, comment serait-il jamais attiré
par la manifestation tangible de ce guru ?
Comme Jésus le disait aux Juifs, parfois de façon claire, parfois par allusion,
il était
Ego
eimi, ce Mystère même
qui s'était
révélé jadis sous ce nom au buisson ardent de l'Horeb.
Il était
Ego eimi,
mais avec une différence,
car il était celui qui en même
temps se référait à
, venait de,
allait à cet autre
Ego eimi
qu'
appelait le Père, connu de personne et révélé par lui.
Avec cet
Autre cependant il était UN.
Il accomplissait les oeuvres de Dieu
jugeait et remettait les péchés, ressuscitait les morts - pouvoir
exclusivement divin s'il en est - et cependant
il disait que le Père
était plus grand que lui,
il priait le Père,
il lui était soumis,
retournait à lui.
Comme le dit saint Jean en son Prologue, s'il était
theos il n'était pas ho theos.
En face du Mystère de Jésus que devait être la réaction des
hommes ?
, antérieurement aux spéculations de théologie judéo-chréienne qui se font jour dans les Evangiles ?
(...)
Le terme
« Fils de Dieu »
ne recouvrait certainement pas alors tout ce
la méditation chrétienne subséquente, aidée des intuitions essentialistes des Grecs, y reconnaîtra.
En réalité cela voulait dire
d'abord
Tu es la Présence
de Dieu parmi nous.
Le terme « fils
mettait justement cette nuance d'une distinction subtile entre
et le Tout-Puissant qui avait choisi et guidé Israël tout au long de son
histoire
cependant il comportait en puissance
le tout
du Mystère de Jésus.
Comme le dit saint Jean, les Juifs cherchaient
à le tuer parce qu'il appelait Dieu son Père, ainsi se faisant Dieu
et la condamnation du Sanhédrin n'eut pas d'autre motif légal.
Lorsque Jésus demandait la foi à lui-même comme Fils
Dieu, ce que visait cette formule était d'abord la reconnaissance
de
la Présence, bien avant les subtilités à venir de la théologie
Cette reconnaissance de Dieu en Jésus
- cette foi en Jésus -
était
pour les auditeurs comme le
point de départ du salut personnel
au sens qui fut expliqué plus haut.
Un mot très mystérieux' est d'ailleurs employé par Jean idein Iêsoun
(Jn. 12,21), « voir Jésus »
(idein indiquant voir de
l'intérieur).
Voir Jésus c 'est être confronté avec l'Absolu, le Brahman - aussi bien d'ailleurs qu'avec l'Absolu au
fond de soi.
Lui dire : « Tu es le Fils de Dieu », ce n'est pas formuler une expression verbale, une conception donnée,
c'est être
saisi par cet Absolu,
c'est être terrassé par cette Présence.
Credo, Domine, Seigneur je te donne ma foi.
Plus exactement,
je ne
suis rien, Tu es tout.
Tu es au-delà de moi en mon for intérieur
lui-même, Tu es mon plus vrai moi.
Le devoir fondamental de l'homme par rapport à Jésus est de
reconnaître qu'il est Ego eimi, et de croire en lui.
Les Juifs ont refusé
de croire, de reconnaître cette Présence, ils se sont par-là même
mis en marge de Dieu ; ils sont coupables envers le Père et l'Esprit.
Refuser le Fils, c'est refuser le Père.(...)
Cette foi en Jésus produit en l'âme l'équivalent d'une nouvelle naissance,
une naissance en l'Esprit,
une naissance d'en haut, anôthen.
Comme il le dit aux Juifs, il vient d'en haut. C'est cette naissance
seule qui permet l'entrée au Royaume.
Cette naissance d'en haut,
c'est une naissance
du dedans.
L'homme est né de chair, c'est à partir de son éveil au cosmos,
le monde extérieur, qu'il s'éveille à soi.
Mais l'éveil au Mystère
final de soi, au plus fond de soi, ne peut être obtenu par le même
procédé.
Ici reviennent toutes les notions théologiques sur la gratuité de la grâce et de la justification, du
Salut en un mot.
C'est une
naissance
d'un ordre tout nouveau, non un éveil progressif
comme
celui de l'éveil à la personnalité phénoménologique,
par exemple à la portée
de la perception mentale ou sensorielle.
Cet éveil
c'est l'irruption
des eaux de l'abîme, l'Esprit dont parle Jésus en saint Jean ;
en
un mot c'est la naissance d'en haut.
Le rite baptismal en est un symbole, malheureusement fort dégénéré au cours des temps. L'accent
fut mis de plus en plus sur le péché à remettre et sur la valeur...
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