D’où venons-nous? Qui sommes-nous? Où allons-nous?
" Dieu n’appartient ni au
savant, ni au logicien.
un message qu'illustre sa grande toile-
testament intitulée : D’où venons-nous? Qui
sommes-nous? Où allons-nous? interrogation pascalienne et toute la philosophie de
Paul... " Qu'ils regardent.... ( les
spectateurs) ...si toutefois ils ont un cœur pour sentir) et ils verront
ce qu'il y a de souffrance résignée. Ce n'est donc en rien un cri humain "
dira un de ses amis. Durant tout le mois de Décembre il travailla jour et nuit " dans une fièvre inouïe " " J'y ai mis là avant de mourir toute mon énergie, une telle passion douloureuse dans des circonstances terribles et une vision tellement nette, sans corrections, que le hâtif disparaît et que la vie en surgit ". Alors il explique : " Tout se passe
au bord d'un ruisseau sous-bois. Dans le fond, la mer puis les montagnes
de l'île voisine. A droite et en. bas un. bébé endormi puis trois femmes
accroupies. Deux figures habillées de pourpre se confient leurs
réflexions. Le symbole n'est pas littéraire mais sensible;
Il traduit son rêve, poème musical qui se passe de libretto . Ainsi
la nature entière " régnant en notre âme primitive" est l'idole, "
consolation imaginaire de nos souffrances en ce qu'elles comportent de
vague et d'incompris devant le mystère de notre origine et de notre
avenir.... Il achève sa toile. Les vomissements le sauvent de l’empoisonnement. Il est « condamné à vivre». [on comprend pourquoi cet artiste est proche de Jess n.d.l.r.] Il est alors encore à Tahiti qu'il décide de quitter
afin de trouver ailleurs un nouveau départ... une nouvelle vie... une fois
encore ...un ultime tentative d'espérer... Les « bringues » continuelles dans la Maison du jouir et l'enlèvement de Marie-Rose ont provoqué la colère du tout-puissant évêque des Marquises. Gauguin riposte en taillant dans deux morceaux de bois d'affreuses caricatures de l'évêque et d'un des pères. Mais les missionnaires font également preuve d'un esprit caustique car, à partir de ce moment, ils ne disent plus « Gauguin » mais « Coquin ». Pire encore sont ses démêlés avec les gendarmes à qui a été confié la tâche impossible et absurde de civiliser, à l'aide du code Napoléon, les restes pitoyables d'un peuple aux moeurs totalement différentes et qui, de surcroît, ignore la langue française. Automatiquement, Gauguin prend la défense des Marquisiens qui, certes peuvent s'enivrer et se battre sauvagement, mais qui, le plus souvent, ne sont coupables d'autre crime que d'ignorer le flot des lois, d'arrêtés et de décrets, pris à Papeete ou à Paris, et que les interprètes n'arrivent jamais à leur expliquer. Comme toujours... et comme tout le temps dans cette
île il retrouve les mêmes blocages, les mêmes pesanteurs qui empêchent les
hommes d'être heureux et libres... conseillant même aux habitants de
cesser de payer l'impôt L’égérie du socialisme naissant, Flora Tristan,
celle qu’on appela « la fille des rayons et des ombres» et qui de 1840-44
parcouru l’Europe, les indes et le Pérou était en effet sa grand-mère
maternelle Paul Gauguin a de qui tenir... Aux Marquises terme du combat qu’il livra contre la Société coloniale de son temps, il sera vaincu une nouvelle fois ... condamné à 3 mois de prison et 500 francs d’amende N'ayant plus alors le goût de peindre. Il fera cependant appel mais il devancera par la mort le jugement des hommes. mourrant seul dans sa case..... d'une overdose de morphine... <<Koké ( son surnom en Marquisien) est mort, il n'y a plus d'hommes>> s'écrira son voisin et ami Tiokâ Sur la tombe, on a déposé un bloc de pierre ou est
gravé son nom et l’année de sa mort (1903). Ses biens et ses toiles furent
dispersés aux enchères; La plupart de ses dessins et de ses sculptures
jetées «aux ordures». Le temps a apporté à Paul Gauguin la gloire qu’il voulait conquérir. Dieu merci Il était né en 1848 le 7 Juin En 1849, la famille Gauguin, embarque donc pour le
Pérou. Le voyage qui était déjà à l'époque une aventure devait tourner au
drame.:à la pointe de la Patagonie, Clovis s’écroulant, emporté par une
rupture d ’anévrisme. A 17 ans, il s’engage dans la marine marchande. Il rentre alors en France où sa soeur l’attend. Il fait la rencontre d'une jeune danoise ,
Mette-Sophie Gad, qu’il épouse en 1873. Elle lui donnera 5 enfants. En tant que peintre, sa peinture restera très proche
de celle de son mentor, Pissarro, jusque vers 1883. Gauguin lâche la Bourse après l’ébranlement
des marchés financiers en 1882.Il décide alors de se consacrer entièrement
à la peinture. C’est pour lui une nouvelle aventure qui commence; Seul le
triomphe peut-en être l’issue. Dans le froid de l’hiver, il se retrouve seul
avec son fils, n’ayant pour subsister que du pain. L’enfant fiévreux
tombe malade. Le père le soigne comme il peut. L’épreuve de la misère ne
parviendra pas à l’abattre. Il n’a qu’une certitude : sa peinture. Le premier séjour à Pont-Aven va durer tout l’été. Gauguin prend pension à l’Auberge Gloanec; il
emploie ses loisirs à l’escrime, à la boxe et à la nage - mais aussi à sa
peinture. Il expose parfois, entre quelques sarcasmes des autres peintres
«salonnards sans imagination» ses idées au cours des longues soirées dans
la salle d’auberge où les peintres se réunissent. Il y a là Emile Bernard,
Charles Laval. A court d’argent, il se fait embaucher comme terrassier au creusement du canal de Panama. Son but? Amasser un peu d’argent et partir pour la Martinique. Il y parviendra et s’installera en compagnie de Laval à St Pierre. Tous deux tomberont malades; atteints de dysenterie et de fièvre paludéenne contractées à Panama. « Je suis dans une case à nègre, couché sans force, sur une paillasse sans un sou «. il continue pourtant à peindre. « Jamais je n’ai eu une peinture aussi claire» De retour en France, il va s’installer de nouveau à l’auberge Gloanec; Les peintres sont revenus. Gauguin tombe amoureux de la fille d’Emile Bernard, Madeleine. Elle a 17 ans. Bernard a des idées qui rejoignent celles de Gauguin et peut-être les influencent. D’où le différend qui 3 ans plus tard brisera leur amitié. Le génie instinctif de Gauguin prend mieux conscience à la lumière des théories de Bernard.
Depuis des mois, Vincent Van Gogh le presse de venir le rejoindre à Arles, où il pourrait travailler à bon compte, tandis que Théo Van Gogh assurerait nourriture et logement contre une part de sa production. Il décide de gagner Arles. Un matin d’automne, Gauguin est là, sûr de lui,
méfiant, pas un mot de remerciement pour Vincent Van Gogh qui a préparé sa
venue avec tant d’amour. Paul regarde distraitement les toiles dont
Vincent a décoré la maison. c’est un homme aigri. il critique tout: le
pays, les gens,les relations de Vincent. Après un court séjour au Pouldu il s’embarque
seul pour Tahiti. Rien ne peut le retenir, pas même cet amour tout
neuf que lui apporte Juliette Huet, une petite couturière. Un jour, une jeune fille rentre dans sa case,; elle a 13 ans; C’est Téhura. Elle deviendra son modèle, puis son épouse. C’est par elle qu’il va rentrer dans la phase essentielle de son oeuvre. En quelques mois, il brossera 70 toiles qui seront toutes, au delà de la féerie des formes et des couleurs, un appel mystique aux dieux oubliés. Gauguin fait une demande en mariage en ces termes
admirablement directs et précis. Teha'amana ne tarde pas à se trouver enceinte et la nonchalance avec laquelle elle prend ce contretemps est une nouvelle occasion pour Gauguin de l'apprécier davantage. Sans faire trop d'entorse à la vérité, il peut annoncer l'événement en ces termes : « je vais bientôt être père à nouveau en Océanie. Nom de nom ! Il faut donc que le sème partout. Il est vrai qu'ici il n'y a pas de mal, les enfants sont bien reçus et retenus d'avance par tous les parents. C'est à qui sera le papa et la maman nourriciers. Car vous savez qu'à Tahiti le plus beau cadeau qu'on puisse faire, c'est un enfant. » D'autre part, aucune réprobation ne frappera une femme qui se fait avorter et c'est la solution que Teha'amana choisit. La grâce calme de l'attitude, la noblesse mesurée du
geste, la gravité de porteuse d'offrandes de ces Tahitiennes s'expriment
par l'admirable cadence des verticales, des horizontales, la douceur des
courbes unissant l'instinctive force du primitif à la plus pure tradition
de la peinture française. Il vient chercher une vision de nature absolument
nouvelle, Sa recherche va dans le sens d'une simplification
des formes, il élimine les détails pour ne garder que la forme
essentielle, une simplification obtenue par l'usage du cerne et de l'aplat
de couleur. Dès Pont-Aven, Paul Gauguin renonça à l'impressionnisme pour élaborer, influencé par le peintre Emile Bernard et par le courant symboliste, une nouvelle théorie picturale, le "Synthétisme".qui veut faire place au symbole dans cet "ailleurs", Fasciné par le charme indolent des beautés
tahitiennes il peint une Océanie paradisiaque (que l'arrivée des
Occidentaux avait déjà pourtant grandement commencée à détruire). C'est dans sa case de la "maison du jouir" qu'il mourut le 8 mai 1903 à Hiva Oa, une des îles Marquises. "La couleur qui est vibration
de même que la musique" , ces mots de Paul Gauguin illustrent bien
l'usage si particulier qu'il fait du rose, son amour de plus en plus vif
pour l'indigo et le jaune citron, la profondeur de ses ocres rouges, le
balancement du vert du suraigu au très grave, ses harmonies sombres,
presque sourdes, déchirées par des dissonances. Les tableaux peints en Polynésie, que l’on a
longtemps pris pour des illustrations d’une mythologie et d’un folklore
précis, sont en grande partie des fictions. A la recherche d’un passé qu’il imagine glorieux
mais dont rien ne subsiste, Gauguin recrée un univers
iconographique composé de références aux grandes cultures de l’Antiquité.
Ce syncrétisme touche également sa conception de la religion, bouddhisme
et culte maori pouvant coexister dans une même oeuvre . A la question d'un journaliste le 15 mars 1895 qui lui demandait:"Pourquoi êtes-vous allé à Tahiti?",Gauguin répondit:"J'avais été séduit une fois par cette vierge et par le naturel de ses habitants, leur charme empreint de simplicité;j'y suis retourné et je vais y retourner encore. Pour faire neuf,il faut remonter aux sources,à l'humanité en enfance. L'Eve de mon choix est presque un animal;voilà pourquoi elle est nue dans une attitude spontanée,naturelle..."
Ivre d'absolu, de vrai d'être et de jouissance ... deux liens intéressant pour poursuivre... |