mardi 15 Août
Il habite dans le froid
Il n'a plus ni père ni mère
Il habite dans les bois
Il ne connaît que l'hiver
Il a treize ans aujourd'hui
Il n'a plus un seul ami je crois
Parfois il rêve la nuit
Parfois il coupe son bois
Oui mais il parle aux oiseaux
Au soleil et aux forêts
Oui mais il parle aux ruisseaux
Parfois quand le temps n'est pas trop froid
Il ne lit pas les journaux
Il connaît cela par coeur déjà
Il n'écoute pas la radio
Il préfère couper son bois
Oui mais il parle aux oiseaux
Au soleil et aux forêts
Oui mais il parle aux ruisseaux
Parfois quand le temps n'est pas trop froid
( Gérard Lenorman)
Curieusement les loupiots
furent passionnés par ce que leur a dit le vieil homme...
ce fut tellement personnel et profond qu'ils m'en reparlent souvent
encore... et encore...
sans
vouloir dévoiler la nature de ces propos intimes...
cela les a profondément marqué... et il avait aux dires de Jess touché à l'essentiel
" Il m'a dit tout ce que j'étais " ajouta Nat paraphrasant la Samaritaine
Moi même ne saurait décrire
exactement pourquoi j'eu cette même impression de plénitude que nulle
parole ne saurait décrire mais qu'il convenait d'entretenir, de sentir et de vivre...
un peu comme si notre monde de rêve obturé par tant de caches
culturels ou sociaux se soulevait un instant pour nous permettre l'espace d'un
soupir d'appréhender une vision
non déformée du
réel...
Il parlait aux animaux , aux oiseaux aux toucans dont il savait déjà que je les aimais tant...
Il su me dire sans
bruit de mots selon la belle formule de Maître Eckhart combien j'avais de
la chance de pouvoir côtoyer ces deux jeunes êtres blessés par la vie qui trouvaient en eux de par
leur maladie et leurs souffrance tant de sagesse... de perspicacité et d'intelligence
Il fit comprendre à Nat que le maraké qu'il souhaitait tant subir il le passait tous les jours de par sa
fatigue et son traitement... que c'était là le vrai sens du maraké ...
et qu'il ne devait point se désoler de ne pouvoir participer au rite de la tribu...
qui n'est qu'un rituel symbolique de ce qu'il vivait depuis toujours
une manière d'en parler
de l'accepter
ou de l'exorciser
Tout
cela impressionna beaucoup le chef et Pulpoli qui comprirent que dans ce monde du
rêve il y avait plusieurs niveaux de maraké et d'intégration de la sensibilité
humaine...face au Mystère
Il pesta contre l'angoisse
qu'il percevait en nous de savoir le temps limité par le temps...
par le retour...
nécessaire ?... pourquoi en fait ? ...
après quoi courrions nous ainsi ?
ce temps que lui non plus ne pouvait
maîtriser... tout au plus amadouer
accepter en en comprenant ou en en expliquant la véritable nature
la fausse apparence
encore un décors
Oui l il parlait aux oiseaux, aux arbres, au lac et à la
forêt...
il communiquait et communiait au monde réel
je crois que même la brume et le soleil lui obéissaient...
Au début
il n'y avait pas de différence
entre les hommes et les animaux
Toutes les créatures vivaient sur terre
en harmonie
Un homme pouvait se transformer en animal
s'il le désirait
et un animal pouvait devenir un humain
il n'y avait pas de différence
les créatures étaient parfois des animaux
et parfois des hommes
Tout le monde parlait une même langue
En ce temps là
les mots étaient magie
et l'esprit possédait de mystérieux pouvoirs
un mot prononcé au hasard
pouvait avoir d'étranges conséquences
Il devenait soudain vivant
et les désirs se réalisaient
Il suffisait de dire
On ne peut pas l'expliquer
c'était comme ça...
*
Que voulez-vous faire maintenant ?