reste la sieste

 

même si certains n'ont pas sommeil

 

...et après petite promenade le long du fleuve... demain nous partirons

Nat voulait rester avec ses nouveaux copains... il était partagé... car il savait que son "grand père était heureux qu'il vienne... finalement il nous accompagne
nous laisserons simplement Hétiplo et le petit singe...

nous partirons à 5 avec des provisions, quelques cadeaux ( toujours jess et ses dessins...) pour 3-4 jours... en pleine montagne : les monts  Tumuc humac...
ces reliefs boisés et inconnus qui marquent la frontière des eaux entre les affluents de l'Amazone et ceux du Maroni et correspondent au creuset des origines des wayana

nous partons voir un descendant de Kailawa le mythique fondateur- chaman

Ce soir comme convenu Nat couchera sous la case du chef seul comme un grand dans son hamac !
heureux devant le feu le vieux chef s'est mis a raconter ... et à se dire...

La nuit est étoilée au-dessus de la canopée.
Au bord du fleuve, une sensation d'infinie quiétude plane,
 le clapotis des vaguelettes poussées par un faible courant d'air ne masque pas les cris des animaux nocturnes.

 Autour du feu, devant son carbet, nous sommes suspendus à ses lèvres.
 Cette soirée est l'occasion pour lui de révéler la légende de sa famille et de ses ancêtres, comme celle de son héros : Kailawa.

La lueur des flammes illumine ses yeux et rend encore plus vivant son récit.

Une histoire qui commence, il y a environ 500 ans, au temps où les clans amérindiens, vivant sur une vaste zone dont le centre était les monts Tumuc Humac , n'avaient pas encore de contact avec l'homme blanc.

« Les inselbergs (étymologiquement île-montagne) étaient  alors des points stratégiques.
 Les clans s'y installaient pour profiter des abris sous roches et des grottes. C'est à cette époque qu'est arrivé Kailawa.



 Les anciens racontent qu'il était de la tribu des Upului, mais personne ne sait vraiment d'où il venait.
 Ce guerrier invincible, qualifié de surhomme, est reconnu par les siens comme le plus grand chef de guerre.
Après avoir échappé au massacre de ses frères lors d'un conflit interethnique, il parti à la recherche d'une nouvelle vie.

 Lorsque Kailawa réapparu, des années plus tard, il avait acquis la connaissance.

Sa première découverte a été l'arc et la flèche.
Il est devenu un grand guerrier.
Il tuait tous ceux qui s'opposaient à lui et réussissait toujours à échapper à ses ennemis.

 Il avait le pouvoir de la flèche, et était sans pitié.

 

 


La seconde découverte de Kailawa fut la connaissance des plantes,
 la pharmacopée des inselbergs et de la forêt.
Il savait l'art d' utiliser les plantes magiques, les hémït ...
Avide de puissance, il voulait être le chef d'un peuple en harmonie avec les autres et instaurer la paix.

En ces temps reculés et barbares, régnait dans cette partie de l'Amazonie une situation de violence constante entre les multiples clans qui se partageaient ce territoire.
 Les attaques de villages succédaient aux vengeances.
 Les villages se fortifiaient et certains groupes se réfugiaient sur les inselbergs qui offraient une vue imprenable sur les environs.
 D'autres vivaient dans la peur et la clandestinité du sous-bois.
 Aucun groupe ne s'aventurait à s'installer sur les bords d'un cours d'eau important, de peur d'être repéré .

Pour arriver à ses fins, Kailawa utilisa sa connaissance des hémït pour endormir ses ennemis.
Il les attaquait ensuite à l'aube avec ses hommes. Inipuku a été sa plus grande bataille.

Ces hémït étaient fabriqués à partir de plantes collectées sur des lieux bien précis notamment auprès de certains inselbergs. Ces plantes étaient ensuite réduites en bouillie jusqu'à former une sorte de pommade dont on s'enduisait le corps.

Kailawa pouvait tout maîtriser grâce à elles : la précision de la flèche, l'art de deviner, de détecter, d'identifier... et de soigner.

 Fort de ces pouvoirs, il rassemblait autour de lui des guerriers valeureux sur lesquels il appliquait les onguents magiques, dont lui seul avait le secret, les rendant aussi forts que lui.

Il était le plus grand chaman.

 



Kailawa fit de son village une forteresse en l'entourant de ce qui pourrait être une bananeraie. Des guerriers étaient chargés tout particulièrement de produire les flèches et les arcs.
 Du sommet d'un inselberg où il est installé, Kailawa pouvait voir ses ennemis approcher.
Ainsi, il repoussa les Upului et les Apalai.

 Pour faciliter les échanges entre les différentes tribus, il marquait ses layons ( chemins à travers la forêt) par des empilements de pierres, une grosse à la base et des petites sur le dessus ou une roche plate en forme d'aiguille qu'il penchait vers la direction à suivre.

Face aux chefs et grands guerriers des différents villages, Kailawa parvint à imposer ses idées. Il affirmait qu'il était possible de vivre tous sur le même territoire sans se faire la guerre.

 Son discours était écouté, et pour la première fois, il définit les territoires de chacun.

 La quête de Kailawa fut simple : fédérer le maximum de clans par la force pour ensuite leur apprendre à vivre ensemble.

 Au prix de plusieurs années de combats victorieux, au cours desquels il élimina les hommes et captura tant les enfants que les femmes, il finit par rassembler autour de lui un nombre important d'orphelins de tous les clans. Il les prit sous sa tutelle pour en faire ses fils adoptifs, qui devinrent le socle fondateur des Wayana.

Le village fortifié d'Ariquimayé est l'un des berceaux d'où Kailawa jetta les bases de ce nouveau groupe.

Il su révéler que chaque ethnie avait une connaissance particulière, un savoir qui n'appartenait qu'à lui , une différence respectable : certains savaient cultiver, d'autres excellaient dans la  pêche, d'autres encore maîtrisaient l'art de la vannerie, le travail des bijoux... etc...

Seule l'union de tous permettait d'évoluer., de s'enrichir,

 



Il faisait la guerre pour construire la paix, et lorsque les esprits maléfiques l'en empêchaient, il les combattait

 Ces derniers apparaissaient sous la forme d'anacondas, de jaguars mais également sous forme humaine.
 Ils inspiraient la terreur et étaient ses ennemis les plus farouches...

Aussi lorsque Kailawa réussit à les vaincre, il acquit le respect des autres chefs.
 Ils lui livrèrent  alors leurs meilleurs guerriers pour poursuivre sa conquête de la paix.

Ainsi les Tilïjo lui donnèrent un grand guerrier qui  savait soigner par les paroles,
 les Wayampi un guerrier qui connaissait la pharmacopée,
 d'autres un chaman qui savait guérir en appelant les esprits la nuit...



Une fois fédérés, les principaux clans vinrent vivre dans le Sud de la Guyane française, du Suriname et le Nord-Est du Brésil, et Kailawa s'attella à sécuriser leur zone de vie.
Mais des monstres féroces résidaient encore dans les monts Tumuc Humac, et entravaient le développement du commerce entre les clans.
 Kailawa se consacra alors à la lutte contre ces monstres. Il suivit les points cardinaux pour relier les différents inselberg.

Kalaïwa est notre plus grand héros

Comme tout chamane (pilai) c'est une des figures les plus emblématiques du monde amérindien. On a déjà signalé que, parmi les humains, le chamane est le seul à avoir conservé depuis les temps primordiaux, en commun avec les esprits et les kuyuli, le pouvoir de transformation qui lui donne accès à leur monde.

 Après la césure instaurée suite à l'humiliation du créateur par ses créatures, et la "cute" qui s'ensuivit" il purent continuer à « voir » les esprits et négocier avec eux.

 Tout chamane est esprit lui-même, une sorte de kuyuli.
 Il représente l'intermédiaire entre les humains et les forces surnaturelles.
 A travers ses soins, c'est tout un équilibre de la société qui est préservé.

Autrefois, le chamane accompagnait les expéditions de guerre afin d'espionner en esprit (jolok) les ennemis et de préparer avec le chef le plan d'attaque.
Puissant, redouté, il doit subir une initiation très dure, comprenant le passage par une mort symbolique (sous l'effet de l'ingestion du jus de tabac frais dont on connaît le pouvoir hallucinogène et quelques autres substances moins licites), puis un retour à la vie accompagné d'un certain nombre d'interdits et de règles comportementales

Chez les Wayana, on est chamane de père en fils, bien qu'il soit possible d'accéder à la fonction par apprentissage simple,
un apprentissage au cours duquel le maître chamane donne à l'impétrant ses propres aides-esprits.

Lorsqu'un malade requiert ses compétences, le chamane doit rêver à l'écart afin de prendre contact avec l'autre monde.
 Durant ce rêve, qui est  en fait un « voyage », les esprits qu'il côtoie et a l'habitude de fréquenter mènent une enquête au sujet de la maladie - généralement imputée à un autre chamane exerçant la vengeance d'une famille ennemie - et lui indiquent, à son réveil, les causes et les moyens de la soigner.

 Le lendemain en général, à la tombée de la nuit une hutte (mimnë) en feuilles de palmiers (dont l'espèce varie selon la maladie : ce sont les esprits qui précisent cela) sera hâtivement dressée par la population

 Durant la séance de soins, seul le malade est appelé sous la hutte par le chamane : ils sont tous les deux invisibles.

Le chamane quitte alors sa peau humaine  ses esprits vont enfiler sa peau chacun à leur tour, exécutant des bruits, des grognements, interrogeant à l'occasion l'assemblée (généralement familiale) qui entoure la hutte et encourage les esprits du chamane par des cris rituels : « ëëë ! ».
le chamane est devenu médium d'un autre monde...

 Cela peut durer des heures.
Pendant ce temps, les gens s'interpellent, rient...

 Pour finir, le chamane suce et aspire (toujours sous la hutte) la partie malade après l'avoir enfumé de tabac mélangé à des éléments spécifiques (narcose) et autres substances opiacées et recrache du sang dans lequel on retrouve un dard, un morceau de verre... qui représentera le projectile invisible (jolok pile), cause de la douleur, envoyé par un esprit sur ordre d'un chamane ennemi.

Des prescriptions alimentaires et comportementales ainsi qu'un traitement à base de simples plantes viendront compléter la prise en charge. Ensuite se posera le problème de la vengeance : mais c'est un autre sujet.

Les esprits vivent dans le monde du rêve, c'est-à-dire celui des origines, lequel est pour les Wayana plus vrai, plus réel que le nôtre.

 Les humains peuvent être trompés par les métamorphoses, par les formes ; pas les esprits qui voient le monde tel qu'il est.

 Le monde du rêve"' détient la réalité profonde du nôtre.

 Le chamane dans un état modifié de conscience, état onirique qui lui permet d'assimiler en peu de temps l'ensemble le rituel nécessaire apprend ainsi à combler l'espace-temps qui sépare ces deux univers...

son voyage le rapproche du « vrai ».

N'est ce point là le but de notre quête ?

 

 

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