"Coup de vent"  petite aquarelle de Jess

8-06*12.16 am

Changement de rythme depuis hier faut dire que jusque là on avait été deux fois plus vite que l'année dernière sur le même parcours ( 2 jours pour le cap Ortegal au lieu de 4) et actuellement le vent est faible et de plus de face !...alors... fini le farniente !
 on est obligé de "tracer des bords," c.a.d. de naviguer en zig-zag pour remonter au vent......
alors toutes les heures on est sur le pont pour la manoeuvre de virage de bord qui n'est pas compliquée car le vent est faible et la mer calme... même si y faut faire attention à la bôme qui traverse le pont... les écoutes qui battent en tous sens libérés de leurs attaches...et les coups de roulis à chaque manoeuvre...
et en pleine nuit quand on est ensommeillé c'est pas agréable...
surtout qu'il faut faire des quarts de pilotage car le pilote automatique n'est guère utilisable...

Heureusement que le jour Nat s'y met un peu... mais pas Igor !...en un mot on est bien occupé et hélas pas d'amélioration en vue...

Titus a écrit un texte hier que j'avais pas pu transmettre le voici :

Je ne sais pas dans quelle cotonnade j'étais...
bien sûr nous avions beaucoup chanté et étions ivres de soleil et de vent
et j'avais été coucher le petit Nat comme tous les soirs non sans lui avoir encore fredonné un air et après avoir mis sa peluche entre les bras je l'avais confié à Igor...
de "bons copains" notre relation se transforme peu à peu à celui de" papa enfant"...je le sens plus proche, plus aimant, plus demandeur...
et il me dit apprécier d'être dans mes bras... et de le border...

Je suis remonté au pied du mas avec Jess pour admirer les étoiles comme nous le faisions jadis.....sa tête délicieusement penchée et appuyée sur mon épaule nous nous retrouvions comme l'année dernière : la bonne odeur de ses cheveux jais et de sa peau salée...et cuivrée...

Bien sûr rien d'ambiguë dans cette relation amicale bien que nous n'y verrions aucun mal... ni aucune gène ... il y a longtemps que le sexe ne nous fait plus peur  et que nous rions des contraintes sociales...  et des préjugés des gens...
non, mais  notre relation est "au delà",  profonde ,intense, sensuelle, intime
 de celle que Montaigne a si bien décrite  : parce que c'est lui... parce que c'est moi...  (Voir le texte en cliquant sur le lien) vécue de manière réciproque au fond de nos tripes  empreint de frissons  et de voluptés rare  et que l'été nous fait goûter d'avantage...
un sentiment complémentaire d'une unité intrinsèque... comme si nous faisions partie l'un de l'autre  depuis toujours et aimions nous reconnecter...

La fraîcheur de la nuit et le vent qui forçait un peu nous fit redescendre dans le carré non sans avoir tout vérifié sur le pont et contrôlé l'éclairage et les appareils de veille
José dormait déjà
Jess était déjà installé dans mon duvet... ne voulant pas déranger Nat qui dormait avec Igor à l'avant
nous nous endormîmes dans les bras l'un de l'autre

...aussi quand j'entendis la sirène de la police... et les inspecteurs défonçant la porte qui m'arrachaient Jess qui criait  je fus parcouru par un spasme horrifié  !
...mais ce n'était qu'un rêve...
la sirène était celle des alarmes de gîte et de gouvernail automatique qui klaxonnaient alternativement en cadence...
et c'est Jess  qui debout qui me secouait

"Titus ..titus  vite ! vite... c'est grave ! ...on bascule! ...là haut c'est la tempête!...ça va tout arracher la toile ! "...et  Igor d'aboyer à tue tête

José avait bondi lui aussi sur le pont pour bloquer la barre et affaler en catastrophe la grand voile et rouler le génois... les alarmes se turent...

On l' avait échappé belle ! ...mais la mer, comme la vie  c'est ça ...
il faut toujours rester en éveil...
depuis le départ nous vivions comme sur un bateau de croisière
 insouciant, en rêve
 sans soucis de la sécurité et de la manoeuvre...

Heureusement il n'y a pas eu de casse cette fois... seulement un avertissement sans frais de l'océan...
quelques attaches on soufferts mais pas de déchirure de toile, rien d'emporté sur le pont... pas de casse aux instruments .. et heureusement pas de blessés !.
Dorénavant il faut que nous soyons plus vigilants en organisant des "quarts" quitte à les faire allongés dans la cabine mais prêts à bondir au moindre coup de vent...
il ne faut plus que ça recommence...
 surtout quand José sera pas là... pour "rattraper " la situation

Jess n'a ni sa force ni son expérience... même si je le crois capable d'être aussi un  excellent équipier de pont en plus de son rôle de navigant où il excelle ... et puis le petit Nat apprend peu à peu à barrer et tenir le cap en cas de nécessite lui aussi ou appeler à la radio... ou lancer le moteur en cas de nécessité...ou faire fonctionner les balises d'alarme...

Il le faut ...car dans quelques semaines on ne pourra compter que sur nos propres forces !

bye !

cpt'ain Titus

...Titus c'est un vrai papa !

bizous

Jess+

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