Peinture d'Alain Thomas
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Le Christ a visage d'homme d'Aloysus Pieris ( Sri Lanka)

 

La face du Christ que nous présente Aloysus  est centré sur la nécessité de redécouvrir son message humain 

Ce christ humain  correspond à l'humanisme chrétien de notre temps,
il  nous éclaire  par contraste sur les racines cachées de la déshumanisation 
et IL nous propose un autre modèle de société dont la force motrice serait la véritable croissance de l'homme plutôt que l'accumulation de profits...
Cela se traduit par un processus de discernement : identification de l'ennemi, choix de la stratégie et combat pour le Royaume dans la confiance et l'espérance de la grâce de Dieu.

Le Christ qui émerge de cet humanisme n'est pas seulement un Christ du Vendredi Saint ...
Il s'agit plutôt d'une figure du Christ dans l'éclat de la lumière de la résurrection...
 un Christ qui appelle la poussière à la vie, 
un Christ qui guérit, 
un Christ qui nourrit la multitude, 
un Christ qui efface les stigmates sociaux et qui intègre les exclus dans la société,
 bref un Christ restaurateur de toute chose qui connaît la souffrance... mais qui lutte dans l'Espérance,
 un Christ exalté même sur la croix

Il ne faut pas selon lui s'enfermer dans une fausse dichotomie, contemplation et action...mais soumettre la prière et l'action au test décapant de l'authenticité-abnégation...
une fois que l'abnégation de soi est atteinte il ne faut guère de temps alors pour trouver Dieu
car
- Dans la personne Dieu-homme Jésus, Dieu et l'humanité ont été réconciliés de façon à constituer un unique mystère indivisible du salut

- réconciliation effectuée par la kénose de la croix qui rend visible et accessible la kénose initiale de l'incarnation

- Christ crucifié établit un lien entre le divin et l'humain si bien que l'on peut toujours toucher Dieu dans l'humanité et toucher l'humanité en Dieu, à condition que l'on opte pour la croix..
en elle seule l'amour pour Dieu et l'amour de l'humanité sont interchangeable

donc

" cherche Dieu dans la totale abnégation et tu toucheras les profondeurs de l'humain, le tien et celui des autres. 
Inversement engage toi dans l'oeuvre de libération humaine sans aucune recherche de toi même et tu auras déjà fait l'expérience de Dieu. 
Sans abnégation la prière et l'action sont toutes deux illusoires, l'introversion centrée sur soi se faisant passer pour intériorité et l'extraversion remuante se faisant passer pour engagement politique"

L'auteur appelle aussi à combattre le démon intérieur de la cupidité car le progrès matériel ne sert pas forcément la croissance humaine...

Toute recherche religieuse dans le cadre des cultures asiatiques achoppe sur le fait que ni Jésus ni la religion qu'il a fondé n'ont trouvé grand écho en Asie.

" Gautama le  Bouddha  et Muhamad le Prophète sont de noms familiers en Orient.
 Mais la grande masse des asiatiques ( plus de 97% ignorent pratiquement jésus), le Christ Jésus n'était pourtant pas moins asiatique que les fondateurs du Bouddhisme et de l'Islam. 
Et même parmi le petit nombre de gens qui croient en lui, combien se souviennent que la Parole de Dieu a choisi de se faire asiatique en faisant sienne notre humanité? 
Et  comment se fait-il que les premiers Asiatiques qui l'ont entendu pour nous et qui nous ont donné les textes normatifs concernant sa filiation divine, ont réussi une percée significative en Occident, mais n'ont pas réussi à pénétrer dans l'éthos culturel complexe de l'Asie ?

 Donc il ne s'agit pas d'absolutiser le titre même de Christ...ce n'est qu'un titre,
 une catégorisation humaine à travers laquelle une culture particulière a essayé de saisir le mystère de l'ineffable...
le mystère du salut communiqué dans le message de Jésus...
car toutes le religions reconnaissent fondamentalement un "mystère du salut"...d'un au delà salvifique, d'une médiation salvifique..d'une puissance salvatrice ou d'une capacité de salut donné à l'homme...
Dans un tel contexte la signification d'une expression comme fils de Dieu dépend de la découverte du point sensible dans le coeur de l'asiatique...
 où Jésus en nous faisant redire son histoire trouvera le langage qui convient pour nous faire part de son identité unique au sein de ce mystère...
et nous pouvons découvrir ce point sensible en refaisant le chemin parcouru par Jésus lui même pour tâcher de nous révéler sa personne dans le contexte asiatique de la religion et de la pauvreté...
la dimension révélatrice et médiatrice du salut doit se manifester dans l'événement humain de Jésus... reliant le Jourdain de la religion asiatique au calvaire de la pauvreté
Si tel est le cas les cultures asiatiques ouvriront leurs répertoire de titres et de symboles et de formules pour exprimer leur nouvelle découverte..."


Nécessaire expérience ... nécessaire pauvreté...
se faire pauvre dans la recherche de cette vérité
ceux qui font cette expérience devant raconter à leur manière leur propre histoire de Jésus
pauvreté volontaire du Christ qui recoupe le chemin de libération intérieure  du Bouddhisme...
d'où le dialogue nécessaire entre les deux religions...
car de même que le bouddhisme peut faire place à la dimension de l'agapè ( bodhisatvas) de même le christianisme est ouvert à la dimension de la sagesse et de la connaissance ( gnose);..un vrai dialogue est donné là...

le mystère du salut se déploie dans le christianisme en Source ( Théos), Médium , ( Logos) et force de salut ( Pneuma) parallèle à celui du bouddhisme... 
le premier terme étant perçu non comme source primordiale mais comme aboutissement ( nirvana)
ainsi l'inaccessible au-delà (source) devient votre "au dedans" salvifique...
 et l'incompréhensible en vient a être saisi par l'intuition humaine...

Ce n'est possible que parce que l'Absolu contient en son propre sein une auto-expression médiatrice et révélatrice, une dimension accessible: le dharma/logos

"L'horizon trans- humain ne cesse de s'éloigner que parce qu'il y a un chemin qui conduit vers lui...
car au commencement était le Verbe par lequel le Silence Absolu en est venu à se laisser entendre... et l'Icône par laquelle l'invisible a été placé dans le champ de notre vue "

Comme bouddha...Jésus apparaît médium exclusif du salut pour tous, le logos, l'image, le verbe, le chemin..etc...
peu importe les titres..seule importe la réalité ainsi désignée

"une christologie de libération voit le médium du salut dans la forme de Jésus sur la croix, symbole de la double ascèse, chemin salvifique de la via crucis...
- renoncement de Jésus aux liens biologiques et émotionnels qui l'attachaient au monde
- dénonciation ouverte de Mammon qui s'organise lui même en principautés et puissances en divisant l'humanité en riche et en pauvres...
double ascèse...
Noyau autour duquel une théologie de la libération asiatique se transforme en une christologie qui ne fait pas de concurence au bouddhisme...
reconnaissant l'unique chemin de libération... ou bouddhiste et chrétien  se rejoignent dans leur détachement gnostique (par pauvreté volontaire) 
et où les deux se rejoignent par l'implication agapéique dans une même lutte contre la pauvreté forcée"

contemplation et action s'unissent
bouddhisme et christianisme aussi
dans une même lutte contre le mal et la pauvreté
vers un même chemin de connaissance du Salut et du Réel...

telle est la vision unitaire et complexe du Christ que nous présente Aloysius Pieris

 

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