Peinture d'Alain Thomas
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 Christologies japonaise

 

 

 

Nous abordons avec ce pays  puis avec la Chine  des civilisations aux cultures énormes qui diffèrent entièrement de nos conceptions occidentales...
pour cela elles sont pour nous très enrichissantes dans leurs conceptions et leurs manières d'appréhender le Mystère...
Mais avant tout de chose il convient de donner quelques clés:c'est pourquoi je vous invite à lire ce texte de E. D.Pyrins que j'ai trouvé pour vous sur le net...

Comme le montre bien l'auteur ce peuple que l'on dit souvent agnostique manifeste en fait une grande sensibilité religieuse vécue dans une voie spécifique  où se mêlent inconsciemment plusieurs traditions...

Terrain fertile  où le Christ devra être saisi et interprété aux travers des écrans spécifiques:
- l'écriture idéographique
- un sentiment particulier à la nature
- une expression poétique esquissée et suggérée
-un sens esthétique très vif et souvent abstrait
- un état de non dit, non être
- l'existence de l'amae
-un sentiment de particularisme et de collectif exacerbé
- l'absence de valeurs humanistes transcendantes etc...etc...

Comme nous le verrons pour la Chine bientôt et comme autrefois en culture Hellénique le Christ devra être saisi au travers de ces filtres différents qui en modifient le visage coutumier sous lequel nous nous le présentons... 

L'écriture idéographique

Celle ci est on s'en doute d'une première importance: à l'origine symbolique et réservée à l'acte divinatoire elle offre de nombreuses lectures spécialement au Japon où elle a été importée de Chine et a du se surimposer à un vocabulaire existant...
Il en résulte que chaque caractère a plusieurs prononciation au moins une chinoise l'autre japonaise...d'où de nombreuse homophonies et jeux possibles entre les mots pour affiner le sens...
de plus chaque caractère contient une image ...chaque mot un ensemble d'images qui vient compléter l'expression du phonème...
et tout mot peut s'écrire par des caractères homophones différents chacun soulignant une nuance...grâce à l'image qu'il renferme...parfois une portion d'image seulement...
Le texte par la calligraphie  ajoute à l'expression rejoint la peinture et renforce encore  la complexité de l'interprétation...
La plus part des textes anciens sont ainsi illisibles pour la plus part des japonais actuels pour lesquels l'apprentissage de langue nécessite 12 à 15 ans d'études pour pouvoir lire le journal !...il en est de même pour l'"étranger" il est bien difficile alors de lire entre les lignes...et de saisir le "Visage" qui se cache par ailleurs sous des shèmes culturels bien différents...
Deux essais de simplification sont venus compléter le tout et brouiller le sens des phrases...on aime le non dit et le suggéré au Japon... voire le flou du dire derrière lequel lecteur projette ses propres réponses...
nuée divine ? je ne sais... en tout cas dans ce pays on ne dévoile bien ses idées qu'à l'écrit...
mais ces simplifications étant des alphabets phonétiques... pour le flou et les apparences trompeuses et fugaces...on est servi...
la poésie ne s'y est pas trompé d'ailleurs qui s'en est rapidement emparé...
De tout cela résulte un langage souvent poétique, le plus souvent en trompe l'oeil...une invitation à lire les textes sacrés eux aussi d'une certaine manière au travers des lignes...des phrases et des mots en évitant de trop projetter de sa propre culture ...
mission impossible ?..;en tout cas on comprend ce que veut dire alors le mot ineffable...

Sentiment particulier de la nature 
héritée du shintoïsme ou chaque élément est personnifie... déifié en kami...un volcan...un arbre...la mer...une cascade... le tout empreint de toute une symbolique...
Panthéisme ?...non pas car le tout se double d'un grand sentiment d'unité aussi... un sentiment d'un Tout qui se tient...toute altération d'une partie conduisant à des effets inattendus ( globalité)...
et où le temps est palpable:  sentiment du temps qui passe...l'instant peut être immense...et les ans réduits à l'instant...l'histoire en ce pays n'est point linéaire mais cyclique...et tous les 50 ans les splendides temples d'Isé  haut lieu du Shintoïsme sont détruits...pour être reconstruits à l'identique...
une page dès lors se tourne...le monde " a changé"...impermanence de toute chose ?...
pourtant une unité demeure ...un flux...une façon de voir et d'être...un au delà aussi...
avec lequel on communique

La culture japonaise est suggestive comme l'est son langage...on evoque, on suggère...à l'autre de comprendre...ou de ne pas comprendre...point de je  ni de tu...mais la femme, la fille ,l'oncle...celui qui est devant sont les manières dont on parle des autres...nommer ne se fait point...on dit que sa gorge est un peu sèche pour dire que l'on a soif...ou qu'il y a un peu de bruit par içi pour inviter l'autre à se taire...
Toute la littérature, tout l'art est suggestif...au lecteur ou l'admirateur suivant son niveau de culture ou de connaissance de comprendre...une feuille d'érable qui tombe...une goutte de rosée sur la fleur d'un cerisier...
très pratique aussi pour esquisser la réponse...
et pour décoder certains signes ?

Puissance  et pureté de la ligne des proportions de l'harmonie...importance du vide...de la pénombre aussi sont quelques uns des critères artistiques (non populaires)...à la manière des masques no...ou des jardins zen...plus vrai que nature...
Ce sentiment du beau et de la proportion et du travail parfait et bien fait n'est-ce point là plus qu'une signature ?

L'individu n'existe pas...tout est dans le collectif ( héritage du bouddhisme ancien)le récent ayant apporté la gentillesse de la compassion et de l'accueil...
un tel s'identifiera comme  "Toyota in" ( employé de Toyota) ou Toshiba in...
membre d'une communauté avant de décliner son nom...
élément d'une famille, porteur d'un nom...membre d'un corps...et entièrement dévoué à celui-ci...avec lequel il est solidairement responsable ...
l'amae  ce sentiment de reconnaissance du aux autres aux parents , aux proches, aux professeurs y tient une énorme place...liant les individus en des obligations "clientélistes" ou pré- mafieuses à nos yeux...
malheur à l'homme seul... sauf si c'est un yamabushi...un ermite...
ou à celui qui ne respecte  pas les règles...
ce "corporatisme" m'a toujours fait penser au Corps Mystique...du moins à une ébauche...en tout cas ce concept est pour eux bien compréhensible...

D'où peut-être l'importance du masque, de la face...de l'apparence, du trompe l'oeil...que de samouraï se  sont suicidé pour avoir perdu leur dignité...
d'où l'importance de ne jamais la faire perdre à l'autre...et de savoir ouvrir des passages...
et derrière le masque ?...une hypersensibilité...vous l'aviez deviné...sinon à quoi bon se protéger ainsi ?
et une énorme gentillesse et humanité...des vertus que nous pourrions cultiver...nous les occidentaux...
on se doit aller au devant des désirs de l'autre...éviter de le choquer, de lui causer une seule once d'ennui...et les questions lui seront posées de manière à ce qu'il ne puisse que dire Haï ( Oui) les autres resteront dans le non dit...et le silence...parfois bien lourd à porter...
mais la douleur ne se dit point au Japon...on y résiste où l'on en meurt...
mais cette prévenance n'est-elle que convention sociale ?...n'est ce pas voir en l'autre Son Visage ?

Burakunin et hinin
nous en parlons plus loin...le Japon est un pays de caste et de clans...
certains en sont exclus...pour avoir fauté ou parce qu'ils portent un nom banni...
ils deviennent des
hinin...( des non-humains) ou des burakunin ( ceux qui vivent à l'extérieur de la cité)...

Il serait bien long de dire combien tous ces facteurs de différences entraînent une perception expression différenciée du Message, tout d'intériorité ou au contraire empreint de formalisme, et de rigidité en apparente...mais au fond d'une grande sensibilité et intériorité...N'est-ce point au Japon que St François Xavier dit avoir perçu une extraordinaire réceptivité marquée par le sang des premiers martyrs d'Asie ...
plusieurs siècles après on s'en souvient encore...répétant des gestes et relisant de vieux textes portugais ou latin souvent sans en comprendre le sens..  malgré la répression et l'interdiction qui fut terrible car nul ne pouvait pénétrer alors dans ce guerrier pays sans avoir craché d'abord sur la Bible et le crucifix...
malgré cela ...la semence est restée.
..humblement cachée par ceux qui l'on saisie...

Quand aux images  contemporaines que nous renvoie le Japon elles sont celles d'un Christ de douleur un Christ souffrant à la manière dont Kitamori en parle ... 
Au golgotha Dieu lutte contre Dieu...
Ce Dieu qui livre le pécheur à la mort lutte contre Dieu qui aime le pécheur
c'est cela selon lui la douleur de Dieu...
On note dans son oeuvre l'importance du tsutara des tragédies japonaises: souffrance d'une personne qui pour en sauver d'autres qu'elle aime accepte de connaître la douleur et de la laisser subir à son fils jusqu'à la mort...

Pour Koyama Christ n'a rien à faire avec les théories philosophique...
c'est une personne qui se rencontre...
 et il est plus profitable de connaître JC que de connaitre la Christologie

Koyama lutte pour réhabiliter le Je conçu comme une illusion dans le bouddhisme, il insiste sur l'unicité de la perception de Jésus quelque soit la culture ou le lieu...  
Même perception  unique que l'on soit à Hon-kong, Bangkok, Tokyo, Djakarta ...
 même si la formulation en est différente...c'est la même rencontre...  
 C'est cette identité de sentiment qui sert de base à une transformation  personnelle( par exemple  l'amour maternel en agapè) et en la reconnaissance du divin ...

Il insiste sur la neigbouroughlogy...reconnaitre que nos proches ont un message pour nous ...que nous devons accueillir...

Partout où la douleur humaine est présente l'homme plongé dans cette douleur se trouve qu'il le sache ou non embrassé par l'amour souffrant du Christ- Dieu...crucifié "en dehors" de la ville...de Sa ville...
s
i la croix du Christ est si terrible pourquoi est-elle le centre de la bonne nouvelle ?
Seigneur s'est fait pauvre pour enrichir notre pauvreté
Il doit croitre ...et nous diminuer...
Il faut développer en nous un esprit ouvert au don qui ne recherche pas le profit pour lui même...
Un esprit apte à devenir joyeux en devenant ordure de l'humanité..car permettant ainsi la croissance à d'autres...
esprit crucifié...par amour-don...

Alors que le mont Fuji est orienté vers la nature et est cosmologique...
  le Sinaï est orienté lui vers l'histoire...
Le cosmologique conçoit le secours comme devant venir du cosmos, de la Nature alors que l'eschatologique suggère la possibilité d'un secours venant de l' au delà du Cosmos...

 

Kuribayashi  lui fondera une théologie de la libération  des burakumin
qui sont ces burakunin ? des hors castes, littéralement ceux qui habitent à l'écart...caste evoquant des ressemblances avec les intouchables... issus historiquement de ceux qui pratiquaient les métiers dits impurs tout ce qui touchait à la viande, au travail du cuir, au tansport des morts...
Les burakunin sont encore de nos jours exclus des postes de direction, de nombreuses universités, de certains immeubles voire de certains hopitaux simplement parce qu'ils portent un nom burakunin...
et oui la société japonaise est une société de castes...castes anonymes...qui n'ose dire son nom...
Kuribayashi voit dans ces exclus autant d'images du Christ...portant la bêtise et les défauts des autres... boucs émissaires  muets d'une société hyper-développée où ils font partie des hinin ceux qui ne peuvent être considérés comme humains...comme les clochards, ceux qui ont lourdement fautés, ceux qui n'ont pas voulu se plier sous les fourches caudines des contraintes d'une société sclérosée...

autant d'iages conyemporaines du Christ...
d'un christ a libérer , a aimer, à ressuciter ...

Seiichi Yagi

dénonce comme Jésus  l'absolutisation de l'ego ...l'arrogance du moi  qui produit la souffrance... et le péché...
Tout comme Gautama avait proclamé lui aussi le moi illusoire... 
l'un enseigne le nirvana...l'autre le Règne de Dieu...

Car il y a 2 sortes de contact de Dieu avec les hommes...
Dieu avec nous de l'emmanuel...
mais aussi l'éveil qui permet de devenir conscient de ce fait...
le contact second est la prise de conscience du contact premier
l'ego pour cela doit disparaître comme celui de Paul l'a fait sur le chemin de Damas
l'ego  devient alors  conscient du Soi...

" si nous identifions le Christ en moi avec le Soi alors le Soi est quelque chose de divin et d'humain.
Il est divin parce qu'il est en moi véritablement mon sujet. 
Il est le Soi humain.
Le soi est ainsi divino humain ou humanité divine...
Dès lors Jésus Christ signifie que l'ego de Jésus de Nazareth était tout UN avec le Soi, le Soi étant pour lui manifeste. 
Nous pouvons faire un pas de plus et opérer une distinction entre Logos et Christ car Christ est divino humain alors que le Logos éternel est divin. 
Celui-ci est pour faire appel au langage de l'Eglise ancienne, la seconde personne de la Trinité...Dieu comme Fils.
En d'autres termes Christ est le Logos incarné dans le Soi éveillé, activé en tant qu'il se distingue de l'ego...Ainsi nous devons faire une distinction entre Logos, Christ et Jésus."

Identité avec ce qu'expriment à leur façon les 3 corps de Bouddha
dharma-kaya Réalité transcendante et ultime
Sambhoga-kaya : manifestation ( ex Amida)
Nirmana-kaya: figure historique de Gautama

La Réalité  transcendante à l'origine à la source du bouddhisme et du christianisme  et Il se manifeste par  le Verbe incarné pour les chrétiens, par Amida  dans le bouddhisme...

Yagi rend le Christ transparent ...le Jésus de l'histoire s'estompe...

Il parle aussi longuement du zen.. .méditation au delà des images et des représentations
méditation ... un premier stade avant de dire ..ce n'est plus moi qui vit...c'est Dieu qui vit en moi...

Il parle aussi du Tao...la voie...qu'il faut emprunter ...
 qui comme celle de Jésus mène au tout autre...

suite