Comment dans l'affliction on doit s'abandonner entre les mains de Dieu

(prière a)

Le F.

Seigneur mon Dieu, Père Saint, soyez béni maintenant et dans toute l'éternité, parce qu'il a été fait comme Vous l'avez voulu, et que ce que Vous faites est bon.
Que votre serviteur se réjouisse, non en lui même ni en nul autre, mais en Vous seul, parce que Vous êtes seul la Véritable Joie.
Vous êtes, Seigneur, mon Espérance, ma Couronne, ma Joie, ma Gloire.
Qu'y a-t-il en votre serviteur qu'il n'ait reçu de Vous ( I Cor.4,7), et sans l'avoir mérité ?
Tout est à Vous...
Vous avez tout fait, tout donné.
Je suis pauvre, et dans les travaux dès mon enfance ( Ps 87,16).
Quelquefois mon âme est triste jusqu'aux larmes, et quelquefois elle se trouble en elle même à cause des passions qui la pressent.

2. Je désire la joie de la Paix, j'aspire à la Paix de Vos enfants, que Vous nourrissez dans Votre Lumière et Vos consolations.
Si Vous me donnez la Paix, si Vous versez en moi Votre Joie Sainte, l'âme de Votre serviteur sera remplie d'une
douce mélodie... et ravi d'amour, il chantera Vos louanges.
Mais si Vous Vous retirez, comme Vous le faites souvent, il ne pourra courir dans la Voie de vos commandements ( Ps 117,32)... alors il ne lui restera qu'à tomber à genoux et se frapper la poitrine, parce qu'il n'en est plus pour lui comme auparavant, lorsque Votre Lumière resplendissait sur sa tête ( Job 29,3) et qu'à l'ombre de Vos ailes il trouvait un abri contre les tentations ( Ps. 16,10).

3. Père juste et toujours digne de louange, l'heure est venue où Votre serviteur doit être éprouvé.
Père aimable , il est juste que Votre serviteur souffre maintenant quelque chose pour Vous.
Père à jamais adorable, l'heure que vous avez prévue de toute éternité est venue, où il faut que Votre serviteur succombe pour un peu de temps au dehors sans cesser de vivre intérieurement en Vous.
Il faut que pour un peu de temps, il soit abaissé, humilié, anéanti devant les hommes, brisé de souffrances, accablé de langueurs,
afin de se relever avec Vous à l'aurore d'un jour nouveau, et d'être environné de splendeur dans le Ciel.
Père saint, Vous l'avez ainsi ordonné, ainsi voulu... et ce que Vous avez commandé s'est accompli.

4. Car c'est la Grâce que Vous faites à ceux que Vous aimez, de souffrir en ce monde pour Votre amour et d'être affligés autant de fois et par qui que ce soit que Vous le permettiez.
Rien ne se fait sur la terre sans raison, sans dessein et sans l'ordre de Votre Providence.
Ce m'est un bien, Seigneur, que Vous m'ayez humilié, afin que je m'instruise de Votre Justice (Ps. 118,71) et que je bannisse de mon coeur t
out orgueil et toute présomption.
Il m'est utile d'avoir été couvert de confusion ( Ps 68,11), afin que je cherche à me consoler plutôt en Vous que dans les hommes.
Par là j'ai appris encore à redouter Vos jugements impénétrables, selon lesquels Vous affligez et le juste et l'impie, mais toujours avec équité et avec justice.

5. Je Vous rends grâce de ce que Vous ne m'avez point épargné les maux, et de ce qu'au contraire Vous m'avez sévèrement frappé, me chargeant de douleurs et m'accablant d'angoisses, au dedans et au dehors.
De tout ce qui est sous le ciel il n'est rien qui me console:
je n'espère qu'en Vous ô mon Dieu ! céleste médecin des âmes, qui blessez et qui guérissez, qui conduisez jusqu'aux enfers et qui en ramenez (I Reg.. I,6; Tob. 13,2).
Vous me guidez par vos enseignements, et votre verge même m'instruira (Ps.17,36).

6. Père uniquement aimé, voilà que je suis entre Vos mains... je m'incline sous la verge qui me corrige.
Frappez, frappez encore, afin que je réforme selon Votre gré tout ce qu'il y a d'imparfait en moi !
Faites de moi, comme Vous savez si bien le faire, un disciple humble et pieux, toujours prêt à Vous obéir au moindre signe.
Je m'abandonne, moi et tout ce qui est à moi, à Votre correction. Il vaut mieux être châtié en ce monde que dans l'autre.
Vous savez tout, Vous pénétrez tout, et rien ne Vous est caché dans la conscience de l'homme.
Vous connaissez les choses futures avant qu'elles arrivent, et il n'est pas besoin que personne Vous instruise ou Vous avertisse de ce qui se passe sur la terre.
Vous savez ce qui est utile à mon avancement et combien la tribulation sert à consumer la rouille des vices.
Disposez de moi selon Votre bon plaisir, et ne me délaissez point à cause de ma vie toute de péché, que personne ne connaît mieux que Vous.

7. Faites, Seigneur, que je sache ce que je dois savoir, que j'aime ce que je dois aimer, que je loue ce qui Vous est agréable, que j'estime ce qui est précieux devant Vous, et que je méprise ce qui est vil à Vos regards.
Ne permettez pas que je juge d'après ce que l'oeil aperçoit au dehors, ni que je forme mes sentiments sur les discours insensés des hommes (IS. II,3); mais faites que je porte un jugement vrai des choses sensibles et des spirituelles...et surtout que je cherche à connaître Votre Volonté.

8. Souvent les hommes se trompent en ne jugeant que sur le témoignage des sens.
Les amateurs du siècle se trompent aussi en n'aimant que les choses visibles.
Un homme en vaut-il mieux parce qu'un autre homme l'estime grand ?
Quand un homme en exalte un autre, c'est un menteur qui trompe un menteur, un superbe qui trompe un superbe,
un aveugle qui trompe un aveugle, un malade qui trompe un malade... et les vaines louanges sont une véritable confusion pour qui les reçoit.
Car, " ce qu'un homme est à Vos yeux, Seigneur, voilà ce qu'il est
réellement et rien de plus" dit l'humble Saint François.

 

Il faut se livrer à des exercices plus humbles quand on est fatigué des plus relevés

J.C.

Mon Fils,vous ne sauriez sentir toujours une égale ardeur pour la vertu, ni vous maintenir sans relâche dans un haut degré de contemplation... mais il est nécessaire, à cause du vice de votre origine, que vous descendiez quelquefois à des choses plus basses, et que vous portiez malgré vous et avec ennui, le poids de cette vie corruptible.
Tant que vous traînerez ce corps mortel, vous éprouverez un grand dégoût et l'angoisse du coeur.
Il vous faut donc, pendant que vous vivez dans la chair,
gémir souvent du poids de la chair, et de ne pouvoir continuellement vous appliquer aux exercices spirituels et à la contemplation divine.

2. Cherchez alors un refuge dans d'humbles occupations extérieures, et dans les bonnes oeuvres une distraction qui vous ranime; attendez avec une ferme confiance Mon retour et la Grâce d'en haut; souffrez patiemment votre exil et la sécheresse du coeur, jusqu'à ce que Je vous visite de nouveau, et que Je vous délivre de toutes vos peines.
Car
Je reviendrai et vous ferai oublier vos travaux et jouir du repos intérieur.
J'ouvrirai devant vous le champs des Écritures, afin que votre coeur, dilaté d'amour, vous presse de courir dans la Voie de Mes commandements ( PS. 118,32).
Et vous direz: Les souffrances du temps n'ont point de proportion avec la Gloire future qui sera manifestée en vous ( Rom. 8,18).

 

On ne doit pas se juger digne des consolations de Dieu mais plutôt de châtiment

Le F.

Seigneur, je ne mérite point que Vous me consoliez et que Vous me visitiez: ainsi Vous en usez avec moi justement lorsque Vous me laissez pauvre et désolé.
Quand je répandrais des larmes aussi abondantes que les eaux de la mer, je ne serais pas encore digne de Vos consolations.
Rien ne m'est dû que la verge et le châtiment: car je vous ai souvent et gravement offensé, et
mes péchés sont sans nombre.
Après donc un strict examen, je me reconnais indigne de la moindre consolation.
Mais Vous, ô Dieu tendre et clément ! Qui ne voulez pas que Vos ouvrages périssent, pour faire éclater les richesses de Votre bonté en des vases de miséricorde ( Rom. 9,23), Vous daignez consoler Votre serviteur
au delà de ce qu'il mérite, et d'une manière toute divine.
Car Vos consolations ne sont point comme les vaines paroles des hommes.

2. Qu'ai-je fait, Seigneur, pour que Vous me donniez quelque part aux consolations du ciel ?
Je n'ai point souvenir d'avoir fait quelque bien;...toujours au contraire je fus enclin au vice et lent à me corriger.
Il est vrai, et je ne puis le nier.
Si je parlais autrement, Vous vous élèveriez contre moi, et personne ne me défendrait.
Qu'ai-je mérité pour mes péchés, sinon l'enfer et le feu éternel ?
Je le confesse avec sincérité: je ne suis digne que d'opprobre et de mépris; je ne mérite point d'être compté parmi ceux qui sont à Vous.
Et, bien qu'il me soit douloureux de l'entendre, je rendrai cependant contre moi témoignage à la Vérité, je m'accuserai de mes péchés, afin d'obtenir de Vous plus aisément miséricorde.

3. Que dirai-je couvert, comme je le suis, de crime et de confusion ?
Je n'ai a dire que ce seul mot:
J'ai péché , Seigneur, j'ai péché; ayez pitié de moi; pardonnez moi !
Laissez-moi un peu de temps pour exhaler ma douleur, avant que je m'en aille dans la terre des ténèbres, que je recouvre l'ombre de la mort ( Job. 18,22).
Que demandez-Vous d'un coupable, d'un misérable pécheur, sinon que, brisé de regrets, il s'humilie de ses péchés ?
La Véritable contrition et l'humiliation du coeur produisent l'Espérance du pardon, calment la conscience troublée, réparent la Grâce perdue, protègent l'homme contre la colère à venir... et c'est alors que se rapprochent et se
réconcilient dans un saint baiser Dieu et l'âme pénitente.

4. Cette humble douleur des péchés Vous est, Seigneur, un sacrifice agréable et d'une odeur plus douce que celle de l'encens.
C'est le délicieux parfum que Vous permîtes de répandre sur Vos pieds sacrés: car Vous ne méprisez jamais un coeur contrit et humilié ( Ps. 50,18).
Là est le refuge contre la fureur de l'ennemi: là le pécheur se réforme et se purifie de toutes les souillures qu'il a contractées au dehors.

 

La Grâce ne s'allie point avec le goût des choses de la terre

J.C.

Mon fils, Ma Grâce est d'un grand prix, et ne souffre point le mélange des choses étrangères, ni des consolations terrestres.
Il faut donc écarter tout ce qui l'arrête, si vous désirez qu'elle se répande en vous.
Retirez-vous dans un lieu secret, aimez à demeurer seul avec vous-même, ne recherchez l'entretien de personne... mais que votre âme s'épanche devant Dieu en de ferventes prières, afin de conserver la componction et une conscience pure.
Comptez pour rien le monde entier, et
occupez-vous de Dieu plutôt que des oeuvres extérieures.
Car votre coeur ne peut être à Moi, et se plaire en même temps à ce qui passe.
Il vous faut séparer de vos connaissances et de vos amis, et sevrer votre âme de toute consolation terrestre.
C'est ainsi que le bienheureux apôtre Pierre conjure les fidèles serviteurs de Jésus-Christ de se regarder ici-bas comme
des étrangers et des voyageurs ( I Petr. 2,11).

2. Oh !  Qu'il aura de confiance à l'heure de la mort, celui que nul attachement ne retient en ce monde !
Mais un esprit encore malade ne comprend pas que le coeur soit ainsi détaché de tout... et l'homme charnel ne connaît point la liberté de l'homme intérieur.
Cepandant, pour devenir vraiment spirituel, il faut renoncer à ses proches comme aux étrangers, et ne se garder de personne plus que de soi-même.
Si vous parvenez à vous vaincre parfaitement, vous vaincrez aisément tout le reste.
La parfaite victoire est de triompher de soi-même.
Celui qui se tient tellement assujetti, que les sens obéissent à la raison, et que la raison M'obéisse en tout, est véritablement vainqueur de lui-même et maître du monde.

3. Si vous aspirez à cette haute perfection, il faut commencer avec courage et mettre la cognée à la racine de l'arbre, pour arracher et détruire jusqu'aux restes les plus cachés de l'amour déréglé de vous-même, et des biens sensibles et particuliers.
De cet amour désordonné que l'homme
a pour lui-même, naissent presque tous les vices qu'il doit vaincre et déraciner... et dès qu'il l'aura subjugué pleinement, il jouira d'un calme et d'une Paix profonde.
Mais parce qu'il en est peu qui travaillent à mourir parfaitement à eux-mêmes, et à sortir d'eux mêmes entièrement, ils demeurent comme ensevelis dans la chair, et ne peuvent s'élever au dessus des sens.
Celui qui veut Me suivre librement, il faut qu'il mortifie toutes ses inclinations déréglées, et qu'il ne s'attache à aucune créature par un amour de convoitise ou particulier.

 

Des divers mouvements de la nature et de la Grâce

(la nature içi correspond à la nature humaine n.d.t.)

J.C.

Mon fils, observez avec soin les mouvements de la nature et de la Grâce; car quoi que très opposés, la différence en est quelquefois si imperceptible, qu'à peine un homme éclairé dans la vie spirituelle en peut faire le discernement.
Tous les hommes ont le désir du bien et tendent à quelque bien dans leurs paroles et dans leurs actions... c'est pourquoi plusieurs sont trompés dans cette apparence de bien.

2. La nature est pleine d'artifice, elle attire... elle surprend... elle séduit... et n'a jamais d'autre fin qu'elle même.
La Grâce au contraire agit avec simplicité et fuit jusqu'à la moindre apparence du mal: elle ne tend point de pièges et fait tout
pour Dieu seul, en qui elle se repose comme en sa fin.

3. La nature répugne à mourir... elle ne veut point être contrainte, ni vaincue, ni assujettie, ni se soumettre volontairement.
Mais la Grâce porte à se mortifier soi-même, résiste à la sensualité, rejette l'assujettissement, aspire à être vaincue, et ne veut pas jouir de sa liberté... elle aime la dépendance, ne désire dominer personne, mais vivre, demeurer, être, toujours sous la Main de Dieu elle est prête à s'abaisser humblement au dessous de toute créature ( I Petr. 2,14).

4. La nature travaille pour son intérêt propre, et calcule le gain qu'elle peut retirer des autres.
La Grâce ne considère point ce qui lui est avantageux, mais ce qui peut être utile à plusieurs.

5. La nature aime à recevoir les respects et les honneurs.
La Grâce renvoie fidèlement à Dieu tout honneur et toute Gloire.

6. La nature craint la confusion et le mépris.
La Grâce se réjouit de souffrir des outrages pour le Nom de Jésus ( Act. 5,41).

7. La nature aime l'oisiveté et le repos du corps.
La Grâce ne peut être oisive et se fait une Joie du travail.

8. La nature recherche les choses curieuses et belles, et repousse avec horreur ce qui est vil et grossier.
La Grâce se complait dans les choses simples et humbles... elle ne dédaigne point ce qu'il y a de plus rude, et ne refuse point de se vêtir de haillons.

9. La nature convoite les biens du temps; elle se réjouit d'un gain terrestre, s'afflige d'une perte , et s'irrite d'une légère injure.
La Grâce n'aspire qu'aux biens éternels, et ne s'attache point à ceux du temps... elle ne se trouble d'aucune perte, et ne s'offense point des paroles les plus dures, parce qu'elle a mis son trésor et sa joie dans le Ciel, où rien ne périt.

10. La nature est avide et reçoit plus volontiers qu'elle ne donne; elle aime ce qui lui est propre et particulier.
La Grâce est généreuse et ne se réserve rien... elle évite la singularité, se contente de peu, et croit qu' il est plus heureux de donner que de recevoir (Act. 20,35).

11. La nature se porte vers les créatures, la chair, les vanités: elle est bien aise de se produire.
La Grâce élève à Dieu, excite la vertu, renonce aux créatures, fuit le monde, hait les désirs de la chair, ne se répand point au dehors et rougit de paraître devant les hommes.

12. La nature se réjouit d'avoir quelque consolation extérieure qui flatte le penchant des sens.
La Grâce ne cherche de consolation qu'en Dieu seul... et s'élevant au dessus des choses visibles, elle met toutes ses délices dans le souverain bien.

13. La nature agit en tout pour le gain et pour son avantage propre... elle ne sait rien faire gratuitement; mais, en obligeant, elle espère obtenir quelque chose d'égal ou de meilleur, des faveurs ou des louanges... et elle veut qu'on tienne pour beaucoup tout ce qu'elle fait et tout ce qu'elle donne.
La Grâce ne veut rien de temporel; elle ne demande d'autre récompense qu'en Dieu seul, et ne désire des choses du temps, même les plus nécessaires, que ce qui peut lui servir pour acquérir les
biens éternels.

14. La nature se complaît dans le grand nombre des amis et des parents... elle se glorifie d'un rang élevé, d'une naissance illustre... elle sourit aux puissants, flatte les riches, et applaudit à ceux qui lui ressemblent.
La Grâce aime ses ennemis même, et ne s'enorgueillit point du nombre de ses amis... elle ne compte pour rien la noblesse et les ancêtres, à moins qu'ils ne soient distingués par la vertu... elle favorise plutôt le pauvre que le riche, compatit plus à l'innocent qu'au puissant... recherche l'homme vrai, fuit le menteur... et ne cesse d'exhorter les bons à s'efforcer de devenir meilleur ( I Cor. 12,31), afin de se rendre semblable au Fils de Dieu par leurs vertus.

15. La nature est prompte à se plaindre de ce qui lui manque et de ce qui la blesse.
La Grâce supporte avec constance la pauvreté.

16. La nature rapporte tout à elle-même, combat, discute pour ses intérêts.
La Grâce ramène tout à Dieu, de qui tout émane originairement... elle ne s'attribue aucun bien, ne présume point d'elle-même avec arrogance, ne conteste point, ne préfère point son opinion à celle des autres... mais elle soumet toutes ses pensées et tous ses sentiments à l'Eternelle Sagesse et au Jugement de Dieu.

17. La nature est curieuse de secrets et de nouvelles; elle veut se montrer et voir, et examiner par elle-même... elle désire d'être connue, et de s'attirer la louange et l'admiration.
La Grâce ne s'occupe point de nouvelles, ni de ce qui nourrit la curiosité... car tout celà n'est que la renaissance d'une vieille corruption, puisqu'il n'y a rien de nouveau ni de stable sur la terre.
Elle enseigne à réprimer les sens, à fuir la vaine complaisance et l'ostentation, à cacher humblement ce qui mérite l'éloge et l'estime, et à ne chercher, en ce qu'on sait et en toute chose, que ce qui peut être utile à l'honneur et à la gloire de Dieu.
Elle ne veut point qu'on loue ni elle ni ses oeuvres... mais elle désire que
Dieu soit béni dans les dons qu'Il répand par pur Amour.

18. Cette Grâce est une Lumière surnaturelle, un don spécial de Dieu; c'est proprement le sceau des élus, c'est le gage du Salut éternel.
De la terre, où son coeur gisait, elle élève l'homme jusqu'à l'amour des biens célestes, et le rend spirituel... de charnel qu'il était.
Plus donc la nature est affaiblie et vaincue, plus la Grâce se répand avec abondance; et chaque jour, par de nouvelles effusions, elle rétablit au dedans de l'homme
l'image de Dieu.

 

De la corruption de la nature et de l'efficacité de la Grâce divine

(prière b)

Le F.

Seigneur mon Dieu, qui m'avez créé à Votre image et à Votre ressemblance... accordez moi cette Grâce dont Vous m'avez montré l'excellence et la nécessité pour le Salut, afin que je puisse vaincre ma nature corrompue, qui m'entraîne au péché et dans la perdition.
Car je sens dans ma chair la loi du péché qui contredit la loi de l'Esprit ( Rom.7,23) et m'asservit aux sens pour que je leur obéisse en esclave, et je ne puis résister aux passions qu'ils soulèvent en moi, si Vous ne me secourez, en ranimant mon coeur par l'effusion de Votre Sainte Grâce.

2. Votre Grâce, et une Grâce très grande, est nécessaire pour vaincre la nature inclinée au mal dès l'enfance (Gen. 8,21).
Car, déchue en Adam, notre premier père, et dépravée par le péché, cette tache passe dans tous les hommes... et ils en portent la peine, de sorte que cette nature même, que Vous avez créé dans la justice et dans la droiture, ne rappelle plus que la faiblesse et le dérèglement d'une nature corrompue... parce que, laissée à elle-même, son propre mouvement ne la porte qu'au mal et vers les choses de la terre.
Le peu de force qui lui est resté est comme une étincelle cachée sous la cendre.
C'est cette raison naturelle, environnée de profondes ténèbres, sachant discerner encore le bien et le mal, le vrai du faux, mais impuissante à accomplir ce qu'elle approuve, parce qu'elle ne possède pas la pleine Lumière de la Vérité, et que toutes ses affections sont malades.

3. De là vient, mon Dieu, que je me réjouis en Votre Loi selon l'homme intérieur ( Rom. 7,22) reconnaissant que Vos commandements sont bons,,justes et saints ( Rom.7,12), qu'ils condamnent tout mal et détournent du péché.
Mais dans ma chair je suis asservi à la loi du péché ( Rom.7,25) obéissant plutôt aux sens qu'à la raison, voulant le bien et n'ayant pas la force de l'accomplir ( Rom. 7,18).
C'est pourquoi souvent je forme de bonnes résolutions;...mais la Grâce qui aide à ma faiblesse venant à manquer, au moindre obstacle je cède et je tombe...
Je découvre la Voie de la perfection, et je vois clairement ce que je dois faire.
Mais accablé du poids de ma corruption, je ne m'élève à rien de parfait.

4. Oh ! Que Votre Grâce, Seigneur, m'est nécessaire pour commencer le bien, le continuer et l'achever: car sans elle je ne puis rien faire... mais je puis tout en Vous  quand la Grâce me fortifie ( Philip.4,13).
O Grâce vraiment céleste, sans laquelle nos mérites et les dons de la nature ne sont rien !
Les arts, les richesses, la beauté, la force, le génie, l'éloquence, n'ont aucun prix , Seigneur, à Vos yeux, sans la Grâce...
Car les dons de la nature sont communs aux bons et aux méchants... mais la Grâce ou la Charité est le don propre aux élus... elle est le signe auquel on reconnaît ceux qui sont dignes de la Vie éternelle.
Telle est l'excellence de cette Grâce, que ni le don de prophétie, ni le pouvoir d'opérer des miracles, ni la plus haute contemplation ne doivent être compté de quelque chose sans elle.
Ni la Foi même, ni l'Espérance, ni les autres vertus, ne Vous sont agréables sans la Grâce et la Charité.

5. O bienheureuse Grâce, qui rendez riche en vertus le pauvre d'esprit, et celui qui possède de grands biens... humble de coeur !
Venez, descendez en moi, remplissez moi dès le matin de Votre consolation, de peur que mon âme épuisée, aride, ne vienne à défaillir de lassitude.
J'implore Votre Grâce ô mon Dieu !...je ne veux qu'elle ! ... car Votre grâce me suffit (II Cor. 12,9)...quand je n'obtiendrais rien de ce que la nature désire.
Si je suis éprouvé, tourmenté par beaucoup de tribulations, je ne craindrai aucun maux, tandis que Votre Grâce sera avec moi...
Elle est ma force, mon conseil, mon appui !
Elle est plus puissante que tous les ennemis, et plus sage que tous les sages !

6.Elle enseigne la Vérité et règle la conduite... elle est la Lumière du coeur et sa consolation dans l'angoisse... elle chasse la tristesse, dissipe la crainte, nourrit la piété, produit les larmes.
Que suis-je sans elle ?... Qu'un bois sec, un rameau stérile qui n'est bon qu'à jeter !...
" Que Votre Grâce, Seigneur, me prévienne donc et m'accompagne toujours; qu'elle me rende sans cesse attentif à la pratique des bonnes oeuvres... je Vous en conjure par Jésus-Christ Votre Fils. !"
Ainsi soit-il .

 

Nous devons nous renoncer nous-mêmes et imiter Jésus-Christ en portant la Croix

J.C.

Mon fils, vous n'entrerez en Moi qu'autant que vous sortirez de vous-même.
Comme on possède en soi la Paix lorsqu'on ne désire rien au dehors, ainsi le renoncement intérieur unit à Dieu.
Je veux que vous appreniez à vous renoncer assez parfaitement pour vous soumettre à Ma Volonté sans répugnance et sans murmure.
Suivez-Moi !:
Je suis la Voie, la Vérité et la Vie (Joan.14,6).
Sans la Voie  on n'avance pas... sans la Vérité on ne connaît pas... on ne vit point sans la Vie.
Je suis la Voie que vous devez suivre, la Vérité que vous devez croire, la Vie que vous devez espérer.
Je suis la Voie qui n'égare point, la Vérité qui ne trompe point, la Vie qui ne finira jamais.
Je suis la Voie droite, la Vérité souveraine, la véritable Vie, la Vie bienheureuse, la Vie incréée...
Si vous demeurez dans Ma Voie, vous connaîtrez la Vérité, et la Vérité vous délivrera, et vous obtiendrez la Vie éternelle (Joan.8,32).

2. Si vous voulez parvenir à la Vie,...gardez mes commandements !( Matth. 19,17).
Si vous voulez connaître la Vérité... croyez-Moi !
Si vous voulez être parfait... vendez tout ! ( Matth.19,21).
Si vous voulez être Mon disciple... renoncez à vous même ! (Luc 9,23).
Si vous voulez posséder la Vie bienheureuse... méprisez la vie présente !
Si vous voulez être élevé dans le ciel... humiliez-vous sur la terre !
Si vous voulez régner avec Moi,...portez la Croix avec Moi !
Car les serviteurs de la Croix trouvent seuls la Voie de la béatitude et de la Vraie Lumière.

3.

Le F.

Seigneur Jésus, puisque Votre vie était pauvre, et que le monde la méprisait, donnez-moi de Vous imiter, et d'être aussi méprisé du monde.
Car le serviteur n'est pas plus grand que celui qui sert, ni le disciple au dessus de son maître  ( Matth. 10,24).
Que votre serviteur travaille à se former sur Votre vie, parce que là est mon Salut et la Vraie Sainteté.
Tout ce que je lis, tout ce que j'entends, hors cette Vie céleste, ne me console ni ne me satisfait pleinement.

4.

J.C.

Mon fils, puisque vous avez lu, et que vous savez toutes ces choses, vous serez heureux si vous les pratiquez ( Joan.13,17).
Celui-là M'aime, qui connaît et qui observe Mes commandements;...et Je l'aimerai aussi... et Je  me manifesterai à lui... et Je le ferai asseoir avec Moi dans le Royaume de Mon Père (Joan.14,24).

5.

Le F.

Seigneur Jésus, qu'il soit fait selon Votre Parole et Votre Promesse: rendez-moi digne de ce bonheur immense !
J'ai reçu... j'ai reçu de Votre Main la Croix... je la porterai, oui, je la porterai, comme Vous l'avez voulu, jusqu'à la mort !
Certes, la vie d'un bon religieux est une croix,...mais une croix qui conduit à la Gloire.
J'ai commencé... il n'est plus permis de retourner en arrière... il n'y a plus à s'arrêter.

6. Allons, mes frères, marchons ensemble !... Jésus sera avec nous !
Pour Jésus , nous nous sommes chargés de la Croix... continuons, pour Jésus de porter la Croix !
Il sera notre soutien, Celui qui est notre chef et notre guide !
Voilà que notre Roi marche devant nous... Il combattra pour nous !
Suivons avec courage, que rien ne nous effraye !... soyons prêts à mourir généreusement dans cette guerre, et ne souillons pas notre Gloire (I Mach.9,10) de la honte d'avoir fui la Croix !

 

Ne point se laisser trop abattre quand on tombe dans quelques fautes

J.C.

Mon fils, la patience et l'humilité dans les traverses Me plaisent plus que beaucoup de joie et de ferveur dans la prospérité.
Pourquoi vous attrister d'une faute légère qu'on vous attribue ? Fût-elle plus grave, vous ne devez pas en être ému.
Laissez donc tomber cela;...ce n'est pas une chose nouvelle ni la première fois que vous l'éprouvez, et ce ne sera pas la dernière, si vous vivez longtemps.
Vous avez assez de courage quand il ne vous arrive rien de fâcheux.
Vous savez même conseiller bien les autres, et les fortifier par vos discours... mais lorsqu'il vous survient une affliction soudaine, vous manquez de conseil et de force.
Considérez votre extrême fragilité, dont vous avez si souvent l'expérience dans les plus petites choses; et toutefois Dieu le permet ainsi pour votre Salut.

2. Bannissez de votre coeur, autant que vous le pourrez, tout ce qui le trouble.
A-t-il été surpris, ? qu'il ne se laisse point abattre, mais qu'il se dégage sur le champ.
Souffrez au moins avec
patience, si vous ne pouvez souffrir avec joie.
Lorsque vous êtes peiné d'entendre certaines choses, et que vous en ressentez de l'indignation,
modérez-vous, et veillez à ce qu'il ne vous échappe aucune parole trop vive qui scandalise les faibles.
Votre émotion s'apaisera bientôt, et le retour de la Grâce adoucira l'amertume intérieure.
Je suis toujours vivant , dit le Seigneur, pour
Vous secourir et Vous consoler plus que jamais si Vous mettez en Moi votre confiance, et si vous M'invoquez avec ferveur.

3. Armez-vous de constance, et préparez-vous à souffrir encore davantage !
Tout n'est pas perdu, quoique souvent vous soyez dans le trouble et tenté violemment.
Vous êtes un homme et non pas un dieu... vous êtes de chair et non pas un ange.
Comment pourriez-vous toujours vous maintenir dans un égal degré de vertu, lorsque cette persévérance a manqué à l'Ange dans le Ciel, et au premier homme dans le paradis ?
C'est Moi qui soutiens et qui délivre ceux qui gémissent... et j'élève jusqu'à Moi ceux qui reconnaissent leur infirmité.

4.

Le F.

Seigneur, que Votre Parole soit bénie; elle m'est plus douce que le miel à ma bouche ( Ps. 68,16,17).
Que ferais-je au milieu de tant d'afflictions et d'angoisses si Vous ne ranimiez par Vos saintes Paroles ?
Pourvu que je parvienne enfin au port du Salut, peu m'importe que je souffre, et combien je souffre...
Accordez-moi une bonne fin... donnez-moi de passer heureusement de ce monde dans l'autre.
Souvenez-vous de moi, mon Dieu, et conduisez-moi dans la Voie droite vers Votre Royaume.
Ainsi soit-il.

 

Il ne faut point scruter ce qui est au dessus de nous ni les secrets jugements de Dieu

J.C.

Mon fils, gardez-vous de disputer sur des sujets trop hauts, et sur les Jugements cachés de Dieu: pourquoi l'un est abandonné, tandis qu'un autre reçoit des grâces si abondantes ?... pourquoi celui-ci n'a que des afflictions, et celui-là est comblé d'honneurs ?
Tout cela est
au-dessus de l'esprit de l'homme, et nulle raison ne peut, quels que soient ses efforts, pénétrer les Jugements divins.
Quand donc l'ennemi vous suggère de semblables pensées, ou que les hommes vous pressent de questions curieuses, répondez par ces paroles du Prophète: Vous êtes juste, Seigneur, et Vos jugements sont droits (Ps.113,137).

2. Et encore: Les jugements du Seigneur sont vrais et se justifient par eux-mêmes (Ps 18,9).
Il faut craindre Mes jugements et non les approfondir, parce qu'ils sont incompréhensibles à l'intelligence humaine.
Ne disputez pas non plus des mérites des Saints, ne recherchez point si celui-ci est plus saint que cet autre, ni quel est le plus grand dans le Royaume des Cieux.
Ces recherches provoquent souvent des différents et des contestations inutiles; elles nourrissent l'orgueil et la vaine gloire, d'où naissent des jalousies et des dissensions... celui-ci préférant tel saint, celui-là tel autre,...et voulant qu'il soit plus élevé.
L'examen de pareilles questions, loin d'apporter aucun fruit, déplaît aux Saints... Car Je ne suis pas un Dieu de dissension , mais de Paix ( I Cor. 14,23), et cette Paix consiste plus à
s'humilier sincèrement qu'à s'élever.

3. Quelques-uns ont un zèle plus ardent, une affection plus vive pour quelques saints que pour d'autres... mais cette affection vient plutôt de l'homme que de Dieu.
C'est Moi qui ai fait tous les Saints !... Moi qui leur ai donné la Grâce !... Moi qui leur ai distribué la Gloire...
Je sais les mérites de chacun: Je les ai prévenu de mes plus douces bénédictions (PS.20,3).
Je les ai connus et aimés avant tous les siècles: Je les ai choisis au milieu du monde ( Joan.15,19)... et ce ne sont pas eux qui M'ont choisi les premiers !
Je les ai appelés par Ma Grâce, Je les ai attiré par Ma miséricorde... et conduits à travers des tentations diverses.
J'ai répandu sur eux d'ineffables consolations... Je leur ai donné de persévérer, et J'ai couronné leur patience !

4. Je connais le premier et le dernier, et Je les embrasse tous dans Mon Amour immense.
C'est Moi qu'on doit louer dans tous Mes Saints,...Moi qu'on doit bénir au dessus de tous et honorer en chacun de ceux que J'ai ainsi élevés dans la Gloire et prédestinés sans aucuns mérites précédents de leur part.
Celui donc qui méprise le plus petit des miens n'honore pas le plus grand, parce que
J'ai fait le petit et le grand.
Et quiconque rabaisse quelqu'un de Mes Saints ...Me rabaisse Moi-même, et tous ceux qui sont dans le Royaume des Cieux.
Tous ne sont qu'UN par le lien de la Charité... ils n'ont tous qu'un même sentiment, une même volonté, et sont tous unis par le même Amour.

5. Et ce qui est plus parfait encore, ils M'aiment plus qu'ils ne s'aiment...plus que tous leurs mérites.
Ravis au dessus d'eux-mêmes, au dessus de leur propre amour... ils s'y perdent et se plongent dans le Mien, et s'y reposent délicieusement...
Rien ne saurait partager leur coeur, ni le détourner vers un autre objet; parce que remplis de la Vérité éternelle, ils brûlent d'une Charité qui ne peut s'éteindre...
Que les hommes ensevelis dans la chair et ses convoitises, les hommes qui ne savent aimer que les joies excessives,
cessent donc de discourir sur l'état des Saints !...
Ils retranchent et ils ajoutent suivant leur inclination, et non pas selon que l'a réglé la Vérité éternelle.

6. En plusieurs c'est l'ignorance, et surtout en ceux qui, peu éclairés de la Lumière divine, aiment rarement quelqu'un d'un Amour parfait et purement spirituel.
Une inclination naturelle et une affection toute humaine les attire vers tel ou tel Saint... et ils transportent dans le Ciel les sentiments de la terre.
Mais il y a une distance infinie entre les pensées des hommes imparfaits et ce que la
Lumière d'en haut découvre à ceux qu'elle éclaire.

7. Gardez-vous donc mon fils de raisonner curieusement sur ces choses qui passent votre intelligence... travaillez plutôt avec ardeur à obtenir une place, fût-ce la dernière, dans le Royaume de Dieu !
Et quand quelqu'un saurait qui des saints est le plus parfait et le plus grand dans le Royaume céleste, que lui servirait cette connaissance, s'il n'en tirait un nouveau motif de s'humilier devant Moi et de Me louer davantage ?
Celui qui pense à la grandeur de ses péchés, à son peu de vertu, qui considère combien il est éloigné de la perfection des saints,
se rend plus agréable à Dieu que celui qui dispute sur le degré plus ou moins élevé de leur Gloire !
Il vaut mieux prier les saints avec larmes et avec ferveur, et implorer humblement leur glorieux suffrages que de chercher vainement à pénétrer le secret de leur état dans le Ciel !

8. Ils sont heureux, contents... qu'avons nous besoin d'en savoir plus, et n'est-ce pas assez pour réprimer tous nos vains discours ?
Ils ne se glorifient point de leurs mérites, parce qu'
ils ne s'attribuent rien de bon, mais qu'ils attribuent tout à Moi, qui leur ai tout donné par une Charité infinie.
Ils sont remplis d'un si grand Amour de la divinité, d'une Joie si surabondante, que, comme il ne manque rien à leur Gloire, rien ne peut manquer à leur félicité.
Plus ils sont élevés dans la Gloire, plus ils sont humbles en eux-mêmes... et leur humilité Me les rend plus chers, et les unit plus étroitement à Moi.
C'est pourquoi il est écrit qu'ils déposaient leurs couronnes au pied du trône de Dieu, qu'ils se prosternaient devant l'Agneau, et qu'ils adoraient Celui qui vit dans les siècles des siècles (Apoc.4,10;5,14).

9. Plusieurs recherchent qui est le premier dans le Royaume de Dieu (Matth.18,1), lesquels ignorent s'ils seront dignes d'être comptés parmi les derniers.
C'est quelque chose de grand d'être le plus petit dans le Ciel, où tous sont grands ! parce que tous seront appelés et seront en effet les enfants de Dieu.
Le moindre des élus sera comme le chef d'un peuple nombreux,... tandis que le pécheur après une longue vie ne trouvera que la mort (Is.60,22;65,20).
Ainsi quand Mes disciples demandèrent qui serait le plus grand dans le Royaume des cieux, ils entendirent cette réponse:
Si vous ne vous convertissez pas
et ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le Royaume des Cieux. ...Celui donc qui se fera petit comme cet enfant sera le plus grand dans le Royaume des Cieux ( Math.18,4).
Malheur à ceux qui dédaignent de s'abaisser avec les petits, parce que la porte du Ciel est basse et qu'ils n'y pourront passer !
Malheur aussi aux riches qui ont ici leur consolation (Luc 5,24), parce que quand les pauvres entreront dans le Royaume de Dieu, ils demeureront dehors poussant des hurlements !
Humbles, réjouissez-vous !... pauvres, tressaillez d'allégresse !... parce que le Royaume de Dieu est à vous ! (Luc 5,24) ...si cependant vous marchez dans la Vérité !

 

On doit mettre toute son Espérance et toute sa confiance en Dieu seul

( prière c)

Le F.

Seigneur, quelle est ma confiance en cette vie, et ma plus grande consolation au milieu de tout ce qui s'offre à mes regards sous le ciel ?
N'est-ce pas Vous, Seigneur, mon Dieu, dont la miséricorde est infinie ?
Où ai-je été bien sans Vous ? et avec Vous où ai-je pu être mal ?
J'aime mieux être pauvre à cause de Vous, que riche sans Vous.
J'aime mieux être avec Vous voyageur sur la terre, que de posséder le Ciel sans Vous. Où Vous êtes, là est le Ciel... et la mort et l'enfer sont là où Vous n'êtes pas.
Vous êtes
tout mon désir: et c'est pourquoi je ne puis, loin de Vous, que soupirer, gémir, prier.
Je ne puis me confier pleinement qu'en Vous, ni espérer dans mes besoins de secours que Vous seul, ô mon Dieu !
Vous êtes mon Espérance, ma Confiance, mon Consolateur toujours fidèle.

2. Tous cherchent leur intérêt (Philip. 2,21);...Vous seul Vous ne cherchez que mon Salut et mon avancement et Vous disposez tout pour mon bien.
Même quand Vous m'exposez à beaucoup de tentations et de peines, c'est encore pour mon avantage; car Vous avez coutume d'éprouver ainsi ceux qui Vous sont chers.
Et je ne dois pas moins Vous aimer ni Vous louer dans ces épreuves, que si Vous me remplissiez des plus douces consolations.

3. C'est donc en Vous, Seigneur mon Dieu, que je mets toute mon espérance et tout mon appui;...c'est dans Votre sein que je dépose toutes mes afflictions et toutes mes angoisses... car je ne trouve que faiblesse et inconstance dans tout ce que je vois hors de Vous.
Il n'est point d'amis qui puissent me servir, points de protecteurs qui me soient de secours, ni de sages qui me donnent un conseil utile,...ni de livres qui me consolent... ni de trésor assez grand pour me racheter... ni de lieu secret pour m'offrir un sûr asile, si Vous ne daignez
Vous-même me secourir, m'aider, me fortifier, me consoler, m'instruire... et me prendre sous Votre garde.

4. Car tout ce qui semble devoir procurer la Paix et le bonheur n'est rien sans Vous... et réellement ne sert de rien pour rendre heureux.
Vous êtes donc le
principe et le terme de tous les biens, la plénitude de la vie, la source inépuisable de toute lumière et de toute parole... et la plus grande consolation de Vos serviteurs est d'espérer uniquement en Vous.
Mes yeux sont élevés vers Vous; en Vous je mets toute ma confiance, mon Dieu, Père des miséricordes !
Sanctifiez mon âme, bénissez-la de Votre céleste bénédiction, afin qu'elle devienne Votre demeure Sainte, le siège de Votre éternelle Gloire... et que, dans ce temple où Vous ne dédaignez pas d'habiter, il n'y ai rien qui offense Vos regards.
Regardez-moi, Seigneur, dans Votre immense bonté; et selon l'abondance de Vos miséricordes (Ps.68,16,17) exaucez la prière de Votre serviteur, misérable exilé loin de Vous dans la région des ténèbres et de la mort...
Protégez et conservez l'âme de Votre pauvre serviteur au milieu des dangers de cette vie corruptible... que Votre Grâce l'accompagne et le conduise par le chemin de la Paix, dans la patrie de l'éternelle Lumière.
Ainsi soit-il .

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