En aimant Dieu on le goûte en tout et par dessus tout

(prière a)

Le F.

Voilà mon Dieu et mon Tout ! Que voudrais-je de plus ? et quelle plus grande félicité puis-je désirer ?
O ravissante Parole !... Mais pour celui qui aime Jésus, et non pas le monde, ni
rien de ce qui est du monde.
Mon Dieu et mon Tout... c'est assez dire à qui l'entend... et le redire sans cesse est doux à celui qui aime.
Vous présent... tout est délectable... en Votre absence tout devient amer !
Vous donnez au coeur le repos, et une profonde Paix et une Joie inaltérable.
Vous faites que, content de tout, on vous bénit de tout.
Au contraire, rien sans Vous ne peut plaire longtemps, et rien n'a d'attrait ni de douceur sans l'impression de Votre Grâce ni l'onction de Votre Sagesse.

2. Que ne goûtera point celui qui Vous goûte, et que trouvera d'agréable celui qui ne Vous goûte point ?
Les sages du monde, qui n'ont de goût que pour les voluptés de la chair, s'
évanouissent dans leur sagesse... car on ne trouve là qu'un vide immense... que la mort.
Mais ceux qui, pour Vous suivre, méprisent le monde et mortifient la chair, se montrent vraiment sages... ils quittent le mensonge pour la Vérité, et la chair pour l'Esprit.
Ceux-là savent goûter Dieu... et tout ce qu'ils trouvent de bon dans les créatures, ils le rapportent à la louange du Créateur.
Rien pourtant ne se ressemble moins que le goût du Créateur et celui de la créature, du temps et de l'éternité, de la lumière incréée et de celle qui n'en est qu'un faible reflet...

3. O Lumière éternelle!... infiniment élevée au dessus de toute lumière créée !... qu'un de vos rayons, tel que la foudre, parte d'en haut et pénètre jusqu'au fond le plus intime de mon coeur !
Purifiez !... dilatez !... éclairez !... vivifiez ! mon âme et toutes ses puissances, pour qu'elle s'unisse à Vous dans les transports de joie !
Oh !  Quand viendra cette heure heureuse, cette heure désirable où Vous me rassasierez de Votre Présence... où Vous me serez Tout en toutes choses ?
Jusque-là je n'aurai point de Joie parfaite.
Hélas ! Le vieil homme vit encore en moi... il n'est pas tout crucifié, il n'est pas mort entièrement !
Ses convoitises combattent encore fortement contre l'esprit... il excite en moi des guerres intestines, et ne souffre point que l'âme règne en Paix.

4. Mais Vous qui commandez à la mer et qui calmez le mouvement des flots, levez-Vous ! Secourez-moi ! ( Ps. 88,10;43,26 ).
Dissipez les nations qui veulent la guerre ( Ps. 67,32) et brisez-les dans Votre Puissance !
Faites, Je vous conjure,
éclater Vos merveilles, et signalez la Gloire de Votre bras ( Judith.9,11; Eccli.36,7) ... car je n'ai point d'autre espérance ni d'autre refuge que Vous, ô mon Dieu !

 

On est toujours durant cette vie exposé à la tentation

J.C.

Mon fils, vous n'aurez jamais de sécurité dans cette vie et tant que vous vivrez, les larmes spirituelles vous seront toujours nécessaires.
Vous êtes environné d'ennemis; ils vous attaquent à droite et à gauche.
Si vous ne vous couvrez donc de tous côtés du
bouclier de la patience, vous ne serez pas longtemps sans blessure.
Si, de plus, votre coeur ne se fie pas irrévocablement en Moi, avec la ferme volonté de
tout souffrir pour Mon Amour, vous ne soutiendrez jamais la violence de ce combat, et vous n'obtiendrez point la palme des bienheureux.
Il faut donc passer courageusement à travers tous les obstacles, et lever un bras puissant contre tout ce qui s'oppose à vous !
Car la manne est donnée aux victorieux (Apoc.2,27), et une grande misère est le partage du lâche.

2. Si vous cherchez le repos en cette vie, comment parviendrez-vous au Repos éternel ?
Ne vous préparez pas à beaucoup de repos, mais à beaucoup de patience.
Cherchez la
Véritable Paix, non sur la terre, mais dans le Ciel... non dans les hommes ni dans aucune créature, mais en Dieu seul !
Vous devez supporter tout avec joie pour l'Amour de Dieu : les travaux, les douleurs, les tentations, les persécutions, les angoisses, les besoins, les infirmités, les injures, les médisances, les reproches, les humiliations, les affronts, les corrections, les mépris...
C'est là ce qui exerce à la vertu, ce qui éprouve le nouveau soldat de Jésus-Christ, ce qui forme la couronne céleste !
Pour un court travail, Je donnerai une récompense
éternelle, et une Gloire infinie pour une humiliation passagère.

3. Pensez-vous que vous aurez toujours selon votre désir les consolations spirituelles ?
Mes Saints n'en ont pas joui constamment, mais ils ont eu beaucoup de peines, des tentations diverses, de grandes désolations...
En se confiant plus en Dieu qu'en eux-mêmes, ils se sont soutenus par la patience au milieu de toutes ces épreuves, sachant que les souffrances du temps n'ont nulle proportion avec la Gloire future qui doit en être le prix (Rom. 8,18).
Voulez-vous avoir dès le premier moment ce que tant d'autres ont à peine obtenu après beaucoup de larmes et d'immenses travaux ?
Attendez le Seigneur, combattez avec courage (Ps.26,14), soyez ferme, ne craignez point, ne reculez point... mais exposez généreusement votre vie pour la gloire de Dieu.
Je vous récompenserai pleinement, et Je serai avec vous dans toutes vos tribulations ( Ps.90,15).

 

Contre les vains jugements des hommes

J.C.

Mon fils, ne cherchez qu'en Dieu le repos de votre coeur, et ne craignez point le jugement des hommes, quand votre conscience vous rend témoignage de votre innocence et de votre piété.
Il est bon, il est heureux de souffrir ainsi... et ce ne sera point chose pénible pour le coeur humble qui se confie en Dieu plus qu'en lui même.
On parle tant, qu'on doit ajouter peu de foi à ce qui se dit !
Comment, d'ailleurs, contenter tout le monde? Celà ne se peut.
Bien que Paul s'efforçât de plaire à tous dans le Seigneur, et qu'il se fît tout à tous (ICor.9,23), il ne laissait pas d'être fort indifférent aux jugement des hommes ( ICor.4,3).

2. Il a fait tout ce qui était en lui pour l'édification et le Salut des autres... mais il n'a pu empêcher qu'ils ne l'aient quelquefois condamné ou méprisé.
C'est pourquoi il a remis tout à Dieu, qui connaît tout; et il n'a opposé que l'humilité et la patience aux reproches injustes, aux faux soupçons et aux mensonges de ceux qui se livraient, dans leurs discours, à tout ce que leur suggérait la passion.
Il s'est cependant justifié quelquefois, de peur que son silence ne causât du scandale aux faibles.

3. Qu'avez-vous à craindre d'un homme mortel (Is.51,12) ? Il est aujourd'hui et demain aura disparu...
Craignez Dieu !... et vous ne redouterez rien des hommes.
Que peut contre vous un homme par des paroles ou des outrages ? Il se nuit plus qu'à vous, et, quel qu'il soit,
il n'évitera pas le Jugement de Dieu.
Ayez Dieu toujours présent, et laissez là les contestations et les plaintes.
Que si vous paraissez succomber maintenant, et souffrir une confusion que vous ne méritez pas, n'en murmurez point, et ne diminuez pas votre couronne par votre impatience.
Levez plutôt vos regards au ciel vers Moi, qui suis assez Puissant pour vous délivrer de l'opprobre et de l'injure, et pour rendre à chacun selon ses oeuvres (Rom.2,6).

 

Il faut renoncer entièrement à soi-même pour obtenir la liberté du coeur

J.C.

Mon fils, quittez-vous, et vous Me trouverez.
N'ayant rien à vous, pas même votre volonté, vous y gagnerez constamment.
Car vous recevrez une Grâce plus abondante dès que vous aurez renoncé à vous-même sans retour.

2.

Le F.

Seigneur, en quoi dois-je me renoncer et combien de fois ?

3.

J.C.

Toujours et à toute heure, dans les plus petites choses comme dans les plus grandes. Je n'excepte rien, et j'exige de vous un dépouillement sans réserve.
Comment pouvez-vous être à Moi, et comment pourrai-Je être à vous, si vous n'êtes pas libre au dedans et au dehors de toute volonté propre ?
Plus vous vous hâterez d'accomplir ce renoncement, plus vous aurez de Paix... et plus il sera parfait et sincère, plus Vous me serez agréable, et plus Vous obtiendrez de Moi !

4. Il y en a qui renoncent à eux-même, mais avec quelque réserve; parce qu'ils n'ont pas en Dieu une pleine confiance, ils veulent encore s'occuper de ce qui les touche.
Quelques-un offrent tout d'abord... mais , la tentation survenant, ils reprennent ce qu'ils avaient donné, et c'est pourquoi ils ne font presque aucun progrès dans la vertu.
Ni les uns ni les autres ne parviendront jamais à la Vraie Liberté d'un coeur pur ! Jamais ils ne seront admis à Ma douce familiarité, qu'après un
entier abandon et un continuel sacrifice d'eux-mêmes, sans lequel on ne peut ni jouir de Moi, ni s'unir à Moi.

5. Je vous l'ai dit bien des fois, et Je vous le redis encore: Quittez-vous, renoncez à vous, et vous jouirez d'une grande Paix intérieure !
Donnez TOUT pour trouver TOUT... ne recherchez, ne demandez rien: demeurez fermement attaché à
Moi seul, et Vous me posséderez.
Votre coeur sera libre et dégagé des ténèbres qui l'obscurcissent.
Que vos efforts, vos prières, vos désirs n'aient qu'un seul objet: être dépouillé de tout intérêt propre...
suivre NU Jésus-Christ NU...  mourir à vous-même afin de vivre pour Moi éternellement !
Alors s'évanouiront toutes les pensées vaines, les pénibles inquiétudes, les soins superflus.

 

Comment il faut se conduire dans les choses extérieures et recourir à Dieu dans les périls

J.C.

Mon fils, en tous lieux, dans tout ce que vous faites, en tout ce qui vous occupe au dehors, vous devez vous efforcer de demeurer libre intérieurement, et maître de vous-même, de sorte que tout vous soit assujetti, et que vous ne le soyez à rien.
Ayez sur vos actions un empire absolu; soyez-en le maître et
non l'esclave.
Tel qu'un vrai Israélite, affranchi de toute servitude, entrez dans le partage et la
liberté des enfants de Dieu, qui , élevés au dessus des choses présentes, contemplent celles de l'Eternité ... qui donnent à peine un regard à ce qui passe, et ne détachent jamais leurs yeux de ce qui durera toujours;...qui, supérieurs aux biens du temps, ne cèdent point à leur attrait, mais plutôt les forcent de servir au bien selon l'ordre établi par Dieu, Le Régulateur Suprême, qui n'a rien laissé de désordonné dans Ses oeuvres.

2. Si, dans tous les événements, vous ne vous arrêtez point aux apparences, et n'en croyez point les yeux de la chair sur ce que vous voyez et entendez; si vous entrez d'abord, comme Moïse, dans le Tabernacle pour consulter le Seigneur... vous recevrez quelquefois Sa Divine réponse, et vous reviendrez instruit de beaucoup de choses sur le présent et l'avenir.
Car c'était toujours dans le Tabernacle que Moïse allait chercher l'éclaircissement de ses difficultés et de ses doutes: et la
prière était son unique recours contre la malice et les pièges des hommes.
Ainsi vous devez vous réfugier dans le secret de votre coeur, pour implorer le secours de Dieu avec plus d'instance.
Nous lisons que Josué et les enfants d'Israël furent trompés par les Gabaonites, parce qu'ils n'avaient point auparavant
consulté le Seigneur ( Josué 9,14), et que, trop crédules à leurs flatteuses paroles, ils se laissaient séduire par une fausse piété.

 

Il faut éviter l'empressement dans les affaires

J.C.

Mon fils, remettez-Moi toujours vos intérêts; J'en disposerai selon ce qui sera le mieux, au temps convenable.
Attendez ce que J'ordonnerai, et vous y trouverez un grand avantage.

2.

Le F.

Seigneur, je vous remets tout avec beaucoup de joie; car j'avance bien peu quand je n'ai que mes propres lumières.
Oh ! Que ne puis-je, oubliant l'avenir, m'abandonner dès ce moment, sans réserve , à Votre Volonté souveraine !

3.

J.C.

Mon fils, souvent l'homme poursuit avec ardeur une chose qu'il désire; l'a-t-il obtenue, il commence à s'en dégoûter, parce qu'il n'y a rien de durable dans ses affections, et qu'elles l'entraînent incessamment d'un objet à l'autre.
Ce n'est donc pas peu de se renoncer soi-même dans les plus petites choses.

4. Le Vrai progrès de l'homme est l'abnégation de soi-même; et l'homme qui ne tient plus à soi est libre et en assurance.
Cependant l'ancien ennemi, qui s'oppose à tout bien, ne cesse pas de le tenter; il lui dresse nuit et jour des embûches, et s'efforce de le surprendre pour le faire tomber dans ses pièges.
Veillez et priez, dit le Seigneur, afin que vous n'entriez point en tentation ( Matt. 26,41).

 

L'homme n'a rien de bon de lui-même et ne peut se glorifier de rien

(prière b)

Le F.

Seigneur, qu'est-ce que l'homme pour que vous vous souveniez de lui ? Qu'est-ce que le fils de l'homme pour que vous le visitiez ? ( Ps 8,5).
Par où l'homme a-t-il pu mériter votre Grâce ?
De quoi, Seigneur, puis-je me plaindre si Vous me délaissez ?
Et qu'ai-je à dire si Vous ne faites pas ce que je demande ?
Je ne puis certes penser et dire que ceci:" Seigneur
je ne suis rien, je ne peux rien, de moi-même je n'ai rien de bon, je sens ma faiblesse en tout, et tout m'incline vers le néant."
Si vous ne m'aidez et me fortifiez intérieurement, aussitôt je tombe dans la tiédeur et le relâchement.

2. Mais Vous, Seigneur, Vous êtes toujours le même ( Ps 101,28), et Vous demeurez éternellement, bon, juste et Saint, faisant tout avec bonté, avec Justice, avec Sainteté, et disposant tout avec Sagesse !
Pour moi qui ai plus de penchant à m'éloigner du bien qu'à m'en approcher, je ne demeure pas longtemps dans un même état, et
je change sept fois le jour.
Cependant je suis moins faible
dès que Vous le voulez, dès que Vous me tendez une main secourable:...car Vous pouvez SEUL, sans l'aide de personne, me secourir et m'affermir de telle sorte, que je ne sois plus sujet à tous ces changements, et que mon coeur se tourne vers Vous SEUL, et s'y repose à jamais.

3. Si donc je savais rejeter toute consolation humaine, soit pour acquérir la ferveur, soit à cause de la nécessité qui me presse de Vous chercher, ne trouvant point d'homme qui me console, alors je pourrais tout espérer de Votre Grâce, et me réjouir de nouveau dans les consolations que je recevrais de Vous.

4. Grâces Vous soient rendues, à Vous de qui découle tout ce qui m'arrive de bien.
Pour moi, je ne suis devant Vous que vanité et néant...un homme inconstant et fragile.
De quoi donc puis-je me glorifier ? Comment puis-je désirer qu'on m'estime ?
Serait-ce à cause de mon néant ?... Mais quoi de plus insensé !
Certes, la vaine gloire est la plus grande des vanités,
et un mal terrible, puisqu'elle nous éloigne de la Véritable Gloire et nous dépouille de la Grâce Céleste .
Car dès que l'homme se complaît en lui-même, il commence à Vous déplaire; et lorsqu'il aspire aux louanges humaines, il perd la Vraie vertu.

5. La Vraie Gloire et la Joie Sainte est de se glorifier en Vous, et non pas en soi...
de se réjouir de Votre Grandeur, et non de sa propre vertu...
de ne trouver de plaisir en nulle créature qu'à cause de Vous  !
Que Votre Nom soit loué, et non le mien !
Qu'on exalte Vos oeuvres, et non les miennes !
Que Votre Saint Nom soit béni, et qu'il ne me revienne rien des louanges des hommes.
Vous êtes ma gloire et la joie de mon coeur !
En Vous je me glorifierai, je me réjouirai sans cesse
en Vous, et non pas en moi, si ce n'est dans mes infirmités (II Cor. 12,5).

6. Que les Juifs recherchent la gloire qu'on reçoit les uns des autres; pour moi, je ne rechercherai que celle qui vient de Dieu seul ( Joan.5,44).
Car toute gloire humaine, tout honneur du temps, toute grandeur de ce monde, comparée à Votre Gloire éternelle, est
folie et vanité.
O ma Vérité, ma Miséricorde, ô mon Dieu ! Trinité bienheureuse ! A Vous seule louange, honneur, gloire, puissance, dans les siècles des siècles .

 

Du mépris de tous les honneurs terrestres

J.C.

Mon fils, n'enviez point les autres, si vous les voyez honorés et élevés, tandis qu'on vous méprise et qu'on vous humilie.
Elevez votre coeur au ciel vers Moi, et vous ne vous affligerez point d'être méprisé des hommes sur la terre.

2.

Le F.

Seigneur, nous sommes aveugles, et la vanité nous séduit bien vite.
Si je me considère attentivement, je reconnais qu'aucune créature ne m'a jamais fait d'injustice, et qu'ainsi je n'ai nul sujet de me plaindre devant Vous.
Après Vous avoir tant offensé et si grièvement, il est juste que toute créature s'arme contre moi.
La honte et le mépris, voilà donc ce qui m'est dû... et à Vous la louange, l'honneur et la gloire !
Et si je me dispose à souffrir avec joie, à désirer d'être méprisé, abandonné de toutes les créatures et compté pour rien, je ne puis ni posséder au dedans de moi une Paix solide, ni recevoir la Lumière spirituelle, ni être uni parfaitement à Vous .

 

Il ne faut pas que notre Paix dépende des hommes

J.C.

Si vous faites dépendre votre Paix de quelque personne, à cause de l'habitude de vivre avec elle et de la conformité de vos sentiments, vous serez dans l'inquiétude et le trouble.
Mais si vous cherchez votre appui dans la
Vérité immuable et toujours vivante, vous ne serez point accablé de tristesse quand un ami s'éloigne ou meurt.
Toute amitié doit être
fondée sur Moi, et c'est pour Moi que vous devez aimer tous ceux qui vous paraissent aimables et qui vous sont les plus chers de cette vie.
Sans Moi l'amitié est stérile et dure peu et toute affection dont Je ne suis pas le lien n'est ni véritable, ni pure.
Vous devez être
mort à ces affections humaines, jusqu'à souhaiter de n'avoir, s'il se pouvait, aucun commerce avec les hommes.
Plus l'homme s'éloigne des consolations de la terre, plus il s'approche de Dieu.
Et il s'élève d'autant plus vers Dieu qu'il descend plus profondément en lui-même, et qu'il est plus vil à ses propres yeux.

2. Celui qui s'attribue quelque bien empêche que la Grâce de Dieu ne descende en lui, parce que la Grâce de l'Esprit-Saint cherche toujours les coeurs humbles.
Si vous saviez vous anéantir parfaitement, et bannir de votre coeur tout amour de la créature, alors, venant à vous, Je vous inonderais de Ma Grâce.
Quand vous regardez la créature,
vous perdez de vue le Créateur.
Apprenez à vous vaincre en tout à cause de Lui, et vous pourrez alors parvenir à Le connaître.
Le plus petit objet désiré, aimé avec excès, souille l'âme et la sépare du Souverain Bien.

 

Contre la vaine science du siècle

J.C.

Mon fils ne vous laissez pas émouvoir au charme et à la beauté des discours des hommes: car le Royaume de Dieu ne consiste pas dans les discours, mais dans les oeuvres ( I Cor.4,20).
Soyez attentif à Mes Paroles qui enflamment le coeur, éclairent, attendrissent l'âme, et la remplissent de consolation.
Ne lisez jamais pour paraître plus savant ou plus sage.
Etudiez-vous à mortifier vos vices, cela vous servira plus que la connaissance des questions les plus difficiles.

2. Après avoir beaucoup lu et beaucoup appris, il en faut toujours revenir à l'Unique Principe de toutes choses.
C'est Moi qui donne à l'homme la Science et qui éclaire l'intelligence des petits enfants, plus que l'homme ne le pourrait par aucun enseignement.
Celui à qui Je parle est bientôt instruit, et fait de grands progrès dans la Vie de l'esprit.
Malheur à ceux qui interrogent les hommes sur toutes sortes de questions curieuses, et qui s'inquiètent peu d'apprendre à Me servir.
Viendra le jour où Jésus-Christ, le Maître des maîtres, le Seigneur des anges, apparaîtra, pour demander compte à chacun de ce qu'il sait, c'est à dire pour examiner les consciences.
Et alors, la lampe à la main, Il scrutera Jérusalem ( Soph.1,12); les secrets des ténèbres seront dévoilés ( I Cor.4,5), et toute langue se taira.

3. C'est Moi qui, en ce moment, élève l'âme humble, et la fait pénétrer plus avant dans la Vérité éternelle que ne le pourrait celui qui aurait étudié dix années dans les écoles.
J'enseigne
sans bruit de paroles, sans embarras d'opinion, sans fastes, sans arguments, sans disputes.
J'apprends à mépriser les biens de la terre, à dédaigner ce qui passe, à rechercher et à goûter ce qui est éternel, à fuir les honneurs, à souffrir les scandales, à mettre en Moi toute son espérance, à ne désirer rien hors de Moi, et à M'aimer ardemment et par dessus tout.

4. Quelques-uns en M'aimant ainsi, ont appris des choses toutes divines, dont ils parlaient d'une manière admirable.
Ils ont fait plus de progrès en quittant tout que par une profonde étude.
Mais Je dis aux uns des choses plus générales; aux autres plus particulières. J'apparais à quelques-uns doucement voilé sous des ombres et des figures; Je révèle à d'autres Mes mystères au milieu d'une vive splendeur.
Les livres parlent à tous le même langage, mais il ne produit pas sur tous les mêmes
impressions, parce que Moi seul J'enseigne la Vérité au dedans, Je scrute les coeurs, Je pénètre les pensées, J'excite à agir, et Je distribue Mes dons à chacun selon qu'il Me plaît.

 

Il ne faut point s'embarrasser dans les choses extérieures

J.C.

Mon Fils, il faut que vous vous teniez dans l'ignorance de beaucoup de choses, que vous soyez comme mort au monde, et que le monde soit mort pour vous ( Coloss.3,3 ; Galat. 6,14).
Il faut aussi fermer l'oreille à bien des discours, et penser plutôt à vous conserver en Paix.
Il vaut mieux détourner les yeux de ce qui déplaît et laisser chacun dans son sentiment, que s'arrêter à contester.
Si vous prenez soin d'avoir Dieu pour vous, et que Son Jugement vous soit toujours présent vous supporterez sans peine d'être vaincu.

2.

Le F.

Hélas ! Seigneur, où en sommes nous venus ?
On pleure une perte temporelle, on court, on se fatigue pour le moindre gain, et l'on oublie les pertes de l'âme... ou l'on ne s'en souvient qu'à peine et bien tard.
On est attentif à ce qui ne sert que peu ou point du tout, et l'on passe avec négligence sur ce qui est souverainement nécessaire, parce que l'homme
se répand tout entier au dehors, et que, s'il ne rentre promptement en lui-même, il demeure avec joie enseveli dans les choses extérieures.

 

Il ne faut pas croire tout le monde et il est facile de pécher en paroles

(prière c)

Le F. 

Secourez-moi, Seigneur, dans la tribulation : car le Salut ne vient pas de l'homme ( Ps 59,11).
Combien de fois ai-je en vain cherché la fidélité où je croyais la trouver !
Combien de fois l'ai-je trouvée où je l'attendais le moins !
Vanité donc, d'espérer dans les hommes... mais vous êtes Mon Dieu le Salut des justes.
Soyez béni, Seigneur, en tout ce qui nous arrive.

2. Nous sommes faibles et changeants, un rien nous séduit et nous ébranle.
Quel est l'homme si vigilant et réservé qu'il ne tombe jamais dans aucune surprise ni aucune perplexité ?
Mais celui, mon Dieu, qui se confie en Vous, et qui Vous cherche dans la simplicité de son coeur , ne chancelle pas si aisément.
Et s'il éprouve quelque affliction, s'il est engagé en quelque embarras, Vous l'en tirez bientôt, ou Vous le consolez, car Vous n'abandonnez pas pour toujours celui qui espère en Vous.
Quoi de plus rare qu'un ami fidèle, qui ne s'éloigne point quand l'infortune accable son ami ?
Seigneur, Vous êtes SEUL
constamment fidèle, et nul ami n'est comparable à Vous.

3. Oh !  Que de sagesse dans ce que disait cette sainte âme: Mon coeur est affermi et fondé en Jésus-Christ ( Sainte Agathe ) !
S'il en était ainsi de moi, je serais moins troublé par la crainte des hommes, et moins ému de leurs paroles malignes.
Qui peut prévoir, qui peut détourner tous les maux à venir ?
Si ceux qu'on a prévus souvent blessent encore, que sera-ce donc de ceux qui nous frappent inopinément ?
Pourquoi, malheureux que je suis, n'ai-je pas pris de plus sûres précautions pour moi-même ? Pourquoi aussi ai-je eu tant de crédulité pour les autres ?
Mais nous sommes des hommes,
et rien autre chose que des hommes fragiles, quoique plusieurs nous croient et nous appellent des anges .
A qui croirai-je, Seigneur ? A qui, si ce n'est à Vous ? Vous êtes la Vérité qui ne trompe point et qu'on ne peut tromper !
Au contraire, tout homme est menteur (Ps 115,2), faible, inconstant, fragile, surtout dans ses paroles; de sorte qu'on doit à peine croire d'abord ce qui paraît le plus vrai dans ce qu'il dit.

4. Que Vous nous avez sagement averti de nous défier des hommes; que l'homme a pour ennemis ceux de sa propre maison (Mich.7,2); et que si quelqu'un dit: Le Christ est ici, ou Il est là ( Matth.24,23), il ne faut pas le croire !
Une dure expérience m'a éclairé: heureux si elle sert à me rendre moins insensé et plus vigilant !
Soyez discret, me dit quelqu'un, soyez discret: ce que je vous dis n'est que pour vous... Et pendant que je me tais et que je crois la chose secrète, il ne peut lui-même garder le silence qu'il m'a demandé... mais dans l'instant il me trahit, se trahit lui-même et s'en va...
Eloignez de moi, Seigneur, ces confidences trompeuses; ne permettez pas que je tombe entre les mains de ces hommes indiscrets, ou que je leur ressemble...
Mettez dans ma bouche des paroles
invariables et vraies, et que ma langue soit étrangère à tout artifice.
Ce que je ne peux souffrir en autrui, je dois m'en préserver avec soin.

5. Oh !  Qu'il est bon, qu'il est nécessaire pour la Paix de se taire sur les autres, de ne pas tout croire indifféremment ni tout redire sans réflexion... de se découvrir à peu de personnes, de Vous chercher toujours pour témoin de son coeur, de ne pas se laisser emporter à tout vent de paroles, mais de désirer que tout en nous et hors de nous s'accomplisse selon qu'il plaît à Votre Volonté !
Que c'est encore un sûr moyen pour conserver la Grâce céleste de fuir ce qui a de l'éclat aux yeux des hommes, de ne point rechercher ce qui semble attirer leur admiration, mais de travailler ardemment à acquérir ce qui produit la ferveur et corrige la vie.
A combien d'hommes a été funeste une vertu connue et louée trop tôt !
Que de fruits, au contraire, d'autres ont tirés d'une Grâce conservée en silence durant cette vie fragile, qui n'est qu'une tentation et une guerre continuelle !

 

Il faut mettre sa confiance en Dieu lorsqu'on est assailli de paroles injurieuses

J.C.

Mon fils, demeurez ferme, et espérez en Moi.
Qu'est-ce, après tout, que des paroles ?
Un vain bruit; elles frappent l'air, mais ne brisent point la pierre.
Si vous êtes coupable, songez que votre désir doit être de vous corriger.
Si votre conscience ne vous reproche rien, pensez que vous devez souffrir avec joie cette légère peine pour Dieu.
C'est bien ce qu'il y a de moindre, que de temps en temps vous supportiez quelques paroles, vous qui ne pouvez encore soutenir de plus rudes épreuves.
Et pourquoi de si petites choses vont-elles jusqu'à votre coeur , si ce n'est que vous êtes encore charnel, et trop occupé des jugements des hommes ?
Vous craignez le mépris, et à cause de celà vous ne voulez pas être repris de vos fautes, et vous cherchez des excuses pour les couvrir ?

2. Scrutez mieux votre coeur, et vous reconnaîtrez que le monde vit encore en vous, et le vain désir de plaire aux hommes.
Car votre répugnance à être abaissé, confondu par vos faiblesses, prouve que vous n'avez pas une humilité sincère, que vous n'êtes pas véritablement mort au monde, et que le monde n'est pas crucifié pour vous ( Galat. 6,14).
Ecoutez Ma Parole, et vous vous inquiéterez peu de toutes les paroles des hommes.
Quand on dirait contre vous tout ce que peut inventer la plus noire malice, en quoi cela vous nuirait-il, si vous le laissez passer comme la paille que le vent emporte ?
En perdriez-vous un seul cheveu ?

3. Celui dont le coeur n'est pas renfermé en lui-même, et qui n'a pas Dieu toujours présent, s'émeut aisément d'une parole de blâme
Mais celui qui se confie en Moi, et qui ne s'appuie pas sur son propre jugement, ne
craindra rien des hommes.
Car c'est Moi qui connais et qui juge ce qui est secret... Je sais la Vérité de toute chose, qui a fait l'injure et qui la souffre.
Cette parole, elle est venue de Moi... cet événement, je l'ai permis, afin que ce qu'il y a caché en beaucoup de coeurs fût révélé (Luc 2,35).
Je jugerai l'innocent et le coupable... mais par un secret jugement, J'ai voulu auparavant éprouver l'un et l'autre.

4.Le témoignage des hommes trompe souvent; mais Mon Jugement est Vrai: il subsistera et ne sera point ébranlé.
Le plus souvent
il est caché, et peu de personnes le découvrent en chaque chose: cependant il n'erre jamais, et ne peut errer, quoiqu'il ne paraisse pas toujours juste aux yeux des insensés.
C'est donc à Moi qu'il faut remettre le jugement de tout, sans jamais s'en rapporter à son propre sens.
Le juste ne sera point troublé, quoi qu'il lui arrive par l'ordre de Dieu ( Prov.10,22). Il lui importera peu qu'on l'accuse injustement.
Et si d'autres le défendent et réussissent à le justifier, il n'en concevra pas non plus une vaine joie.
Car il se souvient que c'est Moi qui sonde les coeurs et les reins ( Ps 7,10), et que je ne juge point sur les dehors et les apparences humaines.
Ce qui paraît louable au jugement des hommes, souvent est criminel à Mes yeux.

5.

Le F.

Seigneur mon Dieu, juge infiniment Juste, fort et patient, qui connaissez la fragilité de l'homme et son penchant au mal, soyez ma force et toute ma confiance; car ma conscience ne me suffit pas.
Vous connaissez ce que je ne connais point; ainsi j'ai dû m'abaisser sous tous les reproches et les supporter avec douceur.
Pardonnez-moi dans Votre bonté, toutes les fois que je n'ai pas agi de la sorte, et donnez-moi plus abondamment la Grâce qui apprend à souffrir.
Car je dois compter bien plus sur Votre grande miséricorde pour obtenir le Pardon, que sur ma vertu apparente pour justifier ce que ma conscience recèle.
Quoique je ne me reproche rien, je ne suis cependant pas  justifié pour cela ( I Cor. 4,4); parce que sans Votre Miséricorde, nul homme vivant ne sera juste devant vous ( Ps.142,2).

 

Il faut être prêt a souffrir toutes les peines pour la vie éternelle

J.C.

Mon fils, que les travaux que vous avez entrepris pour Moi ne brisent pas votre courage, et que les afflictions ne vous abattent pas entièrement; mais qu'en tout ce qui arrive, ma promesse vous console et vous fortifie.
Je suis assez puissant pour vous récompenser au delà de toutes bornes et de toutes mesures.
Vous ne serez pas longtemps ici dans le travail, ni toujours chargé de douleurs.
Attendez un peu et vous verrez promptement la fin de vos maux.
Une heure viendra où le travail et le trouble cesseront.
Tout ce qui passe avec le temps est peu de chose et ne dure guère.

2. Faites ce que vous avez à faire; travaillez fidèlement à Ma vigne, et Je serai Moi-même votre récompense.
Ecrivez, lisez , chantez Mes louanges... gémissez, gardez le silence, priez, souffrez courageusement l'adversité : la Vie Éternelle est digne de tous ces combats, et de plus grands encore.
Il y a un jour connu du Seigneur, où la Paix viendra; et il n'y aura plus de jour ni de nuit ( Zach.14,7) comme sur cette terre, mais une Lumière perpétuelle, une Splendeur infinie, une Paix inaltérable, un Repos assuré...
Vous ne direz plus alors: Qui me délivrera de ce corps de mort ( Rom. 7,24) ?
Vous ne vous écrirez plus: Malheur à moi, parce que mon exil a été prolongé ( Ps. 119,5) !
Car la mort sera détruite ( Is. 25,8) et le
Salut sera éternel... plus d'angoisse... une joie ravissante... une société de gloire et de bonheur...!

3. Oh ! Si vous aviez vu dans le ciel les couronnes immortelles des Saints, de quel glorieux éclat resplendissent ces hommes que le monde méprisait et regardait comme indigne de vivre ! ...Aussitôt, vous vous prosterneriez jusque dans la poussière, et vous aimeriez mieux être au dessous de tous qu'au dessus d'un seul.
Vous ne désireriez point les jours heureux de cette vie... mais plutôt vous vous réjouiriez de souffrir pour Dieu, et vous regarderiez comme le plus grand gain d'être compté pour rien parmi les hommes.
Oh ! si vous goûtiez ces vérités, si elles pénétraient au fond de votre coeur, comment oseriez-vous vous plaindre, même une seule fois ?
Est-il rien de pénible qu'on ne doive supporter pour la Vie éternelle ?
Ce n'est pas peu que de gagner ou de perdre le Royaume de Dieu ?
Levez donc les yeux au Ciel ! ...Me voilà et avec Moi tous Mes Saints... ils ont soutenu dans ce monde un grand combat et maintenant ils se réjouissent, maintenant ils sont consolés et à l'abri de toute crainte... maintenant ils se reposent, et ils demeureront à jamais avec Moi dans le Royaume de Mon Père !

 

De l'Eternité bienheureuse et des misères de cette vie

(Prière d)

Le F.

O bienheureuse demeure de la cité céleste ! Jour éclatant de l'Éternité, que la nuit n'obscurcit jamais, et que la Vérité souveraine éclaire perpétuellement de ses rayons; jour immuable de joie et de repos, que nulle vicissitude ne trouble !
Oh !  Que ce jour-là n'a-t-il luit déjà sur les ruines du temps, et de tout ce qui passe avec le temps !
Il luit pour les Saints dans son éternelle splendeur... mais nous voyageurs sur la terre, nous ne le voyons que de loin, comme à travers un voile.

2. Les citoyens du ciel en connaissent les délices... mais les fils d'Ève encore exilés, gémissent sur l'amertume et l'ennui de la vie présente.
Les jours d'ici bas sont courts et mauvais ( Gen.47,9) pleins de douleurs et d'angoisses.
L'homme est souillé de beaucoup de péchés, engagé dans beaucoup de passions, agité par mille craintes, embarrassé par mille soins, emporté çà et là par la curiosité,
séduit par une foule de chimères,... environné d'erreurs... brisé de travaux... accablé de tentations... énervé de délices... tourmenté par la pauvreté.

3. Oh ! Quand viendra la fin de ces maux ? Quand serai-je délivré de la misérable servitude des vices ?  Quand me souviendrai-je Seigneur, de Vous seul ?  Quand goûterai-je en Vous une pleine joie ?!
Quand ... dégagé de toute entrave, jouirai-je d'une Vraie Liberté, désormais exempt de toute peine et du corps et de l'esprit ?
Quand posséderai-je une Paix solide, assurée, inaltérable, paix au dedans et au dehors, paix affermie de toutes parts ?
O bon Jésus ! Quand me sera-t-il donné de Vous voir, de contempler la gloire de Votre Règne ? Quand me serez-Vous Tout en Toutes choses ?
Quand serai-je avec Vous dans le Royaume que Vous avez préparé de toute éternité à Vos élus ? ( Matt.25,34).
J'ai été délaissé, pauvre exilé, en une terre ennemie où il y a guerre continuelle et de grandes infortunes...

4. Consolez mon exil, adoucissez l'angoisse de mon coeur... car il soupire après Vous de toute l'ardeur de ses désirs.
Tout ce que le monde m'offre ici- bas pour me consoler me pèse.
Je voudrais m'unir intimement à Vous ... et je ne puis atteindre à cette ineffable union.
Je voudrais m'attacher aux choses du ciel... et mes passions immortifiées me replongent dans celles de la terre.
Mon âme aspire à s'élever au dessus de tout... et la chair me rabaisse au dessous malgré tous mes efforts.
Ainsi, homme misérable, j'ai sans cesse la
guerre au dedans de moi, et je me suis à charge de moi-même ( Job 7,20), l'esprit voulant s'élever toujours, et la chair toujours descendre.

5. Oh ! Combien je souffre en moi lorsque, méditant les choses du ciel, celles de la terre viennent en foule se présenter à ma pensée durant la prière !
Mon Dieu, ne vous éloignez pas de moi, et n'abandonnez pas votre serviteur dans votre colère ( PS. 70,12; 26,9).
Faites briller Votre foudre et dissipez ces visions de la chair: lancez vos flèches ( Ps. 143,6), et mettez en fuite ces fantômes de l'ennemi !
Rappelez à Vous tous mes sens; faites que j'oublie toutes les choses du monde, et que je rejette promptement, avec mépris, ces criminelles images !
Éternelle Vérité, prêtez-moi Votre secours, afin que nulle chose vaine ne me touche.
Venez en moi, céleste douceur, et que tout ce qui n'est pas pur s'évanouisse devant Vous.
Pardonnez-moi aussi et usez de miséricorde, toutes les fois que dans la prière je m'occupe d'autre chose que de Vous.
Car je confesse sincèrement que la
distraction m'est habituelle.
Dans le mouvement ou dans le repos, bien souvent je ne suis point où est mon corps, mais plutôt où mon esprit m'emporte...
Je suis là où est ma pensée, ma pensée est d'ordinaire où est ce que j'aime.
Ce qui me plaît naturellement ou par habitude, voilà ce qui d'abord se présente à elle.

6. Et c'est pour celà, ô Vérité ! que Vous avez dit expressément: où est  votre trésor, là aussi est votre coeur ( Matth. 6,21).
Si j'aime le ciel, je pense volontiers aux choses du ciel.
Si j'aime le monde, je me réjouis des prospérités du monde, et je m'attriste de ses adversités.
Si j'aime la chair, je me représente souvent ce qui est de la chair.
Si j'aime l'esprit, ma joie est de penser aux choses spirituelles.
Car il m'est doux de parler et d'entendre parler de tout ce que j'aime, et j'en emporte avec moi le souvenir dans ma retraite...
Mais heureux l'homme, ô mon Dieu ! Qui à cause de Vous, bannit de son coeur toutes les créatures, qui fait violence à sa nature,
et crucifie par la ferveur de l'esprit les convoitises de la chair, afin de Vous offrir du fond d'une conscience où règne la paix, une prière pure... et que, dégagé au dedans et au dehors de tout ce qui est terrestre, il puisse se mêler au choeur des Anges !

 

Du désir de la Vie éternelle et des grands biens promis à ceux qui combattent courageusement

J.C.

Mon fils, lorsque le désir de l'éternelle béatitude vous est donné d'en haut et que vous aspirez à sortir de la prison du corps pour contempler Ma Lumière sans ombre et sans vicissitude, dilatez votre coeur et recevez avec amour cette Sainte inspiration.
Rendez grâce de toute votre âme à la bonté céleste, qui vous prodigue ainsi ses faveurs, qui vous visite avec tendresse, vous excite, vous presse et vous soulève puissamment de peur que votre poids ne vous incline vers la terre.
Car rien de cela n'est le fruit de vos pensées ni de vos efforts,
mais une Grâce de Dieu, qui a daigné jeter sur vous un regard, afin que, croissant dans la vertu et l'humilité, vous vous prépariez à de nouveaux combats, et que tout votre coeur s'attache à Moi avec la volonté ferme de Me servir.

2. Quelque ardent que soit le feu, la flamme cependant ne monte pas sans fumée.
Ainsi, quelques-uns, quoique embrasés du désir des choses célestes, ne sont point néanmoins entièrement dégagés des affections et des tentations de la chair.
Et c'est pourquoi ils n'ont pas en vue la seule Gloire de Dieu dans ce qu'ils demandent avec tant d'instance.
Tel est souvent votre désir... que vous croyez si vif et si pur.
Car rien n'est pur ni parfait de ce qui est mêlé d'intérêt propre.

3. Demandez, non ce qui vous est doux, non ce qui vous offre quelque avantage, mais ce qui M'honore et ce qui Me plaît: car si vous jugez selon la Justice, vous devez, docile à Mes ordres, les préférer à vos désirs et à tout ce qu'on peut désirer.
Je connais votre désir... J'ai entendu vos gémissements !
Vous voudriez jouir déjà de la liberté glorieuse des enfants de Dieu... déjà la demeure éternelle, la céleste Patrie où la Joie ne tarit jamais, ravis notre pensée...
Mais l'heure n'est pas encore venue, vous êtes encore dans un autre temps, temps de guerre, temps de travail et d'épreuves.
Vous désirez être rassasié du souverain Bien... mais cela ne se peut maintenant.
C'est Moi qui suis le Bien suprême;
attendez-Moi dit le Seigneur, jusqu'à ce que vienne le Royaume de Dieu (Luc 22,18).

4. Il faut que vous soyez encore éprouvé sur la terre et exercé de bien des manières.
De temps en temps vous recevrez des consolations, mais
jamais assez abondantes pour rassasier vos désirs.
Ranimez donc votre force et votre courage ( Josué 1,6), pour accomplir et pour souffrir ce qui répugne à la nature.
Il faut que vous vous revêtiez de l'homme nouveau ( Ephes.4,24; I Roi 10,6,9) que vous vous changiez en un autre homme.
Il faut que souvent vous fassiez ce que vous ne voulez pas, et que vous renonciez à ce que vous voulez.
Ce que les autres souhaitent réussira... mille obstacles s'opposeront à ce que vous souhaitez.
On écoutera ce que disent les autres... ce que vous direz sera compté pour rien.
Ils demanderont et ils obtiendront... vous demanderez et on vous refusera.

5. On parlera d'eux et on les exaltera... et personne ne parlera de vous.
On leur confiera tel ou tel emploi... et l'on ne vous jugera propre à rien.
Quelquefois la nature s'en affligera... et ce sera beaucoup si vous le supportez en silence.
C'est
dans ces épreuves et une infinité d'autres semblables que d'ordinaire on reconnaît combien un vrai serviteur de Dieu sait se renoncer et se briser à tout.
Il n'est presque rien
qui vous fasse sentir autant le besoin de mourir à vous même que de voir et de souffrir ce qui répugne à votre volonté... surtout lorsqu'on vous commande des choses inutiles ou déraisonnables.
Et parce que, assujetti à un supérieur, vous n'osez résister à son autorité, il vous semble dur d'être en tout conduit par un autre, et de n'agir jamais selon votre propre sens.

6. Mais pensez, mon fils, aux fruits de ces travaux, à leur prompte fin, à leur récompense trop grande ( Gen15,1)... et loin de les porter avec douleur, vous y trouverez une puissante consolation.
Car, pour avoir renoncé maintenant à quelques vaines convoitises, vous ferez éternellement votre volonté dans le Ciel.
Là tous vos voeux seront accomplis, tous vos désirs satisfaits.
Là tous les biens s'offriront à vous, sans que vous ayez à craindre de les perdre.
Là votre volonté ne cessant jamais d'être unie à la Mienne, vous ne souhaiterez rien hors de Moi, rien qui vous soit propre.
Là personne ne vous résistera, personne ne se plaindra de vous, personne ne vous suscitera de contrariétés ni d'obstacles... mais tout ce qui peut être désiré étant présent à la fois, votre âme, rassasiée pleinement, n'embrassera qu'à peine cette immense félicité.
Là, Je donnerai Ma Gloire pour les opprobres soufferts, la Joie pour les larmes, pour la dernière place un trône dans Mon Royaume éternel.
Là, éclateront les fruits de l'obéissance: la pénitence se réjouira de ses travaux, et l'humble dépendance sera glorieusement couronnée.

7. Maintenant donc inclinez-vous humblement sous la main de tous, et ne regardez point qui a dit ou ordonné cela.
Mais si quelqu'un demande ou souhaite quelque chose de vous, qui que ce soit, ou votre supérieur, ou votre inférieur, ou votre égal, loin d'en être blessé, ayez soin de l'accomplir
avec une affection sincère.
Que l'un recherche ceci, un autre cela...que celui-là se glorifie d'une chose, celui-ci d'une autre, et qu'il en reçoive mille louanges... pour vous ne mettez votre joie que dans le mépris de vous-même, dans Ma Volonté et Ma Gloire.
Vous ne devez rien désirer, sinon que, soit par la vie, soit par la mort,
Dieu soit toujours glorifié en vous ( Philip.1,20).

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