Mon fils, Je suis descendu du ciel pour
votre Salut; Je me suis chargé de vos misères, afin de vous former par Mon exemple, à la patience, et de vous apprendre à supporter les maux de cette vie sans murmurer.
Car depuis l'heure de Ma naissance jusqu'à Ma mort sur la Croix, Je n'ai jamais été
sans douleur.
J'ai vécu dans une extrême indigence des choses de ce monde; J'ai entendu souvent bien
des plaintes sur Moi; J'ai souffert avec douceur les affronts et les outrages: Je n'ai
recueilli sur la terre pour mes bienfaits, que de l'ingratitude; pour Mes miracles, que
des blasphèmes; pour Ma doctrine, que des censures.
2.
Puisque vous avez montré, Seigneur, tant de
patience durant Votre vie, accomplissant par là, d'une manière parfaite, ce que Votre
Père demandait de Vous, il est bien juste que moi, pauvre pécheur, je souffre patiemment ma misère selon Votre volonté, et que je porte pour mon Salut, aussi
longtemps que Vous le voudrez, le poids de cette vie corruptible.
Car, bien que la vie présente soit pleine de douleurs, elle devient cependant par Votre
Grâce une source abondante de mérites, et Votre exemple, suivi par Vos Saints, la rend
supportable et précieuse, même aux faibles.
Elle est aussi beaucoup plus remplie de consolation que dans l'ancienne Loi, quand les
portes du Ciel étaient encore fermées, que la Voie du Ciel semblait plus obscure, et que
si peu s'occupaient de chercher le Royaume de Dieu.
Les justes même à qui le Salut était réservé ne pouvaient entrer dans le Royaume
Céleste qu'après la consommation de Vos souffrances et le tribut sacré de Votre mort.
3. Oh ! Quelles grâces ne dois-je pas Vous
rendre, de ce que Vous avez daigné me montrer, et à tous les fidèles, la Voie droite et
sûre qui conduit à Votre Royaume éternel !
Car Votre vie est notre vie, et par une Sainte patience nous marchons vers Vous,
qui êtes notre couronne.
Si Vous ne nous aviez précédés et instruits, qui songerait à Vous suivre ?
Hélas ! Combien resteraient en arrière et bien loin, s'ils n'avaient sous les yeux Vos
exemples Sacrés !
Après tant de miracles et d'instructions, nous sommes encore tièdes; que serait-ce si
tant de Lumière ne nous guidait sur Vos traces ?
Pourquoi ces paroles mon fils ? Cessez de
vous plaindre en considérant Mes souffrances et celles des Saints.
Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang ( Hébr.12,4).
Ce que vous souffrez est peu en comparaison de ce qu'on souffert tant d'autres, qui ont
été éprouvés et exercés par de si fortes tentations, par des tribulations si
pesantes.
Rappellez donc à votre esprit les peines
extrêmes des autres, afin d'en
supporter paisiblement de plus légères.
Que si elles ne vous paraissent pas légères, prenez garde que celà ne vienne de votre
impatience.
Cependant, grandes ou petites, efforcez-vous de les souffrir patiemment.
2. Plus vous vous disposez à souffrir, plus
vous montrez de sagesse et acquérez de mérites .
La ferme résolution et l'habitude de souffrir vous rendront même la souffrance moins
dure.
Ne dites pas : Je ne puis supporter celà d'un tel homme... ce sont des offenses qu'on
endure point... Il m'a fait un très grand tort, et il me reproche des choses auxquelles
je n'ai jamais pensé... mais d'un autre je le souffrirai avec moins de peine, et comme je
croirai devoir le souffrir.
Ce discours est insensé ! car, au lieu de considérer la vertu de la patience, et
qui doit la couronner, c'est regarder seulement à l'injure et à la personne de qui on
l'a reçue.
3. Celui-là n'a pas la Vraie patience qui
ne veut souffrir qu'autant qu'il lui plaît, et de qui il lui plaît.
L'homme vraiment patient n'examine point qui l'éprouve, si c'est son supérieur, son
égal ou son inférieur, un homme de bien ou un méchant.
Mais, indifférent sur les créatures, il reçoit de la Main de Dieu avec reconnaissance,
et aussi souvent qu'Il le veut, tout ce
qui lui arrive de contraire, et l'estime
un grand gain.
Car Dieu ne laissera pas sans récompense aucune peine, même la plus légère, qu'on aura
soufferte pour Lui.
4. Soyez donc prêts au combat, si vous
voulez remporter la victoire !
On ne peut obtenir sans combat la couronne de la patience et refuser de combattre c'est
refuser d'être couronné.
Si vous désirez la couronne, combattez courageusement, souffrez avec patience.
On ne parvient pas au repos sans travail, ni sans combat à la victoire.
Seigneur, que ce qui paraît impossible à
ma nature devienne possible par Votre
Grâce.
J'ai, Vous le savez, peu de force pour souffrir; la moindre adversité aussitôt m'abat.
Faites que j'aime, que je désire être exercé, affligé pour Votre Nom : car subir
l'injure et souffrir pour Vous est très salutaire à mon âme.
Je confesserai contre moi mon injustice (
Ps. 31,5) ; je Vous confesserai, Seigneur, mon infirmité.
Souvent un rien m'abat et me jette dans
la tristesse.
Je me propose d'agir avec force: mais à
la moindre tentation qui survient je tombe dans une grande angoisse.
Souvent c'est la plus petite chose et la plus méprisable qui me cause une violente
tentation.
Et quand je ne sens rien en moi-même, et que je me crois peu en sûreté, je me trouve
quelquefois presque abattu par un léger souffle.
2. Voyez donc, Seigneur, mon impuissance et
ma fragilité, que tout manifeste à Vos yeux.
Ayez pitié de moi, et retirez-moi de la boue, de crainte que je n'y demeure à jamais
enfoncé (Ps 68,15).
Ce qui souvent fait ma peine et ma confusion devant vous, c'est de tomber si aisément, et
d'être si faible contre mes passions.
Bien qu'elles ne parviennent pas à m'arracher un plein consentement, leurs solicitations
me fatiguent et me pèsent, et ce m'est un grand ennui de vivre ainsi toujours en guerre.
Je connais surtout en ceci mon infirmité, que les plus horribles imaginations s'emparent
de mon esprit bien plus facilement qu'elles n'en sortent.
3. Puissant Dieu d'Israël, défenseur des
âmes fidèles, daignez jeter un regard sur votre serviteur affligé et dans le travail,
et Soyez près de lui pour l'aider en tout ce qu'il entreprendra.
Remplissez-moi d'une Force toute céleste, de peur que le vieil homme et cette chair de
péché qui n'est pas encore entièrement soumise à l'Esprit, ne prévale et ne domine,
elle contre qui nous devons combattre jusqu'au dernier soupir, dans cette vie chargée de
tant de misères.
Hélas ! Qu'est-ce que cette vie, assiégée de toutes parts de tribulations et de peines,
environnée de pièges et d'ennemis ?
Est-on délivré d'une affliction ou d'une tentation, une autre lui succède;
et l'on combat même encore la première, que d'autres surviennent inopinément.
4. Comment peut-on aimer une vie remplie de
tant d'amertumes, sujette à tant de maux et de calamités ?
Comment même peut-on appeler Vie ce qui engendre tant de douleurs et tant de morts ?
Et cependant on l'aime, et plusieurs y cherchent leur félicité.
On reproche souvent au monde d'être trompeur et vain; et toutefois on le quitte
difficilement, parce qu'on est encore dominé par les convoitises de la chair.
Certaines choses nous inclinent à aimer le monde, d'autres à le mépriser.
Le désir de la chair, le désir des yeux et l'orgueil de la vie ( Jean 2,16)
inspirent l'amour du monde... mais les peines et les misères qui les suivent justement
produisent la haine et le dégoût du monde.
5. Mais, hélas ! le plaisir mauvais
triomphe de l'âme livrée au monde... elle se repose avec délices dans l'esclavage des
sens, parce qu'elle ne connaît point et n'a point goûté les suavités célestes, ni le charme intérieur de la vertu.
Mais ceux qui, méprisant le monde parfaitement, s'efforcent de vivre pour Dieu sous une
Sainte discipline, n'ignorent point les divines douceurs promises au Vrai renoncement, et
voient avec clareté combien le monde, abusé par des illusions diverses, s'égare
dangereusement.
En tout et par dessus tout repose toi en Dieu ô mon âme !
Parce qu'Il est le repos éternel des Saints.
Aimable et doux Jésus, donnez-moi de me reposer en Vous plus qu'en toutes les
créatures...
plus que dans la santé, la beauté, les honneurs et la gloire...
plus que dans toute puissance et dans toute dignité...
plus que dans la science , l'esprit, les richesses, les arts...
plus que dans les plaisirs et la joie, la renommée et les louanges, les consolations et
les douceurs, l'espérance et les promesses;...
plus qu'en tout mérite et en tout désir...
plus même qu'en Vos dons et toutes les récompenses que Vous pouvez nous prodiguer...
plus que dans l'allégresse et tous les transports que l'âme peut concevoir et sentir...
plus enfin que dans les Anges et dans les Archanges, et dans toute l'armée des Cieux...
plus qu'en toutes les choses visibles et invisibles...
plus qu'en tout ce qui n'est pas VOUS ...
ô mon Dieu !
2. Car Vous êtes seul infiniment bon, seul
Très haut, Très Puissant...
Vous suffisez seul parce que seul Vous possédez et Vous donnez tout...
Vous seul nous consolez par Vos douceurs inexprimables...
seul Vous êtes Toute beauté, tout Amour...
Votre gloire s'élève au dessus de toute gloire, Votre grandeur au dessus de toute
grandeur...
la perfection de tous les biens ensemble est en Vous, Seigneur mon Dieu, y a toujours
été , et y sera toujours.
Ainsi, tout ce que Vous me donnez hors de Vous, tout ce que Vous me découvrez de Vous-
même, tout ce que Vous m'en promettez est trop peu et ne me suffit pas, si je ne Vous
vois, si je ne Vous possède pleinement.
Car mon coeur ne peut avoir de vrai repos ni être entièrement rassasié, jusqu'à ce
que, s'élevant au dessus de tous Vos dons et de toute créature, il se repose uniquement
en Vous.
3. Tendre époux de mon âme, pur objet de
son Amour, ô mon Jésus, Roi de toutes les créatures, qui me délivrera de mes liens, qui
me donnera des ailes ( Ps 54,7) pour voler vers Vous et me reposer en Vous ?
Oh ! Quand serai-je assez dégagé de la terre pour voir, Seigneur mon Dieu, et pour
goûter combien Vous êtes doux ? ( Ps 33,9).
Quand serai-je tellement absorbé en Vous, tellement pénétré de Votre Amour, que je ne
me sente plus moi-même, et que je ne vive plus que de Vous, dans cette union ineffable et
au dessus des sens, que tous ne connaissent pas ?
Maintenant je ne sais que gémir, et je porte avec douleur ma misère.
Car, en cette vallée de larmes, il se rencontre bien des maux qui me troublent,
m'affligent et couvrent mon âme comme d'un nuage. Souvent ils me fatiguent et me
retardent: ils s'emparent de moi; ils m'arrêtent, et, m'ôtant près de Vous un libre
accès, ils me privent de ces délicieux embrassements dont jouissent toujours et sans
obstacles les célestes esprits.
Soyez touché de mes soupirs et de ma désolation sur la terre.
4. O Jésus ! Splendeur de l'éternelle
gloire ( Hébr.1,3), consolateur de l'âme exilée ! ma bouche est muette devant Vous
!, et mon silence Vous parle .
Jusqu'à quand mon Seigneur tardera-t-il de venir ?
Qu'Il vienne à ce pauvre qui est à Lui, et qu'Il lui rende la joie !
Qu'Il étende la main pour relever un malheureux plongé dans l'angoisse.
Venez, venez !... car sans Vous, tous les jours, toutes les heures s'écoulent dans la
tristesse, parce que Vous êtes seul ma joie, et que Vous pouvez seul remplir le vide de
mon coeur.
Je suis oppressé de misère et comme un prisonnier chargé de fers, jusqu'à ce que, me
ranimant par la Lumière de Votre Présence , Vous me rendiez la liberté et jetiez sur
moi un regard d'Amour.
5. Que d'autres cherchent , au lieu de Vous,
tout ce qu'ils voudront; pour moi rien ne me plaît , ni ne me plaira jamais que Vous, ô
mon Dieu, mon Espérance, mon Salut Éternel !
Je ne me tairai point, je ne cesserai point de prier jusqu'à ce que Votre Grâce
revienne, et que Vous me parliez intérieurement.
6.
Me voici: Je viens à vous, parce que Vous m'avez invoqué. Vos larmes et le désir de votre âme, le brisement de votre coeur humilié m'ont fléchi et ramené à vous.
7.
Et j'ai dit: Seigneur, je Vous ai appelé,
et j'ai désiré jouir de Vous, prêt à rejeter pour Vous tout le reste.
Et c'est Vous qui m'avez excité le premier à Vous chercher.
Soyez donc béni, Seigneur, d'avoir usé de cette bonté envers votre serviteur, selon
Votre infinie miséricorde.
Que peut-il vous dire encore, et que lui reste-t-il, qu'à s'humilier profondément en
Votre Présence, plein du souvenir de son
néant et de son iniquité ?
Car il n'est rien de semblable à Vous dans tout ce que le ciel et la terre renferment de
plus merveilleux.
Vos oeuvres sont parfaites, vos jugements Véritables et l'Univers est régi par
Votre Providence ( Ps 18,10; Is. 14, 26,27 ).
Louange donc et gloire à Vous ! ô Sagesse du Père !
Que mon âme, que ma bouche, que toutes les créatures ensemble Vous louent et Vous
bénissent à jamais !
AMEN !
Seigneur, ouvrez mon coeur à Votre Loi, et
enseignez-moi à marcher dans la Voie de Vos commandements ( II Mach. 1,4).
Faites que je connaisse Votre Volonté, et que je rappelle dans mon souvenir, avec un
grand respect et une sérieuse attention, tous Vos bienfaits, afin de Vous en rendre de
dignes actions de grâces.
Je sais cependant, et je confesse que je ne puis reconnaître dignement la moindre de Vos
faveurs.
Je suis au dessous de tous les biens que Vous m'avez accordé; et quand je considère
Votre élévation infinie, mon esprit s'abîme dans Votre grandeur.
2. Tout ce que nous avons en nous, dans
notre corps, dans notre âme, tout ce que nous possédons, et au dedans et au dehors, dans
l'ordre de la Grâce ou de la nature, c'est VOUS qui nous l'avez donné !
Et Vos bienfaits nous rappellent sans cesse Votre Bonté, votre Tendresse, l'immense
libéralité dont Vous usez envers nous, Vous de qui nous viennent tous les biens.
Car tout vient de Vous, quoique l'un reçoive plus, l'autre moins... et sans Vous nous
serions à jamais privés de tout bien.
Celui qui a reçu davantage ne peut se glorifier de son mérite, ni s'élever au dessus
des autres, ni insulter à celui qui a moins reçu... car celui-là est le meilleur et le
plus grand, qui s'attribue le moins et qui rend grâces avec le plus de ferveur et
d'humilité.
Et celui qui se croît le plus vil et le plus indigne de tous est le plus propre à
reçevoir de grands dons.
3. Celui qui a moins reçu ne doit ni
s'affliger, ni se plaindre, ni concevoir de l'envie contre ceux qui ont reçu davantage,
mais plutôt ne regarder que Vous, et louer de toute son âme Votre bonté toujours prête
à répandre ses dons si abondamment, si gratuitement, sans acception de personne.
Tout vient de Vous, et ainsi Vous devez être loué de tout.
Vous savez ce qu'il convient de donner à chacun... pourquoi celui-ci reçoit plus, cet
autre moins... ce n'est pas à nous qu'appartient ce discernement, mais à Vous qui pesez
tous les mérites.
C'est pourquoi, Seigneur mon Dieu, je regarde comme une grâce singulière que Vous m'ayez
accordé peu de ces dons qui paraissent au dehors, et qui attirent les louanges et les
admirations des hommes.
Et certes, en considérant son indigence et son abjection, loin d'en être abattu, loin
d'en concevoir aucune peine, aucune tristesse, on doit plutôt sentir une douce consolation, une grande joie... car Vous avez choisi, mon Dieu,
pour Vos amis et Vos serviteurs, les pauvres, les humbles, ceux que le monde méprise.
Tels étaient vos apôtres mêmes, que vous avez établis princes sur toute la terre (
Ps 44,17).
Ils ont passé dans ce monde sans se plaindre, purs de tout artifice et de la pensée
même du mal, si simples et si humbles, qu'ils se réjouissaient de souffrir les
outrages pour Votre Nom ( Act.5,41), et qu'ils embrassaient avec amour tout ce que le
monde abhorre.
Rien ne doit causer tant de joie à celui qui Vous aime et qui connaît le prix de Vos
bienfaits, que l'accomplissement de Votre volonté et et de Vos desseins éternels sur
lui.
Il doit y trouver un contentement, une consolation telle, qu'il consente aussi volontiers
d'être le plus petit que d'autres désirent avec ardeur être les plus grands; qu'il soit
aussi tranquille, aussi satisfait dans la dernière place que dans la première; et que
toujours prêt à souffrir le mépris, les rebuts, il s'estime aussi heureux d'être sans
nom, sans réputation, que les autres de jouir des honneurs et des grandeurs du monde.
Car Votre Volonté et le zèle de Votre gloire doivent être pour lui au dessus de tout,
et lui plaire et le consoler plus que tous les dons que Vous lui avez faits, et que Vous
pouvez lui faire encore.
Mon fils, Je vous enseignerai maintenant la Voie de la Paix et de la Vraie liberté.
2.
Faites, Seigneur, ce que Vous dites: car il est doux de Vous entendre.
3.
Appliquez- vous mon fils, à faire plutôt la volonté d'autrui que la vôtre.
Choisissez toujours plutôt d'avoir moins que plus.
Cherchez toujours la dernière place, et à être au-dessous
de tous.
Désirez toujours et priez que la volonté de Dieu
s'accomplisse parfaitement en vous.
Celui qui agit ainsi est dans la Voie de la Paix et du repos.
4.
Seigneur, ces courts préceptes renferment une grande
perfection.
Ils contiennent peu de paroles; mais elles sont pleines de sens, et abondantes en fruits.
Si j'étais fidèle à les observer, je ne tomberais pas aisément dans le trouble.
Car toutes les fois qu'il m'arrive de perdre le calme et la paix, je reconnais que je me
suis écarté de ces maximes.
Mais Vous, qui pouvez tout, et qui désirez toujours le progrès des âmes, augmentez en
moi Votre Grâce, afin qu'en obéissant à ce que Vous commandez, je puisse accomplir mon
Salut.
Prière pour obtenir d'être délivré des mauvaises pensées
5. Seigneur mon Dieu, ne vous éloignez pas
de moi. Mon Dieu, hâtez de me secourir ( Ps 70,12: Ps 69,2), car une foule
de pensées diverses m'ont assailli, et de grandes terreurs agitent mon âme.
Comment traverserai-je tant d'ennemis sans reçevoir de blessures ? Comment les
renverserai-je ?
Je marcherai devant vous, dit le Seigneur, et abattrai les puissants de la
terre (Is. 45,2) . J'ouvrirai les portes de la prison, et je vous montrerai les
issues les plus secrètes.
Faites, Seigneur, selon Votre parole; et que toutes les pensées mauvaises fuient devant
Vous.
Mon unique espérance, ma seule consolation dans les maux qui me pressent, est de me
réfugier vers Vous, de me confier en Vous, de Vous invoquer du fond de mon coeur et
d'attendre avec patience Votre secours.
Prière pour demander à Dieu la Lumière
6. Eclairez-moi intérieurement, ô mon Jésus
! Faites luire Votre Lumière dans mon coeur, et dissipez toutes ses ténèbres.
Arrêtez mon esprit qui s'égare, et brisez la violence des tentations qui me pressent.
Déployez pour moi Votre bras, et domptez ces bêtes furieuses, ces convoitises
dévorantes, afin que je trouve la Paix dans Votre Force ( Ps 121, 7), et
que sans cesse Vos louanges retentissent dans Votre Sanctuaire, dans une conscience pure.
Commandez aux vents et aux tempêtes; dites à la mer: Apaise -toi ! à l'Aquilon: Ne
souffle point !... et il se fera un grand calme ( Marc 4,39).
7. Envoyez Votre Lumière et Votre Vérité
( Ps 42,3) pour qu'elles luisent sur la terre: car je ne suis qu'une terre stérile
et ténébreuse, jusqu'à ce que Vous m'éclairiez.
Répandez Votre Grâce d'en haut; Versez sur mon coeur la rosée céleste; épanchez sur
cette terre aride les eaux fécondes de la piété, afin qu'elle produise des fruits bons
et salutaires.
Relevez mon âme abattue sous le poids de ses péchés; transportez tous mes désirs au
Ciel, afin qu'ayant trempé mes lèvres à la source des biens éternels, je ne puisse
plus sans dégoût penser aux choses de la terre.
8. Enlevez-moi, détachez-moi de toutes les
fugitives consolations des créatures: car nul objet créé ne peut satisfaire ni
rassasier pleinement mon coeur.
Unissez-moi à Vous par l'indissoluble lien de l'Amour: car Vous suffisez seul à celui
qui Vous aime, et tout le reste sans Vous n'est rien !
Mon Fils, réprimez en
vous la curiosité, et ne vous troublez point de vaines sollicitudes.
Que vous importe ceci ou celà ? Suivez-moi ! ( Joan.21,22).
Que vous fait ce qu'est celui-ci, comment parle ou agit celui-là ?
Vous n'avez point à répondre des autres;...mais vous répondrez pour vous-même: de quoi
vous inquiétez-vous ?
Voilà que Je connais tous les hommes: Je vois tout ce qui passe sous le soleil;
Je sais ce qu'il en est de chacun, ce qu'il pense, ce qu'il veut, où tendent ses vues.
C'est donc à Moi qu'on doit tout abandonner. Pour vous, demeurez en paix, et laissez ceux qui s'agitent s'agiter tant
qu'ils voudront.
Tout ce qu'ils feront, tout ce qu'ils diront, viendra sur eux... car ils ne peuvent
Me tromper.
2. Ne poursuivez pas cette ombre qu'on appelle
un grand nom: ne désirez ni de nombreuses liaisons ni l'amitié particulière d'aucun
homme.
Car tout celà dissipe l'esprit et obscurcit étrangement le coeur.
Je me plairais à vous faire entendre Ma Parole et à vous révéler Mes secrets, si vous
étiez, quand Je viens à vous, toujours attentif et prêt à m'ouvrir la porte de votre
coeur.
Songez à l'avenir, veillez, priez sans cesse, et humiliez-vous en
toutes choses.
Mon Fils, J'ai dit: Je vous
laisse la Paix, Je vous donne Ma Paix, non comme le monde la donne (Joan.14,27).
Tous désirent la Paix; mais tous ne cherchent pas ce qui procure une Paix Véritable.
Ma Paix est avec ceux qui sont doux et
humbles de coeur.
Votre Paix sera donc dans une grande patience.
Si vous M'écoutez et si vous obéissez à Ma Parole, vous jouirez d'une profonde Paix.
2.
Seigneur, que ferais-je donc ?
3.
En toutes choses, veillez à ce
que vous faites et à ce que vous dites. N'ayez d'autre intention que celle de plaire à
Moi seul.
Ne désirez, ne recherchez rien hors de Moi.
Ne jugez point témérairement des paroles ou des actions des autres: ne vous ingérez
point de ce qui n'est point commis à votre charge... vous serez alors peu ou rarement
troublé.
Mais ne sentir jamais aucun trouble, n'éprouver aucune peine de coeur, aucune souffrance
du corps, celà n'est PAS de la vie présente; c'est l'état de l'éternel repos.
Ne croyez donc pas avoir trouvé la Véritable Paix lorsqu'il ne vous arrive aucune
contrariété, ni que tout soit bien quand vous n'essuyez d'opposition de personne, ni que
votre bonheur soit parfait lorsque tout réussit selon vos désirs.
Gardez-vous aussi de concevoir une haute idée de vous-même, et d'imaginer que Dieu vous
chérit particulièrement, si vous sentez votre coeur rempli d'une piété tendre et
douce: car ce n'est pas en celà que l'on reconnaît celui qui aime vraiment la vertu, ni
en celà que consistent le progrès de l'homme et sa perfection.
4.
En quoi donc, Seigneur ?
5.
A vous offrir de tout votre coeur à la Volonté divine, à ne vous rechercher en
aucune chose, ni petite ni grande, ni dans le temps ni dans l'éternité... de sorte que,
regardant du même oeil et pesant dans la même balance les biens et les maux, vous M'en
rendiez également grâces.
Et ce n'est pas tout; il faut encore que vous soyez si ferme, si constant dans l'Espérance, que , privé intérieurement de toute consolation, vous prépariez votre
coeur à de plus dures épreuves... sans jamais vous justifier vous-même... comme si vous
ne méritiez pas tant de souffrir... mais reconnaissant au contraire Ma Justice, et louant
Ma Sainteté dans tout ce que j'ordonne.
Alors vous marcherez dans la Voie droite, dans la Véritable Voie de la Paix: et vous
pourrez avec assurance espérer de revoir Mon Visage dans l'allégresse (Job.33,26).
Que si vous parvenez à un parfait mépris de vous-même, Je vous le dis, vous jouirez
d'une Paix aussi profonde qu'il est possible en cette vie d'exil.
Seigneur, c'est une haute perfection de ne jamais détourner des choses du ciel les regards de son coeur, de passer au milieu des soins du monde sans se préoccuper d'aucun soin, non par indolence, mais par le privilège d'une âme libre, qu'aucune affection déréglée n'attache à la créature.
2. Je vous en conjure, ô Dieu
de Bonté ! Délivrez-moi des soins de cette vie, de peur qu'ils ne retardent ma course !
Des nécessité du corps, de peur que la volupté ne me séduise ! De tout ce qui arrête
et trouble l'âme, de peur que l'affliction ne me brise et ne m'abatte !
Je ne parle point des choses que la vanité humaine recherche avec tant d'ardeur, mais de
ces misères qui, par une suite de la malédiction commune à tous les enfants d'Adam,
tourment et appesantissent l'âme de votre serviteur, et l'empêchent de jouir autant
qu'il voudrait de la liberté de l'esprit.
3. O mon Dieu ! Douceur
ineffable, changez pour moi en amertume toute consolation de la chair, qui me détourne de l'amour des biens éternels, et m'attire et me fascine par le charme
funeste du plaisir présent !
Que je ne sois pas , mon Dieu, vaincu par la chair et le sang, trompé par le monde et sa
gloire qui passe, que je ne succombe point aux ruses du démon !
Donnez moi la force pour résister, la patience pour souffrir, la constance pour
persévérer !
Donnez-moi, au lieu de toutes les consolations du monde, la délicieuse onction de Votre
Esprit: et au lieu de l'amour terrestre, pénétrez-moi de l'Amour de Votre Nom !
4. Le boire, le manger,
le vêtement et les autres choses nécessaires pour soutenir le corps, sont à
charge à une âme fervente.
Faites que j'use de ces soulagements avec modération, et que je ne les recherche point
avec trop de désirs.
Les rejeter tous, celà n'est point permis, parce qu'il faut soutenir la nature: mais
Votre Loi Sainte défend de rechercher tout ce qui est au delà du besoin et ne sert qu'à
flatter les sens; autrement la chair se révolterait contre l'esprit.
Que Votre Main, Seigneur, me conduise entre ces deux extrêmes, afin qu'instruit par Vous
je me préserve de tout excès.
Amen.
Il faut mon fils, que vous vous
donniez tout entier pour posséder tout, et que rien en vous ne soit
vous-même.
Sachez que l'amour de vous-même vous nuit plus qu'aucune chose au monde.
On tient à chaque chose plus ou moins, selon la nature de l'affection et de l'amour qu'on
a pour elle.
Si votre amour est pur, simple et bien réglé, vous ne serez esclave d'aucune chose.
Ne désirez point ce qui ne vous est pas permis d'avoir; renoncez à ce qui occupe trop
votre âme et la prive de sa liberté.
Il est étrange que vous ne vous abandonniez pas à moi du fond du coeur, avec TOUT ce que vous pouvez désirer ou posséder.
2. Pourquoi vous
consumer
d'une vaine tristesse ? Pourquoi vous fatiguer de soins superflus ?
Demeurez soumis à Ma volonté, et rien ne pourra vous nuire !
Si vous cherchez ceci ou celà, si vous voulez être ici ou là, sans autre objet que de
vous satisfaire et de vivre plus selon
votre gré, vous n'aurez jamais de
repos, et jamais vous ne serez libre d'inquiétude, parce qu'en tout vous trouverez
quelque chose qui vous blesse, et partout quelqu'un qui vous contrarie.
3. A quoi sert donc de
posséder et d'accumuler beaucoup de choses au dehors? Ce qui sert c'est de les mépriser
et de les déraciner de son coeur.
Et n'entendez pas ceci uniquement de l'argent et des richesses mais encore de la poursuite
des honneurs, et du désir des vaines louanges, toutes choses qui passent avec le monde.
Nul lieu n'est un sûr refuge si l'on manque de l'esprit de ferveur; et cette Paix qu'on
cherche au dehors ne durera guère, si le coeur est privé de son véritable appui, c'est
à dire si vous ne vous appuyez pas sur Moi.
Vous changerez et ne serez pas mieux.
Car entraîné par l'occasion qui naîtra, vous trouverez ce que vous avez fui, et pis
encore...
Prière pour obtenir la pureté du coeur et la sagesse céleste
4.
Soutenez-moi, Seigneur, par la
Grâce de l'Esprit Saint.
Fortifiez-moi intérieurement de Votre vertu, afin que je bannisse de mon coeur toutes les
sollicitudes vaines qui le tourmentent, et que je ne sois emporté par le désir d'aucune
chose ou précieuse ou méprisable; mais plutôt qu'appréciant toutes choses ce qu'elles
sont, je voie qu'elles passent, et que je passerai aussi avec elles.
Car il n'y a rien de stable sous le soleil; et tout est vanité et affliction de
l'esprit (Eccl. 1,14).
Oh ! Qu'il est sage celui qui juge ainsi !
5. Donnez-moi, Seigneur, la
Sagesse céleste, afin que j'apprenne à Vous chercher et à Vous trouver, à Vous goûter
et à Vous aimer par dessus-tout, et à ne compter tout le reste que pour ce qui est,
selon l'ordre de Votre Sagesse.
Donnez moi la prudence pour m'éloigner de ceux qui me flattent, et la patience pour
supporter ceux qui s'élèvent contre moi.
Car c'est une grande sagesse de ne se point laisser agiter à tout vent de paroles, et de
ne point prêter l'oreille aux perfides discours des flatteurs. C'est ainsi qu'on avance
sûrement dans la Voie où l'on est entré.
Mon fils, ne vous
offensez point si quelques uns pensent mal de vous, et en disent des choses qu'il
vous soit pénible d'entendre.
Vous devez penser encore plus mal de vous-même, et croire que personne n'est plus imparfait que vous.
Si vous êtes retiré en vous-même, que vous importeront des paroles qui se
dissipent en l'air?
Ce n'est pas une prudence médiocre que de savoir se taire au temps mauvais, et de se
tourner vers Moi intérieurement, sans se troubler des jugements
humains.
2. Que votre Paix ne dépende point des
discours des hommes... car qu'ils jugent de vous bien ou mal, vous n'en demeurez pas moins
ce que vous êtes.
Où est la véritable Paix et la gloire véritable ? ...N'est-ce pas en MOI ?
Celui qui ne désire point de plaire aux hommes, et qui ne craint point de leur déplaire,
jouira d'une grande Paix.
De l'amour déréglé et des vaines craintes naissent l'inquiétude du coeur et la
dissipation des sens !
Que votre Nom soit béni à
jamais, Seigneur, qui avez voulu m'éprouver par cette peine et cette tentation.
Puisque je ne saurais l'éviter, qu'ai-je à faire que de me réfugier vers Vous, pour que
Vous me secouriez et qu'elle me devienne utile ?
Seigneur, voilà que je suis dans la tribulation... mon coeur malade est tourmenté par la
passion qui me presse.
Et maintenant que dirai-je ? O Père plein de tendresse !... Les angoisses m'ont
environné....Délivrez moi de cette heure (Joan. 12,27 ).
Mais cette heure est venue pour que Vous fassiez éclater Votre Gloire, en me délivrant
après m'avoir humilié profondément.
Daignez, Seigneur, me secourir... car pauvre créature que je suis, que puis-je faire, et
où irais-je sans Vous ?
Seigneur, donnez moi la patience encore cette fois... Soutenez-moi mon Dieu et je ne
craindrai point, quelque pesante que soit cette épreuve.
3. Et maintenant que dirai-je
encore ? Seigneur que Votre volonté se fasse ( Matt.6,10 ).... J'ai bien
mérité de sentir le poids de la tribulation.
Il faut donc que je le supporte: faites, mon Dieu, que ce soit avec patience, jusqu'à ce
que la tempête passe et que le calme revienne.
Votre Main Toute-Puissante peut éloigner de moi cette tentation et en modérer la
violence afin que je ne succombe pas entièrement, comme Vous l'avez déjà tant de fois
fait pour moi, ô mon Dieu ! Ma miséricorde !
Et autant ce changement m'est difficile, autant il Vous l'est peu: c'est l'oeuvre de
la droite du Très-Haut (Ps. 76,11).
Amen.
Mon fils, Je suis le
Seigneur; c'est Moi qui fortifie au jour de la tribulation (Nahum 1,7 )!
Venez à Moi quand vous souffrirez.
Ce qui surtout éloigne de vous les consolations célestes, c'est que vous recourez trop
tard à la prière.
Car, avant de Me prier avec instance, vous cherchez au dehors du soulagement et une
multitude de consolations.
Mais tout celà vous sert peu, et il vous faut encore reconnaître que c'est Moi seul qui délivre ceux qui espèrent en Moi (Ps 16,7 ), et que hors de
Moi il n'est point de secours efficace, point de conseil utile, point de remède durable.
Mais à présent que vous commencez à respirer après la tempête... ranimez-vous à la
Lumière de Mes miséricordes... car Je suis près de vous, dit le Seigneur, pour vous
rendre tout ce que vous avez perdu... et beaucoup plus encore.
2. Y a-t-il rien qui Me
soit difficile (Jérem.32,27) ?... Ou serais-je semblable à ceux qui disent, et ne
font pas ?
Où est votre foi ? Demeurez ferme et persévérez !
Ne vous lassez point, prenez courage !... la consolation viendra en son temps.
Attendez-Moi ! attendez!... Je viendrai et Je vous guérirai ( Matt. 8,7)
Ce qui vous agite est une tentation... et ce qui vous effraie est une crainte vaine.
Que vous revient-il de ces soucis d'un avenir incertain, sinon tristesse sur tristesse ? A
chaque jour suffit son mal ( Matt. 6,34).
Quoi de plus insensé, de plus vain, que de se réjouir ou de s'affliger de choses futures
qui n'arriveront peut-être jamais ?
3. C'est une suite de la
misère humaine d'être le jouet de ces imaginations, et la marque d'une âme encore
faible que de céder si aisément aux suggestions de l'ennemi.
Car peu lui importe de nous séduire et de nous tromper par des objets réels ou par de
fausses images... et de nous vaincre par l'amour des biens présents ou par la crainte des
maux a venir.
Que votre coeur donc ne se trouble point et ne craigne point !
Croyez en Moi, et confiez-vous en Ma miséricorde (Joan.14,1,27).
Quand vous croyez être loin de Moi... souvent c'est alors que Je suis le plus près de
vous.
Lorsque vous croyez tout perdu, ce n'est souvent que l'occasion d'un plus grand mérite.
Tout n'est pas perdu quand le succès ne répond pas à vos désirs.
Vous ne devez pas juger selon le
sentiment présent, ni vous abandonner
à aucune affliction, quelle qu'en soit la cause, et vous y enfoncer comme si il ne vous
restait nulle espérance d'en sortir.
4. Ne pensez pas que Je vous
aie tout à fait délaissé lorsque Je vous afflige pour un temps ou que Je vous retire
Mes consolation...; car c'est ainsi que l'on parvient au Royaume des Cieux.
Et certes il vaut mieux pour vous et pour tous Mes serviteurs être exercés par des
traverses... que de n'éprouver jamais aucune contrariété.
Je connais le secret de Votre coeur, et Je sais qu'il est utile pour votre Salut que vous
soyez quelquefois dans la sécheresse... de crainte qu'une ferveur continue ne vous porte
à la présomption... et que, par une vaine complaisance en vous-même, vous ne vous
imaginiez être ce que vous n'êtes pas.
Ce que J'ai donné, Je puis l'ôter et
le rendre quand il Me plaît !
5. Ce que Je donne est toujours
à Moi... ce que Je reprends n'est point à vous !... car c'est de Moi que découle tout
bien et tout don parfait.
Si Je vous envoie quelque peine ou quelque contradiction... n'en murmurez pas !... et que
votre coeur ne se laisse point abattre... car Je puis en un moment vous délivrer de ce
fardeau et changer votre tristesse en joie.
Et lorsque J'en use ainsi avec vous, Je suis juste et digne de toute louange !
Si vous jugez selon la Sagesse et la Vérité, vous ne devez jamais vous affliger avec
tant d'excès dans l'adversité... mais plutôt vous en réjouir et M'en rendre grâces.
Et même ce doit être votre unique Joie que Je vous frappe sans vous épargner (Job 6,10)
!!
Comme Mon Père M'a aimé, Moi aussi Je vous aime ( Joan.15,9), ai-Je-dit à Mes
disciples en les envoyant, non pour
goûter les joies du monde, mais pour
soutenir de grands combats...
non pour posséder les honneurs, mais pour souffrir les mépris...
non pour vivre dans l'oisiveté, mais dans le travail...
non pour se reposer, mais pour porter beaucoup de fruits par la patience (Luc
18,15; joan. 15,16).
Souvenez-vous Mon fils, de ces paroles !
Seigneur, j'ai besoin d'une
grâce plus grande, s'il me faut parvenir à cet état où nulle créature ne sera un lien
pour moi.
Car, tant que quelque chose m'arrête, je ne puis voler librement vers Vous .
Il aspirait à cette liberté, celui qui disait: Qui me donnera des ailes comme la
colombe ? et je volerai, et je me reposerai (Ps 54,6).
Quel repos plus profond que le repos de l'homme qui n'a que Vous en vue ?
Et quoi de plus libre que celui qui ne désire rien sur la terre ?
Il faut donc s'élever au dessus de toutes les créatures, et se détacher parfaitement de
soi-même, sortir de son esprit, monter plus haut, et là reconnaître que c'est Vous qui
avez tout fait, que rien n'est semblable à Vous.
Tandis qu'on tient encore à quelque créature, on ne saurait s'occuper librement des
choses de Dieu.
Et c'est pourquoi l'on trouve peu de contemplatifs, parce que peu savent se séparer
entièrement des créatures et des choses périssables.
2. Il faut pour celà une Grâce puissante qui soulève l'âme, et la ravisse au dessus d'elle même.
Et tant que l'homme n'est pas élevé ainsi en esprit, détaché de toute créature, et
parfaitement uni à Dieu, tout ce qu'il sait et tout ce qu'il a, est de bien peu de prix.
Il sera longtemps faible et incliné vers la terre, celui qui estime quelque chose hors de
l'unique, de l'immense, de l'éternel bien !...
Tout ce qui n'est pas Dieu n'est rien, et ne doit être compté pour rien.
Il y a une grande différence entre la sagesse d'un homme que la piété éclaire, et la
science qu'un docteur acquiert par l'étude.
La science qui vient d'en haut et que Dieu Lui-même répand dans l'âme est bien
supérieure à celle où l'homme parvient laborieusement par les efforts de son esprit.
3. Plusieurs désirent
s'élever à la contemplation... mais ce qu'il faut pour cela, ils ne veulent point le
faire.
Le grand obstacle est qu'on s'arrête à ce qu'il y a d'extérieur et de sensible, et que
l'on s'occupe peu de se mortifier véritablement.
Je ne sais ce que c'est, ni quel esprit nous conduit, ni ce que nous prétendons, nous
qu'on regarde comme des hommes tout spirituels, de poursuivre avec tant de travail
et de souci des choses viles et passagères, lorsque si rarement nous nous recueillons
pour penser sans aucune distraction à notre état intérieur.
4. Hélas ! A peine sommes-nous
rentrés en nous-mêmes, que nous nous hâtons d'en sortir, sans jamais sérieusement
examiner nos oeuvres.
Nous ne considérons point jusqu'où descendent nos affections, et nous ne gémissons
point de ce que tout en nous est impur.
Toute chair avait corrompu Sa Voie (Gen. 6,12); et c'est pourquoi le déluge
suivit.
Quand donc nos affections intérieures sont corrompues, elles corrompent nécessairement
nos actions, et dévoilent ainsi toute la faiblesse de notre âme.
Les fruits d'une bonne vie ne croissent que dans un coeur pur.
5. On demande d'un homme:
Qu'a-t-il fait ?... Mais s'il l'a fait par vertu, c'est à quoi l'on regarde bien moins.
On veut savoir s'il a du courage, des richesses, de la beauté, de la science, s'il écrit
ou s'il chante bien, s'il est habile dans sa profession... mais on ne s'informe guère
s'il est humble, doux, patient, pieux, intérieur...
La nature ne considère que le dehors de l'homme... la Grâce pénètre au dedans.
Celle-là se trompe souvent... celle-ci espère en Dieu, pour n'être pas trompée.
Mon fils, vous ne pouvez jouir
d'une liberté parfaite, si vous ne vous
renoncez entièrement.
Ils vivent en servitude tous ceux qui s'aiment, et qui veulent être à eux-mêmes. On les
voit , avides, curieux, inquiets, cherchant toujours ce qui flatte leurs sens... et non ce
qui Me plaît... se repaître d'illusions, et former mille projets qui se dissipent.
Car tout ce qui ne vient pas de Dieu
périra.
Retenez bien cette courte et profonde
parole: Quittez tout, et vous trouverez Tout. Renoncez à vos désirs et vous
goûterez le repos.
Méditez ce précepte, et quand vous l'aurez accompli... vous saurez Tout !
2.
Seigneur, ce n'est pas l'oeuvre d'un jour, ni un jeu d'enfant: cette courte maxime renferme toute la perfection religieuse.
3.
Mon fils, vous ne devez point vous rebuter, ni perdre courage lorsqu'on vous montre la Voie des parfaits, mais
plutôt vous efforcer de parvenir à cet état sublime, ou au moins y aspirer de tous vos
désirs.
Ah ! S'il en était ainsi de vous... si vous en étiez venu jusqu'à ne plus vous aimer
vous-même, soumis à Moi, sans réserve, et au supérieur que Je vous ai donné, alors
J'arrêterais sur vous mes regards avec complaisance, et tous vos jours passeraient dans
la Paix et dans la Joie.
Il vous reste encore bien des choses à quitter... et à moins que vous n'y renonciez
entièrement pour Moi, vous n'obtiendrez point ce que vous demandez.
Ecoutez Mes conseils, et pour acquérir de Vraies richesses, achetez-Moi de l'or
éprouvé par le feu (Apoc.3,18)... c'est à dire la Sagesse céleste qui foule aux
pieds toutes les choses d'ici-bas.
Qu'elle vous soit plus chère que la sagesse du siècle et que tout ce qui plaît aux
hommes... ou nous plaît en nous-mêmes.
4. Je vous le dis, échangez ce
qu'il y a de grand et de précieux dans les choses humaines contre une chose vile.
Car on regarde comme petite et vile, et l'on oublie presque entièrement cette Sagesse du
Ciel, la seule Vraie !... qui ne s'élève point en elle même, et qui ne cherche point à
être admirée sur la terre.
Plusieurs ont ses louanges à la bouche... mais ils s'éloignent d'Elle par leur vie...
C'est cependant cette perle précieuse ( Matt.13,46) qui est cachée au plus
grand nombre.
Mon fils, ne vous reposez point
sur ce que vous ressentez en vous !... maintenant vous êtes affecté d'une certaine
manière, vous le serez d'une autre le moment d'après.
Tant que vous vivrez vous serez sujet au changement, même malgré vous: tour à tour
triste et gai, tranquille et inquiet, fervent et tiède... tantôt actif, tantôt
paresseux, tantôt grave, tantôt léger.
Mais l'homme sage et instruit dans les Voies spirituelles s'élève au dessus de ces
vicissitudes.
Il ne considère point ce qu'il éprouve en soi, ni de quel côté l'incline le vent de
l'inconstance... mais il arrête toute son attention sur la fin bienheureuse à laquelle
il doit tendre.
C'est ainsi qu'au milieu de tant de mouvements divers, fixant sur Moi ses regards, il
demeure inébranlable et toujours le même.
2. Plus l'oeil de l'âme est
pur et son intention droite, moins on est agité par les tempêtes.
Mais cet oeil s'obscurcit en plusieurs, parce qu'il se tourne vers chaque objet agréable
qui se présente.
Car il est rare de trouver quelqu'un tout à fait exempt de la honteuse recherche de
soi-même.
Ainsi autrefois les juifs vinrent à Béthanie chez Marthe et Marie, non pour Jésus
seul, mais pour voir Lazare (Joan.12,9) !!
Il faut donc purifier l'intention... afin que, simple et droite, elle se dirige constamment
vers Moi, sans s'arrêter jamais aux objets inférieurs.
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