LES FRÈRES QUI TRAVAILLENT LOIN
DE L'ORATOIRE OU QUI SONT EN VOYAGE
Les qui sont à travailler très loin et qui ne peuvent arriver à temps à l'oratoire
à l'abbé d'en juger ! - accompliront l'office
divin là où ils travaillent, pénétrés d'une crainte
divine et fléchissant les genoux. De même ceux
qui sont en voyage n'omettront pas les heures
prescrites, mais ils feront du mieux qu'ils
peuvent en leur privé sans négliger de s'acquitter de l'obligation de leur service.
LES FRÈRES QUI S'EN VONT A PEU DE DISTANCE
LE frère qui est envoyé pour une commission quelconque et qui doit rentrer le jour
même au monastère ne se permettra pas de
manger au dehors, même s'il en est instamment
prié par quelqu'un à moins que son abbé ne le
lui ait dit. S'il agit autrement, il sera exclu de la
vie commune.
L'ORATOIRE DU MONASTÈRE
L' ORATOIRE sera ce que signifie son nom. On n'y fera et on n'y déposera rien qui n'ait
rapport à la prière. L'office divin achevé, tous
sortiront dans le plus grand silence et on
témoignera du respect à Dieu ; ainsi le frère qui
veut prier en son particulier n'en sera pas
empêché par l'indiscrétion d'un autre. Par
ailleurs, quand quelqu'un veut prier à part soi,
qu'il entre simplement et prie, non à haute voix
mais avec larmes et application du coeur. Celui
qui ne fait pas cela ne sera donc pas autorisé à
rester à l'oratoire, une fois l'office divin achevé,
comme on l'a dit, pour que personne n'en soit
gêné,
LA RÉCEPTION DES HÔTES
Tous les hôtes qui se présentent seront reçus comme le Christ, car lui-même dira:
j'ai été votre hôte, et vous m'avez reçu»; et à
tous on rendra les égards qui s'imposent, surtout aux proches dans la foi et aux pèlerins.
Lors
qu'un hôte aura été annoncé, le supérieur et
les frères iront au devant de lui avec tout le dévouement de la charité.
Ils commenceront par prier ensemble et ensuite ils se donneront le baiser de paix.
Ce baiser de paix ne s'échangera qu'après une prière préalable, à cause
des ruses du diable. Dans la salutation elle-même on témoignera la plus grande humilité à tous
les hôtes qui arrivent ou qui s'en vont : la tête inclinée ou le corps prosterné à terre,on
adorera en eux le Christ lui -même qu'on reçoit.
Une fois accueillis, les hôtes seront conduits à la prière, puis le supérieur, ou celui qu'il
aura chargé, s'assiéra avec eux. 'On lira devant l'hôte la loi divine pour son édification, et après
cela on lui offrira tout ce dont il a besoin.
Le jeûne sera rompu par le supérieur à cause de l'hôte, sauf si c'est un jour de jeûne
important qu'on ne peut enfreindre; les frères, eux garderont les jeûnes accoutumés.
L'abbé versera l'eau sur les mains des hôtes et, avec la communauté entière, il lavera
les pieds à tous les hôtes. Après les avoir lavés, on
dira le verset: « Nous avons reçu, ô Dieu, ta
miséricorde au milieu de ton temple. » "C'est
surtout en accueillant les pauvres et les pèlerins
qu'on montrera un soin particulier, parce qu'en
eux on reçoit davantage le Christ; pour les
riches, en effet, la crainte qu'ils inspirent porte
d'elle-même à les honorer.
La cuisine de l'abbé et des hôtes sera à part, pour éviter que les hôtes, qui surviennent à des
heures incertaines et qui ne manquent jamais au monastère, ne dérangent les frères. "Dans cette
cuisine entreront en charge pour une année
deux frères aptes à remplir cet office. "S'ils en
ont besoin, des aides leur seront donnés, pour
qu'ils servent sans se plaindre, et par contre,
quand ils auront moins d'occupation, ils s'en
iront travailler où on leur commandera. "Cette
considération ne vaut pas seulement pour eux,
mais pour tous les services du monastère : "on
accordera des aides aux frères lorsqu'ils en ont
besoin, et quand de nouveau ils sont inoccupés,
ils obéiront aux ordres qu'on leur donnera.
"Un frère animé de la crainte de Dieu sera
préposé à l'hôtellerie, "et il y aura là suffisamment de lits garnis. La maison de Dieu doit être
administrée avec sagesse par des sages.
'Nul n'aura de rapport ni de conversation
avec les hôtes, s'il n'en a reçu l'ordre, mais
celui qui les rencontre ou les aperçoit les saluera
humblement, comme nous l'avons dit, et, après
avoir demandé la bénédiction, il se retirera en disant qu'il ne lui est pas permis de s'entretenir
avec un hôte.
UN MOINE PEUT- IL RECEVOIR
DES LETTRES OU QUELQUE OBJET ?
IL EST absolument interdit à un moine de recevoir de ses parents ou de qui que ce soit,. pas même d'un autre moine, lettres, offrandes
ou petits cadeaux quelconques, ni d'en donner,sans la permission de l'abbé.
Dans le cas où ses parents lui adressent quelque chose, il ne se
permettra pas de le recevoir avant que l'abbé ait été informé. 'Si l'abbé dit de l'accepter, il lui
appartiendra encore de décider à qui le
donner; 'et le frère à qui l'objet avait été adressé ne s'en attristera pas, pour ne pas
donner prise au diable. 'Celui qui se permettrait
d'agir autrement subira les sanctions de règle.
LA FAÇON DONT LES FRÈRES
SONT VÊTUS ET CHAUSSÉS
Les vêtements seront donnés aux frères selon la nature des lieux où ils habitent et les
conditions du climat, 'car dans les régions
froides il faut davantage que dans les régions
chaudes. 'C'est à l'abbé d'en juger. "A notre avis
cependant, dans les régions tempérées, il suffit
aux moines d'avoir chacun une coule et une
tunique coule épaisse en hiver, mince ou
usée en été - 'ainsi qu'un scapulaire pour le
travail, et, pour envelopper les pieds, des
chaussettes et des souliers.
De la couleur et de la qualité de tous ces
effets, les moines ne se tracasseront pas; elles
seront telles qu'on peut les trouver dans la
province où ils habitent et au plus bas prix.
'Que l'abbé veille cependant aux mesures,
de façon que les vêtements ne soient pas trop
courts pour ceux qui les portent, mais à leur
taille. 'Ceux qui en reçoivent de neufs rendront
toujours aussitôt les vieux, qui seront déposés au
vestiaire pour les pauvres. "Il suffit en effet à un
moine d'avoir deux tuniques et deux coules,
pour en changer la nuit et pour pouvoir les
laver. 'Ce qu'il y aurait en plus est du superflu
et doit être retranché. Que l'on rende aussi les
chaussettes et tout ce qui est vieux, quand on
reçoit du neuf.
Ceux qui partent en voyage recevront du
vestiaire des caleçons, qu'il rendront lavés à leur retour, Leurs coules et leurs tuniques
seront un peu meilleures que celles qu'ils ont
d'habitude; ils les recevront du vestiaire quand
ils s'en iront et ils les rendront au retour.
Cependant les lits doivent être souvent inspectés par l'abbé, de peur qu'il ne s'y trouve
quelque objet qu'on se serait approprié. "Si
découvre quelque chose qui n'a pas été reçu de l'abbé, le coupable subira un châtiment
sévère. Et pour retrancher radicalement ce vice de la propriété, l'abbé donnera tout ce qui
est nécessaire : coule, tunique, chaussettes, souliers, ceinture, couteau, crayon, aiguille,
mouchoir, cahier, afin d'ôter tout prétexte de nécessité.
Que l'abbé, cependant, tienne toujours compte de cette sentence des Acte
Apôtres: « On donnait à chacun selon ses besoins. » "L'abbé prendra donc en considération les besoins des faibles et non la mauvaise
disposition des envieux. Mais qu'en tout
jugements, il pense au compte à rendre à Dieu.
LA TABLE DE L'ABBÉ
L'abbé aura toujours à sa table les hôtes et les pèlerins.
Cependant chaque fois qu'il n'y a pas d'hôtes, il pourra faire venir ceux des
frères qu'il voudra, 'pourvu qu'il laisse toujours avec les frères un ou deux anciens pour le bon
ordre.
LES ARTISANS DU MONASTÈRE
S'il y a des artisans au monastère, ils exerceront leur métier en toute humilité, à
condition que l'abbé le permette. 'Mais si jamais l'un d'eux s'enorgueillit de la connaissance qu'il
a de son métier, en voyant qu'il rapporte quelque chose au monastère, 'celui-là sera
relevé de son emploi et il n'y retournera plus, à moins qu'il ne se soit humilié et que l'abbé ne
lui ait commandé de s'y remettre.
Si un objet fabriqué par les artisans doit être vendu, ceux par qui se fera la transaction
veilleront à ne se permettre aucune fraude.
'Qu'ils se souviennent toujours d'Ananie et de Saphire, redoutant que la mort subie par ceux-ci
dans leur corps, eux-mêmes et tous ceux qui commettraient quelque fraude sur les biens du
monastère ne viennent à l'éprouver dans leur âme.
Dans les prix, que le mal de l'avarice ne
se glisse pas non plus, mais que l'on vende toujours un peu moins cher que les commerçants dans le monde,
« afin qu'en toutes choses Dieu soit glorifié ».
LES RÈGLES DE L'ADMISSION DES FRÈRES
Au nouveau venu dans la vie monastique, on n'accordera pas-une entrée facile,
mais comme le dit l'Apôtre, « éprouvez les esprits, pour
voir s'ils sont de Dieu. » Si donc l'arrivant
persévère à frapper, si, quatre ou cinq jours
durant, il se montre patient à supporter les
rebuffades et la difficulté de l'entrée et qu'il
persiste dans sa demande, on lui concédera
l'entrée et il passera quelques jours à l'hôtellerie. Mais ensuite il sera dans la maison où les
novices étudient, mangent et dorment, sous la
conduite d'un ancien apte à gagner les âmes, qui
les surveillera avec la plus grande attention. On
observera soigneusement si le novice cherche
vraiment Dieu, s'il est empressé à l'office divin,
à l'obéissance et aux humiliations. On l'avertira
de toutes les choses dures et âpres par lesquelles
on va à Dieu.
S'il promet de persévérer dans sa stabilité,
après une période de deux mois, on lui lira cette
Règle d'un bout à l'autre et on lui dira: « Voici
la loi sous laquelle tu veux servir et combattre
si tu peux l'observer, entre ; mais si tu ne peux
pas, tu es libre, pars. » 'S'il tient bon encore, on
le ramènera dans la maison des novices, et à nouveau on mettra sa patience à l'épreuve
de
toutes les manières.
"Après un délai de six mois, on lui lira la
Règle afin qu'il sache ce pour quoi il entre. "S'il tient toujours bon au bout,de quatre mois, on
lui relira encore la même Règle. "Et si, après
avoir bien réfléchi, il promet de tout garder et
d'observer tout ce qui lui sera commandé, alors
il sera reçu dans la communauté, "sachant
qu'en vertu de la loi de la Règle, il ne lui est plus
permis, à partir de ce jour, de sortir du
monastère, "ni de secouer le joug de cette
Règle qu'au terme d'une réflexion si prolongée il lui était loisible de récuser ou d'assumer.
"Celui qui doit être reçu fera à l'oratoire,
devant tous, une promesse concernant sa stabilité, sa pratique de la vie monastique et
l'obéissance, "en présence de Dieu et de ses
saints, en sorte que, si un jour il agissait
autrement, il se sache condamné par celui dont
il s'est moqué. De sa promesse il dressera un
acte au nom des saints dont les reliques sont en
ce lieu et au nom de l'abbé présent. Il écrira
cet acte de sa propre main ou, s'il est illettré, un
autre l'écrira sur sa demande et le novice lui même signera et le posera de sa main sur l'autel.
Après l'y avoir posé, le novice commencera
aussitôt ce verset: « Reçois-moi, Seigneur, selon
ta parole et je vivrai ; ne me déçois pas dans
mon attente. » Toute la communauté reprendra trois fois ce verset et ajoutera Gloria Patri.
Alors le frère novice se prosternera aux pieds
de chacun, afin qu'on prie pour lui, et à partir
S,il a des biens, il les aura donnés auparavant aux pauvres ou attribués au monastère par
une donation en forme, sans se réserver rien du tout, 'd'autant qu'à partir de ce jour, il le sait
il
n'aura même plus la libre disposition de son
propre corps. Qu'il soit donc dépouillé aussi
dans l'oratoire des effets personnels dont il était
vêtu et qu'on lui mette des vêtements
monastère. Les vêtements qu'on lui a enlevés seront déposés au vestiaire et conservés
afin que, si un jour, à l'instigation du diable, il
décidait, par malheur, à sortir du monastère il soit dépouillé de l'habit monastique, avant
d'être chassé. "Cependant on ne lui rendra pas l'acte de sa profession, que l'abbé aura repris sur
l'autel, mais on le conservera au monastère.