Chapitre 50


LES FRÈRES QUI TRAVAILLENT LOIN
DE L'ORATOIRE OU QUI SONT EN VOYAGE


Les qui sont à travailler très loin et qui ne peuvent arriver à temps à l'oratoire à l'abbé d'en juger ! - accompliront l'office divin là où ils travaillent, pénétrés d'une crainte divine et fléchissant les genoux. De même ceux qui sont en voyage n'omettront pas les heures prescrites, mais ils feront du mieux qu'ils peuvent en leur privé sans négliger de s'acquitter de l'obligation de leur service.



Chapitre 51

LES FRÈRES QUI S'EN VONT A PEU DE DISTANCE


LE frère qui est envoyé pour une commission quelconque et qui doit rentrer le jour même au monastère ne se permettra pas de manger au dehors, même s'il en est instamment prié par quelqu'un à moins que son abbé ne le lui ait dit. S'il agit autrement, il sera exclu de la vie commune.


Chapitre 52

L'ORATOIRE DU MONASTÈRE


L' ORATOIRE sera ce que signifie son nom. On n'y fera et on n'y déposera rien qui n'ait rapport à la prière. L'office divin achevé, tous sortiront dans le plus grand silence et on témoignera du respect à Dieu ; ainsi le frère qui veut prier en son particulier n'en sera pas empêché par l'indiscrétion d'un autre. Par ailleurs, quand quelqu'un veut prier à part soi, qu'il entre simplement et prie, non à haute voix mais avec larmes et application du coeur. Celui qui ne fait pas cela ne sera donc pas autorisé à rester à l'oratoire, une fois l'office divin achevé, comme on l'a dit, pour que personne n'en soit gêné,



Chapitre 53

LA RÉCEPTION DES HÔTES


Tous les hôtes qui se présentent seront reçus comme le Christ, car lui-même dira: j'ai été votre hôte, et vous m'avez reçu»; et à tous on rendra les égards qui s'imposent, surtout aux proches dans la foi et aux pèlerins. Lors 
qu'un hôte aura été annoncé, le supérieur et les frères  iront au devant de lui avec tout le dévouement de la charité. Ils commenceront par prier ensemble et ensuite ils se donneront le baiser de paix. Ce baiser de paix ne s'échangera qu'après une prière préalable, à cause des ruses du diable. Dans la salutation elle-même on témoignera la plus grande humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui s'en vont : la tête inclinée ou le corps prosterné à terre,on adorera en eux le Christ lui -même qu'on reçoit.
Une fois accueillis, les hôtes seront conduits à la prière, puis le supérieur, ou celui qu'il aura chargé, s'assiéra avec eux. 'On lira devant l'hôte la loi divine pour son édification, et après  cela on lui offrira tout ce dont il a besoin. 
Le jeûne sera rompu par le supérieur à cause de l'hôte, sauf si c'est un jour de jeûne important qu'on ne peut enfreindre; les frères, eux garderont les jeûnes accoutumés.
L'abbé versera l'eau sur les mains des hôtes et, avec la communauté entière, il lavera les pieds à tous les hôtes. Après les avoir lavés, on dira le verset: « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple. » "C'est surtout en accueillant les pauvres et les pèlerins qu'on montrera un soin particulier, parce qu'en eux on reçoit davantage le Christ; pour les riches, en effet, la crainte qu'ils inspirent porte d'elle-même à les honorer.
La cuisine de l'abbé et des hôtes sera à part,  pour éviter que les hôtes, qui surviennent à des heures incertaines et qui ne manquent jamais au monastère, ne dérangent les frères. "Dans cette cuisine entreront en charge pour une année deux frères aptes à remplir cet office. "S'ils en ont besoin, des aides leur seront donnés, pour qu'ils servent sans se plaindre, et par contre, quand ils auront moins d'occupation, ils s'en iront travailler où on leur commandera. "Cette considération ne vaut pas seulement pour eux, mais pour tous les services du monastère : "on accordera des aides aux frères lorsqu'ils en ont besoin, et quand de nouveau ils sont inoccupés, ils obéiront aux ordres qu'on leur donnera.
"Un frère animé de la crainte de Dieu sera préposé à l'hôtellerie, "et il y aura là suffisamment de lits garnis. La maison de Dieu doit être administrée avec sagesse par des sages.

'Nul n'aura de rapport ni de conversation avec les hôtes, s'il n'en a reçu l'ordre, mais celui qui les rencontre ou les aperçoit les saluera humblement, comme nous l'avons dit, et, après avoir demandé la bénédiction, il se retirera en disant qu'il ne lui est pas permis de s'entretenir avec un hôte.


Chapitre 54

UN MOINE PEUT- IL RECEVOIR
DES LETTRES OU QUELQUE OBJET ?


IL EST absolument interdit à un moine de recevoir de ses parents ou de qui que ce soit,. pas même d'un autre moine, lettres, offrandes
ou petits cadeaux quelconques, ni d'en donner,sans la permission de l'abbé. Dans le cas où ses parents lui adressent quelque chose, il ne se
permettra pas de le recevoir avant que l'abbé ait été informé. 'Si l'abbé dit de l'accepter, il lui appartiendra encore de décider à qui le
donner; 'et le frère à qui l'objet avait été adressé ne s'en attristera pas, pour ne pas donner prise au diable. 'Celui qui se permettrait
d'agir autrement subira les sanctions de règle.

 


Chapitre 55

LA FAÇON DONT LES FRÈRES
SONT VÊTUS ET CHAUSSÉS


Les vêtements seront donnés aux frères selon la nature des lieux où ils habitent et les conditions du climat, 'car dans les régions froides il faut davantage que dans les régions chaudes. 'C'est à l'abbé d'en juger. "A notre avis cependant, dans les régions tempérées, il suffit aux moines d'avoir chacun une coule et une tunique coule épaisse en hiver, mince ou usée en été - 'ainsi qu'un scapulaire pour le travail, et, pour envelopper les pieds, des chaussettes et des souliers.
De la couleur et de la qualité de tous ces effets, les moines ne se tracasseront pas; elles seront telles qu'on peut les trouver dans la province où ils habitent et au plus bas prix.
'Que l'abbé veille cependant aux mesures, de façon que les vêtements ne soient pas trop courts pour ceux qui les portent, mais à leur taille. 'Ceux qui en reçoivent de neufs rendront toujours aussitôt les vieux, qui seront déposés au vestiaire pour les pauvres. "Il suffit en effet à un moine d'avoir deux tuniques et deux coules, pour en changer la nuit et pour pouvoir les laver.  'Ce qu'il y aurait en plus est du superflu et doit être retranché. Que l'on rende aussi les chaussettes et tout ce qui est vieux, quand on reçoit du neuf.
Ceux qui partent en voyage recevront du vestiaire des caleçons, qu'il rendront lavés à leur retour, Leurs coules et leurs tuniques seront un peu meilleures que celles qu'ils ont d'habitude; ils les recevront du vestiaire quand ils s'en iront et ils les rendront au retour.

Comme literie, il suffira d'une natte, d'un drap, d'une couverture de laine et d'un oreiller.
Cependant les lits doivent être souvent inspectés par l'abbé, de peur qu'il ne s'y trouve quelque objet qu'on se serait approprié. "Si découvre quelque chose qui n'a pas été reçu de l'abbé, le coupable subira un châtiment sévère. Et pour retrancher radicalement ce vice de la propriété, l'abbé donnera tout ce qui est nécessaire : coule, tunique, chaussettes, souliers, ceinture, couteau, crayon, aiguille, mouchoir, cahier, afin d'ôter tout prétexte de nécessité.
Que l'abbé, cependant, tienne  toujours compte de cette sentence des Acte Apôtres: « On donnait à chacun selon ses besoins. » "L'abbé prendra donc en considération les besoins des faibles et non la mauvaise disposition des envieux. Mais qu'en tout jugements, il pense au compte à rendre à Dieu.

 


Chapitre 56

LA TABLE DE L'ABBÉ


L'abbé aura toujours à sa table les hôtes et les pèlerins.  Cependant chaque fois qu'il n'y a pas d'hôtes, il pourra faire venir ceux des frères qu'il voudra, 'pourvu qu'il laisse toujours avec les frères un ou deux anciens pour le bon ordre.



Chapitre 57

LES ARTISANS DU MONASTÈRE


S'il y a des artisans au monastère, ils exerceront leur métier en toute humilité, à condition que l'abbé le permette. 'Mais si jamais l'un d'eux s'enorgueillit de la connaissance qu'il a de son métier, en voyant qu'il rapporte quelque chose au monastère, 'celui-là sera
relevé de son emploi et il n'y retournera plus, à moins qu'il ne se soit humilié et que l'abbé ne lui ait commandé de s'y remettre.
 Si un objet fabriqué par les artisans doit être vendu, ceux par qui se fera la transaction veilleront à ne se permettre aucune fraude.
'Qu'ils se souviennent toujours d'Ananie et de Saphire, redoutant que la mort subie par ceux-ci dans leur corps, eux-mêmes et tous ceux qui commettraient quelque fraude sur les biens du monastère ne viennent à l'éprouver dans leur âme. Dans les prix, que le mal de l'avarice ne
se glisse pas non plus, mais que l'on vende toujours un peu moins cher que les commerçants dans le monde, « afin qu'en toutes choses Dieu soit glorifié ».



Chapitre 58

LES RÈGLES DE L'ADMISSION DES FRÈRES


Au nouveau venu dans la vie monastique, on n'accordera pas-une entrée facile, mais  comme le dit l'Apôtre, « éprouvez les esprits, pour voir s'ils sont de Dieu. » Si donc l'arrivant persévère à frapper, si, quatre ou cinq jours durant, il se montre patient à supporter les rebuffades et la difficulté de l'entrée et qu'il persiste dans sa demande, on lui concédera l'entrée et il passera quelques jours à l'hôtellerie. Mais ensuite il sera dans la maison où les novices étudient, mangent et dorment, sous la conduite d'un ancien apte à gagner les âmes, qui les surveillera avec la plus grande attention. On observera soigneusement si le novice cherche vraiment Dieu, s'il est empressé à l'office divin, à l'obéissance et aux humiliations. On l'avertira de toutes les choses dures et âpres par lesquelles on va à Dieu.
S'il promet de persévérer dans sa stabilité, après une période de deux mois, on lui lira cette Règle d'un bout à l'autre et on lui dira: « Voici la loi sous laquelle tu veux servir et combattre si tu peux l'observer, entre ; mais si tu ne peux pas, tu es libre, pars. »  'S'il tient bon encore, on le ramènera dans la maison des novices, et à nouveau on mettra sa patience à l'épreuve de toutes les manières.
"Après un délai de six mois, on lui lira la Règle afin qu'il sache ce pour quoi il entre. "S'il tient toujours bon au bout,de quatre mois, on lui relira encore la même Règle. "Et si, après avoir bien réfléchi, il promet de tout garder et d'observer tout ce qui lui sera commandé, alors il sera reçu dans la communauté, "sachant qu'en vertu de la loi de la Règle, il ne lui est plus permis, à partir de ce jour, de sortir du monastère, "ni de secouer le joug de cette Règle qu'au terme d'une réflexion si prolongée il lui était loisible de récuser ou d'assumer.
"Celui qui doit être reçu fera à l'oratoire, devant tous, une promesse concernant sa stabilité, sa pratique de la vie monastique et l'obéissance, "en présence de Dieu et de ses saints, en sorte que, si un jour il agissait autrement, il se sache condamné par celui dont il s'est moqué. De sa promesse il dressera un acte au nom des saints dont les reliques sont en ce lieu et au nom de l'abbé présent. Il écrira cet acte de sa propre main ou, s'il est illettré, un autre l'écrira sur sa demande et le novice lui même signera et le posera de sa main sur l'autel. Après l'y avoir posé, le novice commencera aussitôt ce verset: « Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai ; ne me déçois pas dans mon attente. » Toute la communauté reprendra trois fois ce verset et ajoutera Gloria Patri. Alors le frère novice se prosternera aux pieds de chacun, afin qu'on prie pour lui, et à partir
de ce jour il fera Partie de la communauté.
S,il a des biens, il les aura donnés auparavant aux pauvres ou attribués au monastère par une donation en forme, sans se réserver rien du tout,  'd'autant qu'à partir de ce jour, il le sait il n'aura même plus la libre disposition de son propre corps. Qu'il soit donc dépouillé aussi dans l'oratoire des effets personnels dont il était vêtu et qu'on lui mette des vêtements monastère. Les vêtements qu'on lui a enlevés seront déposés au vestiaire et conservés afin que, si un jour, à l'instigation du diable, il décidait, par malheur, à sortir du monastère  il soit dépouillé de l'habit monastique, avant d'être chassé. "Cependant on ne lui rendra pas l'acte de sa profession, que l'abbé aura repris sur l'autel, mais on le conservera au monastère.

 

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