LA MANIÈRE DE PSALMODIER DIGNEMENT
Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur
regardent
en tout lieu les bons et les méchants ». Cependant croyons-le surtout sans le moindre
doute quand nous nous tenons à l'office divin.
'Aussi souvenons-nous toujours de ce que dit le Prophète : «Servez le Seigneur
dans la crainte » et encore : « Psalmodiez attention », 'et: « En présence des
anges je te chanterai des psaumes. » Considérons donc comment il faut être sous le regard de
la divinité et de ses anges et tenons-nous pour psalmodier
de telle sorte que notre esprit soit à l'unisson de notre voix.
LE RESPECT DANS LA PRIÈRE
QUAND nous voulons soumettre une requête à de grands personnages, nous ne
l'osons
qu'avec humilité et respect ; combien plus faut-il supplier le Seigneur Dieu de
l'univers
en
toute humilité et dévotion sincère. Et, sachons le ce n'est pas dans un flot de paroles mais
dans la
pureté du coeur et les larmes de la componction que nous serons exaucés. 'C'est pourquoi
la
prière doit être brève et pure, sauf le cas où elle se prolongerait sous l'effet d'un
sentiment inspiré par la grâce divine. 'En communauté cependant, la prière sera toujours très
brève et
au signal du supérieur, tous se lèveront ensemble
LES DOYENS DU MONASTÈRE
Si la communauté est nombreuse, on y choisira des frères de bon renom et de vie
sainte et on les nommera doyens. Ils exerceront leur sollicitude sur leurs décanies en toutes
choses selon les commandements de Dieu et les
ordres de leur abbé. 'Les doyens seront choisis
tels qu'en toute sûreté l'abbé puisse, en partie,
se décharger sur eux ; "et leur choix se fera non
d'après le rang mais selon le mérite de la vie et
la sagesse de la doctrine.
'S'il arrivait que l'un de ces doyens, gonflé de
son importance, soit trouvé répréhensible, on le corrigera une première, une deuxième et une
troisième fois; s'il ne veut pas s'amender, on le destituera et l'on mettra à sa place un autre qui
en soit digne. 'Pour le prieur aussi, nous établissons la même règle.
LES MOINES AU DORTOIR
Qu'ils dorment chacun dans un lit. Ils recevront la literie donnée par l'abbé en
conformité
avec leur genre de vie. 'Si possible, que tous dorment dans un même local mais si
le grand nombre ne le permet qu'ils reposent par dix ou par vingt, avec des
anciens pour veiller sur eux. 'Une lampe brûlera,
continuellement dans le dortoir jusqu'au matin.
'Ils dormiront vêtus et ceints d'une courroie ou d'une corde, sans garder leur
couteau au
côté pour ne pas se blesser durant le sommeil Ainsi les moines seront toujours
prêts et aussitôt le signal donné, ils se lèveront sans retard et s'empresseront de se devancer
les uns les autres à l'office divin, avec le plus grand sérieux cependant et avec modestie
'Les plus jeunes frères n'auront pas leur lits voisins les uns des autres mais
intercalés avec ceux des-anciens,
En se levant pour l'office divin, ils s'exhorteront discrètement les uns les autres
pour ôter tout prétexte aux dormeurs.
L'EXCLUSION POUR LES FAUTES
Un frère se montre-t-il entêté, désobéissant, orgueilleux ou mécontent, réfractaire
à quelque point de la sainte Règle et méprisant les ordres de ses anciens
,il sera secrètement admonesté une première et une deuxième
fois par ses anciens selon le précepte die Notre Seigneur. 'S'il ne s'amende pas, qu'il
soit réprimandé publiquement devant tous. 'Au cas où même ainsi il ne se corrigerait
pas, il sera exclu de la vie commune, pourvu qu'il comprenne la gravité de cette peine; car s'il y est
insensible, on lui infligera un châtiment corporel.
LES MODALITÉS DE L'EXCLUSION
Les modalités de l'exclusion ou du châtiment doivent être proportionnées à la gravité de
la faute ; et cette appréciation des fautes relève du Jugement de l'abbé.
'Si un frère est reconnu coupable de fautes légères, il sera privé de la
participation à la table commune. 'Or voici quel sera
le régime de celui qui est privé de la table commune: à l'oratoire il ne chantera ni psaume
ni antienne et ne fera pas de lecture jusqu'à ce qu'il ait réparé sa faute. 'Sa nourriture, il la
prendra seul, après le repas des frères; si par exemple les frères mangent à midi, il
mangera lui à 3 heures; si les frères mangent à 3 heures,
lui mangera le Soir et cela jusqu'à ce qu'il ait obtenu son pardon moyennant une réparation
satisfaisante.
LES FAUTES GRAVES
Le frère reconnu coupable d'une faute grave sera exclu simultanément de la
table et de
l'oratoire. 'Aucun frère ne se joindra à lui pour aucun rapport ni entretien ; 'il sera
seul au travail qui lui est assigné, persistant le deuil de la pénitence et se sachant sous le
coup de la terrible sentence de l'Apôtre : « Cet homme-là a été livré à la mort dans sa chair
pour que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur>> Son repas, il le prendra seul, en la mesure
et à l'heure que l'abbé aura jugées convenables.
Aucun de ceux qui le rencontrent ne le bénira,
et on ne bénira pas non plus la nourriture qu'on lui donne.
LES FRÈRES QUI, SANS MANDAT, ENTRENT EN RAPPORT AVEC LES FRÈRES EXCLUS
Si un frère se permet, sans mandat de l'Abbé d'entrer en rapport avec un frère
exclu,
de parler avec lui ou de lui envoyer un message, il subira la même peine de l'exclusion
LA SOLLICITUDE DONT L'ABBÉ DOIT ENTOURER LES FRÈRES EXCLUS
Qu'en toute sollicitude l'abbé prenne soin
des frères coupables, car « ce ne sont pas les
biens-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades ».
Il doit donc, tel un habile médecin, user de tout moyen : mettre en jeu le
truchement
de frères anciens et sages qui, comme à la dérobée, aideront le frère désemparé
et l'engageront à une humble réparation,le consolant pour qu'il ne sombre pas dans une
,tristesse excessive » ; 'mais, comme le dit encore l'Apôtre, « qu'on redouble de charité à son
égard » et que tous prient pour lui.
L'abbé doit en effet déployer la plus grande sollicitude et s'empresser en toute sagacité et
,habileté pour ne perdre aucune des brebis qui lui sont confiées.
Qu'il le sache bien, il a reçu le soin d'âmes malades et non un pouvoir
despotique sur des âmes en bonne santé. QU'il
,,redoute la menace du Prophète disant au nom
,de Dieu : « Ce que vous voyiez de gras, vous
.vous l'adjugiez, et ce qui était débile, vous le
rejetiez. » 'Il imitera l'exemple de tendresse du
bon Pasteur, qui, laissant quatre-vingt-dix -neuf
brebis dans les montagnes, partit à la recherche'
de l'unique brebis égarée ; 'il compatit tellement à sa faiblesse qu'il daigna la prendre sur ses
épaules sacrées et la rapporter ainsi au troupeau.
LES FRÈRES QUI, SOUVENT CORRIGES NE VEULENT PAS S'AMENDER
Si un frère, fréquemment corrigé pour quelque faute, ne s'amendait pas
même après avoir été exclu de la vie commune on en viendra pour lui à une punition plus rude
c'est à-dire qu'on lui infligera le châtiment du fouet.
'Si par là il ne se corrigeait pas non plus et si même, par malheur, il lui arrivait de
s'enfler d'orgueil jusqu'à vouloir justifier ses actes que l'abbé fasse alors comme un habile médecin:
après avoir administré les calmants et les onguents des exhortations, les remèdes
des divines Écritures et finalement le cautère de l'exclusion et des coups de
fouet s',il voit que décidément son art est impuissant,
il aura encore recours à un plus grand moyen, sa prière,et celle de tous les frères 'afin qui le Seigneur, qui peut tout,
opère le salut
de ce frère malade. Au cas où, même par ce moyen il ne serait pas guéri, alors l'abbé usera
du fer pour amputer, selon la parole de l'Apôtre:
« Retranchez le mauvais du milieu de vous"et encore : « Si l'infidèle s'en va, qu'il
s'en
aille », 8pour qu'une seule brebis infectée ne contamine pas tout le troupeau.
L'ACCUEIL DES FRÈRES QUI REVIENNENT AU MONASTÈRE APRÈS EN ÊTRE SORTIS
Si un frère, sorti du monastère par sa faute, veut y revenir, il promettra d'abord de
s'amender totalement de ce pour quoi il est
'sorti, 'et alors il sera reçu au dernier rang, afin
de prouver par là son humilité. 'S'il sort de
,nouveau, il sera reçu ainsi jusqu'à trois fois, mais
en sachant qu'ensuite toute possibilité de retour lui sera refusée.
LA MANIÈRE DE CORRIGER LES JEUNES ENFANTS
Chaque âge et degré d'intelligence doit avoir son traitement approprié. 'C'est pourquoi,
toutes les fois que des enfants, des adolescents, et ceux qui sont incapables de comprendre la
peine de l'exclusion, :'commettent une faute, ils
,seront astreints à des jeûnes sévères ou fouettés
,rudement pour qu'ils se corrigent.