Frère François, je vous remercie de m'accepter parmi vous.
Quelquechose a attiré l'attention, dans les courriers que
vous nous avez adressé,et les textes envoyées par ceux du
groupe.Je me pose une question à ce sujet.Pourriez-vous
m'éclairer ?

Eprouvant quelques difficultés à suivre le Carême de la
façon dont j'aimerais le faire, au fil de tous les textes
du groupe, je suis les jours qui se décomptent :
j - 10, j +5, j + 10
Le temps qui passe ne fait rien à l'affaire et,
au bout de ce chemin-là, que croyez-vous qu'il puisse se
produire ?
Cette période sacrée, ascèse, ne vaut-elle pas à titre
d'exercice ?
Exercice pour l'être qui le parcoure, afin de s'approcher
un peu de ...
La voie qu'il choisit est en l'occurence celle de la
Tradition Chrétienne.
Pour nos frères Musulmans, la période du Ramadan n'est-elle
pas une occasion, par la discipline qu'elle PROPOSE aux
fidèles, une occasion de s'approcher de LUI ?
Simplement cela. Pour le reste, advienne ce qui pourra.
In'sh Allah
L'humilité. Celle de s'abstenir de dé-compter, de tenir des
comptes
Simplement, essayer de vivre en conformité avec SA Loi.
Amen.
_________________________________________________________

Benedictus et pax+

Merci pour cette lettre.
il est bien sûr normal d'avoir des difficultés à suivre le rythme imposé par ces textes qui se veulent simplement des ouvertures sur quelques points importants pour se mettre sur la route...le tout étant à accomplir avec le temps...le Carême n'étant que l'occasion d' une "formation" ou un effort plus intense...le reste une vie n'y suffit point...

Aussi je le répète : si ces textes ne vous parlent point ou vous semblent trop abstraits ou se succèdent à rythme trop rapide pour vous, copiez les et gardez les ...pour plus tard...vous saurez au moins qu'ils existent et quand vous aurez le temps ou le courage vous aurez tout loisir de les reprendre en toute tranquillité

Ce qui se produit au bout du chemin ?  vous l'avez peut-être déjà éprouvé et en tout cas la semaine prochaine y est consacrée

Pour ce qui est de ta comparaison avec l'Islam nos approches sont un peu différentes en ce sens que les croyants de l'Islam acceptent de subir sans rien dire une fatalité qu'ils estiment venir du Très Haut et Très Miséricordieux
et se suivre des règles édictés par LUI
il y a là une grande valeur mais cette liste ne permet pas d'en discuter ni de détailler plus car elle est réservée au Carême ( mais n'hésite pas à reposer cette question sur un autre forum ou en courrier privé)
En fait les deux positions sont très proche en profondeur et le deux courants le disent ou l'expriment simplement différement

L'approche chrétienne elle se veut différente , rejetant l'idée d'une prédestination ( mais qui existe en fait au fond de nos gènes), s'estimant libre  devant une finalité qui le dépasse , désireuse de comprendre aussi...mais rejoignant l'Islam comme tu le dis fort bien lorsqu'elle " accepte de Lui faire confiance dans l'Abandon à Sa grâce" et de suivre l'Esprit qui la guide parfois à travers la nuit obscure des sens et des significations.

Merci ami de m'avoir permis de préciser cela

et bonne suite de Carême

ff+

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Dans un e-mail daté du 27/02/02 16:50:29 Europe de l'Ouest, regisxxx@ifrance.com a écrit :


Je viens de suivre un stage ‘ sur les chemins de l’intériorité ‘ avec Daniel Maurin ( via l’association ‘Terre du ciel’, ) qui m’a énormément apporté.. Connaissez-vous ?

Benedictus et Pax+

Merci de votre lettre et de vos encouragements, cela change d'autres lettres moins gentilles de certains
Je ne connais pas ce Monsieur Maurin à mon grand regret...mais je suis ermite...


’autre part, j’ai suivi dimanche dernier le conférence de Carême.
Le prêtre mettait en garde les catholiques contre les spiritualités orientales. A l’expérience psychologique des états de conscience modifiés, il opposait la foi et la transcendance. Il reproche aux spiritualités orientales le ‘psychologisme’,

C'est l'argument de ceux qui ne connaissent ces spiritualités que dans les livres et le filtre de leur pensée occidentale et ne font pas l'effort de l'immersion et de la compréhension vraie dans l'amour...en enlevant leurs filtres ou leurs lunettes culturelles

le côté expérimental et individuel, le relativisme, le repli sur soi.. etc L’église rend

suspecte toute expérience individuelle.
L'Eglise est une organisation qui comme telle n'aime pas la chute de ses effectifs

Au ‘Soi’ ( d’ailleurs fort mal compris par le prêtre, à mon avis…) elle oppose la

transcendance de Dieu et sa personnalité face à l’homme ( face à face..), l’ idée de ‘révélation’… Je pense que le débat est intéressant… Je préfèrerais pouvoir faire le lien entre les deux traditions, et mon attachement au christianisme fait que j’aimerais pouvoir lui donner la préférence… ! Mais ce que l’église appelle ‘égarement’, j’aurais tendance à l’appeler:‘ émancipation des ‘ fidèles’ ‘. Cette réaction du type ‘adulte-enfant’ n’est-elle pas affligeante.. Pourquoi fait-elle cela ? ( je veux parler des ‘bonnes raisons’ ; je laisse les moins bonnes :‘le pouvoir’ ..etc) Depuis quand ? Qu’en dit Jésus ?…

Ceux qui prétendent parler de Dieu m'ont toujours fait sourire...ils projettent sur ce concept leurs désirs ou les archétypes non assumés de leur subconscient
en fait comme vous le dites il s'agit là de pouvoir d'Eglise...une Eglise qui se raidit devant une opinion de plus en plus rétive à suivre son "système" les yeux bandés
Jésus n'en dit rien...Il se dressait contre tous les systèmes qui prétendaient enfermer l'Ultime
et puis vous savez ...que sait-on du Nazaréen? ...et de ce qu'il a vraiment dit...
les dernières publications des historiens ne sont pas très "encourageantes" pour défendre l'image que l'Eglise avait patiemment construite  de lui au cours des âges...mais nous dérivons


J
’ai, aussi, du mal à définir ce qu’est la ‘foi’… j’ai tendance à raccrocher cette notion à ‘crédulité’, j’y mettrai bien ‘confiance ‘ mais on pense alors à ‘réponse à une peur’… Je préfèrerai le mot ‘ connaissance’ mais à partir de quoi ? A partir de ‘l’expérience’, mais n’est ce pas trop subjectif.. ? Etc… Que de questions.. !
"Un je ne sais quoi que je ne saurai dire " disait simplement St Jean de la Croix
donner du sens a ce que nous vivons...le terme de confiance me va bien s'opposant seulement a notre crainte que tout ce que nous vivons ne soit qu'absurde " à nos yeux"
croire est déjà plus difficile
quand à la connaissance..qui peut prétendre l'avoir et ne pas se leurrer ?

Vous pouvez lire si vous n'avez pas peur des marges de l'ermite ce texte

http://rmitte.free.fr/ultime/perma.htm

Bonne fin de Carême

Bien fraternellement

ff+

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Benedictus et Pax+

Merci d'être toujours fidèle à notre rendez vous de Carême que j'allège un peu ne vous prosant aujourd'hui que des textes que vous pourrez aussi méditer pendant ce Week-End

L'humilité nous conduit à la nécessaire acceptation des choses ainsi que vous l'expliquera le texte que j'ai rédigé à votre intention n'ayant rien trouvé de simple sur le sujet et que je vous demande de lire et de méditer lentement comme une prière
J'y joindrai 2 ou 3 textes un de Isaac le Syrien et puis bien sûr la fameuse échelle d'humilité de Benoit de Nurcie qui a elle seule pourrait remplir la méditation d'un Carême, et enfin peut-être un autre texte de Isaac ou bien de Dorothée de Gaza pour changer un peu...et un Psaume à mâchouiller...
( tout cela n'étant surtout pas à ingurgiter en une seule fois, mais je vous le répète prenez ce qui vous convient le mieux...gardez le reste pour une autre fois)

La semaine prochaine nous nous éléverons dans les hauteurs en parlant de la nécessaire purification, de l'Hésychia et de la Rencontre...ou plutôt en suggérant tout cela qui est expérience tellement personnelle...

N'hésitez point à confier sur cette liste vos doutes, difficultés, espoirs ou suggestions et bien sûr intentions de prières...cette liste est pour cela
à cette occasion je vous demande de prier pour l'une de nos soeur Geneviève qui a du nous quitter désolée mais handicapée mentale et n'arrivant pas à suivre notre rythme elle a voulu s'en ouvrir en toute simplicité et comme elle doit bientôt reçevoir le sacrement des malades début Mars je vous la confie à votre prière et à votre compassion .Merci.

Alors passez ( déjà) un bon Week-End
Je vous retrouve lundi ou mardi  toujours en Carême

bien fraternellement

frere francois+


Ce texte est à méditer lentement en faisant des pauses...comme on le ferait pour une prière

L'Acceptation


L'humilité conduit à l'acceptation...
l'acceptation du monde dans lequel on est bon gré malgré plongé,
l'acceptation des autres tels qu'ils sont avec leurs lourdeurs, leurs défauts, leurs manies ou leurs vices...
leurs aveuglements, leur myopie...
mais l'acceptation de leur coeur aussi...

Nous devons aussi éprouver l'acceptation de notre condition humaine,
l'acceptation de nous même,
l'acceptation de notre image qui sans cesse se dégrade,  se fane et se détruit
accepter nos ombres,  nos refoulements...
ces  parties du subconscient qui se révèlent à l'occasion d' événemenst imprévus..ou d' intrsospections...

Nous devons accepter  notre humus, notre matérialité, notre poussières,
accepter nos limites, nos faiblesses...mais aussi nos lumières,
et il sera alors tout autant difficile d'accepter parfois notre unique beauté ,
notre intelligence,
notre grandeur,
notre noblesse
il faut parfois encore beaucoup plus d'humilité  pour s'accepter génial...ou beau... ou unique... en acceptant que ce ne soit pas de notre faute !

Oui , s'accepter tel que l'on est
qu'on en rajoute en plus ou en moins et revoilà le mensonge et l'illusion
car l'humilité vraie c'est la vérité, c'est être ce que l'on est
accepter ses limites
mais aussi l'Infini qui est dans ces limites
plus un homme sait ce qu'il sait
plus il sait qu'il ne sait rien, qu'il ne sait pas...

Vivre l'humilité c'est aussi accepter de reconnaître sa divinité comme on a accepté de reconnaître son humanité
et accepter de reconnaître enfin aussi cet Infini qui se manifeste dans nos limites

Apprenez de moi que je suis homme... apprenez de moi que je suis Dieu disait  le Nazaréen ( il parlait bien sûr au nom de nous tous)

Être humble c'est accepter d'être soi
être soi même aussi bien devant les hommes que devant Dieu
accepter de rejeter nos peurs
prendre l'habitude d'être soi même devant soi même d'abord
et bien sûr devant Dieu...
avant de l'être devant les autres mais avec prudence  ( parole de Nazaréen)
car il ne faut pas se mettre nu devant tout le monde...
... on se fait dévorer...

L'orgueil c'est l'illusion et si on se doit d'être fier
être fier de ce que l'on est, du don que Dieu nous a fait
être fier de l'être et de la forme qu'IL nous a donné
C'est le moi (ego) qui est fier du Soi qui est en lui
alors que dans l'orgueil c'est le moi (ego) qui est content du moi (ego)
rejouant à plaisir le drame de  Narcisse...

content de ce qui n'a pas de consistance..de ce qui n'est qu'illusion...

 être vaniteux ce n'est pas n'être pas sûr de soi ou ne pas se connaître
c'est avoir besoin d'en rajouter, de raconter des histoires pour donner consistance à son ego
c'est être angoissé de n'être pas sûr d'exister
de ne pas accepter son néant, son non-être...

Ce non -être indispensable pour que l'Être se manifeste en vérité...

l'humilité c'est accepter ce néant ce vide  dans lequel se manifeste la Lumière
" vanité des vanités tout est vanité "
le mot hébreux de vanité est buée
buée de buée tout est buée

et l'homme humble connaît sa buée
l'orgueilleux lui a peur de son manque, de son rien...de sa buée...

Nous vivons une société d'avoirs car nous manquons d'êtres qui se connaissent en vérité
de personnes qui acceptent de se découvrir à eux même
et nous pensons combler notre manque d'être avec de l'avoir
avoir des diplomes, avoir de grosses voitures, avoir des amis, avoir des enfants...

Or il ne s'agit pas d'opposer l'être à l'avoir mais l'être et l'avare
l'avare est celui qui s'approprie l'avoir
avoir c'est bon si on le partage
avoir des amis sans les posséder
avoir des enfants sans les monopoliser ni les étouffer
avoir de l'intelligence sans l'utiliser et la donner
avoir une famille et s'y enfermer...
Il faut oser le partage  !

Il faut apprendre à savoir se servir de l'avoir pour être plus sans posséder pour autant
simplement  pour mieux permettre l'être...et aux autres d'être...

N'oublie pas non plus ce que les pères du désert nous le proclament:

" Chrétien souviens -toi de ta dignité
souviens toi que tu es un autre christ"


Ce que le Christ a incarné nous avons nous aussi à l'incarner
Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu...

Certains aimaient raconter cette fable

« l'histoire du fils du roi qui un jour tomba malade. Il oublie qu'il est fils du roi et se prend pour un dindon ! Il se déshabille et va sous la table. Il est nu, imite le gloussement du dindon et mange de petites graines... Pour le roi, il est terrifiant de voir ainsi son fils, son héritier, le futur maitre du royaume, qui glousse, qui devient un dindon ! Le roi et la reine appellent alors tous les psychiatres de l'époque : des sages, des mages, afin qu'ils sauvent leur fils devenu complètement fou. Des sages arrivent, tentent de le soigner, mais tous échouent !
Le temps passe, jusqu'à ce que se présente un autre sage (qui n'a d'ailleurs pas l'air d'un sage, mais qui doit sans doute l'être puisqu'on l'annonce comme tel ... ). À la surprise générale, l'homme se déshabille, va sous la table et commence à glousser, à manger des graines. Mais le fils du roi devenu dindon s'exclame: « Ça ne va pas non ! Ca ne va pas... ! Tu ne vas pas faire comme moi ! Je suis un dindon... N'as-tu pas vu qui je suis
Cependant, le sage répond : « Moi aussi, je suis un dindon ! ». Et petit à petit, ils lient conversation, nus sous la table. Ils mangent leurs graines, rient des hommes, enfin s'amusent beaucoup... Le temps passe, et un jour le dindon-sage demande quelques aliments de la table royale. Le dindon-fils de roi s'écrie : « Ça ne va pas non ! Tu ne vas pas te mettre à manger comme EUX » Mais l'autre, très calme lui répond : « Ne t'inquiète pas, ne t'inquiète pas... Ce n'est pas parce qu'on mange comme des hommes que l'on cesse d'être des dindons. Ce n'est pas grave. Nous pouvons manger comme eux, mais nous sommes toujours des dindons. Nous pouvons même jouer à manger comme eux ... »
Alors tous deux se mettent à prendre les mets de la table royale. Le temps passe encore, puis un jour le dindon-sage met un caleçon, des chaussettes... Le dindon-fils de roi s'écrie encore : « Ça ne va pas, non ! Tu ne vas pas t'habiller comme EUX ! » Mais le sage le rassure à nouveau : « N'aie pas peur, n'aie pas peur... On s'habille comme eux, mais on reste toujours les dindons que nous sommes... »
L'histoire continue ainsi jusqu'à ce que le dindon redevienne fils de roi, se souvienne de son identité première.
C'est une histoire simple... Mais c'est l'histoire même du Christ !

 Le Christ, c'est le sage qui fait le dindon avec nous, qui mange les même graines que nous, et  nous dit: « Oh... Ce n'est pas parce que tu aimes, ce n'est pas parce que tu deviens Dieu que tu cesses d'être un homme ! N'aie pas peur... N'aie pas peur... Ce n'est pas parce que tu deviens divin, que tu cesseras d'être humain! ».

C'est ainsi que petit- à petit l'homme retrouve sa dignité.
Il se souvient qu'il est fils de Roi...
 
En fait, notre malheur est que nous avons oublié que nous sommes les fils de Dieu. 
Que nous sommes les fils du Vent, les fils du Ciel... 

Et le Christ, peu à peu, nous rééduque.

 Il nous dit: « Aime tes ennemis. Pardonne. Mais ce n'est parce que tu pardonnes que tu cesses d'être un homme, ce n'est pas parce que tu es heureux, parce que tu pries, que tu cesses d'être un homme. 
Ce n'est pas parce que tu deviens Dieu que tu es moins homme pour autant... »

L'homme aurait-il peur de perdre ses faiblesses ?
Hélas...Oui !

 Il a peur de perdre le connu, et de s'ouvrir à l'infini...

peur en perdant son petit ego illusoire de se noyer dans le grand tout
alors qu'il ne s'agit pas de perdre mais simplement de s'ouvrir...
à dépasser" en ce moment le souffle qui me traverse, impersonnel... il fait partie du cosmos...

Mais  ce souffle prend en moi une forme personnelle:...
il prend votre regard, votre façon de respirer, d'être, d'aimer d'avoir peur et tout cela constitue votre personne...

Mais au delà du souffle qui vous habite il y a ce qui contient tout cela
l'immensité qui a généré le Souffle
vous réalisez alors que vous êtes  transpersonnel...
sans pour autant cesser d'être la personne que vous vous êtes constitué

Alors

Restez dans l'Ouvert...en suivant le chemin de l'acceptation et de l'humilité de ce que vous êtes, de ce que vous subissez et de ce que vous vivez dans l'in
stant de chaque jour, de chaque minute...de chaque maintenant...

de l'Eternité...

Outre le texte çi dessous qui traite de l'humilité et de l'orgueil à l'aide d'exemples simples et merveilleux suivant son style je vous conseille ( si vous avez le temps et le goût) à celà
2 textes d'Isaac le Syrien que vous
trouverez sur mon site

http://rmitte.free.fr/philocalie/isaac/humi.htm


et

http://rmitte.free.fr/philocalie/isaac/humily.htm


et bien sûr le "mâchouillage d'un Psaume , je vous propose le Psaume 70
que vous trouverez à

http://rmitte.free.fr/psaumes/vigiles/mervigi.htm#Psaume 70

et enfin la fameuse échelle de l'humilité de Sain
t Benoit

http://rmitte.free.fr/bibliotheque/benoit/benoit1.htm#Chapitre 7

***


Extrait des oeuvres de Dorothée de Gaza sur l'Humilité

Il y a aussi un orgueil mondain et un orgueil monastique.
L'orgueil mondain consiste à s'élever contre son frère parce qu'on est plus riche, plus beau, mieux vêtu ou plus noble que lui. Quand nous voyons que nous nous glorifions de ces choses, ou de ce que notre monastère est plus grand, plus riche ou plus nombreux, sachons que nous sommes encore dans l'orgueil mondain. Il en est. de même quand on tire vanité de qualités naturelles : par exemple, on se glorifie d'avoir une belle voix et de bien psalmodier, ou d'être habile, de travailler et, de servir correctement. Ces motifs sont plus élevés que les premiers, pourtant c'est encore de l'orgueil mondain.
L'orgueil monastique consiste à se glorifier de ses veilles, de ses jeûnes, de sa piété, de ses observances, de son zèle, ou encore à s'humilier par gloriole. Tout cela est de l'orgueil monastique. Si nous devons nécessairement nous enorgueillir, il convient que notre orgueil porte du moins sur des choses monastiques et non sur des choses mondaines. Nous avons donc expliqué quelle est la première espèce d'orgueil et quelle est la seconde ; nous avons défini également l'orgueil mondain et l'orgueil monastique. Montrons maintenant quelles sont les deux espèces d'humilité.

38. La première consiste à tenir son frère pour plus intelligent que soi et supérieur en tout ; c'est en somme, comme le disait un saint, a se mettre au-dessous de tous' ».

La seconde espèce d'humilité, c'est d'attribuer à Dieu les bonnes oeuvres. Telle est la parfaite humilité des saints.
Elle naît naturellement dans l'âme de la pratique des commandements. Voyez en effet les arbres abondamment chargés de fruits : ces fruits font plier et baisser les branches. Au contraire, la branche qui ne porte pas de fruit se dresse en l'air et pousse droite. Il y a même certains arbres dont les branches ne portent pas de fruit, tant qu'elles poussent droit vers le ciel". Mais si on y suspend une pierre pour les attirer en bas, alors elles produisent du fruit. Ainsi en est-il de l'âme : quand elle s'humilie, elle porte du fruit, et plus elle en produit, plus elle s'humilie. Car plus les saints approchent de Dieu, plus ils se voient pécheurs.

Je me souviens que nous parlions un jour de l'humilité, et un notable de Gaza nous entendant dire que plus on approche de Dieu, plus on se voit pécheur, était dans l'étonnement : « Comment est-ce possible? » disait-il. Il ne comprenait pas et voulait avoir l'explication. - Monsieur le notable, lui demandai-je, dites-moi,'que pensez-vous être dans votre cité? - Un grand personnage, me répondit-il, le premier de la cité. - Si vous alliez à Césarée, pour qui vous tiendriez-vous là-bas? - Pour inférieur aux grands de cette ville. - Et si vous alliez à Antioche? - Je m'y considérerais comme un villageois. - Et à Constantinople,
auprès de l'Empereur? - Comme un miséreux. - Et voilà, lui dis-je. Tels sont les saints : plus ils approchent de Dieu, plus ils se voient pécheurs. Abraham, quand il vit le Seigneur, s'appela « terre et cendre » (Gen. 18, 27). Isaïe disait : « 0 misérable et impur que je suis' 1 » (Is. 6, 5). De même lorsque Daniel était dans la fosse aux lions et qu'Habacue arriva avec le déjeuner, en lui disant : « Prend, le déjeuner que Dieu t'envoie », que dit Daniel? « Le Seigneur s'est donc souvenu de moi ! » (Dan. 14, 36-37). Voyez-vous quelle humilité possédait son coeur? Il était dans la fosse, au milieu des lions, ceux-ci ne lui faisaient aucun mal, et cela non seulement une première fois. mais une seconde (cf. Dan. 6 et 14) ; cependant, après tout cela, il s'étonnait et disait : « Le Seigneur s'est donc souvenu de moi  ! »

35. Voyez l'humilité des saints ! voyez les dispositions de leur coeur ! Même envoyés par Dieu au secours des hommes, ils refusaient par humilité et fuyaient l'honneur. Si l'on jette une loque malpropre sur un homme tout habillé de soie, il cherche à l'éviter pour ne pas salir son précieux vêtement. De même les saints, revêtus des vertu,, fuient la gloire humaine de peur d'en être souillés. Au contraire, ceux qui désirent la gloire ressemblent à un homme nu qui ne cesse de chercher un lambeau d'étoffe ou n'importe quoi pour couvrir son indécence. Ainsi celui qui est dénué de vertus recherche la gloire des hommes.

Envoyés par Dieu au secours d'autrui, les saints refusaient donc par humilité. Moïse disait « Je vous en supplie, prenez un autre qui soit capable moi, je suis bègue, et ma langue est embarrassée. » (Ex. 4, 10). Et Jérémie : « Je suis trop jeune ! » (Jér. 1, 6). Tous les saints en général, ont acquis cette humilité, nous l'avons dit, par la pratique des commandements. Comment elle est ou comment elle naît dans l'âme, nul ne peut l'exprimer par des mots à quiconque ne l'a pas apprise de l'expérience
personne ne saurait l'apprendre par de simples paroles.

36. Un jour, l'abbé Zosime parlait de l'humilité, et un sophiste' qui se trouvait là, entendant ses propos, voulut en avoir le sens précis : « Dis-moi, lui demanda-t-il, comment peux-tu te croire pécheur? Ne sais-tu pas que tu es saint, que tu possèdes des vertus? Tu vois bien que tu pratiques les commandements ! Comment, dans ces conditions, peux-tu croire que tu es un pécheur ? » Le vieillard ne trouvait pas la réponse à lui donner, mais il lui dit : « Je ne sais pas comment te le dire, mais c'est ainsi ! » Le sophiste cependant le harcelait pour avoir l'explication. Mais le vieillard, ne trouvant toujours pas comment lui exposer la chose, se mit à dire avec sa sainte simplicité : « Ne me tourmente pas; je sais bien, moi, qu'il en est ainsi. »
Voyant que le vieillard ne savait que répondre, je lui dis : « N'est-ce pas comme la sophistique ou la médecine? Lorsqu'on apprend bien ces arts et qu'on les pratique, on acquiert peu à peu par cet exercice même, une sorte d" habitus  de médecin ou de sophiste. Nul ne pourrait dire, ni ne saurait expliquer comment lui est venu cet
habitus '. Peu à peu, comme je l'ai dit, et inconsciemment l'âme l'a acquis par l'exercice de son art. On peut penser la même chose de l'humilité : de la pratique des commandements naît une disposition d'humilité, qui ne peut être expliquée par des paroles. » A ces mots, l'abbé Zosime fut rempli de joie et m'embrassa aussitôt en me disant : « Tu as trouvé l'explication. C'est bien comme tu le dis. » Quant au sophiste, il fut satisfait et admit lui aussi le raisonnement

37. En effet, certaines paroles des vieillards nous font bien entrevoir cette humilité, mais la disposition psychique elle-même, nul ne saurait dire ce qu'elle est. Lorsque l'abbé Agathon fut près de sa fin, les frères lui dirent
Toi aussi, Père, tu as de la crainte? » Il répondit : « Sans doute, j'ai fait mon possible pour garder les commandements, mais je suis un homme ; et comment pourrais-je savoir si mes oeuvres ont plu à Dieu? Car autre est le jugement de Dieu, autre celui des hommes'. » Voyez, ce vieillard nous a ouvert les yeux pour entrevoir l'humilité et nous a indiqué une voie pour l'atteindre. Mais comment elle est ou comment elle naît dans l'âme, je l'ai dit souvent, nul ne saurait le dire ; et on ne peut non plus la saisir par un raisonnement, si l'âme par ses oeuvres n'a pas mérité de l'apprendre. Ce qui la procure, les Pères l'ont dit. Il est raconté en effet dans le Géronticon qu'un frère demanda à un vieillard : « Qu'est-ce que l'humilité ? » Le vieillard répondit : « L'humilité est une oeuvre grande et divine. La voie de l'humilité, ce sont les labeurs corporels accomplis
avec science ', c'est se tenir au-dessous de tous, et prier Dieu sans cesse. » Telle est la voie de l'humilité, mais l'humilité elle-même est divine et incompréhensible.
38. Mais pourquoi est-il dit que les labeurs corporels portent l'âme à l'humilité? Comment les labeurs corporels sont-ils vertu de l'âme? Car se tenir au-dessous de tous, nous avons dit plus haut que cela s'opposait à la première espèce d'orgueil. Comment, en effet,, celui qui se met au-dessous de tous, pourrait-il se croire plus grand que son frère, s'élever en quelque chose, blâmer ou mépriser quelqu'un? De même pour la prière continuelle, c'est
évident aussi, puisqu'elle s'oppose à la seconde espèce d'orgueil. Car il est manifeste que l'homme humble et pieux, sachant que rien de bon ne peut se faire en son âme sans le secours- et la protection de Dieu, ne cesse jamais de l'invoquer pour qu'il lui fasse miséricorde. Et celui qui prie Dieu sans cesse, quelque bonne oeuvre qu'il lui soit donné d'accomplir, il en connaît la source et il ne peut en concevoir de l'orgueil ni l'attribuer à ses propres forces. C'est à Dieu qu'il attribue toute bonne oeuvre, et il ne cesse de le remercier et de l'invoquer, craignant que la perte d'un tel secours ne laisse apparaître sa faiblesse et son impuissance à lui. Ainsi l'humilité le fait prier et la prière le rend humble, et toujours plus il fait de bien, toujours plus il s'humilie et plus il s'humilie, plus il reçoit de secours et progresse par son humilité".

89. Pourquoi donc est-il dit que les labeurs corporels aussi procurent l'humilité? Quelle influence peut avoir le labeur du corps sur une disposition de l'âme? Je vais vous le dire. Lorsque l'âme s'est écartée du précepte pour tomber dans le péché, elle a été livrée, la malheureuse, dit saint Grégoire, à la concupiscence et à la pleine liberté de l'erreur
Elle a aimé les biens corporels et, d'une certaine manière, s'est trouvée faire comme une seule chose avec le corps, devenue chair tout entière, selon la parole
« Mon esprit ne demeurera pas dans ces hommes, car ils sont chair » (Gen. 6, 3). Ainsi la malheureuse âme souffre avec le corps, elle est affectée elle-même de tout ce qu'il fait. C'est pourquoi le vieillard dit que même le labeur corporel conduit à l'humilité. De fait, les dispositions de l'âme ne sont pas les mêmes chez le bien portant et chez le malade, chez celui qui a faim et chez celui qui est rassasié. Elles ne sont pas les mêmes non plus chez l'homme monté sur un cheval et chez l'homme monté sur un âne, chez celui qui est assis sur un trône et chez celui qui est assis par terre', chez celui qui porte de beaux vêtements et chez celui qui est vêtu misérablement.

Donc, le labeur humilie le corps, et quand le corps est humilié, l'âme l'est aussi avec lui, de sorte que le vieillard a eu raison de dire que même le labeur corporel conduit à l'humilité. C'est pourquoi quand Êvagre fut tenté de blasphème, n'ignorant pas dans sa sagesse que le blasphème vient de l'orgueil et que l'humiliation du corps entraîne l'humilité de l'âme, il passa quarante jours sans entrer sous un toit, de sorte que son corps, rapporte le narrateur, produisait de la vermine comme les bêtes sauvages. Cette peine n'était pas pour le blasphème, mais pour l'humilité. Le vieillard a donc bien fait de dire que les labeurs corporels aussi conduisent à l'humilité. Que le bon Dieu nous donne la grâce de l'humilité qui arrache l'homme à de grands maux et le protège de grandes tentations!

( extraits des Oeuvres Spirituelles de Dorothée de Gaza Sources chrétiennes no92 éditions du Cerf )

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L'humilité... quel combat ! Et quelle victoire, quand on y accède !
Je crois que l'humilité est à la racine de toutes les paix prononcées dans
le monde. Oser se regarder dans le miroir et s'accepter tel que l'on est...
Oser reconnaître qu'on est si peu de choses sans les autres, et surtout sans
Dieu ! Oser se regarder d'en haut - et non pas regarder les autres de haut !
- et se voir tout petit, tout fragile, tout misérable parfois. Mais aussi,
oser affirmer que nous sommes des merveilles, à l'image de Dieu, avec un
potentiel formidable qu'on ne sait pas toujours exploiter. Oser être
soi-même, oser chercher le meilleur chemin pour correspondre à ce dont on
est capable, oser reconnaître ses limites, et prendre le risque de les
dépasser parfois.
Oser dire à l'autre : "Tu es formidable, et j'ai besoin de toi." ou encore :
"Tu es insupportable, mais j'ai besoin de toi..."
L'humilité, c'est une main tendue, vers l'autre, pour recevoir, pour se
construire avec les autres. C'est une main tendue, pour donner, pour aider
l'autre à devenir la merveille qui dort en lui.
C'est très difficile d'être humble, de ne pas vouloir être supérieur aux
autres, ou plus aimé, ou mieux coté, ou mieux considéré. Mais ça libère
tellement ! Quand on a plus à chercher à paraître meilleur, on a de
l'énergie pour ETRE... et le bonheur est à ce prix. Le nôtre et celui de nos
proches.
Alors, osons l'humilité.

Mireille

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Benedictus et pax+

N
otre semaine s'annonce difficile...
D'abord car nous entamons la 3ème...et généralement c'est la semaine des découragements, des lassitudes aussi... chacun sait cela quand on accompagne un groupe...le 3ème jour...et la troisième semaine sont bien difficiles à négocier sans encombres...le corps et l'esprit alors regimbent et se cabrent..il nous faut donc veiller..
Ensuite parce que nous y avons placé trois étapes importantes :
élévation, purification, rencontre...

Cet itinéraire classique de toute personne en quête d'intériorité a été  bien décrite parMaitre Eckhart aussi si vous ne le connaissez point et si vous avez un peu de temps de disponible  n'hésitez pas à suivre son itinéraire ...

Je vous invite tous aussi  à méditer sur le petit texte çi dessous et sur ses annexes qui suivront dans un autre courrier
Alors bon courage à tous...sans crispation ni tentions d'aucune sorte comme toujours...simplement en se laissant aller au rythme de sa grâce..

ff+

.
La montée du grand Som...

J'ai souvent admiré la vie de mes frères chartreux, cette vie absolument et quotidiennement tournée toute entière vers Dieu... vers le silence et vers la solitude... et un jour j'ai trouvé un texte rédigé par un Père Chartreux anonyme ( comme souvent chez eux)  décrivant l' itinéraire spirituel des frères de son ordre...
Je vais donc m'en inspirer même si je ne possède plus le texte exact tant il relate bien la trajectoire spirituel de tout croyant en quête de Vérité
Le grand Som est une montagne dont  le sommet  domine le couvent de la grande Chartreuse au pied duquel ce dernier est lové près du Guiers ( un torrent) et enfoui ( en partie du moins)  dans une forêt de résineux...


Une fois par semaine les Pères cloitrés normalement confinés solitaires dans leurs petites huttes d'ermites ( les Pères qui forment une laure c'est à dire une assemblée d'ermites n'ayant que certains offices en commun) ont le droit de gravir toujours solitaires ou en petits groupes le sentier qui mène à la montagne du Grand Som pour une promenade hygiénique et silencieuse mais aussi pour ramasser durant la belle saison les plantes nécessaires à la fabrication de la célèbre liqueur...C'est également l'occasion d'une longue marche spirituelle vers les hauteurs...

" Au début on a envie de se mettre en marche, c'est le matin,on est frais et dispos, l'air est frais humide des profondeurs de la nuit qui s'accroche désespérément aux grands cèdres en lambeaux cotonneux, on se sent prête à l'effort, à l    a conquête des sommets... et le sommet illuminé par le soleil levant parait tout proche et tellement attirant de promesses d'inconnus et d'Absolu..."(...)

"Le chemin d'abord rectiligne monte en pente douce, bien empierré jonché de petites haltes, de calvaires...quelques chapelles aussi...un monde de signe et de repères faciles à décoder... il traverses de vertes prairies illuminées de fleurs, la montée est rapide....le spectacle superbe avec la multitude des couleurs qui jouent les unes avec les autres tout en réverbérant avec les chants d'oiseaux... les paysages vus de haut permettent de prendre de la distance sur les choses, les possessions, les ennuis et les êtres...il est si petit le grand monastère vu de Haut !"( ...)

Cette nécessité de prendre de la hauteur sur les événements et les choses me parait importante ...comme il paraissent petit quand on change de focale pour les observer...qu'on laisse le temps au temps pour prendre de la distance...
comme ils se dissolvent tant le plus souvent enrobés de passions autres qui les rendaient insupportables ils reviennent alors" dégonflés" remis à leur justes proportions et valeurs...
c'est notre petit ego qui était frustré ou notre sensibilité mise à vif qui avait créé l'illusion...
mais tout n'est que vanité ...rien que vanité... buée...tien que buée...

et la vie continue...qui saura cicatriser...et effacer les blessures avec le temps de l'acceptationDorothée de Gaza aimait à dire que devant la vague tumultueuse des passions, de ce qui nous choque , nous blesse... ou nous fascine...il convenait de faire comme le nageur expérimenté... de plonger sous la vague et de la laisser passer...
plonger dans le calme qui existe sous la surface écumante des flots...en rentrant en nous même...
c'est vraiment une clé d'or...
c'est aussi spirituellement s'élever;..n'est-ce point là aussi se purifier ?

"Plus tard arrivent ensuite les premiers lacets, la route se fait moins carrossable et la végétation moins accueillante...  la pente se raidit , on entre dans l'ombre du sous-bois et son obscurité inquiétante faisant surgir fantasmes et sursauter au moindre bruissement...heureusement quelques sources sont là...une chapelle aussi... et au loin la vie d'autres sommets, d'autres vallées, d'autres villages montre que l'on est point seul..(...).

A la sortie du bois on débouche sur les alpages et leur herbe courte et sèche maigrement parsemée de fleurs...air froid...plus de sentier...gravir à mis pente demande des efforts...la vallée est loin...seul le vent qui souffle et glace la transpiration laissée par les efforts nous accompagne...(...)

Elévation et purification c'est pour moi s'éloigner pour un instant des images puériles, ( nous ne sommes plus des enfants) ces personnages que nous présentent les textes sacrés qui sont souvent des archétypes et des signes non pas à prendre comme argent comptant mais qui nous invitent à leur suite par leur attitude ou leur façon d'être à regarder derrière les mots, les phrases et les gestes , à abattre les statues aussi pour essayer de comprendre ce qui ne pouvait  se dire facilement autrement que par elles enrobées en des images ou des symboles...mais qu'il faut bien sûr prendre le temps de décortiquer...
ce qui n'est pas facile car souvent ces textes ont été écrits en d'autres temps, avec une autre sensibilité culturelle par des gens d'une autre culture...
pas facile alors de s'y retrouver...

Pourtant leur profondeur permet d'aller à l'essentiel si nous en faisons l'actualisation...ainsi l'Evangile est à lire comme une immense parabole..." et il leur parlait en Paraboles"...est la clé en se sens d'une invite...
Aussi  ils sont nombreux ceux qui ayant bien compris cela depuis les pères Grecs en passant par Eckhart, les fondateurs de la Réforme sans parler des autres religions ont  su prôner la disparition du texte et de l'image au profit du signe...la destruction parfois du radeau qui avait permis d'arriver jusque là ,  afin de ne pas s'encombrer ni s'enfermer en des images prégnantes ou superficielles ...et on conseillé de ne pas hésiter à brûler les statues ou même tuer les personnages- archétypes suivant la phrase célèbre des penseurs bouddhistes : si tu vois le Bouddha tue le... ( sous entendu c'est toi le bouddha alors fait ce qu'il a fait et ne te contente pas de le regarder avec la distance sécurisante...et lénifiante du passéCette partie du récit nous invite à dévoiler ce que nous ne connaissons pas de nous même de pratiquer l'introspection qui seule permet de percevoir ce que nous sommes, que nous possédons un inconscient et des pulsions reptiliennes et primaires...de découvrir notre ombre comme vous pourrez dans une texte du Père Leloup que je copie a votre intention ( sur un courrier annexe)
Depuis c'est à la suite des psychologues que nous devons nous tourner: Dürckheim et C.G. Jung en sont deux maîtres incontournables qui surent nous montrer l'ombre que possédait notre cerveau...ce subconscient que par définition nous ne comprenons pas...que notre moi n'intègre pas  mais qui renferme tout ce que nous projetons  quand nous parlons de foi ou de religion
apprendre ce que nous sommes ce qu'il contient est une nécessité pour ne pas dire trop de bêtises...
Les historiens depuis un siècles sont venus confirmer et couronner tout cela  démontant les textes, leurs apports  que l'on prenait un peu vite pour originels ou sacrés... montrant que l'histoire avait été refaite ou falsifiée, améliorée, que certains personnages n'avaient pas existés ou pas comme on le croyait, que d'autres avaient été omis, d'autres enfin disparus pour les besoins d'une cause des moins noble qui soit: l e besoin de domination et de manipulation des hommes par d'autres hommes... ou pour mieux cacher ce que les êtres ne peuvent pas dire...voire ne peuvent pas assumer d'eux même...et nous retrouvons l'ombre dont nous parlions déjà ...

( un texte à titre d'exemple de Jung est aussi joint sur le courrier annexe)

Puis l'herbe se fait rare, les rochers blessent les pieds et les ravins donnent le vertige...la fatigue gagne peu à peu..et l'enthousiasme du départ est complètement dissipé...déjà et les nuages sont là  c'est le brouillard...on entend...on ne voit plus...il n'y a plus de chemin...  à quoi servait à monter si haut à poursuivre le sommet illusoire si c'était pour rencontrer la nuit et la nuée...pourtant parfois ponctué de quelques percées lumineuses...ou numineuses...
pourtant dans cette nuit obscure...  la fatigue ne se sent plus , la faim et l'air froid... n'ont plus de prise le  sommet est-il tout proche?...quelle joie d'arriver...et de pouvoir enfin comprendre...  le pourrons nous ? n'est-ce point là aussi illusion ou vanité ?
pourtant déjà tout s'est transfiguré au fil de nos efforts...nous pénétrons  à l'intérieur des choses et des êtres ...que de choses à raconter au retour à ceux qui ne sont point monté.. là où l'on aimerait rester comme les disciples au Thabor
mais comment leur faire comprendre l'ivresse que l'on a éprouvé dans le hauteurs et leur indiquer le chemin..."
la rencontre c'est bien sur l'illumination qu'en dire? tant elle est personnelle en chacun et demeurer dans la paix et le silence du sommet s'appelle l'hésychia...cette paix dont les bénédictins ont fait leur devise ( un texte sera disponible en annexe)
cette paix que l'on sait ramener jusqu'en, bas quand on l'a saisie de l'intérieur et que l'on sait en vivre...

Les textes ne sont pas très nombreux, ils sont difficiles j'essaye simplement de suggérer le chemin...à chacun de gravir à sa manière et suivant ses possibilités, à son rythme la pente en traçant son chemin...La redescente sera nécessaire...là haut l'homme ne saurait vivre de cette perception si intense...dans un dépassement perpétuel... même si certains ( les chartreux sont de ceux-là) savent y faire de longs séjours...les autres seront heureux de se laisser glisser en bas... illuminés de l'intérieur, calmés dans leurs interrogations et remplis de compassion pour tous les êtres...le retour sur la place du Marché de nos frères bouddhistes...et qui sera le sujet de la semaine prochaine...car vous avez assez de textes pour toute la semaine...

A bientôt !

L'ombre,

c'est tout ce qui n'a pas été assumé, ce qui n'a pas pu se vivre, s'exprimer; c'est la lumière, la vie qui n'a pas pu se donner. L'énergie alors tourne en rond, se sclérose, fait un poids mort et nous paralyse.
L'ouverture spirituelle, pour avoir des bases saines et solides,
passe par une attention, une compréhension incluant cette ombre en nous.

La première manifestation de l'ombre en nous, c'est l'agressivité refoulée
Si l'agressivité n'est pas reconnue et assumée, elle risque de se manifester dans des débordements violents et incohérents. Tout le problème, c'est l'orientation de l'énergie, de l'agressivité. On ne dépense pas plus d'énergie à cogner sur quelqu'un qu'à lui porter ses valises. Accepter, voir et reconna~itre - sans s'y complaire - ces tendances en nous. Ce sont les violents qui s'emparent du royaume de Dieu, dit l'évangile. Il faut beaucoup d'agressivité pour pratiquer une véritable ascèse. Il s'agit donc d'orienter cette énergie vers le but de notre transformation.

Le deuxième aspect de l'ombre, c'est la sexualité refoulée
Qui peut dire que sa sexualité n'est pas plus ou moins secrètement une cause de souffrance, de malaise? Dûrckheim dit: « Quand vous touchez quelqu'un, vous touchez une personne, pas un corps ». Nous sommes faits pour des étreintes de personne à personne, pas pour des étreintes de chiens, pas pour des génitalités qui s'assouvissent. Il S'agit de pouvoir vivre sa sexualité à un niveau initiatique, sacré, comme une oeuvre de présence; savoir introduire de la tendresse, de la beauté dans nos relations. Tout peut être occasion de plaisir, de relation. C'est une sexualité qui circule dans tout le corps : avec tout l'être, tous les pores de sa peau. Un rayon de soleiI, le moindre sourire c'est l'étreinte même de la vie qui se communique à nous

Le troisième poids d'ombre, c'est l'individualité créatrice refoulée
Combien s'épanouissent pleinement dans leur métier? La créativité n'est pas réservée à ceux qui montent sur les planches. C'est introduire de la beauté dans tous les domaines de l'existence; ce que les pères du désert appellent la « philocalie » : l'amour de la beauté. La beauté, c'est la parure, la façon de mettre la table, de disposer des objets... Chacun a une façon particulière d'incarner l'amour, l'intelligence, de manifester la vie. On ne peut imiter, comparer. Quelle est ma façon juste d'incarner l'Etre, cette façon que nul autre ne peut faire? L'ego, le moi, n'est pas quelque chose à écraser; mais l'ego juste, le moi transparent à l'être essentiel, c'est la forme particulière à travers laquelle l'Être commun va se manifester. Retrouver l'instinct créateur en nous, la sève même du vivant, ma façon unique d'aimer.

Le quatrième aspect de l'ombre, c'est le refoulement du féminin
Que l'on soit homme ou femme, la « libération » de la femme est en fait la libération du masculin dans la femme : possibilité de rationaliser, de produire, d'être efficace. Retrouver la féminité, c'est retrouver le droit de l'être humain à la contemplation, la dimension d'intuition, de sentiments. Nous ne sommes pas nés pour « faire », pour « produire », mais pour « être », pour connaître l'Être qui est en nous. La dimension féminine, c'est retrouver cette capacité d'accueil, être une coupe, le graal qui reçoit la présence du vivant; c'est retrouver
aussi notre lien avec la terre, le cosmos, les symboles, la poésie, le monde de l'inconscient. Autrement cette dimension se manifestera de façon plus ou moins aberrante et nous fera souffrir, par exemple, par des émotions qui vont nous submerger au moment où on ne s'y attend pas.

Enfin, le dernier élément cause d'ombre en nous, c'est « l'être essentiel » lui-même :
Le refoulement de la dimension divine, spirituelle de l'homme va être une cause de souffrance.
Dürckheim dira qu'un homme qui, à partir d'un certain âge, ne se pose pas les questions essentielles : « Pourquoi je vis, qu'est-ce que je fais sur cette planète, quel est le sens de tout cela? » risque fort d'être plus ou moins déséquilibré, sinon au moins immature. Parvenir a sa pleine maturité, c'est accepter ce noyau de lumière au coeur même de notre être. Oublier qu'il est le fils de Dieu est la chose la plus grave qui puisse arriver à un homme.

Le but de l'Evangile n'est pas de faire de nous des « bons chrétiens » mais de faire de nous d'autres Christ, nous faire entrer dans la même relation que lui-même avait avec Celui qu'il appelait son père, c'està-dire la source même de la vie. Quelle que soit ta pourriture, ta prostitution, quelle que soit ta douleur, n'oublie pas qui tu es, n'oublie pas cette étincelle de divinité, n'oublie pas cette relation que tu peux avoir avec le Père. Dans un autre langage : se souvenir du Soi qui est en nous, « tu es cela », tu es aussi le fils de Dieu.
Le coeur de l'ombre, c'est la lumière elle-même, une lumière que les ténèbres ne peuvent pas atteindre, ne
peuvent pas éteindre. Dans tous les domaines de notre vie quotidienne, dans l'ombre que nous avons reconnue en nous-mêmes, faisons entrer la lumière.
Ces cinq aspects de l'ombre sont les « plaies intérieures ».

Il y a aussi ces plaies qui viennent de l'extérieur. ( et dont une partie s'intègre ou imprègne en permanence le subconscient) Dürckheim parle de l'acceptation de l'inacceptable. je préfère dire : la non-dualité avec l'inévitable. Il ne s'agit pas de se résigner, mais d'être un avec la souffrance.
Il y a quatre grands « inévitables » auxquels personne n'échappe:
- la souffrance physique, - l'absurdité, - la solitude, - la mort. (...)

Extrait d'un art de l'attention du Père Leloup aux éditions du Relié




Court Extrait d'une conférence de Jung C.G.


Le Soi ou le Christ est présent a priori en chacun de nous, mais en règle générale, au début, à l'état d'inconscience. Et assurément, lorsque ce fait devient conscient, c'est dans l'existence une expérience tardive. On ne peut pas accéder réellement à cela par la doctrine ou la suggestion. Ce n'est une réalité que lorsque la chose arrive, et elle ne peut arriver que lorsqu'on retire ses projections d'un Christ extérieur, historique ou métaphysique et qu'ainsi l'on éveille le Christ intérieur. Ceci ne veut pas dire que le Soi inconscient serait inactif, mais seulement que nous ne le comprenons pas. Le Soi (ou Christ) ne peut devenir réel et conscient sans le retrait des projections extérieures. Un acte d'introjection est nécessaire, c'est-à-dire la découverte du fait que le Soi vit en nous et non pas dans une figure extérieure, séparée et différente de nous. Le Soi est depuis toujours notre centre le plus profond et notre périphérie, notre scintilla et notre'punctum solis, et le restera. Il est même, sur le plan biologique, l'archétype de l'ordre, et, du point de vue dynamique, la source de la vie

Nous retrouvons ce thème gnostique dans les Evangiles l'oubli du Fils en nous c'est l'oubli de notre véritable identité, ou de notre réalité d'être en Relation - « Fils tourné vers le Père dans l'Esprit » -, la chute étant la perte de notre filiation, l'incapacité de vivre notre être comme relation à la Source.

(
extrait de la Vie symbolique de Carl -Gustav Yung éditions Albin Michel)

Sur l'Hésychia

Bruits, lumières, agitation... Tous les sens de l'homme sont sollicités, agressés par la vie moderne. Qui ne peut suivre son rythme hallucinant est rejeté par elle impitoyablement.
L'homme a peur du silence, peur de l'obscurité, peur de l'arrêt... Pourquoi cette angoisse ancestrale devant ce qu'il ne peut maîtriser ? Ne retrouve-t-il pas au fond de lui comme une crainte religieuse ? «La panique du silence n'a-t-elle pas quelque chose de surnaturel ' ?» S'il a peur, n'est-ce pas qu'en lui, plus profond que lui-même, résonne un appel au silence de l'être ? Ne faut-il voir là que la «pulsion de mort» décrite par Freud  Ne serait-ce pas plutôt un appel à une vie profonde orientée vers les seuls biens qui ne passent pas, ceux qui engagent la totalité de l'être ?
Pourquoi, lors de la décadence de l'Empire romain, des hommes épris d'absolu ont-ils trouvé, au désert, dans la vie solitaire, sinon l'apaisement, du moins la possibilité d'étancher leur soif ? Ne peut-on demander à ces «contestataires» le moyen d'être de vrais vivants ? Il serait artificiel de copier servilement leur manière de vivre, mais la connaissance de ce qui fut leur «respiration d'être» peut aider à trouver un chemin, celui de la Vie-éternelle.
L'hèsychia était le but de leur vie...on les appelait  Hésychastes
 Quelle expérience de vie recouvre ce terme ?
Hèsychia, quiétude, apaisement, peut-être ce mot se rattache t-il à hèsthai, être assis. 
Dans les Vitae Patrum, ce verbe signifie sans plus « mener la vie d'hésychasme ».
Mais l'hèsyêhia est plutôt une manière de vivre, un état de vie, qu'une attitude corporelle. Elle est même plus encore : elle est le résultat de la victoire remportée contre les puissances de trouble, d'agitation et de passion, Elle n'a pas pour but l'apathéia du stoïcisme, ou l'ataraxie de l'épicurisme. Elle est un moyen ... pour arriver au but, qui est l'union à Dieu .
L'hèsychia est donc essentiellement recherche de la seule véritable quiétude, la paix de Dieu. Le côté négatif qu'elle implique ne peut s'expliquer que par la poursuite d'un seul but : l'Amour de Dieu.
Dans les Apophtegmes, l'hésychia nous est présentée comme le moyen d'obtenir le salut par l'unification intérieure :
Arsène priait ainsi : «Seigneur, conduis-moi dans la voie qui mène au salut» ... et il entendit une voix qui lui disait : « Arsène, fuis les hommes, garde le silence et reste tranquille. Ce sont là les racines de l'impeccabilité  ».
Si tu es silencieux, tu seras en repos quel que soit l'endroit où tu habites .
Elle est donc préférable aux vertus, puisque « avant toutes les vertus, Dieu a fait choix de l'hèsychia », et elle les présuppose . Les trois vertus fondamentales de l'hèsychia sont : la maîtrise de soi (encratéia), le silence (siôpè), les reproches qu'on s'adresse à soi. même (au tomempsia) ' .
Etat d'âme, attitude corporelle... L'influence est réciproque( du corps sur l'esprit et de l'esprit sur le corps. Et l'on connaît l'importance de la position et de la disposition du corps pour l'apaisement de l'esprit.
Il n'est pas vain de chercher une approche de Dieu par ces moyen qui permettent de dépasser cette dichotomie corps-esprit, ruineuse pour l'un et l'autre.
Approcher Dieu... N'est-ce pas le seul bien qui importe pour l'homne ? Mais il ne peut le faire de lui-même ?, il peut seulement tenter de se rendre disponible; c'est la grâce unifiante de l'Unique qui lui conférera l'Unité.
Selon Platon , les gens honorables sont toujours disposés à vivre la vie de quiétude (hèsychon bion).
Dans les Septante, hèsychia et ses dérivés conservent tous sens qu'ils avaient dans la langue commune; surtout la paix extérieure, l'absence de guerres nationales ou civiles, en tant qu'elle libère les citoyens de l'angoisse et leur donne la sécurité,
Cette heureuse disposition s'appelle, comme chez les auteurs profanes, hèsychian agein ou echein, ou par rapport aux autres, parechein. Ce sentiment d'assurance ne tient cependant pas uniquement aux situations extérieures; il peut persister même devant la menace de guerre, moyennant la foi en Dieu : ainsi lorsque Rasin, roi de Syrie, monta contre Jérusalem pour l'attaquer, «le coeur du roi et le coeur de son peuple furent agités comme les arbres de la forêt sont agités par le vent». Mais Yahweh envoya Isaie lui dire : «Prends garde, tiens-toi tranquille (hèsychasai), ne crains point» etc. (Is. 7,4).
Le meilleur gage de sérénité intérieure, c'est la crainte de Dieu, la soumission à sa volonté, la sagesse : «Celui qui m'écoute repose avec sécurité, il vivra tranquille sans craindre le malheur (hèsychasei apo pantos kakou) (Prov. 1,3 3).
Notons cette construction : hèsychasai apo tinos : l'hèsychia est, de soi, un concept négatif, excluant de l'âme certains sentiments pénibles, et fondant cet apaisement intérieur sur la certitude d'être à l'abri du mal.
On peut aussi, volontairement, se mettre à couvert d'un mal, refuser de faire ce que l'on considère comme un mal, en un mot s'abstenir de quelque chose, en. particulier de la parole - d'où le sens fréquent de se taire - ou de mouvement - d'où le sens de rester. L'un et l'autre, fréquents, cadrent bien avec l'hésychasme.(...)

Conditions de l'hèsychia
Pour les spirituels orientaux, l'hèsychia est le chemin par lequel, dans la vie monastique, on va à Dieu.
Aucun auteur n'a laissé un traité systématique donnant les « conditions nécessaires et suffisantes» pour y accéder. Il n'y a pas de «recettes». Il s'agit plutôt d'acquérir une disposition du coeur qui puisse le rendre apte à recevoir cette grâce de Dieu. L'environnement peut cependant aider, et l'on retrouve dans les écrits des Pères un ensemble de prescriptions constantes qui facilitent le cheminement de l'être à la recherche de Dieu. Il faut remarquer l'apparence négative de ces conditions, mais l'hèsychia n'est-elle pas une voie apophatique de quête de Dieu ?
- La solitude, qui est aussi l'absence de témoin, en est le premier élément.
- Le silence, l'absence de bruit, ne rien dire, ne rien entendre.
- L'obscurité, l'absence de lumière, ne rien voir.
- L'environnement adapté (la cellule du moine est une pièce nue, réduite), l'absence d'espace.
- Le vide, l'absence d'encombrement.
- La position assise, le recueillement, l'absence de mouvement, ne pas bouger.
- L'inaction, ne rien faire, l'absence d'activité.
- La respiration régulière, rythmée, consciente, qui favorise la rumination; c'est l'absence d'essoufflement, de précipitation, l'absence de curiosité, de voracité intellectuelles.
- L'attention, l'absence de distractions.


N'oubliez pas de "mâchouiller" un Psaume ...je vous propose le Psaume 102

A bientôt !

ff+

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