J 0    Benedictus et Pax +

Aujourd'hui Mercredi des cendres et début du Carême 2002
Outre le silence je vous propose quelques textes pour une méditation sur la mort

Suivant le temps dont vous disposez choisissez l'une d'entre elle...et je vous retrouve vendredi pour parler du silence et de la prière avec Isaac le Syrien


" Sa vie est courte, il doit mourir un jour...
pourtant cet homme n'y pense pas...
Son coeur n'est que cendre...
( livre de la Sagesse 15,9-11)


L'homme est semblable à un souffle
ses jours sont une ombre qui passe  ( Psaume 143



De la méditation de la mort

C'en sera fait de vous bien vite ici-bas : voyez donc en quel état vous êtes !
L'homme est aujourd'hui, et le lendemain... il a disparu... et quand il n'est plus sous les yeux, il passe bien vite de l'esprit.
O stupidité et dureté du coeur humain !... qui ne pense qu'au présent et ne voit pas l'avenir !
Dans toutes vos actions, dans toutes vos pensées, vous devriez être tel que vous seriez s'il vous fallait mourir aujourd'hui...
Si vous aviez une bonne conscience, vous craindriez peu la mort ...
Il vaudrait mieux éviter le péché ...que fuir la mort .
Si aujourd'hui vous n'êtes pas prêt, comment le serez-vous demain ?
Demain est un jour incertain: et que savez-vous si vous aurez un lendemain ?

(...) Le matin, pensez que vous n'atteindrez pas le soir; le soir, n'osez pas vous promettre de voir le matin !
Soyez donc toujours prêt, et vivez de telle sorte que la mort ne vous surprenne jamais.
Plusieurs sont enlevés par une mort soudaine et imprévue :car le Fils de l'homme viendra à l'heure qu'on y pense pas (Luc,12,40 ).
Quand viendra cette dernière heure, vous commencerez à juger tout autrement de votre vie passée... et gémirez amèrement d'avoir été si négligent et si lâche.

(...) Ne comptez point sur vos amis et sur vos proches, et ne différez point votre Salut dans l'avenir... car les hommes vous oublieront plus vite que vous ne le pensez !
Il vaut mieux y pourvoir de bonne heure et envoyer devant soi un peu de bien que d'espérer dans le secours des autres...
Si vous n'avez maintenant aucun souci de vous même, qui s'inquiétera de vous dans l'avenir ?
Maintenant le temps est d'un grand prix. Voici maintenant le temps propice, voici le Jour du Salut (IICor. 6,2 ).
Mais, ô douleur, que vous fassiez un si vain usage de ce qui pourrait vous servir à mériter de vivre éternellement !

(...) Viendra le temps où vous désirerez un seul jour, une seule heure, pour purifier votre âme... et je ne sais si vous l'obtiendrez.
Ah ! mon frère, de quel péril, de quelle crainte terrible vous pourriez vous délivrer, si vous étiez à présent toujours en crainte et en défiance de la mort !
Etudiez-vous maintenant à vivre de telle sorte, qu'à l'heure de la mort vous ayez plus de sujet de vous réjouir que de craindre.
Apprenez maintenant à mourir au monde, afin de commencer alors à vivre avec Jésus-Christ.
Apprenez maintenant à tout mépriser, afin de pouvoir alors aller librement à Jésus-Christ.
Châtiez maintenant votre corps par la Pénitence, afin que vous puissiez alors avoir une solide confiance.

(...) Insensés ! sur quoi vous promettez-vous de vivre longtemps, alors que vous n'avez pas un seul jour d'assuré ?
Combien ont été trompés et arrachés subitement de leurs corps !
Combien de fois avez-vous ouï dire: Cet homme a été tué d'un coup d'épée, celui-ci s'est noyé, celui-là s'est brisé en tombant d'un lieu élevé; l'un a expiré en mangeant, l'autre en jouant, l'un a péri par le feu, un autre par le fer, un autre par la peste, un autre par la main des voleurs !
Et ainsi la fin de tous est la mort, et la vie des hommes passe comme l'ombre ( Job 14,10 ;Ps143, 4 ) .

8(...)Qui se souviendra de vous après votre mort, et qui priera pour vous ?
Faites ! faites maintenant, mon cher frère tout ce que vous pouvez... car vous ne savez pas quand vous mourrez, ni ce qui suivra pour vous la mort.
Tandis que vous avez le temps, amassez des richesses immortelles !
Ne pensez qu'à votre Salut, ne vous occupez que des choses de Dieu.
Faites-vous maintenant des amis, en honorant les Saints, en imitant leurs Oeuvres, afin qu'arrivé au terme de cette vie, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels (Luc 16,9)

(...) Vivez sur la terre comme un voyageur et un étranger à qui les choses du monde ne sont rien.
Conservez votre coeur libre et toujours élevé vers Dieu, parce que vous n'avez point içi-bas de demeure permanente ( Hebr. 13,14)
Que vos gémissements, vos larmes, vos prières montent tous les jours vers le Ciel, afin que votre âme, après la mort, mérite de passer heureusement à Dieu.

( Extraits de l'Imitation de Jésus- Christ)
dont l'intégralité peut être étudiée sur le site

En Carême fraternel

ff+

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Je pouvais en faire une prière, m'engager
devant Lui, mais ça n'aurait pas convenu. Le moment présent, essayer de
rester le plus près de Lui,
là maintenant quoique je fasse ou ne fasse rien.
Juste ça, une St Valentin permanente pour Lui (ce qui me permet d'y inclure
d'autres, ça a fait rire au moins une personne, devines). être avec Lui où
l'ange mène. Le désert? près de Sa Mère qui voit venir Son Départ, les
Oliviers, le Cénacle, Sa longue déclaration d'Amour "J'ai désiré d'un grand
désir" , être près de Lui pour le Pain la Coupe ces ultimes Bénédictions et
supplier "que je ne sois pas comme Judas, même si mon baiser est à la St
Pierre qu'il ne soit jamais celui de Judas". N'est-ce pas la seule chose à
demander et qu'Il dise aussi Là où Je suis tu n'as pas pu me suivre mais
l'Heure approche" Et ne même pas calculer peser Lui laisser la mesure de
juger . GN

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Le Silence intérieur


Il est bon pour l'homme qu'il porte le joug dès sa jeunesse, que solitaire et silencieux  il s'asseye. . (Lm 3,27 et 28).

Le silence est le mystère du siècle à venir. (S. Isaac le Syrien, Lettre, III; cf. JT p. 46 1).


En jetant un regard investigateur sur notre vie, nous constatons combien est forte l'attraction que nous subissons, bien malgré nous, à nous conformer au rythme des gens dans leur attachement aux choses de ce monde éphémère.
Il est vraiment étrange de voir, chez les autres, les erreurs de ce genre de comportement, et de ne pouvoir toutefois les éviter soi-même, mais de continuer à se plonger dans le cortège bruyant des humains, comme si l'on était atteint d'une espèce de folie de la vie, sans pouvoir se soustraire au courant déferlant, mais au contraire, accélérant le mouvement et appelant les autres à se joindre à cette marche désordonnée vers un destin obscur.

Ne serais-tu pas toi-même, cher lecteur, visé par ces paroles ? 

Peu importe que tu sois prêtre ou moine, ministre consacré ou simple fidèle, car je ne parle pas de l'homme extérieur, mais je m'adresse à ton âme indépendamment de toutes ses apparences éphémères : quelle part de fruit spirituel as-tu donné, en tant que sarment de la vigne ?
Ne prétends pas dire au Seigneur :  J'ai parle en ton nom, j'ai servi ton Évangile, j'ai guéri tes malades afin de ne pas entendre le reste du passage Loin de moi car vous avez
déjà reçu votre récompense, en dignité, en argent, en célébrité et en bonne réputation » (cf. Mt 7,22.23; 6,5).

Ne dis pas non plus -. «J'ai régulièrement fréquenté ton église, je t'ai présenté chaque jour les offrandes, ainsi que l'encens soir et matin », afin de ne pas entendre la dure parole
Que m'importent leurs innombrables sacrifices leur encens m'est en horreur » (Is 1, 11 .13), « vous qui affectez de faire de longues prières ( ... ) » (Mt 23,14).

Tout cela n'est pas fruit, mais feuillage verdoyant; il nous est nécessaire pour un temps, mais il séchera et tombera un jour, nous laissant nus à l'automne de la vie.

(..).

Si tu veux connaître tes fruits, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, assieds-toi, prie en silence, et là examine le fond de ton âme; tu découvriras alors l'étendue de ta nudité et que tu n'es pas le riche que tu croyais, mais pauvre, pitoyable et nu (cf. Ap 3,17).

Tu verras sans doute le sarment de ta vie, c'est-à-dire ton âme, dénué de tout fruit spirituel; quant aux oeuvres et aux activités bruyantes dont tu remplissais l'espace, elles t'apparaîtront comme du linge sale.
Quand tu t'isoleras totalement devant Dieu, quand tu te tiendras en sa présence dans un silence religieux, tu verras ton image comme dans le miroir de Dieu, et tu découvriras la médiocrité de ton apparence, et que tu ne lui ressembles en rien.

À cause de son extrême tendresse, Dieu ne te dévoilera pas ta honte et ta nudité d'un seul coup, pour que ton âme ne s'effondre pas de tristesse. Le Seigneur te fera découvrir peu à
peu les griefs portés contre toi : infidélité, orgueil, colère, révolte, vol, calomnie, envie, jalousie (...)
 
La découverte par l'homme de ses péchés est une grande grâce; c'est la seule voie qui mène à la guérison.

C'est dans le silence que tu pourras voir clairement tes défauts et les péchés qui t'entraînent au jugement.

C'est également dans le silence que tu trouveras l'occasion de pleurer pour laver de tes larmes l'insanité de tes actes. Et tu ne sortiras de l'audience divine qu'après avoir reçu, à chaque fois, une hysope nouvelle qui lavera ton âme, plus blanc que neige.

Mais ne crois pas qu'il suffit de s'éloigner des hommes pour être en solitude, ni de se retirer dans sa chambre pour être en silence.

 Non, la solitude naît d'abord dans le coeur, et le silence commence dans l'intellect et non dans la bouche.

 L'homme qui entre en solitude a vidé son coeur de tout : du bonheur et de la tristesse, de l'espoir et du désespoir, de l'amour et de la haine; il a abandonné tout intérêt et toute réflexion, il a tout confié, tout livré, comme quelqu'un qui s'apprête à entrer dans la tombe.
il n'y a pas de place à l'activité du corps dans la solitude et le silence; ils sont le champ où l'âme recluse peut s'élancer, solitaire, et déployer toute son énergie.

Quand on commence à s'exercer à la solitude, le corps s'ennuie, l'intellect regimbe; l'un et l'autre ressentent l'obscurité de la tombe.
 L'âme éprouve de la douleur et de la gêne à se libérer du corps et des ténèbres des sens. il est donc probable que celui qui entre dans la solitude rencontre cette gêne au début, mais ce n'est là qu'un tournant critique qui nécessite foi et patience et qu'il n'est pas difficile à l'âme de dépasser, car elle sent bien que la lumière est proche et, que derrière les ténèbres de la tombe, se trouve la gloire de la résurrection.

La solitude n'est pas un temps passé dans le calme loin du monde, temps après lequel nous reprenons nos habitudes du passé, bavardages, discussions, polémiques, plaisanteries,commentaires politiques, lectures de faits divers et jugements portés sur les autres. 

La sortie de la solitude est en quelque sorte comparable à la sortie du ressuscité hors de la tombe, l'âme doit y garder le calme, la discrétion, le silence et l'éloignement du monde dans la mesure du possible : « Ne me retiens pas ainsi » (jn 20,17), mais sans suffisance, ni mépris, ni sentiment de supériorité à l'égard des autres : « Touchez-moi et voyez Il prit et mangea sous leurs yeux » (Lc 24,39.43).

Au milieu des hommes, garde autant que possible la pureté de ta pensée, de tes sens et des sentiments du coeur, afin qu'il te soit facile, en retournant dans la solitude, de t'élancer sans encombre dans l'espace de la présence divine.

Quand tu commences à t'exercer à la solitude, n'essaie pas de contraindre tes sens à ressentir la sainteté, ou à percevoir quelque vision que ce soit de Dieu; ce faisant, tu épuiserais ton intellect et ton corps sans résultat, car Dieu ne peut être vu par le corps, ni perçu par les sens.

La seule chose à faire dans la solitude est... de ne rien faire.

 Attends Dieu dans le calme et ne te mets pas à sa poursuite, ni par l'imagination, ni par la considération de la création visible; cela gênerait l'élancement de l'âme vers la présence de Dieu.

Et s'il y avait quelque chose à faire, ce serait de rentrer en soi-même avec componction et grande humilité, en s'attristant sur les péchés qui ont produit ces voiles épais entre l'âme et Dieu.
 Ces sentiments empreints d'humilité seraient susceptibles de préparer le chemin où l'âme peut s'élancer vers Dieu.

Quand tu t'exerceras à la solitude, tu y trouveras des occasions exceptionnelles de te trouver dans la présence de Dieu, de dévoiler ton âme devant son créateur afin qu'il puisse corriger ses défauts et ses erreurs, et la préparer à son avènement merveilleux.

 Ainsi le sarment sera raffermi dans la vigne, et pourra porter les fruits de la vie : « Le fruit est amour, joie,
paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5,22.23).

( Extrait de l'Expérience de Dieu dans la Vie de Prière du Père Matta el-Maskîne Abbaye de Bellefontaine Spiritualité orientale pp239-243)



Psaume 38

J'ai dit: " Je garderai mon chemin
sans laisser ma langue s'égarer
Je garderai un bâillon sur ma bouche
tant que l'impie se tiendra devant moi"

Je suis resté, muet, silencieux
Je me taisais, mais sans profit
Mon tourment s'exaspérait
mon coeur brûlait en moi
Quand j'y pensais je m'enflammais
et j'ai laissé parler ma langue

Seigneur fais-moi connaître ma fin
quel est le nombre de mes jours:
je connaîtrais combien je suis fragile
Vois le peu de jours que tu m'accordes
ma durée n'est rien devant toi

L'homme içi-bas n'est qu'un souffle
il va, il vient, il n'est qu'une image
Rien qu'un souffle tous ses tracas
il amasse, mais qui recueillera?

Maintenant que puis-je attendre Seigneur?
Elle est en toi mon espérance.
Délivre-moi de tous mes péchés
épargne-moi les injures des fous.

Je me suis tu, je n'ouvre pas la bouche
car c'est toi qui es à l'oeuvre
Éloigne de moi tes coups
je succombe sous ta main qui me frappe

Tu corriges l'homme en corrigeant sa faute
tu ronges comme un ver son désir
l'homme n'est qu'un souffle

Entends ma prière Seigneur, écoute mon cri
ne reste pas sourd à mes pleurs.
Je ne suis qu'un hôte chez toi
un passant comme tous mes pères

Détourne de moi tes yeux que je respire
avant que je m'en aille et ne sois plus.

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J+ 5


Quiétude et silence


En quoi consiste alors cette - quiétude » (shelya) dont Isaac ne cesse de parler ?
 Elle est un renoncement intentionnel au don de la parole, afin de créer un silence intérieur, au milieu duquel il est possible d'entendre la présence de Dieu. 
Elle consiste à se tenir sans cesse devant Dieu, gardant le silence, en état de prière. 
Elle est le retrait de toute activité de la parole et de la pensée, pour atteindre le silence et la paix de l'esprit.
Voici la définition de la quiétude (d-shelya) : silence (shelyuta) par rapport à toute
chose. 

"Si, dans la quiétude, tu te retrouves plein de tumulte, si tu troubles ton corps avec le travail manuel et ton âme avec des soucis, juge alors par toi-même quelle espèce de quiétude tu pratiques, puisque tu t'occupes de beaucoup de choses, afin de plaire à Dieu ! Car il est ridicule pour nous de parler de quiétude si nous n'abandonnons pas toute chose et si nous ne nous séparons pas de tout souci".


Isaac distingue deux sortes de quiétude : la quiétude extérieure et la quiétude intérieure. La quiétude extérieure consiste à garder le silence de la langue et de la bouche; la quiétude intérieure, dans le silence de l'intellect, la paix de la pensée, la quiétude du coeur. Celle qui est intérieure est plus élevée que la quiétude extérieure, mais si la première fait défaut, l'autre ne sert à rien : « Si tu ne peux pas être silencieux dans ton coeur, au moins garde le silence de la langue. » La quiétude intérieure est creusée par la quiétude extérieure, et l'ascète doit toujours pratiquer la dernière pour accomplir la première -.


"Aime le silence avant toute autre chose, car il te rend proche d'un fruit que la langue ne peut exprimer. Forçons-nous au silence, et à partir de ce silence quelque chose naîtra qui conduira vers le silence lui-même (c'est-à-dire vers le silence intérieur). Puisse Dieu t'accorder de ressentir une part de ce qui naît du silence ! Si tu te mets à cette pratique, je ne saurais dire toute la lumière qui t'en viendra. Lorsque cet homme merveilleux que fut Arsène restait silencieux, comme il est dit de lui, quand les Pères lui rendaient visite pour le voir, qu'il était assis avec eux et qu'il les renvoyait demeurant toujours silencieux, n'en conclus pas, mon frère, qu'il le faisait par volonté, sauf au début lorsqu'il s'y efforçait. Après quelque temps, une certaine douceur naît dans le coeur à partir de la pratique de ce labeur, et celle-ci conduit le corps, par contrainte, à persévérer dans la quiétude... Le silence est aussi un chemin vers le silence... Lorsque Arsène trouva qu'il était souvent impossible, à cause de l'endroit où se trouvait sa demeure, d'être très éloigné de la proximité des hommes et des moines qui habitaient dans la région, c'est alors qu'il apprit de la grâce ce chemin de vie qu'est le silence ininterrompu. Et si la nécessité le contraignait parfois d'ouvrir sa porte à certains, ceux-ci étaient déjà heureux seulement de le voir, mais la conversation et l'utilisation de paroles étaient devenues superflues entre eux"


L'expérience d'un silence qui est absence de paroles est une expérience de participation à la vie du monde à venir. Comme l'écrit Isaac, 

« le silence est le mystère du siècle à venir, mais les paroles sont les instruments de ce monde-ci  .. Le silence extérieur produit des fruits à l'intérieur de soi, alors que l'incapacité à garder la langue amène un obscurcissement spirituel
Mon frère, si tu gardes ta langue, Dieu t'accordera le don de la componction du coeur; tu verras ton âme et tu entreras ainsi dans la joie spirituelle. Mais si ta langue triomphe de toi... tu ne seras jamais en mesure d'échapper à l'obscurité. Si ton coeur n'est pas pur, qu'au moins ta bouche le Soit ... »(...)

Tout cela conduit à la quiétude intérieure dont nous indiquerons quelques fruits
 Isaac traite la question dans la lettre qu'il envoie à un ami anonyme où il rassemble les témoignages des ascètes de son temps à ce sujet. Ces témoignages mentionnent plusieurs fruits de la quiétude, en particulier

- une concentration de l'esprit et à un approfondissement de l'activité spirituelle de l'intellect : 
« Voici l'avantage que je retire de la quiétude : lorsque je quitte le lieu que j'habite, mon esprit est vide de toute préparation pour un combat, et s'applique à une activité supérieure. »


-elle conduit à la douceur spirituelle, à la joie, à la tranquillité intérieure et à une perte extatique de l'activité des sens et des pensées -.
« je cours vers la quiétude, afin que les versets de ma lecture et de ma prière se remplissent de douceur pour moi. Et lorsque ma langue se fait silencieuse à cause de la douceur qui me vient de leur compréhension, je tombe, comme dans une espèce de sommeil, dans un état où mes sens et mes pensées cessent leur activité. Lorsque, après un silence prolongé, mon coeur est devenu tranquille et sans trouble, ... des ondes de joies s'approchent de la barque de mon âme, et elles plongent celle-ci dans la quiétude qui existe en Dieu, comme dans un véritable émerveillement. »


- la quiétude efface les souvenirs qui font du tort à l'esprit, et comment celui-ci est ainsi capable de retourner à son état naturel.

- la quiétude aide à libérer l'esprit et à se concentrer sur le repentir et la prière : « Lorsqu'on voit plusieurs visages et qu'on entend toutes sortes de voix, étrangères à cette rumination spirituelle, ... l'esprit ne sera pas libre pour se voir soi-même secrètement, pour se souvenir de ses péchés, réduire à néant ses pensées, faire attention à ce qui lui survient et s'occuper de la prière cachée. »


- la quiétude aide-t-elle à - soumettre les sens à la domination de l'âme" ..
La vie de quiétude et de silence conduit à l'éveil au-dedans de soi de cet « homme caché du coeur » dont parle saint Pierre ( 1 Pierre 3,4). Un tel processus se déploie à proportion du degré de mortification de l'homme extérieur qui doit faire face aux combats, au milieu du monde :

Au dire de saint Basile, la quiétude est le commencement de la purification de l'âme". Car lorsque les membres extérieurs arrêtent leur activité au-dehors et que cesse la distraction que celle-ci leur cause, l'esprit se détourne des distractions et des pensées qui divaguent hors de son domaine, et vient demeurer paisiblement au-dedans de lui, tandis que le coeur s'éveille pour évacuer les réflexions qui se trouvent en lui... Si la pureté n'est rien d'autre que l'oubli d'un mode de vie qui n'est pas libre et l'abandon de ses habitudes, comment et quand un homme pourra-t-il purifier son âme qui, par sa propre activité ou par celle des autres, renouvelle en lui le souvenir des habitudes d'antan ? Si le coeur est souillé chaque jour, quand sera-t-il lavé de ces souillures ? Et s'il n'arrive pas à résister à l'activité des choses venant du dehors, comment pourrait-il purifier son coeur, alors qu'il se voit au milieu du campement et qu'il entend chaque jour d'urgents bruits de guerre ? Mais s'il se retire de cela, il pourra peu à peu faire cesser ce premier trouble intérieur... C'est seulement lorsque quelqu'un entre en quiétude que son âme peut discerner les passions et examiner prudemment sa propre sagesse. L'homme intérieur s'éveille alors à son tour au labeur spirituel et, jour après jour, il ressent la sagesse cachée qui fleurit dans son âme... La quiétude mortifie les sens extérieurs et ravive les motions intérieures, alors que le style de la vie au-dehors fait le contraire : il ravive les sens extérieurs et-tue les motions intérieure.


Ainsi il est impossible d'atteindre la quiétude intérieure de l'esprit sans le silence extérieur de la langue, des sens et des pensées.
 De cette façon, le « silence avant toute autre chose » devient la première loi de la vie spirituelle.
 Sans lui, non seulement l'on ne peut atteindre l'état de perfection, mais on n'est même pas en état de faire ses premiers pas sur le chemin vers Dieu.

(Extraits de l'univers spirituel d'Isaac le Syrien de Hilarion Alfeyev) Spiritualité orientale Abbaye de Bellefontaine)

 

Psaume 41

 

Comme un cerf altéré
cherche l'eau vive
ainsi mon âme Te cherche
Toi, mon Dieu

Mon âme a soif de Dieu
le Dieu vivant
quand pourrai-je m'avancer
paraître face à Dieu ?

Je n'ai d'autre pain que mes larmes
le jour, la nuit
moi qui chaque jour entends dire
"Où est-il ton Dieu ?"

Je me souviens
et mon âme déborde
en ce temps-là
je franchissais les portails !
Je conduisais vers la maison de mon Dieu
la multitude en fête
parmi les cris de joie
et les actions de grâce

Pourquoi te désoler, ô mon âme
et gémir sur moi ?
Espère en Dieu, De nouveau je rendrai grâce
il est mon sauveur et mon Dieu !

Si mon âme se désole
je me souviens de Toi
depuis les terres du Jourdain et de l'Hermon
depuis mon humble montagne
L'abîme appelant l'abîme
à la voix de tes cataractes
la masse de Tes flots et de Tes vagues
a passé sur moi

Au long du jour, Le Seigneur
m'envoie Son Amour
et la nuit Son chant est avec moi
prière au Dieu de ma vie

Je dirai à Dieu, mon Rocher
"Pourquoi m'oublies-Tu ?
Pourquoi vis-je assombri
pressé par l'ennemi ?"

Outragé par mes adversaires
je suis meurtri jusqu'aux os
moi qui chaque jour entends dire:
" Où est-il Ton Dieu ?"

Pourquoi te désoler,   mon âme
et gémir sur moi ?
Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce
Il est mon sauveur et mon Dieu !

+

Seigneur, Tu me dis d'accueillir le Temps...
Seigneur, Tu me donnes de recevoir chaque jour, comme une grâce,
Seigneur, Tu me fais vivre chaque instant au présent...
Seigneur, avec Toi, je ne suis pas seule: chaque instant dure une éternité...
Avec Toi, Seigneur, jour après jour, Tu me fais passer de la mort à la vie...

A Ta Présence, Seigneur, mon coeur est ouvert...
De Ta Tendresse qui déborde, chaque minute de ma vie, est pleine...
De Ta Parole, Seigneur, je me nourris...
Seigneur, Donne-nous la grâce, d'être signe pour tous nos frères...
...sur ce chemin pascal...

...Pour nos frères qui n'ont pas la joie de Te connaître, Seigneur...
...Pour nos frères qui luttent...
...Pour nos frères qui souffrent...
...Pour nos frères qui doutent...
...Pour ceux de nos frères qui désespèrent...
...Pour ceux qui ont perdu le sens du Temps...
...Pour nos frères qui Te cherchent, Seigneur...
...Pour ceux qui ont faim et soif de Toi, Seigneur...
...Pour ceux qui peinent dans l'aridité du désert...
...Pour tous nos frères déboussolés...

Nous Te prions, Seigneur...

Que Pâques réveille en eux l'ardent Désir de Ton Amour...

Seigneur, comme j'aimerais...
Seigneur, ...recevoir la grâce...
D'être un ...signe... même petit...très humble...très modestement...sans fierté...

Sur notre chemin pascal à tous...
comme j'aimerais, Seigneur...
...pouvoir faire signe...
à tous ceux que Tu m'as donné d'aimer.

Hélène

C'est bien de vouloir se rendre au désert... pour vivre son Carême.
Mais c'est si dangereux ! En effet, par Jésus lui-même, nous sommes
prévenus que le Mensonge nous y attend... pour nous tenter, nous
tromper, et détruire notre quiétude.  Nous serions plus tranquilles au
milieu du monde, dans le brouhaha enivrant des futilités qui nous
distraient et nous empêchent de voir en face notre péché.  Au désert, en
revanche, il n'y a rien... que le silence !

Alors, de savoir que ce Carême, ce désert de Carême de l'an 2002, se
vivra en compagnie d'autres chercheurs de quiétude me rassure et
m'encourage. Merci à vous tous d'oser prendre ce risque avec moi ! Avec
vous,  je vais affronter le silence et la transparence, pour me
découvrir tel que je suis, dans la nudité de mes faiblesses, dans la
vérité de mes richesses.

Il y a moins d'une heure j'étais découragé, je ne valais plus rien.
J'avais laissé le doute s'insinuer au plus profond de moi. Enfin, quand
je dis le doute... je devrais dire "celui qui fait douter", celui qui
s'acharne à démolir notre confiance.  Puis, je me suis assis, je suis
entré dans la quiétude d'Isaac, avec Frère François, je me suis laissé
porter par la prière d'Hélène, j'ai récité le psaume de la confiance
renouvelée.

Et me voici plus fort, plus serein. Entrons plus profond dans le désert,
traçons nos pas sur le sable, débarrassons-nous de nos encombrements
intérieurs et extérieurs, devenons signes, les uns pour les autres,
signes d'amour et de vérité. Tout le reste est dérisoire, inutile et
contraignant. Ne donnons asile qu'aux paroles d'encouragement, de
soutien, d'émerveillement. Faisons taire les critiques, les propos
calomnieux, les mots désabusés, les plaintes incessantes. La vie est là,
même au désert, plus forte que tout. La vie est là pour être aimée et
respectée.

Nic

MERCI...Nicolas

de nous offrir, tes impressions sur le silence du désert que tu vis...
C'est vrai que ...notre proximité dans l'absence, à tous, me rassure également.

Si je n'étais pas "contenue" par ce groupe de personnes...j'aurais peur de m'avancer à l'intérieur de mon désert...
Le silence est parfois pesant pour moi.
Mais quand il me pèse trop lourdement, je me libère par l'écriture...
Je tiens une espèce de journal intime, dans lequel, je relate certains faits...
Je rédige des prières...

En ce moment, par exemple, à côté des textes de Frère François; à côté des Evangiles; à côté du livre de lecture que j'ai choisi...
pour lire...pour méditer...pour prier...
J'ai pris mon cahier...
et quand ma pensée prend forme...je confie à ce cahier, mes réflexions...le fruit de mes méditations...

Ainsi, je garde une trace de ce que je vis, au jour le jour...
pour ensuite, éventuellement, le partager avec d'autres...

Quand j'ai lu ton texte, j'ai de suite pensé au petit prince...saint-Exupéry
" Ce qui embellit le désert, ...c'est qu'il cache un puits quelque part..."

A bientôt Nicolas...dans la communion...de pensée et de prière...sous le regard de Dieu...

Hélène

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La Prière ...

Alors que nous ne savons pas prier comme il faut, l'esprit vient en aide à
notre faiblesse... (et) intercède pour nous en, gémissements  ineffables.
(Rm 8, 26)

( Extraits de l'inteview du Père André Louf moine cistercien et Abbé du Mont-des-Cats durant 35 ans par Stéphane Delberghe)


La prière: un exercice qui conduit à la solitude ou qui la comble ?

-Disons en premier lieu qu'il y a mille façons de prier.
Pensez notamment à  toutes les méthodes proposées aux débutants: telle technique de relaxation, telle manière d'approcher le texte biblique, les oraisons, les litanies, le chapelet, autant de voies d'accès qui ne sont pas sans valeur, mais qui devront un jour ou l'autre s'effacer au profit de la prière intérieure.

 Du reste, tôt ou tard, toutes les techniques conduisent à une impasse, tout simplement parce qu'elles ne sont pas à la mesure de leur objet.
Le priant cherche à rencontrer quelqu'un qui le dépasse du tout au tout. Ce qu'il est convenu d'appeler « prière » est à la fois mise à disposition de soi (et à ce titre, les techniques peuvent aider') et don de Dieu qui nous visite. De notre point de vue, prier signifie se tenir constamment en attente. Mais nous ne trouvons cette attitude qu'après avoir éprouvé les limites de tout ce que nous avions mis en place pour obtenir un résultat!
La prière nous conduit donc à découvrir d'une manière nouvelle cette solitude radicale dont il a déjà été question. Si elle vise à peupler notre solitude, elle se révèle bien vite solitude elle-même. C'est elle qui doit nous ouvrir progressivement à la communion que Dieu nous propose. Car Dieu ne demeure pas inactif. Les moments où nous nous sentons habités d'une puissante poussée intérieure vers la prière en sont le signe; cette poussée est celle de l'Esprit qui nous entraîne doucement et qui fait de nous des êtres en suspens vers Dieu et ouverts à sa rencontre.
 On pourrait citer ici certains moments de la lectio, c'est-à-dire de la lecture spirituelle de la Bible, quand un verset nous touche davantage. Il n'est pas question alors de chercher quelque éclaircissement exégétique ou théologique
une telle recherche a dû précéder la véritable lectio - mais bien de se laisser saisir de l'intérieur par une saveur encore inconnue.
Ce sont des moments de grâce où nous sommes habités par une sorte de chaleur, une douceur rarement expérimentée en d'autres circonstances. La Parole de Dieu est devenue notre viatique sur le chemin vers Dieu.(...)

- La prière se nourrit de l'Ecriture, et notamment des psaumes, mais on ne peut pas la réduire au seul fait de réciter des textes, même avec beaucoup d'application. Si tel était le cas, nous serions d'ailleurs souvent pris en défaut. Il n'est pas rare qu'après un moment d'attention, notre vigilance faiblisse durant la célébration d'un office et, sans même que nous nous en apercevions, se déporte vers des intérêts plus urgents ou qui nous tiennent davantage à coeur. Heureuses distractions, en un sens. Certes, elles nous irritent mais elles ont l'avantage de nous révéler rapidement nos limites, et de nous donner d'expérimenter comme saint Paul que « nous ne savons pas prier comme il faut » (Rm 8, 26). Moment de vérité où nous pressentons que la vraie prière est ailleurs. Non seulement elle
n'est pas au bout de nos efforts, mais elle est même au-delà de l'intérêt intellectuel, des états d'âme ou des sentiments que le texte sacré éveille en nous.
 S'arrêter à ces émotions, c'est rester en deçà de la véritable prière et, en fin de compte, demeurer toujours insatisfait.
C'est en vain que l'on cherche alors à caresser la nouvelle idée intéressante qui nous a frappés, ou à reproduire l'émotion qu'on vient de vivre.

Iriez-vous jusqu'à exclure tout mouvement de la raison, toute émotion ou spontanéité... dans la vie de prière?

-Certes, non. Ils sont indispensables: nous sommes des êtres de raison, de parole, de coeur. Comment Dieu pourrait-il nous rencontrer sans passer par ces voies qu'il a lui-même créées à notre usage? Néanmoins, ces différents moyens peuvent devenir des pièges qui nous renferment sur nous-mêmes et nous empêchent de nous ouvrir à Dieu. C'est en cela qu'ils peuvent nous écarter de la véritable prière qui, malgré certaines difficultés éprouvées, nous est toujours donnée, et même nous est donnée d'avance. Saint Paul nous le rappelle explicitement: «Alors que nous ne savons pas prier comme il faut, l'esprit vient en aide à notre faiblesse... [et] intercède pour nous en gémissements ineffables » (Rm 8, 26).

En chaque chrétien, l'Esprit, reçu au jour du baptême, ne cesse de crier «Abba, Père!» (Rm 8, 15). Dès lors, toute méthode ou technique de prière ne peut avoir d'autre objectif que de mettre le croyant en contact avec cette prière divine qui est déjà à l'oeuvre en lui.

- Mais comment faire pour que cette prière à I'oeuvre inconsciemment en nous devienne consciente?

D'abord se mettre en état de veille. Dieu demeure le seul maître de la prière. Il pourrait tout aussi bien se passer de nos préparations pour enjamber tous les obstacles que nous entretenons, sans le savoir. C'est lui qui fera jaillir la prière « quand il le voudra, comme il le voudra, là où il le voudra », comme
dit Jan van Ruusbroec.
A un certain moment, Dieu prend les choses en mains, et il ne nous reste alors plus qu'à suivre ses motions. Ceci ne nous évitera toutefois pas l'apparente sécheresse de nos efforts de prière laissés à eux-mêmes, ni l'ennui ou la désolation qu'ils peuvent engendrer. Heureusement! car sans ce creusement patient et fastidieux de notre coeur, la jubilation ou le repos de la prière risqueraient de tourner rapidement à une fallacieuse quiétude, bien étrangère à l'action de l'Esprit Saint.
 
Ruusbroec se sert ici d'une expression très suggestive: « Il faut, dit-il, sans cesse s'élancer, et sans cesse défaillir, c'est comme si on ramait à contre-courant. »

Cette image originale, qui revient à plusieurs reprises sous sa plume, dit bien à quel point tout effort humain est appelé à s'épuiser devant la merveille de la grâce, et comment Dieu nous attend à travers une radicale pauvreté avant de nous sauver et de nous combler. Car c'est toujours sa grâce qui doit nous sauver, même lorsqu'il s'agit de la prière.


- Comment cela se passe-t-il ?

- Un instant en est toujours imprévisible. Soudain nous basculons vers notre intériorité, lorsqu'à travers une parole lentement ruminée, une lumière différente semble transparaître ou quand une force jusque-là inconnue vient relayer no pauvres efforts et nous entraîne dans un au-delà qui, curieusement, est cependant toujours situé au plus profond de nous mêmes.
Nous sentons bien que nous n'y sommes pour rien
Le sentiment éprouvé est plutôt celui d'un « dérapage », si vous me permettez l'expression, qui voudrait rendre compte du caractère incontrôlable de l'événement , une échappée ver un ailleurs, mais dont l'éclatante réalité ne laisse aucun doute.
Une nouvelle sensibilité se fait jour.
Notre regard s'affine.
Une certaine parole est enfin perçue au-dedans de nous
Et surtout, une paix qui ne peut tromper nous envahit au plus profond de nous-mêmes.
Le recueillement, qui jadis nous paraissait contraint et artificiel, coule désormais de source, à l'image de la prière qui s'exprime maintenant sans difficulté, parce qu'elle aussi coule de source avec des mots on ne peut plus simples et faciles.

 La volonté de Dieu, jadis parfois difficile à discerner, semble maintenant se révéler comme allant de soi. Autant de signes que « 1"homme caché à l'intérieur du coeur » dont parle saint Pierre dans sa première Lettre (1 P 3, 4), commence à se réveiller au-dedans de nous.

A plusieurs reprises vous avez utilisé l'expression « basculer en Dieu », vous employez maintenant l'expression: « basculer vers son intériorité »...

- Il s'agit de l'un des moments cruciaux de l'expérience spirituelle chrétienne. Toute la Bible nous répète que l'homme est intérieurement « habité » : il est le « temple de l'esprit » (1 Co 3, 16), « le Christ habite en lui par la foi » (Ep 3, 17), « le Père et le Fils viennent établir en lui leur demeure » (jn 14, 23). Hélas! chez la plupart d'entre nous, même si nous sommes croyants, cette réalité, au fond bouleversante, reste souvent, et parfois pour toujours, à l'état inconscient.
La culture actuelle semble même être affectée d'une surdité particulière, d'une remarquable insensibilité par rapport à ce trésor intérieur, caché en nous. Bien des aspects de la vie moderne, non condamnables en soi, se conjuguent pour attirer l'homme hors de lui-même et l'obligent à s'installer au niveau de ses sens extérieurs, à vivre, pourrait-on dire, « à fleur de peau ».
Or, pour peu que l'on fréquente les grands auteurs spirituels du passé, et pas seulement ceux qui appartiennent à la Tradition chrétienne, on est frappé par la grande attention qu'ils portent à leurs sens intérieurs, à tout ce qu'ils vivent au-dedans d'eux-mêmes. L'homme moderne, au contraire, semble frappé d'allergie vis-à-vis de son intériorité, qui est le lieu où il pourrait rencontrer Dieu d'une façon infiniment plus dense et, après tout, infiniment plus facile, qu'en empruntant le long et fastidieux détour par les créatures, qu'il croit devoir s'imposer aujourd'hui. 
On ne parle d'ailleurs plus guère de ce lieu intérieur en nous, soudain frappé de suspicion, dirait-on, Nous avons cependant gardé l'expression «vie intérieure», mais l'usage banalisé que l'on en fait habituellement a fini par estomper complètement sa véritable signification.
En voici un exemple à la fois étonnant et quelque peu plaisant: pendant vingt siècles, tous les Pères de l'Eglise et tous les exégètes, dans toutes les traditions et dans toutes les langues chrétiennes, ont unanimement appliqué à ce monde intérieur la parole bien connue de jésus: « Le Royaume de Dieu est au dedans de vous » Lc 17, 21~, ou encore celle de saint Paul: « Chantez dans votre coeur des hymnes spirituels » (Ep 4, 19). Il a fallu attendre notre époque pour voir tous les commentateurs traduire, avec une même touchante unanimité: « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous », ou « parmi vous », et, pour le texte de Paul - « Chantez de tout votre coeur » - traductions qui lexicographiquement peuvent se justifier, on peut le leur concéder, mais auxquelles personne n'avait jamais songé jusqu'à présent, preuve éloquente de la distance qui s'est établie entre notre sensibilité moderne et celle des Anciens - qui cependant savaient sans doute le grec mieux que nous, puisque c'était leur langue maternelle.
Rien ne pourrait manifester plus clairement que nous avons tout simplement désappris la dimension intérieure de l'homme, et que nous tendons même à la passer sous silence. Or, il s'agit de rien moins que cet « homme caché à l'intérieur du coeur », que l'on vient d'évoquer à la suite de saint Pierre, ou de cet « homme intérieur » dont saint Paul disait qu'il doit progressivement déployer en nous toutes ses virtualités, tandis qu'au fil des jours notre homme extérieur va en s'amenuisant, jusqu'à sa dissolution dans la mort (2 Co 4, 16).

Au Moyen Age latin, les auteurs parlaient de cette intériorité comme de la « Maison intérieure », du « Temple intérieur », de la « Cellule intérieure ».
 Mais personne n'a chanté en termes plus émouvants cette découverte de notre intériorité habitée par Dieu que saint Augustin, dans l'un des passages les plus célèbres de ses Confessions:

« Tard je t'ai aimée, beauté si ancienne et si nouvelle,
tard je t'ai aimée!
Voilà que tu étais au-dedans de moi,
mais moi je me trouvais à l'extérieur
et c'est là que je te cherchais, et je me précipitais,
sans beauté, dans les beautés dont tu es l'auteur.
Tu étais avec moi, mais moi je n'étais pas avec toi.
C'est elles qui me tenaient captif loin de toi
alors qu'elles n'existeraient pas si elles n'existaient pas en toi. »

Un auteur du Moyen Age latin résumera la joie de cette quête de l'espace intérieur en un bref aphorisme: Quanto interius, tanto dulcius, « plus je suis intérieur à moi-même, plus je goûte de douceur ». Cette douceur qui est Dieu.

- Si la prière est cet événement singulier et soudain... pourquoi alors se rassembler régulièrement pour prier l'office ?

- Un jour, un Abbé cistercien me demanda d'animer une session consacrée à la priëre, et en précisa le thème de la manière suivante. Dans son Introduction à la vie dévote, saint François de Sales écrit à sa dirigée: « Si, en priant un psaume, il arrive que ton coeur soit touché par la grâce, arrête toi. C'est le Saint-Esprit qui t'invite à une contemplation plus élevée. Et ne t'inquiète pas si tu n'achèves pas la récitation du psaume, sauf s'il s'agissait d'un psaume ou d'une prière de règle » (en d'autres termes, sauf si tu es occupé à prier l'office régulier).
Et l'Abbé de préciser sa question: « Cela veut-il dire que nous, qui sommes tenus de célébrer l'office, nous ne sommes pas appelés à un degré élevé de contemplation? » Question essentielle et qu'il vaut la peine d'examiner. Car la prière liturgique est sans aucun doute l'une des voies qui peuvent nous conduire à la prière intérieure.(...)  le Livre des Degrés. Il s'agit d'un écrit ascétique du ive siècle, destiné à une classe de prêcheurs ambulants, espèce d'ascètes gyrovagues qui parcouraient le monde en pauvres, priant et jeûnant par amour du Christ, tels qu'on devait en rencontrer à cette époque en Asie Mineure. Il ne s'agit pas encore de moines à proprement parler, dont l'auteur semble d'ailleurs se méfier un peu, et qu'il appelle les «montagnards», parce qu'ils s'isolaient dans les montagnes. Il leur reproche d'ailleurs gentiment de se séparer de l'Eglise locale, et les exhorte à reprendre leur place au milieu de la liturgie qut nous appellerions aujourd'hui paroissiale.
 Or, il fonde son point de vue sur le lien qu'il établit entre la liturgie extérieur et la prière intérieure. A ses yeux, en effet, il existe trois sanctuaires.
Le sanctuaire liturgique d'abord, l'église de pierre qu'il importe de ne pas déserter, car c'est lui qui ouvre l'accès aux deux sanctuaires suivants.
Le sanctuaire intérieur ensuite dans lequel chaque croyant célèbre au plus secret de son coeur  
Enfin, le sanctuaire du ciel où le Christ célèbre continuellement. Il s'agit là d'une vision très proche de celle de l'Epître aux Hébreux qui précise en effet qu'au ciel « le Christ intercède, sans cesse pour nous auprès de son Père » (Hb 9, 24). Les trois litu~rgies sont reliées par un même mouvement dynamique. Elles
sont comme reliées par des vases communicants.
La liturgie de l'Eglise locale a comme rôle de nous faire passer vers la liturgie intérieure du coeur, et celle du coeur doit nous permettre d'entrer dans le troisième sanctuaire qui est celui du ciel.
On se souvient ici de l'admirable parole d'Isaac le Syrien, l'un des héritiers de cette tradition spirituelle:
« Au fond de notre coeur, il y a une porte, et cette porte s'ouvre sur le ciel. »

C'est apparemment tout simple, et pourtant cela dit beaucoup... Certes, cette porte est à la fois ouverture et obstacle, car elle est provisoirement fermée, mais elle existe, et son issue n'est qu'en Dieu.
A nous de persévérer suffisamment longtemps dans la prière intérieure pour la voir s'ouvrir un jour.
A ce propos, le même Livre des Degrés opère, parmi les chrétiens, une distinction entre les justes et les parfaits, distinction qui a été longtemps soupçonnée de faire partie d'une hérésie ancienne, le messalianisme. Mais en fait, il s'agit sans doute bien davantage de deux étapes dans la vie de prière que de deux états distincts. Les justes représentent l'étape des commençants: ceux-ci se tiennent devant la porte et n'y frappent qu'une ou deux fois par joùr, dit l'auteur. Les parfaits, au contraire, ne cessent jamais d'y frapper. C'est ce que la tradition monastique appellera la « prière ininterrompue ».

- La liturgie serait donc notre manière de frapper à la porte ?

- Il faut bien le reconnaître: habituellement, nous n'avons pas conscience de cette prière qui se déploie et se célèbre au coeur de notre coeur.
C'est petit à petit que Dieu va soulever un coin du voile, pour permettre qu'une petite part de cette activité inconsciente de la prière vienne à la surface de notre conscience. Parfois il s'agit comme d'un éclair rapide, bref et passager, mais qui illumine à tout jamais des pans entiers de notre existence. Instants de grâce!
Plus souvent cependant, cette venue à la conscience prendra l'aspect d'un affleurement lent et patient, à peine perceptible. Une sorte d'imprégnation à partir de l'intérieur, qui peu à peu éveille en nous un sentiment nouveau...

 C'est dans cette ligne que la prière liturgique, sans cesse répétée en commun, ne manquera pas de porter un jour du fruit. En effet, la prière liturgique - spécialement lorsqu'elle est célébrée dans un climat que l'on pourrait qualifier « d'intérieur » ou « d'intime » - nous permet d'habiter les différents temps et mouvements de la prière, et favorise ainsi progressivement la venue à maturité de l'homme intérieur.
C'est à ce titre qu'on peut l'appeler une véritable école de prière. Il existe, en effet, une nette parenté entre la prière liturgique (célébrée dans les oratoires de pierre) et la prière intérieure (célébrée au plus profond des coeurs) qui fait qu'elles s'appellent et se nourrissent l'une l'autre.
Une prière liturgique qui n'est pas soutenue par la prière intérieure apparaît vite pauvre et desséchée.
A l'inverse, une prière intérieure qui ne provoquerait pas à la prière commune risque de n'être qu'un simple cocon, un leurre, un espace où l'on se protège des autres, de soi, et même de Dieu; une cachette que l'on quitte de mauvais gré et qui finit par nous éloigner de l'essentiel.

- A vous entendre, il semblerait que la liturgie soit une matrice...

- Oui, c'est une belle façon d'exprimer ce que la célébration continue de la liturgie nous donne à vivre intérieurement. Parler de « matrice », c'est évoquer une conception, une maturation et une naissance, et c'est bien ce type d'expériences que le moine est appelé à vivre au fil de la célébration des mystères de la vie du Christ.
En fait, chacun, de ces mystères dit quelque chose à la fois sur Dieu et sur l'homme. Y revenir au fil des jours, c'est comme plonger aux sources de la vie pour que s'ouvrent nos horizons et que nous parvenions progressivement à vivre autrement en Dieu  Expérience d'autant plus intense que la liturgie touche toutes les dimensions de notre être. Elle saisit l'homme dans son rapport à l'espace,à l'autre, au corps, au temps...

Elle instaure, par exemple, un rapport particulier au temps, car elle est à la fois une échappée hors du temps - « le ciel sur terre », comme l'appellent nos frères orthodoxes - et une célébration inscrite dans le temps, puisqu'elle est toujours un mémorial d'un fait passé, non comme un simple souvenir mais comme un événement qui se reproduit « aujourd'hui » et ouvre l'avenir. « C'est aujourd'hui que Dieu naît! C'est aujourd'hui qu'Il est ressuscité... »

(...) La liturgie monastique est célébration du temps, et donc une manière de redonner un sens au temps qui s'écoule. Ainsi, la plupart des moines se lèvent au coeur de la 'nuit pour prier l'office de vigiles. Il s'agit là d'une expérience tout à fait essentielle. D'abord, parce qu'elle nous unit au Christ qui passait régulièrement la nuit en prière (selon le témoignage des évangélistes, et particulièrement de Luc). Tandis que les gens autour de lui dormaient, Jésus veillait sur le monde, face à son Père. Le moine ressent vivement ce souci du monde à déposer entre les mains de Dieu lorsque, vers minuit ou à trois heures du matin, il se lève pour chanter l'office. C'est particulièrement impressionnant au Mont-desCats, puisque sa localisation en haut d'une colline donne aux frères l'impression d'être une vigie chargée de veiller sur ceux qui les entourent. Ensuite, parce que la veillée nous donne de vivre une attente: celle de l'aube.
(...)

Extraits de " A la grâce de Dieu" d'André Louf publié aux éditions fidélité Namur

Psaume 48

Écoutez ceci tous les peuples
entendez bien, habitants de l'univers
gens illustres, gens obscurs
riches et pauvres tous ensemble

Ma bouche dira des paroles de sagesse
les propos clairvoyants de mon coeur
l'oreille attentive aux proverbes
j'exposerai sur la cithare mon énigme

Pourquoi craindre aux jours de malheur
ces fourbes qui me talonnent pour m'encercler
ceux qui s'appuient sur leur fortune
et se vantent de leurs grandes richesses ?

Nul ne peut racheter son frère
ni payer à Dieu sa rançon
aussi cher qu'il puisse payer
toute vie doit finir

Peut-on vivre indéfiniment
sans jamais voir la fosse ?
Vous voyez les sages mourir
comme le fou et l'insensé ils périssent
laissant à d'autres leur fortune

Ils croyaient leur maison éternelle
leur demeure établie pour les siècles
sur des terres ils avaient mis leurs nom

L'homme comblé ne dure pas
il ressemble au bétail qu'on abat !

Tel est le destin des insensés
et l'avenir de qui aime les entendre
troupeau parqué pour les enfers
et que la mort mène paître

A l'aurore , ils feront place au juste
dans la mort s'effaceront leurs visages
pour eux, plus de palais !

Mais Dieu rachètera ma vie aux griffes de la mort
c'est Lui qui me prendra !

Ne craint pas l'homme qui s'enrichit
qui accroît le luxe de sa maison
aux enfers il n'emporte rien
sa gloire ne descend pas avec lui

De son vivant, il s'est béni lui-même
" On t'applaudit car tout va bien pour toi !"
Mais il rejoint la lignée de ses ancêtres
qui ne verront jamais plus la lumière !

L'homme comblé qui n'est pas clair voyant
ressemble au bétail qu'on abat !
+
_____________________________________________________


J'ai écouté, frère François, votre invitation au silence.
Comment peut-il venir dans l'agenda surchargé, dans le quotidien énervé?
Un ermite "sait" la solitude - la prière - le silence - la quiétude.
Grâce et combat, je suppose. Comme pour chacun.
Aller au désert? Moi, mon désert, c'est ma ville! Le seul à ma portée.
Bien sûr, je peux me retirer "dans le secret" de ma chambre.
Mais impossible de faire ce "vide". Il est trop plein des déserts des personnes.
Déserts de la maladie et de l'inactivité, du découragement et de l'échec.
Et dans ces déserts... le silence de Dieu. Et mon silence qui me semble complice....
Le carême risque d'être une fuite....
Dimanche, j'ai cherché le silence en me promenant.
Finalement, je l'ai goûté un peu... sur un vaste parking de 400 places... à l'entrée de la ville.
Pas une seule voiture. Personne. Quelques moineaux....qui jouaient... qui priaient? 
Et là, j'ai prié pour ma ville.... avec ses églises... ses hôpitaux... ses écoles... sa prison... ses maisons
Je vous confie toutes les villes et leurs habitants... Femmes et hommes, jeunes et enfants de tous les jours...
                                                                        Jean-Claude

Benedictus et Pax+

Merci Jean-Claude de la sincérité de ta lettre qui me donne l'occasion de quelques précisions...

Les difficultés que tu rencontres je les connais bien, moi aussi je vis en ville, en banlieue, petitement logé ( 27 m2 dont la moitié sont occupé par un élevage d'oiseaux)...et faire silence est bien difficile...

Pourtant si tu as bien lu les textes  le silence dont je veux parler est intérieur à toi et c'est ce qui est le plus important à trouver, ce lieu où IL parle...
ce lieu où tu peux LE trouver sans intermédiaire et sans questionnement...
ce contact Essentiel que je voudrais que vous établissiez en ce début de Carême ...car tout est là...

Une petite fille à qui on demandait comment elle recontrait Dieu expliquait tout simplement quelle se mettait à genoux appuyée sur son lit...elle se détendait...fermait les yeux...et basculait en Lui...

Je crois que tout est là...dans la facilité propre qu'ont les enfants à faire ce qui est instinctif en eux ...et que nous devons nous retrouver...

car si le lieu est important il est encore plus important d'apprendre à

1) à S'asseoir "physiologiquement"  (en tailleur ou en lotus c'est bien ...ou sur un'e chaise la tête dans les mains...même me allongé quand c'est possible
et aussi s'asseoir Psychologiquement...poser tous ses problèmes ou soucis...se concentrer sur soi, sur son corps...sur sa respiration...suer les inspirations...et les expirations...en essayant de les rendre plus lents...plus calmes...plus régulièrs...

2)Doucement apprivoiser les bruits qui entourent...prendre de la hauteur...s'en éloigner en esprit en se concentrant non sur le son mais la manière dont on les entend...écouter sans entendre...sans décoder
apprendre à  aimer ces sons..qui ne sont pas nuisances mais symboles de vie...apprendre à les quitter

3)Se Taire
taire tous les questionnements...les problèmes...ce que l'on ne comprend pas... ce à quoi on arrive pas...ce qui angoisse...éloigner cela aussi

4)  détendre tous les muscles  en commençant par les jambes...le tronc...puis le visage...
Prendre bien conscience des membres en contact avec le sol...détendre tous les muscles et se laisser porter par le sol...
Faire quelques execices respiratoires
Inspirer en commençant par le ventre puis en gonflant ensuite la poitrine et expirer profondément
En inspirant tu inspires la vie
En expirant tu évacue tous tes soucis et toutes tes angoisses...
visualise et prend conscience de cela dans ton esprit

Bien sûr il faut répéter cela souvent, tous les jours si possible et bien au delà du Carême...sans jamais se crisper...sans se décourager aussi...
quant IL sera là tout cela deviendra tellement naturel que tu n'y penseras même plus...

Voilà j'ai été très long...mais je rédigerai certainement dans les prochains mois quelques conseils de relaxation pour ceux qui tout comme toi( et ils sont nombreux) ont besoin d'apprendre à faire silence dans le bruit et l'agitation souvent stérile de la grande ville

Bon courage!
Espère en LUi !...et surtout...surtout...ne te crispe jamais...mais détend toi...et Laisse LE te trouver

Bien fraternellement

frere francois+

 

Je remercie Frère François, pour tous les textes à méditer, qu'il nous envoie...
Je me régale...Je lis en plusieurs fois...avec un stabiloboss, je mets en couleur, les phrases, les expressions ou les mots qui m'invitent à approfondir ma Foi...

Comment, j'ai vécu, cette 1ère semaine de carême?
Les 5 premiers jours, je suis arrivée à vivre dans le silence (plus de télé, plus de radio, ), je priais ou je lisais ou je ne faisais rien; je faisais seulement un effort pour rester en compagnie de Dieu, en me taisant.J'essayais de laisser de côté mes soucis...
J'admirais la nature dans mon jardin...

Mais, lundi, il m'a bien fallu retourner à l'école: adieu, le silence, le désert...
Mais mon coeur n'était pas agité, au milieu de tous ces enfants qui débordent de vie...
Je n'avais pas, matériellement parlant, le temps de prier, mais je me suis dit que mon travail auprès de ces enfants constituait une façon de prier...
Avec les enfants, nous étions en présence de Dieu, et de son amour, et c'est Lui qui me guidait dans mon travail.

Comme l'après-midi, je ne travaille pas, je pouvais prier ...autrement...

Aujourd'hui, La Vierge pèlerine, Notre-Dame de Fatima, est arrivée à notre domicile.
Elle va rester pendant 9 jours dans notre foyer - le temps d'une neuvaine de confiance et de reconnaissance au coeur douloureux et immaculé de MARIE.

Mes prières iront pour toutes les familles qui vivent un drame:tel, cet homme de ma commune, qui vient de tuer son père, dans un moment de folie...

Je ne tiens pas à détailler les drames tragiques liés à la condition humaine...
au mal...
Mais j'y pense et j' ai mal pour ceux qui n'ont pas la joie de connaître   le bonheur...
Pourtant, c'est le bonheur des hommes, que Dieu veut...
...face à l'incompréhension , ...je suis déconcertée...

Avec vous...dans le Christ...

Hélène

merci Hélène pour tes messages.
> moi aussi j'ai commencé ce carême en observant le silence le soir chez moi
> car dans la journée c'est impossible. J'ai supprimé la radio et je ne lis
> plus les nouvelles de façon à pouvoir me consacrer à la prière et comme le
> Carême est traditionnellement une période de jeûne je ne bois plus d'alcool
> du tout de puis une semaine et je ne mange plus de viande.
> Comme livre de lecture qui m'accompagnera durant ces 40 jours j'ai choisi le
> livre du père jésuite Michel RONDET:ECOUTER LES MOTS DE DIEU qui m'aide à me
> resituer dans ma démarche spirituelle.
> Je m'efforce dans la vie de tous les jours à avoir un regard chrétien sur
> les autres ce qui me procure une vision des choses plus positive et
> m'apporte beaucoup en sérénité.
> Merci à tous pour l'aide que vous m'apportez dans mon cheminement spirituel
> et dont je vais essayer de faire profiter mon entourage.
> A bientôt, CLAUDE  >


Merci Hélène ,
Ce Carême , je n'ai pas su le commencer comme je l'ai souhaité , mais en y réfléchissant bien ,  y a-t-il une bonne ou une mauvaise manière , je ne le pense pas , c'est l'intérieur qui doit vibrer sous les doigts du Très-Haut , comme les cordes d'une guitare , c'est cette musique là qui doit faire chanter nos coeurs , même si parfois nous avons tant de raisons de pleurer et je joins à cette petite remarque, une prière à la Vierge Marie .Qui mieux qu'Elle a vécu ce temps avec Jésus tout en gardant au fond de son coeur les évènements qui ont conduit jusqu'à la Croix , et là encore , Elle nous donne l'exemple , être présent où il le faut , quand il le faut .
 
A Notre-Dame du Silence .
 
Sainte Vierge Marie,
Apprenez-nous à aimer le silence,
Apprenez-nous à aimer le silence
des champs aux étendues immenses,
Le silence des grands bois recueillis,
Le silence des nuits étoiléeset sereines .
 
Apprenez-nous à aimer le silence des églises
Où Jésus , inlassablement , nous attend
Et où dans l'intimité de son Amour ,
Nous pouvons écouter sa voixdiscrète et amicale
Raffermir nos âmes , et reprendre courage.
 
Sainte Vierge Marie , apprenez-nous
A aimer le silence comme vous l'avez aimé,
A le pratiquer comme vous l'avez pratiqué.
 
Apprenez-nous l'art de nous taire
Et l'art de parler .
Remplissez notre vie de silence, Notre Dame,
Et remplissez nos silences d'amour pour Vous,
Pour nos frères , et pour Dieu .
 
Vierge Marie , quand nos coeurs débordent de chagrins ,
Quand les larmes coulent jusqu'à former des rivières ,
Venez avec toute votre compassion les essuyer ,
Prenez-nous par la main ,
Conduisez-nous doucement, mais sûrement ,
sur le chemin qui mène vers les autres à la suite de Jésus .
Aidez-nous Vierge Marie, à tenir bon chaque jour de notre vie .
Amen .
 
Gilberte .

SUITE