Vide
Ainsi les phénomènes sont le "vide"...
et il n'y a pas d'autre "vide" qui serait une
entité constituée
et le "vide" est absent de lui même
et dans cette absence est parfaitement lui même,
non différent des phénomènes
dans l'absence d'identité propre,
de la non substantialité de toute forme
et toutes les formes sont non substantalité précisement parce que formes
Si tout est vide rien n'a besoin d'être "libéré" car tout est déjà
libéré
tout est déjà en tant qu'il est vide de contenu libéré
dès lors il n'y a pas de "souffrance" à vaincre ou à supprimer,
ni de
libération à atteindre
( évidement ne dites pas cela directement à un malade ! ou à un dépressif
!)
mais tout est déjà là...c'est l'illusion, l'attachement et surtout
l'ignorance des choses et des états qui conduisait à la souffrance...non pas
une souffrance vécue dans la relativité des choses comme la douleur...mais la
souffrance en tant que réalité profonde et mal être...car liée à
l'illusion d'être
l'illusion d'être un moi tout autant
Plaisir et souffrance sont pourtant scientifiquement inséparables
chaque plaisir s'accompagne de son contre poids de souffrance
processus opposant réglé par les hormones en taux définis suivant les lois de
l'homéostasie et de l'hérédité...et du milieu subit
Le tout liée au désir
ce qui pousse l'être à vivre
source de la spontanéité et de l'action
désir de la préservation de soi et ses corollaires la faim, la soif
désir de l'autre et ses variantes sexuelles
désir des autres et ses variantes sociales
désir de curiosité aussi
mais c'est revenir alors à une réalité relative
car dans l'Absolu
Toute trace de certitude positive ou négative se trouve balayée
l'existence du Je,
l'inexistence du Je
à la fois l'une et l'autre
ou aucune des
deux sont irrationnelles
et n'existent point
Ainsi tout peut se formuler: ainsi
" ni identité, ni diversité,
ni
anéantissement, ni impermanence
le je, le moi n'ont pas d'être, et n'ont pas à être détruits
car ils
n'existent pas
et c'est en existant pleinement qu'ils sont alors
parfaitement inexistants
car ce qui apparaît en dépendance d'une chose ce n'est
pas cette chose
et ce n'est pas non plus différent de cette chose
ainsi donc il n'y a ni annihilation, ni permanence
dire qu'il y a un soi est une affirmation extrême,
de même que dire qu'il n'y
en a point
affirmation et négation sont fausses
ni soi ni non soi ne sont appréhendés comme vrai
au niveau de la réalité ultime disparaissent tout aussi bien permanence et
impermanence
que production et annihilation"
" Dire existe est une saisie de permanence,
dire n'existe pas est une
annihilation,
c'est pourquoi les sages ne devraient pas demeurer dans
l'existence ou la non existence
Tout est frappé d'invalidité car tout est vide et non vide à la fois..."
" on ne peut dire ( Celui ainsi allé) est vide,
ni il est non vide,
vide
et non vide à la fois ou ni vide ni non vide...
ces mots ne servent que
comme désignation
en l'absence de nature propre plus rien ne peut prétendre être ni ne pas
être,
plus rien n'est déterminé ni déterminant"
"La nature non née est Celui ainsi allé
Tous les phénomènes sont aussi semblables à Celui ainsi allé
Les esprits puérils appréhendent des signes
Ils errent dans un monde de phénomènes inexistants
Celui ainsi allé s'apparente au reflet
Des qualités vertueuses immaculées
Il n'existe içi bas ni ainsité ni Ainsi allé
Tous les mondains ne voient que des des reflets"
( Celui ainsi allé est une manière indirecte de désigner le Thattagatha, l'éveillé...c'est à dire pour parler clair le Bouddha)
Rien ne naît ni ne meurt véritablement...tout se transforme
seule cessent peut-être certaines prises de conscience factice d'un moi
illusoire
de sensation ramenées à une individualité fonctionnelle
un peu comme une noyau ordonne et centralise les productions d'une cellule
le cerveau a sa manière centralise le fonctionnement et la créativité d'un
peu de matière
mais en fait, il n'y a ni soi ni non soi, ni identité ni
non-identité
et nous ne voyons les choses que réfléchies dans un miroir,
dans l'illusion la plus totale
illusion liée au fonctionnement cérébral qui a besoin d'un "moi"
pour fonctionner
et nous vivons dans le reflet permanent
...et l'Éveillé lui même est dépourvu de nature propre
Comprendre le Bouddha c'est tuer le Bouddha
tuer le Bouddha c'est faire vivre le Bouddha
c'est voir disparaître l'Éveil et le non éveil
car ces deux termes sont bien sûr illusoires
" Dans l'apaisement de tous les objets d'observation, la pacification de la
pensée discursive, les éveillés n'ont enseigné aucune doctrine, nulle part,
à personne..."
" Depuis la nuit où Celui-ainsi-allé s'éveilla complètement à
l'incomparable
parfaite plénitude
jusqu'à la nuit où sans attachement il passa au delà des peines
L'Ainsi-allé n'a pas prononcé une seule syllabe...et n'en prononcera pas"
Non expressivité de ce qui peut être dit...
car au bout du compte il n'y a rien
à dire
"Tout est inexprimable, indicible, apaisé et pur de toute éternité..."
seul compte en fait de passer "au delà" d'une prise de conscience illusoire
Bouddha lui même n'a rien dit...
ou du moins son dire est un dire vide
un dire sans dire
une parole silencieuse
un discours sans contenu
La langue de Bouddha c'est la langue de l'Éveil
celle dont l'unique grammaire est le silence
celle dont l'absence de formulation est la seule expression
seul compte le passage effectué vers la véritable prise de conscience
vers l'Eveil
La langue de Bouddha c'est une langue qui d'elle même n'a jamais rien dit
qui ne s'est jamais fait entendre
et qui n'a jamais été perçue
Vide de signification elle ne fût jamais prêchée
jamais prêchée elle ne fut jamais comprise
jamais comprise elle ne fut donc jamais transmise
L'Indicibilité du vide ne peut faire l'objet d'aucune traduction positive
car dire le vide c'est ne rien dire
c'est pourquoi le Bouddha ne put en fait s'exprimer...
et qu'est-ce que le Bouddha... si ce n'est l'archétype de l'Éveilleur
... de l'Enseigneur...
ce
nom qui était donné au Nazaréen lui même
Le discours du vide c'est le vide de tout discours
l'enseignement de la vacuité est la vacuité de tout enseignement
Depuis toujours le silence règne et jamais ne fut troublé
Tout est ainsi apaisé de toute éternité...
Chacun s'est mis en route
seul
en suivant l'illusion d'une route qui ne mène
nulle part
vers où l'on puisse comprendre
et où il fait meilleur être...
Mais ... allez vous me dire ...puisque ni la souffrance, ni son origine, ni sa cessation
n'existent...
par quelle voie obtient-ton la cessation de la souffrance ?
qui pourtant est perceptible et souhaitée dans la contingence humaine ?
lorsque soi même o, a "mal" ou que l'on connaît le malheur ?
N'est ce point une véritable insulte à l'homme de parler ainsi ?
La réponse est simple mon ami
Le nirvana, cette absence de contingence et de souffrance n'est jamais atteint
car jamais perdu
ce qui n'a jamais existé n'a pas besoin d'être aboli
la souffrance existe-t-elle en dehors des discriminations que l'on fait ...
selon lesquelles notre cerveau fonctionne ?
...et de
l'existence d'un état où elle ne serait point ?
Bien sûr il n'est point question de nier la sensation douloureuse et de
l'importance la
faire cesser
ou de l'apaiser de toutes nos forces
la pharmaceutique y pourvoit parfois...
Mais la souffrance c'est souvent autre chose
c'est un sentiment intellectualisé d'un état de douleur
et état de non douleur ou de douleur existent-il vraiment ?
comprendre l'absence de production c'est comprendre l'absence de cessation
puisqu'en réalité il n'est ni aller, ni venue,...ni permanence...
mais alors quelle différence ultime y a-t-il entre le monde et nirvana ce
lieu où tout s'apaise me diras-tu?
S'il n'est pas de permanence il ne peut y avoir ni production ni cessation
Comment dès lors production, permanence et cessation pourraient-elles exister ?
Et que devient le karma ?
En fait tout est une question de vérité relative et de vérité ultime
tant qu'on ne sait faire cette distinction "naturellement" on ne saurait comprendre...
et pour comprendre il convient de s'éveiller
ou de passer à l'intérieur des choses illusoires...
Nous appelons vacuité ce qui apparaît en dépendance
comme tout est créé en dépendance...tout est vide de vérité ultime
...reste la profondeur de la vérité ultime...
Rien qui n'apparaisse, rien qui ne s'enfuie,
rien qui demeure, rien qui ne
cesse,
l'absence est dans l' être en tant que Présence, c'est à dire vide
d'elle même
la Présence est dans l' être en tant qu'absence de nature propre, c'est à
dire non substantielle...
La pensée de l'âtman et de l'anatman, du moi et du non-moi est le résultat
d'une erreur
non moins relatif que le plaisir et la douleur,
les passions et l'émancipation des
passions
La transmigration... les délices du ciel ou les peines de l'enfer...,
tout cela
provient de nos vues fausses sur le monde extérieur que nous prenons pour la
réalité
Comme une enfant stupide se noie dans le bassin qu'il a creusé, les êtres se
noient dans les fausses discriminations qu'ils ont créées sans pouvoir en
sortir
Ainsi, rien qui ne soit, rien qui ne meure, le samsara ne se distingue en rien
de l'au-delà des peines :
le Nirvana ne se distingue plus non plus du samsara, du cycle des états
il n'y a ni souffrance, ni cessation de la souffrance
du moins de manière absolue
il y a l'étant
il y a Cela
Le nirvana n'est l'extinction de rien puisqu'en fait il n'y a jamais eu quelque
chose qui "existât" un jour
et ce qui est dit souffrance est l'impermanence qui n'existe pas dans la Nature
Réelle
dans l'Ultime
Dans l'Absolu rien n'est apparu qui ne doive disparaître
au sein du vide il n'y a pas une succession possible d'états...
ce qui n'a pas de
naissance en fait ne périt pas
Dans le vide ne peut surgir une différence, une distinction entre arrivée
et fin
le vide n'a pas de terme et est sans commencement
et ce qui est sans commencement ne peut connaître l'arrêt
le vide n'a pas d'être propre
Il n'est pas à lui même son être
ni être , ni non-être
rien jamais ne fut... ni cessa d'être
C'est pourquoi l'unique vacuité est celle qui consiste à échapper à tous les points de vue
puisque rien n'a de consistance ni d'être
échapper à la vue fausse qui s'illusionne
au travail d'un cerveau qui cherche à donner du sens pour pouvoir fonctionner
un cerveau qui nous donne l'illusion du moi et de l'être...
et sans être "réel" pas de vue particulière envisageable,
car
tout est vrai,
non vrai,
ni vrai ni non vrai en même temps
et sous le même et
identique rapport
Tout cela conduit et aboutit à la pratique du Zen...
de la pratique de l'absence de pensée...
qui
ne consiste nullement à ne rien penser,
à ne penser à rien ce qui serait une
manière de s'attacher à ce rien
mais à penser à toute chose...
d'instants en instants avec un perpétuel
détachement
Si le flux des pensées s'interrompt et que la pensée se fixe, on sera lié
pour être délié, libre, délivré il faut que les pensées glissent
glissent perpétuellement sur toute chose sans jamais s'y fixer
comme le fond les gouttes de pluie sur le papier huilé
ou les larmes sur la peau lisse de l'enfant bronzé
Il est vain de mettre fin à la pensée en ne pensant à rien,
car comme tout ce
qui meurt, la pensée renaîtra nécessairement
le néant de pensée doit donc être une pensée totale et détachée
penser à tous les objets sans se laisser infecter par aucun d'eux...
les laisser passer...
les laisser dans l'errance...
Ainsi ce qui ne provient de rien ne va vers rien...
il n'y a ni début ni fin au sein du
néant
Hors du vide : rien
En lui :rien non plus
et ce depuis toujours... et à jamais
nulle libération car nulle aliénation
ce qui n'est pas enchaîné n'a pas besoin d'être libéré
aucune entrave ne contraint ce qui n'est jamais venu à l'existence et donc
jamais n'en sortira,
car on ne sort pas de là où on, n'est jamais entré
Le nirvana n'est pas une réalité détachée,
il est LA dimension absolue,
à l'égal de l'éther infini et insaisissable, qui n'est pas susceptible d'être
contaminé par quoi que ce soit..
.
Ainsi que le monde n'existe
vraiment ...
que dans les formes par lesquelles est pris celui qui est
assujetti à l'ignorance
En son existence il n'existe pas
en son non existence il existe
" Ce qui a été déclaré inexistant pour ceci précisément a été déclaré inexistant et c'est ainsi qu'il est déclaré existant"
Au sein de la vacuité il ne peut y avoir obtention ni non-obtention
aucune distinction n'est possible pour ce qui radicalement ne se distingue de
rien
la non différence de la vacuité lui confère une absence absolue,
une
souveraine absence de détermination et d'identification
Le vide d'être du nirvâna ne se laisse pas décomposer par des définitions
limitées au sujet de la cessation de samsara
plus aucune place n'est laissée pour une réduction consolante qui consisterai
à faire miroiter un devenir libéré de toute entraves limitantes
Arrivé à un certain niveau de méditation ces rêveries ne sont plus admises:
Pour qui n'existent ni production de l'au
delà des peines ni disparition du cycle,
pour celui-là comment le cycle
serait-il ?,
Comment l'au delà des peines serait-il ?
Ainsi non seulement il n'y a pas de nirvana et pas de cycle du samsara
non seulement les phénomènes sont vides de substance propre
non seulement ils sont dépourvus d'être réel
mais l'extinction elle même est dépourvue de réalité
sans samsara pas de nirvana à obtenir,
pas de libération à désirer,
pas de
salut à souhaiter,
pas de fin de cycle à rechercher
pas de cycle non plus
Il n'y a pas d'issue hors du cycle en utilisant une recherche de sortie du
cycle
nul ne sort du cycle car nul n'y rentre
personne ne s'en libère, personne n'y est entré
rien ne doit être libéré car rien n'est aliéné
pas de cessation à espérer car il n'y a pas eu de production
en fait Tatthagata désigne celui qui va nulle part, et ne vient de nulle part c'est pourquoi il est pleinement éveillé
Il demeure dans l'errance...
et l'illusion de celle-ci
Tout est déjà... et depuis toujours... libre
aucune Réalité n'est étrangère à l'Éveil,
et l'Éveil depuis toujours ne
cessa jamais d'être en son non être
et de ne pas être en son être
En fait et si l'on va au but de cette méditation
il n'y aucun Éveil à atteindre non plus dans l'Absolu...
car il n'y a jamais eu de non-éveil à
quitter...
Simplement exprime-t-on par ce terme un retour a l'état naturel
celui de l'origine...
celui du soi véritable que l'on est...
ou que l'on croit être...
seulement réaliser...un jour dans notre petite cervelle
coalescence ou agglutination d'un moment illusoire...
où la matière évanescente se penche sur elle même
mais sans oublier que
Non né et non venu
l'être jamais ne fut en tant que jamais venu et non né,
en
tant que n'ayant jamais été existant l'être jamais ne cessa d'être
nulle extinction à désirer car jamais rien n'est apparu et rien jamais donc
ne disparaîtra
Depuis l'origine tout est déjà au sein de ce qui fût, reste et demeure
le
parfait Éveil
Depuis toujours règne le silence, le parfait silence qui jamais ne fut troublé
Tout est apaisé de toute éternité
Reste à le retrouver en Vous
et c'est ce que je vous souhaite !
OM !