En guise de conclusion...

 

Hélas il nous faut déjà conclure... on aimerai tant rester avec Van en ce lieu de simplicité... de Vérité et d'Amour qu'il sait nous transmettre jusqu'à aujourd'hui par la grâce qu'il émane...

 Certes la vie de Van  ressemble à des milliers d'autres... mais elle est en plus porteuse d'un message... 

Comme tant de petits vietnamiens ou d'enfants du Mékong il a connu des années de cauchemar... la séparation d'une famille aimée... l'épuisement... la misère... la faim...
il a vagabondé "enfant de nulle part"  sans un sou... errant sans feu ni lieu...
 il a été méprisé, rejeté, conspué, calomnié, exploité, battu...
il a trimé pour un bol de riz... 
il a mendié, souffert, prié, pleuré... même chez les Rédemptoristes où il a connu la souffrance intérieure, l'aridité, le nuit de l'âme, l'Absence du Bien Aimé...

Jésus, Marie, Thérèse grâce à leur Présence  lui  ont permis de rester debout, ... 
Ils ont eu avec lui des "dialogues intimes" qu'il nous a rapporté avec une incroyable simplicité... comme la chose la plus naturelle du monde...
Non ! Sa foi n'a pas chancelé...  son amour ne s'est jamais éteint... il est demeuré debout...  et a su garder l'invincible espérance !

Dans l'enfer qu'il a traversé, dans ce vacarme de haine et de cruauté, parmi les horreurs d'une interminable guerre et la sournoise invasion d'idéologies mortelles
sa voix s'élève comme un chant d'aurore, pure comme une source... un hymne à la joie dans les douleurs d'innombrables blessures... 

Hélas ! les maux n'ont pas changé... c'est pourquoi  il est resté apôtre pour notre temps... détenant le secret des certitudes dont nous avons plus que jamais besoin pour vivre... il a les mots d'aujourd'hui pour nous les faire partager...

Ce n'est qu'un enfant terriblement fragile... mais un enfant prophète... pas un aigle, mais comme  la petite Thérèse " il en a les yeux et le coeur" ... et cela suffit pour que devant lui s'enfuient les puissances des ténèbres et que l'Espérance soit rendue aux hommes... 
à tous ces blessés des mille blessures du Mal  qui sentiront sous sa main tendre et fraternelle, la douce caresse de Dieu...

 Victoire de l'enfance ...notre monde à la dérive ne guérira que par une épiphanie de l'enfance comme dit si bien le Père Marie Michel auquel j'ai emprunté toutes les idées relatives à ces textes...

Voie d'espérance pour une civilisation égarée...

Thérèse jouit d'une universalité exceptionnelle... sa personne... son message évangélique : la petite voie de la confiance et de l'enfance spirituelle ont reçu et continuent de recevoir un accueil surprenant qui  franchit toutes les frontières...

"Par l'enfance spirituelle on éprouve que tout vient de Dieu, et que tout retourne à Lui, pour le salut de tous dans un mystère d'amour " ( Jean Paul II)

Dans notre civilisation matérialiste et chaotique où est étouffé le désir d'infini de l'humanité, on assiste à une agonie de l'âme humaine... et dans cette crise du mal -être l'origine en est en grande partie spirituelle...
Seul le message central de l'enfance spirituelle contenu dans l 'Evangile peut répondre aux aspirations profondes du coeur de l'homme contemporain en quête urgente de réponses vivantes et accessibles...

Dans nos sociétés s'établit un glissement subtil et pernicieux... l'humanisme athée se mue en une nouvelle  pseudo-religiosité universelle...  vision mondialiste à la mode "new age "qui s'infiltre partout  en intégrant les conquêtes de la modernité et les valeurs spirituelles des grandes religions,  pour ouvrir la voie d'une divinisation de l'homme par l'homme... émergence d'un surhomme que l'on tente d'imposer à une civilisation épuisée... en attente de réponses...

Comment croire que Dieu existe quand le mal triomphe si souvent ?... cette question si souvent posée est au coeur de l'athéisme contemporain...
le problème du mal empêche beaucoup d'hommes et de femmes de se tourner vers la foi...
il faudrait  réapprendre à être tourmenté par le bien.....réapprendre à s'émerveiller...

Mais comment prouver  que le corps humain et la vie c'est merveilleux ?
Comment démontrer que la musique de Bach est géniale ?
Tout autant que le sont les progrès que nous connaissons : déplacements, soins, informatique... etc...

Quand l'homme devient l'unique horizon de l'homme son coeur se transforme en terrain vague où le vide engendre l'ennui , la peur et la violence...
sous développement spirituel qui finit par générer des civilisations dépressives...
là  où les droits de l'âme sont niés un terrible malaise existentiel s'installe ...avec son cortège de suicides, de dépressions, de violences... la société de mort pour ne pas la nommer...

La folle réponse est celle de l'Esprit... au travers de Thérèse et de Van ...et des autres...

- ne pas juger... et accueillir

-être avec ...et s'offrir

en sont les deux piliers...

Thérèse a expérimenté la terrible pression d'un monde sans Dieu sur sa conscience... quand l'homme devient norme de tout l'angoisse n'est pas loin... à l'heure de l'avènement du village mondial l'ère des relations à distance crée l'émergence d'une nouvelle solitude...  et il n'est pas très passionnant d'être deux sur internet...
nous vivons le silence... le silence sur l'essentiel... le silence sur Dieu... et Thérèse elle aussi vécu cette angoisse... sa réponse  consiste à épouser les angoisses de la vallée des hommes...

" Seigneur votre enfant l'a comprise votre divine lumière, elle vous demande pardon pour ses frères, elle accepte de manger aussi longtemps que vous le voudrez le pain de la douleur et ne veut point se lever de cette table d'amertume où mangent les pauvres pécheurs avant le jour que vous avez marqué... mais aussi ne peut-elle pas dire en son nom, au nom de ses frères: Ayez pitié de nous Seigneur, car nous sommes des pauvres pécheurs..."

l'expérience chez Van sera la même... 

L'homme moderne n'a plus besoin de Dieu...

Dans l'ivresse de sa propre exaltation, la modernité nous a lancé sue l'océan du temps comme un nouveau Titanic... avec le secret orgueil qu'il est incoulable... son drame hélas  mime étrangement le notre... 
dans une civilisation qui s'enferme dans la tyrannie du plaisir il est bon de redire que la fidelité demeure une valeur et le nomadisme sexuel une tromperie... on ne peut pas faire en permanence l'éloge de la trahison...
société hypocrite qui n'a jamais été aussi permissive et ne s'est jamais autant moqué de l'ordre moral ... et où pourtant les histoires de viols et de pédophilie lui donnent une allure répressive... 
la raison est détronée par la passion, l'abstinence par la volupté ..
.le slogan "do it " est devenu l'impératif de tous..." Fais-le"...peu importe quoi... peu importent les autres... peu importent les conséquences... ne recherche que ton plaisir de l'instant...

 Van répond à ce message délétère...

" Oui, Jésus j'accepte de bon coeur ta sécheresse, j'accepte que Tes réponses d'amour prennent une autre direction...  qu'elles s'adressent aux âmes plongées dans le péché... et que moi j'endure en silence ,la sécheresse afin que ces âmes malheureuses soient enflammées au feu de l'Amour...  enivrées d'Amour au point de courir après la source de l'Amour...

Jésus! Jésus ! je t'aime à la place de ces âmes et comme réponse à mes paroles je te demande de projeter directement Ton amour sur ces coeurs de pierre..."

La société ne cesse de fuire... évite de se placer en face des vraies question... et même évite de les poser...
O
n fuit avant tout sa pauvreté, sa nudité... on n'accepte plus la fragilité de l'homme... celle qui vient du péché ... qui lui même est tabou... ou cesse d'exister...
Pourtant...
 la Voie de l'humilité demeure le seul chemin qui mène à la Paix...  et on ne peut prendre ce chemin que si on accepte d'être aimé... gratuitement... pour rien... inconditionnellement par Dieu ...notre créateur...
...dans notre pauvreté radicale de créature... 
dans notre impuissance et notre culpabilité...
Pardonné et aimé...

 Dieu s'est incarné... ce n'est pas seulement l'astre lumineux... le soleil... 
mais celui qui humblement vient nous chercher dans la boue...
Nous refusons la communion avec la vulnérabilité et la petitesse... séduits que nous sommes par nos puissances naissantes...
pourtant
 "ils ne présentent pas cette  entrée dans la grâce qu'est essentiellement le péché... parce qu'ils ne sont pas blessés ils ne sont pas vulnérables... parce qu'ils ne manquent rien on ne leur apporte pas ce qui est tout... La charité même de Dieu ne panse point celui qui n'a pas de plaie..."( Péguy)

Van nous montre combien la faiblesse ouvre les porte de l'Amour:

" O Jésus que je reconnaisse ma faiblesse il n'y a en cela rien d'extraordinaire, tu connais déjà l'état de mon âme...
Je suis bien misérable n'est-ce pas ? Quand je songe à mes faiblesse  cette pensée ne peut que me porter au découragement....
 Cependant une chose me console: c'est que par un simple regard jeté sur ton Amour je puis te fasciner, t'éblouir... seule la confiance est capable d'attirer à moi ton coeur... "

Christ lui répond:
 "Van le regard de ta faiblesse est encore plus puissant que le mien. Oui un seul regard de ta faiblesse suffit à charmer Mon Amour et attirer Mon coeur jusqu'à toi..." 

La même intuition se retrouve chez Thérèse...

" Ta petite Thérèse est faible et bien faible, tous les jours elle en fait une nouvelle expérience... Mais Jésus se plait à lui enseigner comme à Saint Paul la science de se glorifier dans ses infirmités... C'est une grande Grâce que celle -là et je prie Jésus de te l'enseigner car là seulement se trouve la Paix et le repos du coeur... donne bien tout ton coeur à Jésus, Il en est affamé..."

Le roi des chrétien est pauvre... c'est un roi couronné d'épines... Il règne par l'humilité et n'a d'autre pouvoir que l'Amour...

L'enfance spirituelle vécue et rayonnée par Thérèse et par  Van ne peut être réduite à une spiritualité parmi les autres... celles magnifiques qui marquent l'Eglise depuis des siècles...
Elle est au coeur de l'Evangile ...la découvrir est de l'ordre d'une Révélation... elle n'est authentifiée que dans des coeurs d'enfants...

Christ est l'Enfant Unique du Père... et le Mystère que cache l'enfant est l'axe capital de Son message... 

J'attend la vie éternelle
Je sais qu'elle sera aussi simple
que celle-ci parait compliquée...
J'ai perdu l'enfance
Je ne pourrai la reconquérir
que par la sainteté... quand le règne de Satan aura pris fin
nous redeviendrons enfants...

( Bernanos)

Avoir perdu la voie d'enfance c'est avoir rompu comme Adam et Eve la relation avec Dieu... et ne plus vivre cette douce intimité avec Lui... et avec soi...
et la petite voie de Thérèse est cette voie... 
qui révèle le Mystère fondamental de l'Evangile...
Dieu est Père... et nous sommes ses enfants...

 " L'enfance spirituelle c'est tout simplement avoir une âme graciée qui peut n'avoir rien fait dans la vie mais qui a reçu de Dieu le don d'avoir un regard simple tourné vers Lui... et cette fraicheur où Il doit tant aimer se reposer depuis qu'il n'y a plus que des hommes préoccupés, tendus, rêches de travail et de sérieux.
Dieu ne demande pas des gens qui aient des vertus, mais des enfants qu'Il puisse prendre comme on soulève un petit enfant, subitement, parce qu'il est léger et qu'il a de grands yeux..."

Comme l'enfant demeurer dans la confiance...
et
jouer avec Dieu...

Un jour Thérèse a dit : " J'ai choisi d'être inutile"

" les grands saints ont travaillé pour la gloire de Dieu... mais moi qui ne suis qu'une toute petite âme ...je travaille pour son plaisir... pour ses fantaisies.. et je serais heureuse de supporter les plus grandes souffrances même sans qu'Il le sache si c'était possible... non pour Lui procurer une gloire passagère... ce serait trop beau... mais si par là un sourire pouvait effleurer ses lèvres...
Il y en a assez qui veulent être utiles... mon rêve à moi est d'être un petit jouet inutile dans la Main de l'Enfant Jésus... je suis un caprice du petit Jésus"

C'est très fort ...mais à l'envers... un jeu de qui perd gagne... 
faire des efforts,...épuiser ses forces... se donner totalement faire tout ce qu'on peu... mais pour tout rater !...
 
Non qu'on veuille tout rater !... on essaie de réussir !...
mais comprendre et accepter que nos forces soient dépensées en pure perte... 
cette pure  perte est ce qu'il y a de plus précieux aux yeux de Dieu parce que c'est le chant de notre amour...

Seul celui qui chante pour chanter devient libre pour aimer... c'est la musique silencieuse des contemplatifs...

" Ce qui fascine, ce qui captive si forts certains êtres... c'est la perte de soi dans l'Absolu...
Voilà pourquoi ils ne peuvent s'attacher à rien... se lier à rien... mais amants de la liberté  ils s'en vont répondant à un mystérieux appel...
Celui qui est l'Inutile par excellence... parce que beauté et Amour... qui n'a créé l'homme et l'Univers que pour la fête éternelle, n'aurait-il pas le droit de créér quelques êtres aux yeux d'icônes pour exister
gratuitement devant Lui...
devenir entièrement regard sans être vu ?
Voilà pourquoi, saisis par l'Unique ils ont cherché et aimé le désert..."

 apprendre à jouer avec Dieu !... pour rien... par plaisir d'être avec...
 jeu unique de l'Amour...  où seul l'enfant aux mains vides a le pouvoir de faire sourire l'Eternel...

Tel est le message de Van...
comme celui de Thérèse... irremplaçables témoins de la petite voie de l'enfance...

Je vous invite à la suivre et à la vivre !...

 

     Bibliographie