S'il y a Dieu, je ne suis pas
s'il y a moi
comment Dieu pourrait-il être ?
Dilemme de l'homme
qu'il faut que lui ou bien Dieu disparaisse.
Il n'y a que Toi au fond de moi,
Toi au fond
tout.
Toi qui me regarde, qui m'appelle,
qui me donne
l'être en me disant Toi,
en me faisant partenaire
Toi, autre à Toi, et cependant de Toi inséparé,
akhan advaita...Unité
insécable...
Je suis dans ce Toi seulement que Tu me dis
Je suis celui qu'éternellement Tu appelles à travers tous
les moments du temps,
tous les mouvements des choses
toute l'expansion de l'être.
Je suis celui qui en tout reçoit
ton appel.
Je suis celui à qui, en qui Tu achèves ton
oeuvre de manifestation
et qui la retourne à Toi.
Je
suis celui à qui Tu te dis, celui en qui Tu te dis.
Je suis l'écho de Toi,
le retour à Toi de tout cela
Je ne suis que ce retour.
Ce
OM
en lequel Tu te dis à moi, à travers tout
Tu me dis à Toi,
Tu me dis à moi -
c'est le
OM
même qui jaillit de moi, en lequel je Te dis.
Car
qui suis-je, si je suis, sinon Toi ?
Car il n'y a que Toi
qui es.
Si je suis, je ne puis être que Toi.
Non pas
ce Toi à Toi que je dirais en parlant de moi,
mais je
suis le Toi que Tu te dis à moi.
Tant que Tu ne m'a
pas dit toi, je ne suis pas,
Tu n'es pas.
Car si je n
suis pas, Tu n'es pas pour moi ;
et tant que Tu n'est
pas pour moi, comment Te connaîtrais-je ?
Pour m'appeler, pour me regarder, pour faire naître et jaillir vers Toi mon regard,
Tu prends toutes le
formes, sarvarûpa,
Toi qui es le Sans-Forme, a-rupa
a-linga....sans signe...non créé
Tout cela est quand Tu m'appelles.
Tout cela
est dans Ton appel seulement.
C'est du sein de tout
que Tu me cries Toi.
De la montagne, du fleuve, de la
forêt, des arbres piqués sur la falaise à pic,
de chaque
homme que je croise, de chaque événement.
Sur la route du pèlerinage, tout croisement est une
grâce,
il fait jaillir le OM des deux coeurs
- l'appel et
la réponse qui ne se distinguent plus.
Au-delà du moi
et du toi qui se distinguent, le
OM
du pùrnam, de la
Plénitude
qui
est l'appel à soi,
au sein de soi,
du sein de soi.
Du sein
de Toi,
Tu m'appelles au sein de Toi.
Du sein de moi,
je te réponds, au sein de Toi.
Quel est donc le sein de
moi, sinon le sein de Toi ?
OM !
Tout est là.
Tout ce qui est, fut, sera.
Tout
ce qui est Je, Tu, Il,
et tout ce qui est au-delà des trois
temps et des trois personnes.
C'est le mystère le plus
profond des « Trois ».
Non à part d'eux, mais au plus
fond d'eux.
Chacun au sein de l'autre.
Jamais un pur
Toi.
Le Toi qui délivre le Moi.
Purnam. Plénitude !
Texte, écrit pendant un séjour à Gangotri en juin
1964
par Swami Abhishiktananda alias Père Le Saux moine bénédictin et ermite