L'hindou ne comprend pas que son frère, le chrétien, s'arrête aux épiphanies de Dieu ...
et se refuse de remonter jusqu'en leur source et de s'y perdre,
 en la Ténèbre inconcevable.
 
Et le chrétien ne comprend pas que son frère l'hindou ne se prosterne jamais. que du dehors devant les épiphanies de Dieu...  quand il s'y prosterne ...
et qu'il affirme être au-dedans de soi quelque chose en quoi il découvre Dieu en dehors et au-delà de toute épiphanie dans une Vérité Supérieure.

Car le christianisme est essentiellement une Epiphanie,
 une révélation de l'Epiphanie de Dieu au-dedans de soi en la Trinité des Personnes,
 la révélation de l'Epiphanie de Dieu dans l'Incarnation de son Verbe et en la Création qu'elle conditionne.

Le Mystère que l'hindou a éprouvé, au moins en la personne de ses Rishis, au plus intime de son être et le Mystère que chrétien a recueilli des lèvres sacrées de la Parole faite chair sont-ils donc autres ? 
Il ne peut être deux vérités....

L'hindou qui a percé les dehors de l'Église et, au-delà des réalisations sociales et intellectuelles, a découvert l'essentielle et très haute vie spirituelle et contemplative des fidèles du Seigneur Jésus, y reconnaît l'évidente réalisation de son propre idéal et se prosterne devant le moine qui porte au cou le signe de la Croix avec non moins de ferveur que devant celui qui porte au front les cendres de Shiva.

Et le chrétien qui a forcé les dehors de l'hindouisme et a découvert, par-delà le voile des légendes et des rites superstitieux le secret de ceux qui ont consacré leur vie à la recherche suprême, murmure avec admiration : comment le doigt de Dieu ne serait-il pas ici ? 
Comment l'Esprit, source de toute vie spirituelle et de toute plongée mystique ne serait-il pas là ?

Cependant, l'hindou n'entrera pas au mystère chrétien qui se révèle en l'Église, car pour lui, ce serait s'enclore et se fermer à jamais l'accès à ce dépassement par en haut vers la vérité suprême du kevala.
 Et le chrétien non plus ne se résoudra à l'engouffrement en la non-dualité (advaita), car pour lui, ce serait renoncer au Seigneur Jésus qui seul a les paroles de la vie éternelle.

Et pourtant...

et pourtant quand l'Esprit fait se rencontrer un contemplatif hindou et un contemplatif chrétien, très tôt ils ont pénétré chacun au coeur de l'autre,
 ils se sont compris et se sont retrouvés, chacun déjà présent au coeur de l'autre.
 
Qu'est ce donc ce mystère de l'échange et de la communion en ce qu'il y a de plus intime et de plus profond en eux?...
alors que chacun d'eux pourtant espère sans le dire ou bien prie pour que l'autre pénètre enfin en ce lieu au centre de soi-même... où seulement pensent-ils l'un comme l'autre, éclate la Vérité Ultime, qui pour l'hindou est celle de l'advaita sans nuances ni réserves et pour le chrétien celle de la Trinité bienheureuse, s'entrouvrant en l'Incarnation du Fils de Dieu.

Aussi bien pour l'Inde, création, incarnation, rédemption ne sauraient-ils jamais être que des symboles...
 magnifiques symboles toutefois, mythes prestigieux. 
Non pas purs symboles cependant...

Le Mythe n'est pas sans quelque valeur de réalité, en son ordre.
Mais  Maya n'est pas non plus une simple illusion;
Maya n'est pas plus du non-être qu'elle n'est de l'être.
Il y a une vérité de l'ordre de maya, 
Il y a une réalité de l'ordre de mâyâ
,qui vaut tant que l'on demeure au monde de may..., tant que l'on n'a pas dépassé le plan de la manifestation.
Le monde de maya n'est-il pas lui même un monde « sacramentel » ?

C'est par maya, sous son aspect de shakti - de puissance déifiante, de grâce divine - que l'on s'élève jusqu'au plan du Réel, 
jusqu'au monde de la Vérité Essentielle,

 Le principe de la chute, retourné, devient le principe de la rédemption - 
n'a-t-on pas dit dans une intuition profonde que la croix fut faite du bois de l'arbre de la science ? - 
et que la captation du yoga, des rites et des mantra, est la voie usuelle vers le monde de l'au-delà.
La grâce, c' est la vie et la vérité répandues au monde de la manifestation et le faisant devenir la Voie.

L'Incarnation, disent les chrétiens, a donné valeur sacramentelle à toute, la création.
 « Jésus », a-t-on même écrit, « c'est tout le créé divinisé ».

Mais l'Inde ne saurait s'intéresser comme le chrétien d'Occident au mystère de la descente de Dieu sur la terre, à l'Incarnation;
ou du moins elle ne s'y intéresse que provisoirement, dans la mesure où l'esprit n'est pas encore capable de voler seul et d'atteindre à la Réalité elle-même...
Ou bien elle la considère comme une révélation progressive du Mystère caché, comme une voie qui mène plus au-dedans en la vérité même du Mystère.
 
La Rédemption non plus ne lui parle que peu. 
Car la Rédemption est lié au péché; et le péché qu'est-ce ?
L'homme est-il donc capable. jamais d'offenser Dieu en toute vérité ? 
Son offense ne se brise-t-elle pas contre le Roc de la Réalité ?
 
Tout cela, n'est-ce pas l'en deça du voile qui ferme l'accès au Saint des Saints, 
l'en deçà de la nuée où se cache le Suprême Seigneur ?
 N'est-ce pas le monde maya encore ?
le monde où le temps court et où les choses changent 
roulant au long du samsara (les successions de la vie), se hâtant à travers tout, chttes et erreurs y compris, vers l'éternité de l'akshara, de ce qui coule ni ne change ?

 Tout cela est réel sans doute, mais réel en sa sphère seulement,
 car c'est la sphère de maya...
 vérité et règle de vie pour quiconque y sommeille sans inquiétude,
 mais rêve
 simple rêve d'une nuit, pour quiconque s'est éveillé au Réel.

 Comment le drame de la Rédemption pourrait-il jamais prendre pour l'hindou l'aspect tragique qu'il revêt pour le chrétien ? 
Comment la rémission du péché par un sacrifice offert dans le temps et un rite sacramentel qui l'applique en arrivera-t-elle à attirer l'âme indienne ?

L'Inde ignore tout messianisme, le messianisme juif aussi bien que le messianisme marxiste, et ne s'intéresse ni à l'eschatologisme paulinien, ni même à l'eschatologisme johannique, pourtant si intériorisé,
 car, au gré de l'Inde, il ne l'est pas encore assez....

Pour l'Occident le salut est à venir , il est au-dehors, il vient du dehors, quand bien même il a à être reçu au-dedans. 
Il faut sortir de soi pour l'atteindre, dût-on finalement se l'incorporer.

Aux pages ultimes et les plus intérieures de toute la Révélation, le discours pascal en Saint Jean, l'Inde trouvera encore comme un relent de maya et dira que Jean n'a ni compris jusqu'en son intime, ni rendu en toute vérité le message du Maitre
ad eum veniemus, « Nous viendrons à lui » (Jn. 14,23). 

Pour l'hindou, le salut n'est pas dans un devenir, dans une finalisation, dans un lendemain ni dans un tout à l'heure. 
Pour lui, le salut tout simplement EST, 
et dans la mesure où lui-même est, où il découvre enfin qu'il est, il a atteint le salut,
 il est sauvé (mukta).
 
Et c'est précisément dans la mesure où l'on court vers le salut, où l'on s'affaire hors de soi pour trouver le salut que le salut échappe....

« Indra s'élança pour découvrir cet être merveilleux, ce yaksha, sous la forme duquel se cachait le Brahman (l'Absolu) ; mais l'esprit s'évanouit dès qu'Indra se crut près de lui... »
(Kena Upanishad, 3,11)


Il ne s'agit pas d'aller au-devant d'un complément de soi, 
mais de se découvrir, de se rencontrer soi,
 et en soi de rencontrer enfin le Dieu vivant et véritable, 
le Soi du soi,
l'origine et l'achèvement de soi. 
Le mystère de l'en-stase en soi qui s'achève en l'ex-stase en Dieu,
 et celui de l'ex-stase en Dieu qui s'achève en l'en-stase en soi,
 en le Suprême Soi, l'Esprit!

La Création, l'Incarnation, la Rédemption, plutôt qu'elle les nie, l'Inde les ignore. 
A quoi bon s'arrêter pour cueillir les fleurs du chemin ? 
Tout cela, si haut soit-il, n'est jamais que du domaine de la manifestation;
 ce qui intéresse l'Inde, c'est ce qu'il y a
sous la manifestation,
 ce dont ce qui est manifesté est la manifestation,
 ce à quoi mène, parce que s'y originant elle-même, la manifestation.

C'est l'avyakta, le Non-Manifesté, qui a toujours fasciné l'Inde. 
C'est vers l'avyakta que l'ont orientée ses Rishis, avec leur neti neti, a jamais inapaisé.

Quel est donc le plus important, sinon le seul véritablement important? 
l'aspect terrestre ou l'aspect céleste du Mystère qui paraît au monde de la manifestation
, au monde de la création,
 au monde de l'Incarnation et de la grâce et de la révélation chrétienne,
 au monde même de la Bienheureuse Trinité, du Dieu en soi tel qu'aux hommes il se laisse découvrir ?

Qu'y a-t-il d'intéressant finalement?
 les choses qui se voient?
 ou bien le secret qu'elles recèlent, le mystère de lAmour Infini ?

Jésus n'avertit-il pas Nicodème qu'au-delà des terrestria il y a les coelestia, lesquels cependant Jésus lui-même put à peine les révéler aux siens ?
« J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pouvez les porter maintenant » (Jn. 16,12).

C'est l'Esprit seul qui lentement les suggérera aux disciples et à l'Eglise, à mesure que plus profondément il prendra possession divine du coeur des hommes.

Moïse déjà avait construit le Tabernacle selon le modèle qui lui avait été montré en haut, et c'est par delà le voile de son propre corps que Jésus entra dans le réel saint des saints Mystère originel et ultime de la garbha-griha ( la chambre intérieur de sanctuaire, le lieu où est placé la divinité, littéralement la maison, griha du sein maternel garbha).

Le secret du Non-Manifesté, n'est-ce pas en quelque sorte la vue de tout in Verbo,
la contemplation du créé, non en lui même mais en sa forme et vie divine originelle, avant même qu'il ne  soit ou du moins qu'il ne soit à part,
 « avant l'aurore » ante luciferum : Ps. 109,3, 
la « connaissance matutinale » des Anges et des élus, telles que l'ont devinée ces grands voyants, Augustin et Thomas d'Aquin ?

C'est ainsi que l'Inde elle aussi aime à contempler les choses...
moins en elles-mêmes que dans le Mystère qu'elles manifestent et d'où elles sont sorties, 
en leur origine cachée, 
dans le silence des commencements,
avant même peut-être qu'elles n'en soient issues.
 
Et dans sa contemplation de la Bienheureuse Trinité  elle même l'Inde ne saura s'arrêter aux concepts savants qu'en ont élaborés les hommes...
et jamais ne se tiendra pour satisfaite... neti,neti...ni celà...ni celà

Elle ira la chercher jusque' avant qu'elle ne soit oserait-on dire, 
dans le Mystère du sein du Père,
et jusqu'après que se sera clos pour toujours le cycle des processions de l'Être...
 au dedans...
au mystère de l'Esprit...

La voie propre de l'Inde c'est le dépassement
et le dépassement du dépassement,
 la quête du Brahman,
 la recherche inapaisée de l'Être,
dans une remontée en quelque sorte à rebours du temps... avant même qu'il ne fût,
dans une redescente, en avant du temps... après qu'il n'est plus,


afin de surprendre son secret;
au-delà de l'éternité aussi,
avant que rien ne soit,
antequam terram laceret,
ante luciferum,
avant que ne soit la Lumière,
in Principio,
dans le mystère de l'unité primordiale, dont tout jaillit,
de l'unité dernière qui consomme tout,
que sont le sein du Père aux origines de l'éternité
et l'Esprit, sa clôture essentielle
le Fils étant par position même de procession
le manifestant-manifesté
Celui qui, connu, fait connaitre,
la Parole qui sourd du dedans, et qui s'achève
dans le dedans,
le Feu qui jaillit de la Ténèbre et qui s'y perd,
le mystère, si l'on veut, de la colonne de Feu


que fut Arunàchala ( la coline sacrée) aux âges symboliques, 
le Teio-linga, le signe de la Flamme...
 
et dont, sous les mythes de Vishnu et de Brahmà, l'Inde, depuis les temps antiques, cherche inlassablement à découvrir la base et le sommet,
 l'Origine, le Principe et le terme,
l'avyakta primordial qui est le Père, 
l'avyakta ultime qui est l'Esprit.

Et pourtant le Fils est-il en soi connaissable ? 
Il n'est connaissable en vérité qu'en le Père dont il sort,
 qu'en l'Esprit où il rentre. 
Le Fils lui aussi est inconnaissable, pur avyakta, indépendamment du Père et de l'Esprit.
Le Verbe Incarné ne se connait que dans le Père et n'est connu que dans l'Esprit.
 Mais encore, le Fils qu'est-ce ?
 Le Père qu' est-ce ? 
L'Esprit, qu'est-ce ?
 
Ce sont des mots d'homme,
 et ce sont des pensers d'hommes.
 Quel penser d'homme jamais atteignit au Réel ?

Nous en sommes toujours au Mystère de la manifestation, à l'énigme de maya, 
des mots créés qui voilent autant qu'ils dévoilent 
qui cachent autant qu'ils découvrent,
pouvoir d'enténébrement en même temps que d'illumination
 nuée lumineuse,
tout ce qui est de màya, 
tout ce qui est de ce monde qui conduit,
 mais qui conduit celui-là seul qui ose le dépasser ?

 ...et au bout du chemin se jette dans le gouffre,
 ...en la Ténèbre, au sein de la Flamme...

Car quels mots sauraient dire le Mystère du Père, de l'avyaka primordial,
et le Mystère de l'Esprit, de l'avyakta ultime,
et le Mystère du Fils, que seuls le Père et l'Esprit manifestent,
 eux-mêmes non manifestés et non manifestables 
en dehors du Fils qui les manifeste et qu'ils manifestent

...et le Mystère de l'Épiphanie de Dieu en sa création, qui elle même n'atteint à l'être et à sa plénitude de manifestation que dans sa consommation en l'Esprit et son retour au Père,
 l'avyakta qui n'est pas en totale vérité, tant qu'elle ne s'est pas ex-stasiée en Dieu,
 en qui seul elle obtient son svarùpa (sa forme propre), en l'Esprit

le Mystère de l'avyakta, du Non-Manifesté, qui s'achève Epiphanie ;
le Mystère de l'Epiphanie qui se clôt dans le silence éteint de l'avyakta.

L'Esprit a-t-on dit, est le suprême Manifestateur, le suprême Révélant.
 Mais n'est-ce pas véritablement en clôturant la manifestation?
, en ramenant tout au mystère de l'avyakta primitif ?
 qu'il l'amène à sa propre perfection?
 qu'il la révèle, dans le retour au silence primordial du sein du Père ?
 dans l'ineffable advaita, l'ineffable non-dualité?

Mots que tout cela, dira-t-on,
 pure logomachie ? 
Mais n'est-ce pas en jouant de ses mots et de ses pensers que l'homme parvient à dépasser ses mots et ses pensers eux-mêmes ?

Qui tente d'échapper à la gravité terrestre pour s'élancer dans les espaces, doit d'abord s'appuyer sur elle.
Qu'importe que vienne un moment où pour l'astronaute il n'est plus ni de haut ni de bas, et où les mots perdent leur sens ? 
On ne peut dépasser que ce que l'on a d'abord atteint, ce sur quoi l'on a commencé par s'appuyer.

Aussi bien Jésus s'est-il lui-même servi de tous ces mots. 
C'est le mystère à nouveau rejoint, de la kénose divine dans la création.
 
En venant au monde de la manifestation,
en entraînant dans sa propre Epiphanie l'univers entier de la manifestation, le Verbe s'est kénosé, et a converti la Sagesse et la Parole en balbutiement de bouche et d'intelligence d'homme, nous révélant, entre son premier gémissement de Bethléem et son cri suprême sur le Calvaire, l'ineffable secret qui est au sein du Père.

Mais Jésus aussi a dit qu'au-delà de la lettre des mots qu'il prononçait il fallait atteindre jusqu'à l'Esprit.



C. LE MYSTERE DE L'AVYAKTA ET DU VYAKTA ( du non manifesté, et du manifesté)

Le mystère de l'avyakta, du non manifesté,  est-ce autre chose que le mystère du sein du Père, d'où tout jaillit et où tout rentre,
 où tout est ?
 N'est-ce pas là précisément qu'ont abouti l'un et l'autre l'hindou et le chrétien, en rentrant dans leur dedans?
en pénétrant au sein du fond,
à l'intérieur de la guha  ( grotte de l'ermite)- ou de la garbha ( sein maternel) -
 au coeur d'Arunàchala ?

Et n'est-ce pas parce que l'un et l'autre, ils sont parvenus au même lieu qu'ils se sentent si totalement en communion avec l'autre ?
 en une unité réciproque d'être et de vie...
 quelques différents que puissent être les concepts dont ils pensent le mystère suprême et les mots dont ils tâchent à le balbutier ?

Le jnàni ( éveillé) chrétien et le jnànî hindou , 
le sannyâsi ( renonçant, ermite) chrétien et le sannyasi hindou se sont alors mystérieusement et merveilleusement rencontrés.
 
Chacun en des sources qu'il se croyait propres s'est abreuvé aux eaux de la grâce; 
chacun par des entrées qu'il se croyait réservées a pénétré « en des retraites escarpées in caverna maceriae (Cant. 2,14), au creux de la Montagne symbolique... 
...et chacun par des chemins qu'il croyait uniques s'est lestement acheminé vers le sommet de la Sainte Montagne, 
la mystique Arunàchala.
 
Et alors, parvenu en ce sommet, chacun se découvre en son essence profonde dans l'éblouissante Colonne de Feu qui l'a aspiré... 
Où est le chrétien? 
Où est l'hindou.
Où est Arunâchala ?
Qu'est devenue la montagne sacrée ?
Où sont passées les saintes piscines et les grottes profondes ?

Et chacun découvre l'autre;
mais est-il encore un autre ?
Seule, subsiste la Flamme du faîte d'Arunâchala,
la Colonne de Feu primordiale, dont Brahmà ne sut atteindre le sommet
ni la base Vishnu, 
l'Amour insondable Anbe Shiva (Shiva l'amour) en quoi se résout l'être
.
Et quand du sommet d'Arunâchala, le sannyasi- chrétien contemple l'horizon et la Montagne qui le centre, 
il s'aperçoit avec stupeur que c'est aux sommets même de l'hindouisme que l'ont conduit ses pas de chrétien....
 
En s'engouffrant aux grottes d'Arunàchala , c'est au coeur même de l'hindouisme qu'il a pénétré 
En parvenant au faîte d'Arunâchala, c'est l'idéal suprême de l'hindouisme que lui-même, chrétien et en chrétien, il a réalisé.

C'est en pénétrant au plus profond de son christianisme que le chrétien a découvert le tréfonds de l'hindouisme aussi.

C'est par celui-là seul qui pénétrera au-dedans de soi que l'Inde réellement se laissera atteindre, ...
et non par celui qui se contentera de l'étudier dans les livres ou du dehors....

 Et c'est à celui-là seul qui, renonçant à la dispersion au-dehors, aura consenti à se concentrer au-dedans, que l'Inde révélera ses secrets merveilleux....

 Car c'est en ses sannyasi, en ses moines, que l'Inde vit le plus profondément... 
et c'est en ceux qui l'ont transcendé que l'hindouisme lui-même se révèle totalement.
 
Le sannyasi n'est-il donc pas alors la porte vraie de l'Inde, l'irremplaçable voie d'accès vers son coeur ?
 Et le sannyasî chrétien, à la fois authentiquement sannyasi, avec tout ce que ce mot comporte de dépouillement du dehors et du dedans, 
et authentiquement chrétien, 
n'est-il pas providentiellement destiné à apporter à l'hindou ce dépassement inespéré que sera pour lui l'entrée au Mystère chrétien ?
et au chrétien lui-même cet appétit inapaisable d'intériorisation, de creusement, de pénétration au-dedans qui lui découvrira des secrets sans cesse nouveaux et sans cesse plus admirables en sa condition de Fils, laquelle lui a révélé le Seigneur Jésus ?

Et c'est ainsi qu'il faut comprendre tous ces 'essais' que le lecteur a sous les yeux...
 comme la tentative par un sannyasi chrétien de pénétrer le secret d'un Arunâchala symbolique

 

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