Le Sannyasi ( moine errant)
Le sannyàsi n'a pas d'amis proprement dits. Il a renoncé à toutes les affections familiales et autres, de façon effective. Ràmana Maharshi l'avait compris en écrivant son billet d'adieu à sa mère et à son frère. (...)
Dans la mesure où l'esprit du sannyàsi se repose dans les douceurs et commodités de la vie, il est infidèle à sa vocation. Et c'est pourquoi les Sastras [écritures sacrées] défendent au sannyàsi de séjourner plus de quelques jours dans le même lieu.
Son coeur ne doit se prendre à aucune glu.
Au moins doit-il être « indifférent » à ces affections et sollicitudes. C'est-à-dire être prêt à les voir se dérober sans que le plus petit trouble naisse en son esprit.
Cela me fait comprendre l'insistance des Upanishads et de la Gita sur l'égalité d'âme, l'indifférence aux dvandvas [paires d'opposés], froid-chaud, faim-soif ; ce n'est qu'un départ,
le vrai c'est l'indifférence à la réussite ou au succès, à l'affection ou à la haine, à l'honneur ou au mépris, etc.
Je ne serai un véritable sannyàsî que le jour où je serai capable, sans le moindre trouble ou peur, de voir se dérober de moi, en milieu étranger, sinon devenu hostile, toute aide, toute affection, tout honneur.
Et cela même dans la conjecture où il ne me serait plus possible de reprendre mon autre vie (affective, sacerdotale et appui financier, moral).
Je serai un véritable sannyàsî que le jour où il n'y aura plus personne pour s'occuper de moi,
où je serai obligé de mendier ma poignée de riz, reçu avec faveur ici, avec défaveur là,
choisissant de préférence les portes où je ne trouverai pas l'accueil d'un visage souriant - où je n'aurai pas un sou au fond de ma poche...
Solitude, dépouillement total.
Et le silence va de soi.
Si le sannyàsi n'est pas complètement silencieux, sa parole doit être rare, brève, jamais utilisée pour des choses mondaines ou non nécessaires.
Saint Benoît est à garder à la lettre. Lui, en avait le sens, ses fils l'ont perdu.
Le sannyàsi n'est pas normalement un « studite » ; livres comme hommes sont des distractions.
Seules lui sont permises les lectures qui le mènent à réaliser le Brahman [ ... ].
Avant tout il est l'homme qui contemple.
La solitude est finalement une solitude spirituelle.
Seul avec le Seul,
plutôt seul en le Seul.
Solitude divine.
Libéré des images et de la sentimentalité religieuse si reposante.
Le dépouillement temporel et spirituel le plus effectif et absolu qui puisse être imaginé.
Accepter de vivre dans ma grotte, ma vie entière, nul ne prenant un
soin spécial de moi,
nul ne s'intéressant spécialement à moi, ni me prodiguant des marques d'estime et d'honneur,
obligé de mendier chaque midi ma poignée de riz.
Alors ce sera la joie et la paix suprême.
Pater Noster
Le silence du sannyasi est sévère.
Il est des jours où il est très doux lorsque le "Seigneur" parle au coeur, ou du moins lorsque rien ne-vient troubler le « charme ».
Le sannyàsi n'a plus à parler, ni pour se répandre ni pour savoir. Seule la brahmavidyâ ( Science de l'Absolu) peut être écoutée et dite par lui...
Il n'y a qu'une seule chose intéressante, une seule chose utile, une seule chose bonne, la brahmavidyà.
Et la brahmavidydase transmet peu par des mots d'homme, par des sons audibles.
En silence, tu m'as enseigné le silence O Arun-achala!
Toi qui jamais ne quittes ton silence.
La transmission de la pensée par la parole n'est nécessaire que lorsque le sens de la dualité existe.
Pour quiconque se sent vivre en les autres êtres, et qui a réalisé l'unité de l'àtman (au sens chrétien aussi bien qu'au sens hindou) quel besoin de parler ?
Ai-je besoin de parler pour me communiquer moi-même ma propre pensée ?
Celui qui a réalisé se communique soi-même (quels que soient les nâma-rùpa [noms et formes] de Ce Soi-même) en deçà de toute parole et pensée distincte.