Sat - purusha

 

Sat Purusha est l'homme authentique,l'homme véritable , véritable soi-même et hélas le plus souvent ignoré de soi même...
Le rechercher c'est se découvrir en vérité..c'est aussi découvrir Iéshouah le Nazaréen qui en est l'archétype... du moins sous nos formes de compréhension occidentales...
Étonnante rencontre non ?bien loi des textes et des dogmes surranés

Cette méditation est extraite de Intériorité et révélation paru aux éditions Présence

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Sat-Purusha c'est l'Homme authentique, le réel Fils de l'Homme.

Il y a le Mystère en haut, 
Il y a le Mystère en bas, 
Il y a le Mystère derrière,
Il y a le Mystère en face, 
Il y a le Mystère partout :
le Mystère de Brahman... le Mystère de l'Absolu
 et Il y a moi partout inséparable de ce Mystère.

 Impossible de le mettre à part, 
Impossible de me mettre à part. 
Car en ce faisant on met à part quelque chose qui le dépasse,
 on met à part quelque chose qui me dépasse 
et qui pourtant  est lui d'une telle mine, d'une telle richesse...
 un Mystère bien au delà de tout le monde des phénomènes
bien au delà des noms et des formes...des nâmarûpa.

 Pourtant...
pourtant le monde du phénomène porte en soi une
luminosité,
 quelque part, moi aussi je m'y mets....et je la porte...
C'est ce Mystère qui illumine,
 intimité telle qu'il lui est impossible de s'en séparer, 
pas plus qu'il ne m'est possible de me séparer de cette Lumière qui est moi,
 en moi,
 au-delà de moi.

Dans un moment de vue plus intense ce ciel s'entrouvre,
se déchire,
 comme au Baptême de Jésus dans le Jourdain,
 quelque chose qui semble percer mes sens :
  c'est de l'entendu, une voix 
du vu, une nuée, une colombe.
 
Dans tout l'être c'est un
tressaillement transformant.

On sort des eaux,
 de cette eau primordiale où on est né d'abord,
 mais d'où maintenant on sort rené.
 
On sort...
On sort mais on n'est pas un autre; 
car rien de nouveau n'est arrivé,
 rien n'a été changé en soi.
 
Cependant soi-même
on s'est découvert à une profondeur inconnue de soi.

Le ciel s'est entrouvert,
 une voix s'est fait entendre,
 le Père dans sa Lumière inaccessible...

 Une colombe s'est fait voir,
 le Mystère de la Grâce,
 le Mystère de l'Esprit qui planait sur les eaux primordiales, 
le Mystère qui plane sur la création, 
qui la couve toute, l'échauffe, l'amène à maturation et fait jaillir le purusha

L'homme enfin qui s'est découvert dans sa réalité primordiale -
L'homme qui dans un autre contexte mythique est le Mystère même de la création à soi totalement découvert. 

Mystère d'une régénération qui reprend les étapes de la cosmogénèse,
 les eaux en haut : le firmament
 les eaux en bas : le Jourdain en lequel l'homme est plongé. 
Et ces eaux sont une.
 

L'homme en bas, tout pris dans le temps et le devenir qu'il est,
 se sent emporté au-delà de soi, 
mais toujours en soi ...

Il s'entend appeler Fils... 
et dans un cri jaillit le mot « Père »
, non pas ce mot solennel applicable à toute personne- autorité morale ou religieuse -
 mais le cri même que l'enfant instinctivement adressé à celui de qui il est né, 
à celui dont il porte le visage,
 la ressemblance,
 dont il a la nature,
 à qui il communie dans l'inaltérable altérité de la personne.

Papa !

Dans ce ciel le Mythe primitif a vu les devas - ces force multiples en lesquelles se manifeste l'unique puissance « divine>>
 Forces à l'oeuvre dans le monde d'en bas et dans le monde d'en haut, 
à tout plan aussi de la conscience et de la pensée de l'homme.

Il a vu aussi cette force, ce souffle de vie, prâna,
 ruah
, qui semble à l'homme une émanation du Très Haut 
- celui qui trône dans les cieux,au-delà - 
une participation ontique à ce qui est sa vie,
 à ce qui est la vie en Soi.

 Car cette vie que l'homme découvre partout...fuyante,
 venant et allant, 
il ne peut penser qu'elle ne soit que dans ce devenir,
 ce changement, 
ce passage de l'un à l'autre.
 
"L'être meurt mais la vie ne meurt pas, "proclame la Chàndogya Upanishad.
 
Ainsi en est-il de cette vie impérissable mais insaisissable en soi ,
 le devatâ, lieu où les devas remontent lorsque leur oeuvre est terminée et de là s'unissent de nouveau, fut-ce à ce corps d'homme. 

Et l'homme adore ces devas qu'il a séparés de soi, de l'univers -
 faisant d'eux le signe de ce Mystère infini
et à travers lesquels il communie à ce Mystère.

Une réflexion vint...
 qui se fixa sur l'unicité de cette vie sous jacente à tous les devas et qu'ils irradient. 
Le symbole qui aida en fut le soleil,
 cet astre qui dispense lumière et vie par ses rayons d'or et de qui tout dépend en ce monde.

  Mais le monothéisme qu'engendre cette réflexion n'est pas moins divers que le polythéisme auquel il s'oppose souvent si violemment. 
Et ce deva supérieur, Brahmâ, Bhagavân, 
c'est toujours la projection dans ce ciel inatteignable de
"cette force" -
 et toujours selon les catégories mêmes de l'esprit de l'homme.

La plus haute découverte du Mystère en contexte monothéiste est l'évangélique : Fils, Père.

Figure magnifique du Christ qui est réduite par la christologie à la réflexion philosophique au sujet de sa nature. 
Rien d'abstrait dans la pensée de Jésus, pas plus que dans la pensée juive. 
Il est Fils de Dieu en raison de sa mission d'ebed Yahweh - de Serviteur de Yahwé -
 et la marque par excellence de sa filiation c'est sa soumission totale à Dieu. 
(C'est dans la volonté, ,non dans la nature que Jésus se dit un avec le Père ; sa nature ne l'intéressait pas, cette question  n'avait aucun sens pour lui.)

 C'est dans cette union de volonté, de pensée, d'action , que Jésus a vécu le Mystère de sa proximité avec Yahwé.
Le Grec a voulu ramener l'Évangile à des notions. 
L'Évangile c'est d'abord pour tout homme une confrontation : Jésus, type de la relation Dieu-Homme. 

Dans la mesure où mon intention à la base de l'action rentre sous l'intention de Jésus, je suis sûr d'être sur la Voie.

Très tôt, dès Paul et Jean, sinon dès Pierre déjà, on a fait du Christ une doctrine, une formulation. 
Qu'est-ce que Jésus veut dire quand il parle de
foi en lui

Aucune christologie n'a le droit d'annexer Jésus. 

La Bonne Nouvelle fut que la « justice » n'est pas le fait des sages, mais des pauvres, des petits qui croient en Jésus et se mettent à son école. 
La Bonne Nouvelle est que quiconque suit Jésus est sur la voie de la « justice ».

Toute religion est enracinée dans une culture. 
Il n'y a pas de religion a-culturelle, de même qu'il n'y a pas d'homme hors sa réalisation dans une « matière » physique, mentale et sociale donnée. 
On ne peut séparer ce qui est culture et ce qui est pure expérience de Dieu, pas même dans le christianisme.
 Ce sont des formes toutes diverses de christianisme qui se réalisent dans différentes cultures.
 
L'oecuménisme cherche à découvrir ou réaliser l'unité au niveau du phénomène n'a rien compris;
il faut reconnaître la pluralité d'expression.
 Et ce pluralisme d'expression, formulation plus structures, sera encore beaucoup plus fort une fois que l'Orient s'en sera mêlé.
 Il faut aider les chrétiens à découvrir ce point.

Toute ma théorie
du Christ Sat-Purusha se heurte au « dogme de la Rédemption.>>

 Il est clair déjà que l'importance donnée à la Résurrection dépend fortement du contexte juif. 
Quand <<je suis » a été découvert, il n'y a plus de mort qui compte et doive être vaincue. 
Et pas davantage n'y a-t-il de péché à la profondeur finale. 
Mort et péché sont sur le plan de la dualité dvandva, de mâyâ.(illusion)

Jésus c'est la manifestation sublime du Sat-Purusha dans le ciel juif.
 
Tout le développement du christianisme est un essai d'universalisation  de l'expérience juive de Dieu réalisée dans un homme exceptionnel : Jésus.
« Foi et Constitution » sont secondaires. 
Ce qui compte c'est
« life and Work » .

 Quand dans mon contexte mental, culturel je cherche à m'expliquer le mystère de l'âme de Jésus, de la même manière que les Grecs, pour tâcher de le comprendre conceptuellement, ils passaient du mythe au logos (à l'abstraction),
 de même moi je ne peux arriver à le comprendre que dans un mot :
expérience non-duelle 
.
Tant que je ne vois dans Jésus que le phénomène, je compare avec d'autres phénomènes et je suis à quia pour essayer de comprendre sa particularité, son unicité. 
Car dans l'ordre du phénomène il est un parmi d'autres.
 
Si je cherche à expliquer son unicité par sa qualité de Fils de Dieu, c'est une notion qu'il a sans doute employée -( à voir d'ailleurs dans quel sens exact.) 
Mais c'est une notion, un dahbar, une notion mythique, de l'ordre du
pur symbole, que la pensée grecque et scolastique a transformée en abstraction.
 
Le Fils de l'évangile est Fils de par sa fonction, de par sa mission. 
La notion de nature n'existe point dans la pensée des Juifs ni de Jésus

Je ne puis m'appuyer sur une expression symbolique pour formuler une théologie ou une christologie.

Le fond de l'âme de Jésus se découvre certainement dans l'expression qu'il emploie par rapport à soi-même. 
Cependant qui peut exprimer son propre moi, en dehors des caractères phénoménologiques individuels ? 
Je puis simplement dire : moi, je. 

Jésus est unique comme toute conscience est unique. 
Elles sont toutes incomparables. 
Quiconque s'éveille au Mystère de Brahman sous le nom de Père est l'unique Fils.
 
Il ne faut pas chercher à exalter ou à spécifier Jésus en refusant aux « autres » ce qui est leur droit.
Pour découvrir le Mystère de Jésus, il faut suivre pas à pas le Réel, et ne pas se contenter de notions reçues ni de formules toutes faites.

 Jésus est un Mystère d'abord pour soi, comme tout homme l'est aussi.
 
Mais beaucoup d'hommes ne pensent pas à leur Mystère; 
ils le vivent sans doute à travers le signe de leur vie phénoménale, mentale et corporelle, mais volontairement ou non
évitent de sonder leur propre abîme.
 

Le mythe religieux et culturel leur suffit.
 
D'autres cherchent dans la pensée; les philosophes.

 Et qui a le courage de sonder l'abîme de soi ?

 Les grands, les sages sont ceux qui osent sonder cet abîme. 
Plus ils s'éveillent au fond, plus ils sont grands. 
D'où on vient, où on va  ?
 question insoluble pour qui la cherche dans l'Esprit, car l'Esprit est sans point de départ ni d'arrivée.

Cela n'a guère de sens d'essayer de réinterpréter les nâmarûpa, les noms et formes de Jésus en un autre contexte culturel,
 pas plus que de réinterpréter en termes occidentaux les légendes de Ràma, Shiva ou Krishna.
 
Le christianisme est essentiellement judéo-hellénique et le krishnaïsme essentiellement indien. 
Il n'y a place que pour une acculturation extérieure, ou alors pour une acculturation en profondeur qui fonce droit derrière les nâmarùpa.

L'adaptation que l'Église de l'Inde tente actuellement est du niveau des nâmarûpa. 
La seule voie réelle est de reconnaître le Mystère fondamental de Jésus au-delà de tous ses nâmarùpa. 
C'est le Mystère même de chaque homme qui s'éveille à Dieu.


La mission de Jésus, la Bonne Nouvelle qu'il annonce est pour les Juifs....

 Que ce message porte en lui une potentialité d'universalité c'est indéniable, mais il ne faudrait pas chercher à traduire mot à mot sa mission juive en mission universelle.
 C'est au delà de sa mission, dans son comportement, sa liberté même, qu'il est le Maître, le Guru

 La Rédemption n'a de sens que dans un contexte juif. 
Rien ne reste des formulations judéo-helléniques du Mystère de Jésus quand on passe à une autre tradition.
La « mission » de Jésus concerne les Juifs et non le monde. 

En Inde Jésus compte par sa personnalité, sa façon d'être avec les hommes et avec Dieu, et non par sa soi-disant nature
..., et surtout pas par des formulations faites à son sujet par les théologiens et les Conciles. 
Tout comme dans le Vedanta et le Bouddhisme, que de travail mental en vain !
 La pensée humaine s'en donna à coeur joie dans son utilisation (à sa propre fin) d'un si merveilleux theologoumenon.

Jésus n'est pas un theologoumenon, mais une rencontre vitale, vivante.
 Incarnation - Avatâra.
 
Il ne faut pa non plus chercher à comparer Jésus et Krishna. 
L'avatâra est une manifestation divine spéciale
  Jésus est éveil à Dieu.
 Ces deux notions correspondent  à deux contextes inassimilables, qui n'ont que des points phénoménologiques de contact.

Peut-on souhaiter dès lors une nouvelle théologie, christologie partant de Sat-Purusah ?
 Mais toute Christologie n'est-elle pas fausse ?
 - partant du phénomène et passant à l'Absolu ?

Selon la tradition évangélique seule l'attitude de Jésus dans la vie a valeur universelle : Sermon sur la Montagne, l'envoi en mission des disciples, sa liberté, etc. Tout ce qui est notionnel a valeur seulement
dans l'univers mental où il se meut et plus encore où se meuvent ses disciples. 

C'est cette attitude devant la vie qu'il faut redécouvrir dans l'Évangile et qui appartient à tous.

Il y a certes opposition brutale entre le judéo-hellénisme et l'hindouisme. Mais cette opposition existait déjà entre le judaïsme et l'hellénisme, et les Macchabées ont préféré le martyre à la façon grecque de vivre....
 
Cependant il y a osmose et points de rencontre, c'est par là que chacun pénètre dans l'autre. La confrontation de l'ordre logique et métaphysique que je fais est notionnelle ; elle n'est pas dans la vie.
 Cependant cela aide à voir le problème dans toute son ampleur et son intensité.

Chercher des correspondances, des « upanishads » entre hindouisme et christianisme au niveau des nâmarûpa ( nom et forme) conduit à une impasse. 
Les similitudes entre les trois religions abrahamiques donnent le change et on est tenté de chercher des équivalences dans les religions plus lointaines encore.
Ce qui m'éclaira récemment, ce fut ceci: 
Les éléments de rêve pris à part et même dans leurs connexions ne sont pas vrais. 
Cependant le rêve a
sa vérité
La vérité du rêve c'est la « pulsion »'psychique qui en est la base. 
J'appelle cela pulsion, le mot importe peu.
 
Il y a un événement psychique existentiel, la montée au niveau de la conscience d'une
pulsion profonde. 
L'inhibition de l'état de veille n'existant plus, de cette pulsion originelle se projette, s'étend un vaste scénario. 
L'homme vit avec intensité - joie et douleur, apaisement et anxiété, etc., selon les cas - cet événement psychique existentiel. 
La vérité du rêve, c'est cet événement intérieur que le rêve exprime.

Simplifiant le raisonnement, il y a dans toute existence d'homme, continuelle et sous-jacente à tout chez certains, pour d'autres au moins en des moments donnés de la vie,
cette Rencontre intérieure du Mystère; 
d'un Mystère qui est le Soi et sa vérité la plus profonde,
 et en même temps qui dépasse le Soi de la perception de la conscience commune, au point que l'homme fait de ce Mystère un Autre, et projette en un Dieu ce dépassement et cette intériorisation de soi.
 
Rencontre à la fois intérieure et extérieure, car le temps et l'espace, les éléments, les autres hommes, chacun, chaque chose porte son mystère....

Le mythe lui est un grand rêve collectif. 
C'est à la manière du rêve une façon instinctive de vivre cette réalité. 
Les rêves et les mythes individuels interfèrent entre eux. 
Des lignes de force se découvrent, s'établissent ; des sillons mentaux se creusent, lits de ruisseaux, de fleuves se forment peu à peu.
 
La Rencontre est tellement primordiale que ces sillons se creusent très profondément, si profondément qu'ils semblent naturels  originaux...
Le logos travaille ensuite sur ces sillons, leur ôte leur lilâ
( apparence, aspect ludique) et cherche à leur donner une vérité absolue. ...Formulations, structures sociales des religions.

 Il faut accepter que Yeshuah ben Myriam s'est éveillé à ce Mystère dans le mythe religieux grandiose du judaïsme.

Partir de Jésus au sein de son mythe juif, et plus encore du mythe méditerranéen plus large où l'Église a projeté l'image de Jésus en vue d'établir une théologie des religions, est tout simplement faux. Car c'est juger tout par rapport à la théologie chrétienne helléno-judaïque et juger à partir de là la valeur de formulations ou structures similaires se trouvant ailleurs.

Il faut accepter les deux pôles opposés en lesquels l'expérience intérieure s'est exprimée :
 1. Le pôle abrahamique avec ses trois descendants ; 
2. Le pôle védantin avec son complément bouddhique. 

On se rend compte alors de la valeur essentiellement namarupa de toutes formulations/structures, qu'elles soient upanishadiques, bouddhiques, islamiques ou chrétiennes.

 A ce moment là, on ne cherche plus à exprimer le mystère de Jésus en termes indiens, d'avatra par exemple, ou bien de Purusha, ou de Guru... Tout cela ce sont des équivalences de mythes, de namarûpa. Elles ne mènent qu'à des impasses.
L'éveil au Mystère n'a rien à voir avec des dogmes. ...


Si on veut que l'acte salvateur du Christ soit universel, cet acte ne peut être cherché dans aucun nâmarùpa : mort, sacrifice, rédemption, résurrection. 
Il n'y a qu'un acte en vérité par lequel Jésus - tout homme - passe au Père :
c'est l'acte de
l'Éveil. 

Dès qu'on s'éveille, en raison de l'essentielle connexion humaine, c'est avec tous, au nom de tous, qu'on s'éveille.
Cela semble malheureusement terriblement abstrait.
 Et le psychisme humain est tellement ancré dans le mythe/logos religieux qu'il est incapable de s'y reconnaître. 
La situation est identique dans l'hindouisme et le bouddhisme, bien que là tout de même l'advaita latent et le refus - neti, neti - de tout nâmarûpa aide à faire le saut....

 Et en fait c'est tellement simple. 
Une fois reconnue la vérité foncière du mythe religieux et des multiples formes qu'il a prises, on accepte la vérité symbolique de chaque formule, de chaque rite, etc., mais on refuse obstinément de leur donner valeur absolue.
 C'est en fait ce que fit Jésus par rapport au judaïsme ambiant - et qui le mena au gibet
............
Avec Jésus, c'est une rencontre existentielle, ni mythique ni théologique. 
 et je dois confronter
ma propre attitude d'âme avec la sienne. 
Ne chercher à dire de lui aucune notion, mais simplement accepter d'être brûlé par
sa Rencontre.

 Et ça ne veut pas dire qu'on récitera des psaumes, ni assistera à la messe, etc., ni même qu'on prononcera ou invoquera son nom. 
Car pour lui aussi, comme pour Shiva, il faut dépasser le nâmarûpa pour Le trouver, pour découvrir son Vrai Nom, le « Supernom », qui n'est même pas simplement le tvam aham (tu-je) de la relation mutuelle, mais plutôt en termes upanishadiques le
Je suis. 

Un sourire qui pénètre au coeur de tout homme rencontré, 
cela c'est le nom sauveur du Christ...

La personne de Jésus est unique, comme toute personne est unique. 
Et nul ne peut connaître le Mystère de quiconque et de Dieu.
 
Le nom secret n'est connu que de celui qui le donne et de celui qui le reçoit. 
Pour différencier Jésus de moi, pour différencier sa relation à Dieu, il me faudrait connaître totalement le Mystère de Dieu et le Mystère de Jésus. 
Qui suis-je pour prétendre savoir cela ? 

Je puis balbutier des mots, bien entendu. Mais ce ne seront jamais que des concepts, étroitement dépendants de mon environnement culturel, social, religieux, mental, de tout le mouvement antérieur de ma pensée et de ma conscience. 
Alors comment comparer la vue que j'ai de moi à la vue que Jésus a de lui-même ?
 
Que veut dire exactement la formulation de Jésus filius dei ego sum ?(
je suis le fils de Dieu)
 
Certainement pas ce que les Conciles ont imaginé quelques siècles plus tard. 
Est-ce que Jésus en se disant Fils de Dieu a voulu se séparer de nous autres ? 
Bien entendu sa mission est à part; mais la différence de la mission n'entraîne pas la différence de la nature.
 Ou bien a-t-il voulu se séparer de la position que se donnaient les Juifs
ses contemporains devant Dieu ? 
Il s'est reconnu une relation avec Dieu qui débordait les données bibliques courantes (C'est la réalité de la distinction Dieu-créature qui dans la conscience de Jésus devient la réalité Abba. Car dans la conscience de Jésus la distinction a éclaté. Et ce qu'il a reconnu au Baptême qu'il était advaita avec Abba-Yahweh, il en fait part à tous).

 Pour se « comprendre », il lui fallait prendre certains textes comme ceux du Serviteur, ceux de Fils de l'Homme, et les faire pratiquement exploser .

 Le mythe du Purusha est plus extensif que celui de Christos; seulement il englobe l'aspect cosmique et métacosmique du Mystère, mais il se libère de l'attache au temps que comporte le mythe du Christ. 
Plus ; il reconnaît toute la valeur symbolique contenue au Mystère du Temps mais refuse de condenser l'absolu à part dans un point particulier temps.
Il est plus extensif aussi que celui d'Ishvara et de Prajâpati (le Seigneur Dieu; Seigneur des créatures), car il insiste sur la manifestation comme homme, Purusha  de ce Mystère.

Le Mystère pascal est un symbole grandiose de cet éveil de l'Homme à soi, dans le temps et en dehors du temps, 
de l'Homme plongé, immergé dans la création et cependant indépendant de la création.

 Le Purusha est, il est là simplement, à la façon de l'Atman, Sat, Brahman, dès que l'homme s'éveille à soi. « Avant qu'Abraham fut, je suis.»

...aussi si le Christ est l'« Unique » pour moi, qu'il ne le soit pas dans ma pensée seulement.

 Qu'en lui, je découvre la gloire de l'Unique.

 

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