SUR LES HÉSYCHASTES.
Je vais te dire une chose.
Ne la mets pas en doute parce
qu'elle n'est pas ostensible... Et ne méprise pas mes autres paroles... Car ceux qui me les ont transmises sont vrais.
Dans ce
discours comme dans tous les autres je te dis la vérité.
Si tu
ne te pends pas aux paupières de tes yeux jusqu'à ce que viennent les
larmes... ne pense pas que tu sois parvenu à quoi que
ce soit dans la conduite de ta vie...
Car jusqu'à maintenant ce
qui est caché en toi ne fait que servir le monde... ta conduite
est celle des hommes du monde.
C'est par l'homme extérieur que tu travailles à l'oeuvre de Dieu... Mais l'homme intérieur
lui demeure stérile...
Car son fruit naît des larmes...
Quand donc tu
parviens au pays des larmes, sache que ton intelligence est sortie de la prison de ce
monde... qu'elle a posé son pied sur le
chemin du siècle nouveau...
et qu'elle a commencé à sentir cet
air neuf et merveilleux...
Alors l'homme se met à pleurer...
Car
approche la gestation de l'enfant spirituel.
La grâce, la mère
commune de tous, s'empresse d'enfanter dans l'âme mystérieusement un signe
divin... pour que celle-ci puisse voir la lumière
du siècle à venir.
Quand est venu le temps de la naissance,
l'intelligence commence à tendre vers l'une ou l'autre des choses de l'au-delà...
comme la respiration que l'enfant tire de l'intérieur du corps dans lequel il est nourri.
Parce qu'il ne peut
pas supporter ce à quoi il n'est pas habitué...
le corps fond soudain en sanglots... mais ces larmes sont mêlées à la douceur du
miel.
Et plus est nourri l'enfant de l'intérieur... plus augmentent les
larmes.
Mais l'ordre des larmes dont je parle est autre chose
que ce qui arrive aux hésychastes par intervalles...
Car cette
consolation qui est donnée de temps en temps, est toujours liée
à celui qui vit dans l'hèsychia avec Dieu.
Tantôt elle lui vient
quand son intelligence est en contemplation.
Tantôt quand il
lit les paroles des Écritures.
Tantôt au moment de la prière....
Mais je parle ici de l'ordre des larmes en celui qui pleure
continuellement nuit et jour...
Celui qui dans la vérité et l'exactitude a trouvé le sens de
ces modes... c'est par l'hèsychia qu'il l'a trouvé.
Car en deux
ans ou davantage, ses yeux sont devenus comme une source
d'eaux.
Il entre ensuite dans la paix des pensées.
Et de la paix
des pensées, il entre dans ce repos dont a parlé saint Paul...
pour autant que la nature puisse le porter partiellement.
Enfin
dans le repos paisible l'intelligence commence à contempler les
mystères...
Alors le Saint Esprit vient lui révéler le céleste.
Dieu
demeure en lui et mûrit le fruit de l'Esprit.
Dès lors il sent la
nature intérieure recevoir le changement à venir dans le renouvellement de toutes
choses... encore obscurément et comme en
énigme.
Ces choses, je les ai écrites pour m'en souvenir et pour tous
ceux qui les liront... telles que je les ai recueillies de la contemplation des Écritures... des bouches de vérité... et un peu de ma
propre expérience...
afin qu'elles me soient un secours... par les
prières de ceux qui en auront reçu un avantage. Car elles m'ont
donné beaucoup de peine....
Écoute encore ce que j'ai à te dire maintenant.
Je l'ai appris d'une bouche qui ne ment pas...
Quand tu es entré dans le pays
de la paix des pensées... alors les larmes abondantes s'effacent
de toi...
Tu ne pleures plus qu'avec mesure, et quand c'est le
temps.
Telle est brièvement en vérité l'exactitude de ces choses...
ce qui est cru par toute l'Église.
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