L'inconnaissance de la Suressentialité même de Dieu qui dépasse
toute raison, pensée et essence,
tel doit être l'objet de la science suressentielle...
aussi nous devons lever les yeux vers le haut que dans
la mesure où se manifeste à nous le Rayon même des Saintes Paroles du
Très-Haut...
et nous en revêtir pour recevoir les plus hautes lumières...
avec cette sobriété et cette sainteté qui
seules conviennent aux réfléxions sur le divin....
Car s'il
faut faire confiance, à une théologie toute
sage et parfaitement vraie, c'est dans la mesure qui
convient à chaque intelligence en particulier ... et en lesquelles les secrets divins se
manifestent et se révèlent...
car ne l'oublions jamais...
c'est la Bonté même
du Très-Haut qui, dans sa justice salvatrice,
offre divinement aux êtres mesurables, Lui réalité infinie...
la compréhension de sa propre incommensurabilité...
Ainsi de même que les objets conceptualisables ou intelligibles ne sauraient être saisis
ni contemplés par le sensible...
de même les
objets simples et non-modelés échappent à tout ce qui
a forme et contour, et rien de ce qui a revêtu
figure de corps ne peut toucher l'incorporel ...ni schématiser l'infigurable...
Selon le même raisonnement
, toute essence est transcendée par l'Indéfini suressentiel...
tout
comme l'est toute intelligence par l'Unité qui
est
au delà
de toute
intelligence...
aucune raison discursive ne peut discourir sur CELUI qui dépasse tout discours...
ni aucune parole
exprimer quelque chose du Bien qui
est
au dessus
de toute parole...
Monade unificatrice de
toute monade, Essence suressentielle, Intelligence inintelligible... et Parole
ineffable...
exempte de raison,
d''intelligence et de nom...
n'ayant d'être selon le mode
d'aucun être...
cause ontologique de tout être ...
et en même
temps, parce qu'elle est située au delà de toute essence,
totalement exclue de le catégorie de l'être, selon la révélation
qu'Elle fait d'elle-même dans Sa maîtrise et Son savoir.
Ainsi quand on parle de la Déité
suressentielle et secrète, il faut
éviter toute parole... voire toute pensée téméraire, hors
de ce que nous révèlent divinement les Saintes Écritures.
Car c'est la Déité même qui, dans ces
textes
sacrés, a manifesté d'elle-même ce qu'il convenait de dire
de sa Bonté.
Cependant à tout être science et contemplation de sa nature intime restent parfaitement inaccessibles...
car Elle demeure séparée de tous les êtres de façon
suressentielle.
C'est pourquoi maints théologiens
ne l'ont pas louée seulement en l'appelant invisible
et indescriptible... mais encore inexplorable et indépistable ...
car ils n'ont laissé
aucune trace ceux qui ont pu pénétrer jusqu'à sa secrète infinité.
Et pourtant...
le
Bien en soi ne demeure pas totalement lncommunicable à tout être...
car de Sa propre initiative et comme
il convient à Sa Bonté IL manifeste continûment ce
rayonnement suressentiel qui demeure en Lui,
illuminant chaque créature proportionnellement à ses
puissances réceptives...
et IL entraîne ainsi vers Lui
les âmes saintes afin qu'elles Le contemplent... qu'elles
entrent en communion avec Lui... et qu'elles s'efforcent
de Lui ressembler...
Je parle bien sûr de ces âmes qui tendent
vers Lui comme il leur est permis de le faire... sans sacrilège,... dans le respect
sacré qui Lui est dû...
et non de celles-là ...dont l'impuissante arrogance dépasse
le mode de révélation divine qui leur fut concédé...
et
qui était en harmonie avec leur situation...
ni de celles non plus qu'entraîne vers le bas leur propension au mal...
non,
mais je veux parler de ces âmes qui, de façon ferme et constante, tendent les yeux vers le rayon qui les
illumine...
et qui,
dans un élan amoureux proportionné aux lumières
qu'elles ont reçues, et avec une prudence sacrée, prennent leur vol vers
Lui sagement et saintement...
en se soumettant aux ordre divins qui régissent les essences supra-célestes...et
en se gardant de toucher au secret de
la Puissance divine qui transcende l'intelligence et l'essence...
Ainsi,
ce n'est que par la sainte vénération d'un esprit libéré
de
toute curiosité, et en respectant l'Ineffable par
notre sage silence que nous pourrons être entraînés jusqu'à
cette Lumière qui nous vient des Saintes Écritures ...
splendeur qui nous pousse aux louanges de Dieu et nous illumine d'un éclat qui n'est pas de
ce monde...
qui nous façonne de manière que non seulement nous accédions
aux lumières divines à la
mesure de nos capacités...
mais aussi en faisant que nous puissions louer le Principe bienfaisant de toute sainte
illumination...
Ainsi on peut proclamer en vérité qu'IL est de
toute réalité - Cause, Principe, Essence et Vie;
pour
toute créature déchue : Appel et Résurrection;
pour
ceux qui ont glissé jusqu'à perdre l'empreinte divine :
Renouvellement et Réforme;
pour ceux que meut un
trouble impur : saint Affermissement;
pour ceux qui
demeurent fermes : Sécurité;
pour ceux qui montent
vers lui : Main secourable;
pour ceux qui reçoivent la lumière : Illumination;
pour les parfaits :
Principe de perfection;
pour les déifiés : Théarchie,c'est à dire Puissance divine
pour ceux qui deviennent simples : Simplicité;
pour
ceux qui s'unissent : Unité, c'est-à-dire Principe de tout
principe situé suressentiellement au-delà de tout principe et Transmission bienfaisante du secret, autant
qu'il est permis sans sacrilège de le transmettre...
et,
pour tout dire enfin...
Vie de tout vivant, Essence de
tout être, Principe et Cause de toute vie et de toute
essence, produisant et conservant dans sa bonté l'être
de tout être.
Voilà ce que nous enseignent les
textes sacrés...
et tu pourras remarquer que les louanges saintes des théologiens consistent, pourrait-on dire,
exclusivement à disposer les noms divins dans leurs
paroles et leurs chants d'après les manifestations bienfaisantes de cette
Puissance divine...
Elle qui comme puissance unifiante sait nous unifier nous-mêmes et rassembler, d'une façon qui n'est pas
de ce monde, parmis la division de nos différences pour nous conduire ensemble à la monade conforme à Dieu...
... unification qui a Dieu même pour modèle...
Elle qui comme Trinité, est cause de la manifestation trois fois
personnelle de cette Fécondité suressentielle d'où toute
paternité, au ciel et sur terre, reçoit son être et son nom.
Elle Cause des êtres, parce que c'est sa
Bonté faiseuse d'essence qui a produit l'être de toutes choses
Elle Sage et Belle, parce que tout être
conserve inaltérées les qualités propres à sa nature par
l'immanence totale en lui d'une harmonie divine et
d'une sainte beauté
Elle qui par Amour de prédilection pour l'homme, s'est communiquée à notre nature par l'une de ses
Personnes... appelant et haussant jusqu'à elle la petitesse de l'humain
... que Jésus,
sans composition aucune, assuma indiciblement...
L'Éternel reçût ainsi par son acceptation une extension temporelle
et s'inséra par sa
naissance jusqu'au fond de notre nature, Lui qui
échappe suressentiellement à tout ordre naturel,
et cela
tout en conservant immuable et sans mélange tout ce qu'IL possède en propre.
De ces lumières produites par une opération divine
et de toutes les autres du même genre dont, selon les
saintes Écritures, le don secret nous fut octroyé par
nos maîtres inspirés, nous avons reçu à notre tour
l'initiation...
et voici que pour nous... proportionnellement à nos forces... à travers les voiles sacrés dont
se recouvre la transmission des paroles saintes et
des traditions , l'amour de Dieu pour
l'homme enveloppe l'intelligible dans le sensible...
le
suressentiel dans l'être...
et donne forme et façon à l'informable et à l'infaçonnable, et à travers une variété
de symboles partiels multiplie et figure l'infigurable en sa merveilleuse Simplicité.
Alors,
quand nous serons devenus incorruptibles et immortels ...
et que nous aurons
atteint au repos parfaitement bienheureux de ceux qui
sont entièrement conformes au Christ...
alors, nous disent les Ecritures... « nous serons entièrement avec le Seigneur »
, remplis dans nos contemplations de Sa manifestation visible qui
nous illuminera de Ses très brillantes vibrations,
faisant de nous Ses disciples dans cette très divine
métamorphose
des participants à son
rayonnement intelligible par une intelligence libre de
passions et dématérialisée et à cette union qui dépasse
l'intelligence...
et cela par l'étincellement d'une bienheureuse
inconnaissance au sein de rayons plus lumineux que la
lumière et par l'imitation toujours plus divine des intelligences supra-célestes...
comme le dit la
sainte Écriture, « nous serons alors égaux aux anges et
fils de Dieu, étant fils de la Résurrection» ( Luc 20,36).
Pour l'instant,
et selon les dons, que nous avons reçus,
nous essayons d' atteindre aux réalités divines des
symboles qui nous sont propres... et ce sont eux, une
fois encore, qui nous élèvent, à la mesure de nos forces,
à la vérité simple et à des spectacles intelligibles que nous pouvons
avoir de la forme divine...
nous dépouillant de toute
opération intellectuelle, nous tendons, autant
qu'il est permis sans sacrilège, vers ce Rayon suressentiel,...qui contient de toute éternité, selon un mode
dont c'est dire trop peu que de l'appeler ineffable,
les termes de toute connaissance...
Rayon qu'on ne
saurait ni concevoir ni exprimer...
ni saisir par aucune
sorte de vision...
car IL est séparé de toutes choses...
Si c'est trop peu de Le dire inconnaissable... IL possède
pourtant en lui... d'avance de façon globale et suressentielle les définitions
de toute connaissance et de
toute puissance relatives aux essences...
Sa
puissance n'est accessible à aucune créature ...et son
siège domine celui de toute créature supra-céleste...
or, tout
être est limité....
Le Rayon, par conséquent, qui est au
delà de toute essence, transcende aussi toute
connaissance....
Si la Déité dépasse tout raisonnement et
toute connaissance...
absolument supérieure à l'intelligence et à l'essence...
embrassant toutes choses et les rassemblant... les comprenant... et les anticipant, mais
elle-même inaccessible à toutes prises...
si elle exclut la sensation et l'image ...l' opinion et le raisonnement
...le
contact et la science...
comment pourrons-nous discuter sérieusement des noms qui conviennent aux réalités
divines ?
L'Un... l'Inconnaissable... le Suressentiel... le Bien en soi... Celui qui est,...je veux dire l'Unitrinité, les trois
Personnes également divines et bonnes... on ne peut les
atteindre ni en paroles ni en pensées.
Mais ces modes
eux-mêmes ne sont pas moins indicibles et inconnaissables...
ils conviennent aux anges,
et appartiennent aux saintes puissances ... au delà même de la connaissance angélique....
Quand ces intelligences, sont unies à Dieu
autant qu'il est en leur pouvoir, et sont devenues conformes à Dieu
...quand elles ont renoncé à toute activité intellectuelle...
quand il est advenu à ces âmes déifiées, l'union à la Lumière plus
que divine...
alors, seulement, elles savent dire de cette Lumière la louange la plus
capitale...
en renonçant à tous les êtres... elles reçoivent
l'illumination véritable et sublime de leur union bienheureuse à cette
Lumière elle-même...
et elles la célèbrent comme la
Cause de tout être...
qui n'est elle-même aucun être...
car
elle transcende suressentiellement toute créature....
Ainsi
cette Puissance divine suressentielle est située au delà de la
substance et du bien...
Alors...
qu'aucun de ceux qui aiment la
Vérité transcendante à toute vérité ne se permette
désormais de
la louer comme raison ou comme puissance...
comme
vie ou comme essence...
mais qu'il la situe plutôt là ...
où sont exclus et dépassés toute manière d'être...
tout mouvement... toute vie... toute image...
toute opinion.... toute
expression... toute raison...
toute intelligence... toute essence...
toute stabilité...
tout principe... toute unité... toute limite...
toute infinité...
en un mot tout ce qui appartient à
l'être.
Mais puisqu'il est vrai qu'en tant que substance
du Bien absolu elle est la Cause universelle...
il faut aussi la
célébrer comme Providence,...Principe théarchique ( =
puissance divine)de
tout bien...
car tout est fait pour elle... et tout
dépend d'elle...
et elle précède tout... et tout subsiste en elle...
et c'est parce qu'elle est que tout est produit et
conservé ...
et que tout tend vers elle : les êtres doués d'intelligence et de raison par mode de connaissance,
les animaux inférieurs par voie de sensation, les autres êtres par un mouvement vital ou par une aptitude
innée ou acquise.
Ainsi instruits, les théologiens la
louent tout ensemble de n'avoir aucun nom et de les
posséder tous....
De n'avoir aucun nom, puisqu'ils rapportent que la Puissance elle-même dans une des visions mystiques où elle se manifeste symboliquement,
réprimanda celui qui lui demandait : « Quel est ton
nom? » ( Genèse 32,29)...
et, pour le détourner de toute connaissance capable de s'exprimer par un nom, lui parla
ainsi : « Pourquoi me demander mon nom? Il est admirable... ( Juges 13,18)»
Et n'est-il pas effectivement admirable,
ce nom qui dépasse tout nom?...
ce nom anonyme...
« transcendant à tout nom qui se nomme, en ce siècle, comme dans le siècle à venir »
Ephesiens. 1,21)
D'avoir aussi pluralité de noms, lorsqu'ils la décrivent ensuite disant
d'elle-même : « Je suis Celui qui suis » (Exode 3,14)...
ou encore
Vie, Lumière, Dieu, Vérité ( Jean 14,6); ...
et quand les connaisseurs de Dieu
la célèbrent par des noms multiples cette cause universelle- de tout effet ...
comme Bonté, Beauté, Sagesse...
comme Digne d'amour, Dieu des dieux, Seigneur des seigneurs,
Saint des saints, Éternel, Être et Cause des âges...
ou encore Chorège de vie, Sagesse, Intelligence,
]Raison, Science...
comme Possession au suprême degré
des trésors universels de toute connaissance, comme
Puissance, Roi des rois, Ancien des jours...
comme Jeunesse éternelle et Immutabilité...
comme
Salut, comme Justice, comme Sanctification, comme
Rédemption... comme surpassant toute grandeur et manifestée à l'homme à travers un vent léger...
Ils
affirment en outre que ce Principe divin appartient
aux intelligences, aux âmes et aux corps, au ciel et sur terre...
qu'IL est ensemble identique dans l'identique,
au sein de l'univers, autour de l'univers, au delà de
l'univers, au delà du ciel...
Suressentiel, Soleil, Étoile, Feu, Eau, Esprit, Rosée, Nuée, Roc absolu,
Pierre...
en un mot tout ce qui est...
et rien de ce qui
est ...en vérité sans LUI...
Ainsi donc à cette Cause de tout...
qui dépasse tout...
c'est à la fois l'anonymat qui convient...
et tous les noms de tous les êtres...
afin de respecter Sa
royauté universelle, pour que toutes choses dépendent d'Elle et se fondent en
Elle comme en leur cause...
comme en leur principe... comme en leur terme...
afin qu'Elle soit, comme il est écrit, toute en tous ( ICor.15,28)...
et
qu'on ait raison de La célébrer comme Fondement universel... comme Source de tout
principe... comme
Perfection ...
et comme Suffisance... comme Conservation et comme Demeure... comme Conversion à
soi-même... tout cela de façon unique... irrésistible...
transcendante...
Car elle n'est pas cause seulement de
la conservation des êtres, de leur vie ou de leur achèvement... de façon à
recevoir d'eux le nom de Bien...qui est au delà de tout nom...
mais il faut ajouter qu'Elle contient d'avance en soi tout être de façon
simple et indéfinissable... par le don bienfaisant de Sa
parfaite et unique Providence... cause universelle...
en sorte qu'on peut La louer et La nommer convenablement à partir de tout être.
(...)