Merci t'i Jess....a vrai dire ..c'est une élégante figure de style comme tu les aime car nos amis lecteurs doivent savoir que  tous les rapports nous les rédigeons ensemble... et les tapons chacun notre tour quand nous avons le temps..... et que Nico, Nat, José..et même Igor y participent aussi à leur manière par leurs conseils et leurs apports... mais le rédacteur en chef, celui qui décide en définitive c'est toi Jess !

Alors je vais rien inventer ..simplement rassembler des souvenirs de lectures et surtout beaucoup de ressentis...
les mêmes que ceux de naguère au pays du soleil levant où j'eu la chance de passer une vingtaine d'années...

Dans ce pays non souhaité, non voulu...j'ai tout de suite adoré les petits sanctuaires perdus en pleine montagne, ou sur la mer, parfois en pleine ville...
faits de fusion et d'harmonie au milieu de la nature où tout est apaisement et propice à la méditation ...
Le shinto est on le sait une religion de l'harmonie ou tout être minéral , plante ou animal.. .même un son ou un souffle d'air  voire une couleur peut être vénéré comme sacré, essentiel ...kami...

Le bouddhisme loin d'exclure a eu soin de préserver de tels sanctuaires et d'y ajouter une pensée métaphysique sur la vacuité des choses, le cycle du temps et de la vie et l'importance ...et l'importance de la connaissance de soi...donc de  la vie érémitique ( il faudrait revoir ce film : Pourquoi boddhidarma est-il parti vers l'Est http://ermitage.ouvaton.org/article.php3?id_article=771


Ainsi les marae  marquisiens les meae  reprennent ces thèmes... méditatifs
comment en serait-il autrement  ?
quand après la maison , les modes de navigation ou les systèmes de vie sociale voire les modes d'expression  le socle est commun..

seule le sens de la migration et le lieu d'isolement diffèrent...

Les marae sont des constructions anciennes, en pierres, qui sont considérées, aujourd’hui, comme les structures d’habitat les plus caractéristiques du passé polynésien pré-européen.

On n’en construit plus depuis l815, année où fut assurée la victoire décisive du parti chrétien sur les chefferies locales coalisés en vue du maintien de l’ancienne tradition religieuse et politique.
Désormais l'ancienne religion étaie bannie et l'espace des m'ae servait d'espace d'élevage aux cochons....ou autres animaux de basse cours

De ce fait aujourd'hui, le m'ae tend à symboliser la fin d’une culture authentiquement polynésienne,si l’on donne à cet adjectif le sens de autonome, qui n’intègre que ses valeurs propres, non soumis
aux idéologies venues d’ailleurs.

Le m'ae ou marae est une construction en pierre délimitant, le plus souvent à la limite de l’espace habité et de la brousse ou de la mer, un espace réservé à la divinité.
qui n'est pas à confondre avec les esplanades ( Tohua) de rassemblement des habitants du village ou du clan... qui leur ressemblent

Un tiki planté sur le m'ae

Ce sanctuaire ouvre sur la profondeur de la forêt et l'épaisseur de la nature

 

Il demeure le signe visible et manifeste des droits fonciers d’une famille, c’est-à-dire de son
attachement biologique, économique et affectif à la terre des ancêtres, et à sa généalogie si importante en Polynésie.

Leur étendue, leur aspect, leur nature même varie en fonction de l'endroit et des circonstances qui ont présidé à sa création.
L' absence de plan type est un de leurs traits particuliers aux Marquises où la topographie joue un rôle déterminant ; l'ombre même qui y régne, notamment celle des banians, est sacrée.

 Quant aux pics, arbres et rochers, le lien qu'ils figurent en quelque sorte entre le ciel et la terre, le fait qu'ils en émanent, que la cosmogonie fasse de rochers les ancêtres des humains et que chaque vallée semble avoir vénéré l'un d'entre eux (en tant que père ou centre du pays, etc.) leur confère une force, une valeur essentielle qui ancre les structures.

Les meae consistaient en un ensemble de plates-formes ; semblables aux terrasses de cultures ( peapea) au sommet de la plus élevée pouvaient se dresser les supports des divinités : poteaux de bois, prismes basaltiques et autres pierres dressées.

Aux abords il pouvait y avoir une case d'inspiration ou fa'e tukau dont le toit fut parfois comparé à une sorte de petit obélisque. Parmi les aménagements secondaires figurent des allées, murets, enclos, pavages, etc., et divers abris dont ceux où pouvaient être préparés les corps des défunts
Ils étaient divers et plus ou moins isolés suivant que le sanctuaire était familial ou aménagé par un clan tout entier...


Parfois lieu des sacrifices humains, incompris actuellement par ceux dont la culture faite de sensiblerie fait toujours référence au sacrifice d'un Dieu crucifié pourtant... et qui n'a jamais hésité pour asseoir sa puissance d'assurer le massacre silencieux des autres, plus colorés ou plus faibles ... brefs..."sauvages" ou "païens" ( n'en déplaise à ceux qui ne se complaisent qu'à ne regarder que d'un côté en se plaçant les oeillères de la foi)

Lieu également  de la "débauche sexuelle", de la permissivité, du non contrôle social;
 le lieu où se manifestaient les forces de la brousse, de la mer, de la nature... du ciel...  témoin matériel de l’infanticide et apparaît donc souvent comme le lieu refuge de la sauvagerie primitive, de l'anthropophagie rituelle...

Signe de la faute originelle, du mal-être Polynésien qui est. d’avoir eu, jusqu’à une période récente, des ancêtres païens et de n’avoir pu contracter l’alliance avec le Dieu des chrétiens que grâce à l’intervention "musclée et intéressé" d’un peuple étranger  obéissant aux projections résultant d’un amalgame fait par les missionnaires des éléments negatifs, par rapport aux  Lois Morales bourgeoises et hypocrites des européens du XVIIIème...

table de sacrifice reconnaissable à l'encoche permettant de recueillir le sang


Or ces sacrifices humains n’avaient, lieu qu’en certaines occasions et sur quelques rares ma'ae; la licence sexuelle était elle liée à la caste des Arioi dont le rôle,encore mal défini, devait. être en rapport avec des rituels agraires, l’infanticide était pratiqué par les membres de cette caste.

U
ne petite digression à ce niveau est nécessaire ...:

Il y a trois grandes castes principales dans le monde Polynésien:

Les  ari'i ...les chefs, qui descendent des dieux et ont un grand ra'a ( pouvoir sacré)

"Surtout les plus grands d'entre eux, les ari'i rahi, ne les touche pas, ne rentre pas dans leur fare, ne mange pas leur nourriture, ne touche pas leurs femmes..."
 Ne parlons même pas des prêtres en exercice, les tahu'a pure, les dieux parlent par leur bouche, "tu pourras les reconnaître au bandeau de tapa qu'ils portent au bras quand ils sont habités par les dieux..."
 et encore moins le roi, l'ari'i maro'ura (à la ceinture rouge)," tu dois te découvrir le torse à son passage et t'agenouiller, ne prononce jamais son nom,"

les ra'atira sont les descendants des enfants qu'ont eu les premiers ari'i avec des femmes manahune.
Dans leur sang coule également le mana (pouvoir) des dieux, ils fournissent des guerriers, des porteurs, des orateurs et des hommes de confiance des ari'i. Ils dirigent également des terres qu'ils  cultivent ou font cultiver. Les meilleurs artisans sont ra'atira.

 les manahune  eux ne descendent pas des dieux, ils ont juste été fabriqué par eux. Certains disent qu'ils descendent du ver de terre... Ils sont souvent petits et noirs de peau, ils sont souvent fiu...
Cependant, ils peuvent avoir un certain mana et accéder à de bons métiers.




et puis il y a les 'arioi

Au départ ce sont des conteurs, des danseurs, des bouffons et des baladins tatoués et errants. Ils ont le pouvoir d'améliorer la fécondité et la fertilité....des ari'i  ! Puisque tout leur est permis !

Drôle que dans une société figée trop régulée il y ait toujours besoin d'individus libres, novateurs, marginaux ... abnticonformistes...des ermites quoi !

Dans chaque district, un grand fare ( logement) leur est réservé. Ils y sont nourris par la population dont ils peuvent tout exiger. Ils présentent leur spectacle, les upaupa. Tout leur y est permis, même de railler les ari´i.

Les arioi peuvent se frotter le ventre avec qui ils veulent MAIS  ils n´ont pas le droit d´enfanter.
un peu comme les mahu !

 Leurs enfants sont donc tués à la naissance.
 Ils ont le droit cependant de se marier et d'avoir des enfants...adoptés

Cependant la règle de l’infanticide ne s’applique pas aux chefs arioi.
Ils sont sont bien plus qu'une bande de bardes errants et forniqueurs: et se trouvent sous la protection du dieu ’oro, dieu de la guerre, et ils en véhiculent le culte.
Selon la légende, les ’arioi sont un cadeau de ’oro à ses deux frères ‘urutetefa et ‘orotetefa, les patrons de la caste.

Les sages disent que la société des 'arioi était au départ ouverte aux seuls ari’i puis aux élèves baladins les plus doués indifféremment des classes.

Cela rappelle en tous cas curieusement la caste des samouraï au Japon eux aussi guerriers, errants et grand artistes... et aux moeurs décalés

Cela en tous cas est une leçon pour nos sociétés figées , bourgeoises et immobiles... tellement régulées qui ont besoin VITAL  de la marginalité et des "créateurs" que leur situation ne permet pas ou plus...Dans les familles bougeoises c'est là que naissent les grand marginaux...

Pour en terminer sur ces sanctuaires retenons qu'ils sont ouvert sur la nature, la mer, l'espace, l'horizon, l'infini ...en ce sens ils témoignent d'une foi authentique et magnifique dont la ferveur des chants dominicaux à l'Eglise n'est qu'un pâle reflet qui subsiste et devrait entraîner les consacrés occidentaux à bien des repentances...

 

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