Alors nous avons vogué vers Pïtcairn...
Soudain quand au matin nous
avons vu se dresser le rocher immense devant nous nous avions les
larmes aux yeux ,
nous avions tant attendu ce moment,
tant rêvé aussi
de rencontrer les descendants de ceux qui s'étaient dressés contre les
injustices et les oppressions pour demeurer libres et insoumis depuis...1789 !
Le côté SE ...le plus sauvage et où on ne débarque pas
Pas facile de toute façon de débarquer "physiquement" et légalement ;..il a fallu s'expliquer pas mal de temps par radio avant d'avoir le feu vert indispensable
La face NW où l'on apperçoit un peu sur la droite à mi pente les bâtiments blancs d'Adamstown bien visible car aujourd'hui les Pitcairner ne se cachent plus...ce ne fut pas toujours le cas
Tout le monde a certainement lu des livres ou vu des films sur cette histoire de la Bounty et a rêvé d'aventures comme eux ... mais voici cependant un petit rappel
L'histoire commence en 1787. Un navire, la frégate de sa majesté ( His Majesty's Ship ) HMS Bounty, commandé par le capitaine William Bligh, est affrété par l'Amirauté Anglaise pour rallier Tahiti afin d'y récolter des plants d'arbre à pain. L'Amirauté prévoit d'acclimater cette plante dans les colonies anglaises des Indes Occidentales (actuelle Jamaïque) pour y nourrir les esclaves.
Le voyage aller est rendu difficile par le caractère irascible du capitaine Bligh. Colérique celui-ci réprimande sévèrement l'équipage et donne le fouet avec beaucoup trop de générosité au goût de ses hommes.
L'escale tahitienne est donc bienvenue, et les six mois passés sur l'île à récolter les plants d'arbre à pain, seront pour ces hommes sévèrement tenus un avant-goût de paradis.
Hélas, dès
l'appareillage retour les brimades et les réprimandes reprennent. Les souvenirs
des compagnes laissées sur place travaillent l'équipage Aussi, le 28 avril
1789, Christian Fletcher 3ème officier aidé de 8 membres de l'équipage s'empare
du navire au petit matin.
Bligh et ses fidèles, 19 hommes en tout, sont placés
dans la chaloupe de la Bounty et abandonnés au milieu de l'océan Pacifique avec
un minimum de vivres...
Le capitaine Bligh, contre les éléments, sans instrument de navigation, aidé
de ce maigre équipage (néanmoins trois fois trop nombreux pour la capacité de la
chaloupe) réussit l'exploit extraordinaire de rallier l'île de Timor en
Indonésie, distante de 8 300 km. Il ne perdra qu'un seul homme, tué par des
indigènes.
William Bligh regagnera l'Angleterre où il sera jugé et acquitté. Quelques
années plus tard il retournera sur Tahiti terminer sa mission, et il réussira à
ramener dans les colonies anglaises le fameux arbre à pain... que les esclaves
ne voudront pas manger !
Quand aux mutins, une fois maîtres de la Bounty, ils retournèrent à Tahiti....
ils étaient devenus des proscrits et savaient ce qui les attendait : la
pendaison .
Alors Fletcher explique son retour et l'absence d'une partie de l'équipage
par la rencontre en mer du capitaine Cook (mort depuis longtemps, mais ceci
avait été caché par Bligh aux tahitiens afin de profiter de l'aura quasi divine
que Cook possédait auprès des indigènes).
Il explique que le capitaine Cook a pris à son bord les plants d'arbre à pain
ainsi qu'une partie de l'équipage puis chargé Fletcher de ravitailler à Tahiti
afin de fonder une colonie anglaise dans le Pacifique sud.
Ainsi grâce à ce mensonge le 16 juin 1789 la Bounty quitte Tahiti
avec à son bord 460 cochons, 50 chèvres, des poulets, un taureau, des chats et
des chiens, et met le cap sur Tubuai. ( dans les Australes)
Là ils tentent d'établir une colonie.
Les relations avec les indigènes de Tubuai furent amicales au début et Fletcher obtint même un emplacement afin d'élever un fortin, baptisé ironiquement " Fort George " (...non pas le gourou de Léoncel mais du nom du Roi d'Angleterre de l'époque). La construction de ce fortin est débutée le 18 juillet. Malgré quelques incidents avec les indigènes le fort prend forme : carré de 100 mètres de côté, des murs épais de 6 mètres à la base et de 4 mètres au sommet.
Un fort de liberté que personne ne viendra reprendre et qui marquera pour eux une nouvelle page de vie et une nouvelle société
Mais ceci était une utopie trop vite dissipée... car rapidement des troubles avec les indigènes et la mésentente entre les mutins amenèrent Fletcher à proposer un référendum afin de statuer sur le maintien et le devenir de leur colonie.
Une majorité des hommes choisit de retourner à Tahiti, en laissant le fort inachevé.
HMS Bounty
Retour à
Tahiti donc le 20 septembre...
arrivés sur l'île, les hommes de la Bounty se
séparent. Chacun retrouve la famille d'accueil qui fut la sienne durant leur
précédent séjour de 6 mois....et les délices charnels du Vénusberg qui vont
avec...
Mais Fletcher sait ce qui les attend s'ils restent trop longtemps dans ce paradis éphémère : alors dans la nuit du 21 septembre 1790 avec 9 compagnons accompagnés de 7 tahitiens et 12 tahitiennes ( qui n'étaient pas au courant) il appareille en secret ( en coupant l'amare) pour trouver un refuge susceptible de les abriter des foudres de la Royal Navy.
En effet celle -ci
a mandaté le capitaine Edwards Edwards sur la HMS Pandora
pour capturer les mutins et ramener si possible le navire .
La Pandora
appareille d'Angleterre le 7 nov 1790 , passe le Horn ..et commence ses
investigations ... ile de Pâques... Selkirk... ( notre trajet à l'envers en
somme) passe non loin de Pitcairn ( où les mutins
sont déjà installés) mais néglige de débarquer sur ce roc sauvage nouvellement
découvert , préférant inspecter
les iles voisines de Oeno et Ducie plus accueillantes ...où bien sûr il ne trouve rien... et atteint
Tahiti le 23 Mars 1791...
Certains
marins de la Bounty restés à Tahiti, notamment ceux n'ayant pas pris part à la mutinerie, se
livrent alors pour essayer de prouver leur bonne foi. Les autres furent tous repris. Tous, sans exception, furent
emmenés et ceux qui avaient pris une part active à la rébellion placés dans une cage de 15 mètres carrés,
surnommée " la boîte de Pandore ", sans contact avec l'équipage. Ils étaient
au nombre de 14…
La frégate appareilla le 8 mai 1791, et fouilla durant 3 mois les îles entre
Tahiti et la Grande Barrière de corail, à la recherche des autres mutins.
C'est sur cette barrière de corail, dans le détroit de Torres, qu'une tempête
jeta la Pandora le 28 août. Le lendemain, malgré les efforts de l'équipage, le
bâtiment ne put être sauvé. Le capitaine Edwards ordonna l'abandon du navire,
mais irefusa de libérer les prisonniers. Au tout dernier moment, alors que la
frégate sombrait, le maître d'armes, malgré les ordres de son commandant, remit
les clefs aux prisonniers. La plupart purent se détacher, mais quatre d'entre
eux n'eurent pas cette chance et périrent noyés, toujours enchaînés. L'épave de
la Pandora est visible aujourd'hui au musée de Townsville toujours enfouie dans
son banc de corail
Quelques
images des expéditions pour sortir le navire de son banc de corail .
Mis à part
quelques pièces d'accastillage seul un très beau chronomètre en or a pu être
dégagé ainsi que les restes de 3 marins
plus de renseignement sur ce lien
http://www.qm.qld.gov.au/features/pandora/pandora.asp
L'équipage de la Pandora, ainsi que les prisonniers restants, se répartirent
dans les 4 embarcations de la frégate, et, suivant en cela les traces de Bligh,
rallièrent Timor où ils arrivèrent exténués le 15 septembre. ...(curieux clin
d'oeil de l'histoire...l'île où leur ancien " capitaine Bligh "était arrivé
3 ans plus tôt dans d'autres conditions....
Plus de trois ans après les faits, le 12 septembre 1792, les marins de la Bounty
faits prisonniers par le capitaine Edwards seront jugés par une cour martiale à
Londres. Sur les 10 prisonniers restant, 4 furent acquittés, 3 graciés par
le roi et 3 reconnus coupables de complicité et condamnés à la pendaison...(
faut bien occuper les bourreaux et se donner bonne conscience...)