Livre de Bord du Kalliste

Dimanche 18/11 -  Dimanche 25/11/ 2007 -
 

Agrandir le plan

+

18/11 Le soleil est revenu et ce matin Nico nous a annoncé le côte Chilienne  dont l'approche nous avait été signalée par le nombre de petits bateaux de pêche que nous croisions depuis la fin de nuit ....
 On longe actuellement la côte entre Valdivia et L'île de Chiloé c'est beau ! ...dommage qu'il ne fasse pas plus chaud pour se baigner . Cet aprem  on va s'engager dans le Golfe de Ancud qui est derrière ( E)  l'ile Chiloé et d'où on espère voir les grands volcans qui bordent les Andes... Il y aura sûrement du trafic car c'est Dimanche mais  la mama de Manuelito et Pablito nos copains de l'île Robinson nous a dit que c'était à voir... sa famille est de par là...
Pour l'instant les prévisions météo sont bonnes ...sauf évidement au Cap Horn...mais là on a encore le temps de voir ...et on attendra qu'elles passent ...allez bye ! Passez un bon Dimanche vous tous qui de plus en plus nombreux faites partie du voyage !

Le trajet prévu dans le Golfe de Ancud avec 2 options de sortie : soit vers la haute mer,
 soit vers le canal Moraleda et ses Fjords
décision en fonction de la météo

Kalliste fonce vers l'île de Chiloé

+

Hier soir le volcan Hornopiren à l'horizon du Golfe d'Ancud

19/11 pluie et brouillard ce matin  sur le Canal Apiao où nous sommes actuellement au milieu de toutes une séries d'îles qui ne sont que les sommets d'une cordillère immergée  de plus en plus inhabitées à mesure que nous nous enfonçons vers le Sud , et qui quand elles le sont offrent des paysages bigarrés et peints de bois et de sourires..;tout un peuple pauvre de pêcheurs bien étonnés de nous voir passer par içi...et de ne pas pouvoir y faire halte...!!! On se croirait un peu au portugal ...ou aux Canaries...

Mouillage de cette nuit à l'île Cabach

Une île habitée avec son village de pêcheurs

les petites églises en bois de la région sont splendides
elles ressemblent à celles de Norvège

Hier on avait pénétré dans le Golfe d'Ancud par un tout petit détroit qui sépare l'ile de Chiloé du continent en passant sous le pont qui les relie, nous avons pu admirer ( il faisait beau) les paysages volcaniques que nous étions venus voir ceux de l' Hornopiren et  du Huattaque et comme cette contrée est rempolie d'iles mal balisées ( en plus on a pas de cartes précises... heureusement Google maps est là !), d'embarcations et de ferry de toutes sortes et donc de dangers nous avons mouillé pour la nuit au bord de l'ile de Cabach  juste en face d'une grande cathédrale Jésuite, célébrité du lieu et construite sur l'île d'a côté ...(nous on aime pas tellement ... on préfère celles de bois)

Finalement pour aujourd'hui on a choisi la route plein sud car la mer doit être forte sur l'océan ( mine de rien nous sommes sous les 40èmes rugissants)  et puis c'est vraiment joli et pittoresque par içi ...si le brouillard veut bien se lever : on va donc traverser le golfe de Corcovado  et nous engager dans le canal de Moraleda  (en suivant la route des ferry ) qui traverse l'archipel plus sauvage des Chonos...j'essaierai de vous mettre quelques images... allez bye  couvrez vous bien içi il fait pas chaud  non plus et le chauffage est de retour ( surtout pour la nuit) Bye !

+

On ne regrette pas notre choix et dès que le brouillard se lève c'est terrible !

20/11 Une fois traversé le Golfe de Corcovado on rentre dans un monde froid, humide, mystérieux, sauvage ...un labyrinthe d' îles boisées  dont les plus hautes accrochent les nuages et se drapent de brouillard... c'est naviguer sur un miroir , une eau épaisse et dense qui reflète le ciel, c'est entrer dans un monde inconnu peuplé de dauphins bizarres mais joueurs, d'oiseaux nouveaux, de renards et de phoques ... et nos premiers manchots !
et l'on s'attend à chaque détour à voir surgir quelque dragon, serpent de mer ...ou autres monstres
Quelques rares hameaux de planches font que l'homme n'y est pas absent ...d'une pauvreté ineffable et d'une générosité sans faille ...les très rares pêcheurs nous recommandant tous de faire attention et nous proposant de nous donner  gratuitement un peu de leur précieux  fuel sans lequel on ne tient pas longtemps dans ces contrées à cause du nécessaire chauffage, des nuits glaciales et des vents capricieux... pour la première fois je crois en 130 jours de mer on a du naviguer au moteur voiles baissées , en berne

Comme hier à la nuit alors que le soleil faisait un apparition discrète nous avons fait halte près la petite ile de Las Huichas ...non loin d'un hameau  : Puerto Aguire ...ce sont des lieux de grand silence qui rappellent les monastères glacés comme ceux de la grande chartreuse, chacun y oeuvre en secret , film sous titré qui accentue la beauté des gestes, des formes et des couleurs et donne à chaque parole le poids inestimable d'un serment .. liiturgie silencieuse en harmonie avec la nature ...quelle belle vie d'ermites ! ( sans le savoir !)
Un seul bateau passe tous les 20 jours : le ferry Navimag rouge qui partant de Puerto Montt au nord du Golfe de Ancud va en se faufilant comme un serpent au travers des iles jusqu'à Puerto Natales à la frontière Argentine.. traversant toute la Patagonie chilienne, .plus au sud il ne s'y risque point car c'est le domaine des glaces  sauf quelques mois par an et pour Punta Arénas il vaut mieux prendre la route ...

Avec un brin de soleil c'est quand même plus joli

Mais nous on préfère mouiller en des recoins plus sauvages

C'est son trajet que nous empriuntons ( une idée géniale de Titus)  avec quelques détours ainsi ce matin nous poussons au fond du Fjord Elephantes pour aller voir la Laguna Rafaël un glacier qui vient se jeter dans l'océan ... spectacle unique nous dit-on d'un glacier suspendu dont on peut titiller la langue... on vous racontera ça demain...Bye !

Nico vous donne l'adresse des ferry  navimag si vous désirez suivre cette route un jour...on vous la recommande !

http://www.navimag.com/carga/html/index.asp

+

21/11 Quelle journée magnifique hier : imaginez un Fjord étroit et sombre qui d'un coup de coude débouche sans prévenir  sur un lac lumineux où s'avance comme pour venir s'abreuver dans l'eau limpide et claire une langue blanche crevassée ( doit avoir des embarras gastriques !...mais ne sent pas mauvais ) d'un glacier en suspend , le tout dans les reflets bleutés de la glace un peu commes celles du lagon ( en plus froid...certes !) les glaçons qui flottent un peu partout comme dans un verre de Whysky et un air glacial ( ce qui est normal il est vrai près d'un glacier me direz vous) ...même en ces périodes printanières ( dans l'hémisphère sud et de réchauffement climatique)

Dans le lac des dauphins et des orques, des phoques et des éléphants de mer ...et des tas d'oiseaux qui passent dans le ciel,  surtout des oies et des goélands perchés sur les glaçons et qui viennent là car les eaux froides sont certainement très poissonneuses ... et nos premiers manchots.. on va sympathiser... c'est sûr on est resté là un long moment de contemplation... et de restauration... ( le froid ça creuse !)

et puis on a fait tour demi... car le Fjord Elephantes est un cul de sac et on a été prudemment rejoindre la route du Ferry qui sait, lui, trouver facilement la sortie du labyrinthe des îles du parc de Las Gaitecas...
On s'est retrouvé ainsi à l'océan ( pas trop remuant )... aussi on a décidé de naviguer de nuit et de contourner la Péninsule Taitao( bien signalée par des phares)  et de traverser ensuite le Golfe de Peñas si bien que ce matin nous pouvons entrer dans le canal Messier qui traverse lui aussi d'autres dédales, encore plus sauvages..;encore plus désolés... encore plus froids... encore plus beaux...
  vers la Terre de feu et le cap Horn que nous devrions atteindre dans une semaine environ... D'içi là on vous enverra des images... et Titus vous adressera sûrement une nouvelle méditation...

 allez Bye !
 

notre trajet d'hier avec le demi-tour dans le Fjord éléphantes

Le ferry Navimag dont le trajet nous sert de guide dans le dédale glacé

Le trajet d'aujourd'hui dans le canal Meyssier puis de Wide

+

Hier Kalliste titillant la langue de Rafael

22/11 Nous continuons notre descente vers le sud au milieu des ilots couverts de cyprès, des boyaux de mer   et des langues de glaces qui viennent langoureusement y postilonner leurs glaçons qui servent  d'embarcations aux mouettes en croisières qui elles n'ont pas froid aux pattes ...

De temps à autre au milieu de ces solitudes glacées une cascade, un vol d'oies sauvages  ou un bateau de pêche qui aussitôt étonné de notre présence s'empresse de venir à notre secours... et de nous aborder...
avant de repartir ...pas trop rassuré nous répétant qu'il vaut mieux" ne pas s'approcher du Horn."... Mais nous on est venu justement pour ça !

Hier juste avant que le brouillard ne retombe avec son cortège de crachin on est passé devant Puerto Eden...le seul hameau du coin... quelques cabanes de planches, mais des gens sympas... on y a acheté quelques pommes ...et puis on est allé mouiller pour la nuit un peu plus au sud... sur une petite ile "de rien que pour nous" où on a fait un grand feu pour nous réchauffer et nous dégourdir un peu les jambes

C'est la première fois que l'on se sent ainsi hors du temps , des saisons et de l'espace ...comme dans un pays imaginaire celui d'un monde sans fin... nulle part...
ce qui nous pèse c'est l'humidité froide et d'être obligé de passer la plus part du temps dans le carré pour se réchauffer et de nous couvrir nous qui aimons tant être nus
et puis  à la chaleur du feu et de la soupe nous est revenu cette chanson.. certainement à cause des oies... et on s'est mis à la fredonner...une de plus à notre répertoire !

Il était cinq heures du matin
On avançait dans les marais
Couverts de brume
J'avais mon fusil dans les mains
Un passereau prenait au loin
De l'altitude
Les chiens pressés marchaient devant
Dans les roseaux

Par dessus l'étang
Soudain j'ai vu
Passer les oies sauvages
Elles s'en allaient
Vers le midi
La Méditerranée

Un vol de perdreaux
Par dessus les champs
Montait dans les nuages
La foret chantait
Le soleil brillait
Au bout des marécages

Avec mon fusil dans les mains
Au fond de moi je me sentais
Un peu coupable
Alors je suis parti tout seul
J'ai emmené mon épagneul
En promenade
Je regardais
Le bleu du ciel
Et j'étais bien

Par dessus l'étang
Soudain j'ai vu
Passer les oies sauvages
Elles s'en allaient
Vers le midi
La Méditerranée

Et tous ces oiseaux
Qui étaient si bien
Là-haut dans les nuages

Par dessus l'étang
Soudain j'ai vu
Passer les oies sauvages
Elles s'en allaient
Vers le midi
La Méditerranée

( Michel Delpech)

Au village on nous a recommandé d'aller jusqu'à Puerto Natales et au glacier Serrano d'où l'on peut admirer les célèbres montagnes du Parc Torres del Paine : Titus a dit qu'on ferait le détour ...de toutes façon on passera Noël en mer ...et les familles qui parfois grésillent au bout de la ligne se sont fait une raison ...et préfèrent  savoir que nous jouons la sécurité et la plénitude ...à un retour précipité dans un pays triste et taraudé par les grèves et la crise politique nous dit-on... de toutes façons elles n'ont pas tellement le choix !
alors sûr on ne reviendra pas longtemps... juste le temps de préparer la prochaine expédition dont on discute déjà  ferme ces temps-çi...  et les places seront chères  ( mais toute l'équipe est déjà partante ! même José ! et Nico bien sûr !... et Zigo !!! car un tel périple nous a soudé pour la vie !) allez Bye !

+

23/11 Une vraie venise naturelle...

Ce matin comme il faisait soleil le lever du soleil sur les montagnes de la cordillère était beau à en pleurer et l'océan glacé fumait de satisfaction et ses vapeurs s'élevaient comme celles de l'encens au cours des cérémonies monastiques : une visualisation de toutes les prières qui montent souvent sans la savoir vers la beauté du monde..;comme pour le saluer !

les "épisodes" de fjord étroits alternent avec les grandes échancrures qui donnent sur la pleine mer et sont autant de vastes espaces où l'on peut naviguer à la voile et sans problème... par contre dans les petits fjords  on doit faire attention aux nombreux glaçons qui pourraient endommager la coque fragile ( aluminium) du Kalliste et c'est pour cela qu'on ne navigue pas de nuit en ce moment...
Ce qui gène fort peu l'allure car les nuits sont courtes : on approche du cercle polaire et de son soleil de minuit ...hier il ne s'est couché que vers 22 heures ...et est revenu bien vite vers 3 heures du matin... bref on dort pas beaucoup la nuit en ce moment...parceque de nuit il n'yen a presque plus...alors on fait des siestes la journée dans un rayon de soleil
et la lumière souvent rasante sur l'horizon donne des couleurs chaudes,  douces , ocrées , rosées...et des ciels couleurs de fesses de chérubins joufflus ou de cuisse de nymphe émue comme dit si bien Titus ...!!!
Dans les grandes baies qui ouvrent sur la pleine mer on aperçoit souvent traces de cétacés : dauphins, orques... ou rorqual : difficile à apercevoir car on ne voit les plus souvent que la queue... une nageoire  voire un éclaboussement:.... en tous cas c'est énorme !

Aujourd'hui on prend la direction de Puerto Natales à la frontière Argentine  ( c'est formidable de pouvoir se rendre en bateau ainsi au coeur et aux pieds des montagnes)  pour aller rendre visite au glacier Serrano et essayer de voir les aiguilles des Montagnes du Parc de Torres del Paine ( plus de 3000m) et ses lamas Guanacos : ( ça fera plaisir à Igor) ... on y restera peut-être le Week End afin de prier dans les montagnes ...ça dépendra de la météo... et des possibilités sur place ...puis on redescendra vers le plein océan et notre rendez-vous avec la cap Horn pour un combat singulier à l'aube... On vous racontera ....
mais pour le parc de Torres del Paine allez vite voir le site que vous a trouvé Nico ça vaut le clic de déplacement... et en fait baver Igor sur ma jambe.. Ssslluurpp! .  allez bye !

http://www.photoseek.com/chile2.html

et aussi

http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Parc_National_Torres_del_Paine&oldid=23098534

Les étoiles jaunes  indiquent nos deux dernières étapes
en violet l'itinéraire d'aujourd'hui  jusqu'à Puerta Natales et
Torres del Paine

Des phoques qui se dorent au soleil du printemps

Détroit Nelson C. Castro

+

24/11 Salut ! Comme prévu on est arrivé à Puerto Natales hier  dans l'après midi ... C'est si beau..;et nous avons employé le mot tant de fois... qu'il faudrait en inventer d'autres toujours plus forts, toujours plus neufs, toujours plus grands...

On ne s'est pas arrêté mais on a poursuivi en direction du glacier Serrano le long de la Seno Ultima Espéranza et du petit hameau de Puerto Toro ( très étonné de nous voir arriver en bateau !...de si loin !) 
On a du montrer patte blanche pour entrer dans le Park mais on n'a pas eu à payer grâce aux papiers du Directeur des Galapagos, et du CNRS .
Puis on est remonté jusqu'à l'endroit où le Fjord se transforme en rivière ( avec des rapides) et on a du continuer à pied en transportant l'annexe gonflable... puis heureusement dans le Zodiac  et on est remonté ainsi jusqu'au Lago del Toro et comme on avait pas eu la place de prendre l'équipement et que "ça caille vraiment la nuit" ( on est à 900m) on a loué une petite cabane bien équipée avec eau chaude ,TV et tout et tout ( pas cher car on est encore hors saison...et que José a su y faire avec la patronne). ...il y a même internet  !!
Aujourd'hui on pense louer quelques chevaux pour aller nous balader sur la Sierra et demain naviguer sur les lacs. ..;si le temps qui est bien nuageux le permet !
En tous cas ça nous dégourdit les pattes et Igor en est tout ragaillardi... à moins que ce ne soit l'approche des lamas !

Donc pas de message demain Dimanche mais nous prierons en communion avec tous devant cette beauté incroyable de la Nature...et  avec la chanson de nat de la semaine...  ( bien sûr vous êtes invité à prier avec nous demain)...
prochaines nouvelles ( on l'espère) Lundi ...mais avec beaucoup de retard car on ne sera pas de retour au Kalliste avant le début de l'après midi  allez Bye ! passez un bon Dimanche !

en blanc la trajet en Zodiac

Bravo, Monsieur le monde.
Chapeau, Monsieur le monde.
Même quand les gens diront que vous ne tournez pas toujours très rond.

Bravo, pour vos montagnes.
C'est beau, c'est formidable.
Compliment pour vos saisons qui nous donnent des idées de chansons.

Bravo, la mer
On n'a jamais trouvé un vert plus bleu, un bleu plus vert.
Aucune symphonie n'érige tout autant d'harmonie.
Qu'un merveilleux tonnerre qui fait l'amour avec la pluie.

Bravo, le vent
Qui fait ramper les blés, qui fait trembler les océans.
Bravo pour le soleil et la colère du volcan.
Bravo pour l'arc en ciel qui met de la joie dans le coeur d'un enfant.

Bravo, Monsieur le monde.
Chapeau, Monsieur le monde.
Nous vous demandons pardon pour tous ceux qui vous abîmerons.

Bravo, Monsieur le monde.
Bravo, pour la colombe.
Si vous lui laissez la vie, nous vous dirons simplement merci.

(Michel Fugain)

Kalliste esseulé attend patiemment notre retour...
 

***Ces rapports sont archivés tous les 10 jours environ et complétés par des synthèses de Jess sur les événements du bord dont le sommaire est donné par ordre chronologique dans la première page de la croisière 2007. Le tout est complété par des réflexions-méditations de frère francois  publiées sur le Bulletin