Livre de Bord du Kalliste
Dimanche 28/10 -
Dimanche 11 Novembre 2007
-
Date |
Jours |
Distance parcourue |
Conditions Météo Vent/Mer/Visibilité/T° |
Cap |
Vitesse |
Navigation |
Vie à Bord |
Position |
||
Dimanche
|
194 |
Escale à
Rapa Nui ( île de Pâques ) au moins jusqu'au ... |
||||||||
Lundi |
202 |
- |
E |
Mer forte |
Soleil |
- |
- |
Attendons
la marée favorable et que l'océan se calme davantage |
27°09S 109°27W |
|
Mardi |
203 |
108miles |
E |
Mer formée |
Soleil |
110 |
9 noeuds |
Navigation par petit vent au près en direction du SE |
Départ comme
convenu par une mer assez forte et beaucoup de déchirements |
28°00S 107°45W |
Mercredi |
204 |
245miles |
E |
Mer formée |
Soleil |
110 |
10 noeuds |
Au près sur une mer facile |
Navigation
sans problème sous pilote automatique |
29°10S 103°45W |
Jeudi |
205 |
243miles |
E |
Mer formée |
Soleil |
105 |
10 noeuds |
Navigation
toujours aisée |
On naviguait
dans l'insouciance mais les cartes météo nous rappellent que nous sommes
dans des eaux dangereuses |
30°20S 99°40W |
Vendredi |
206 |
290miles |
ENE |
Mer plate |
Soleil |
105 |
12 noeuds |
Conditions
idéales |
Vent fort sur
mer d'huile nous devrions échapper à la dépression |
31°20S 95°10W |
Samedi |
207 |
264miles |
ENE |
Mer plate |
Couvert |
100 |
11 noeuds |
Pas beaucoup de visibilité, nuages bas et pluie |
Pluie en mer
c'est nostalgique |
32°20S 90°25W |
Dimanche |
208 |
218miles |
NE |
Mer plate |
Nuageux |
100 |
9 noeuds |
Les nuages se
dégagent peu à peu |
Quelques passées de soleil suffisent à tout sécher et à réchauffer l'équipage transi |
32°40S 86°55W |
Itinéraire( retour) déjà parcouru ( actualisé tous les 5 jours environ)
+
27/10 Comme prévu nous sommes en vue de
Rapa Nui ( en Polynésien = Le nombril du Monde) ce matin et devrions
débarquer dès qu'on aura trouvé un mouillage bien abrité... C'est Nico qui a été
le premier à repérer l'île avec son panache de nuages et c'est toujours un
moment fort de découvrir..ce que l'on avait calculé... et espéré...
A la jumelle on voit bien une une côte déchiquetée et des grands plateaux...
ainsi que les grandes statues ( Moai) qui veillent sur l'île . On doit y faire
escale au moins jusqu'à Jeudi mais peut-être plus suivant le comportement
de la perturbation qui passe plus au sud car nos prochaines escales ( l'archipel
Juan Fernandez et l'île de Robinson Crusoé ) sont à plus de 8 jours de
navigation et nous abordons des zones de mer dangereuses avec
possibilité de grosses tempêtes ce qu'on voudrait éviter ...
De toutes façons je vous écrirai
demain pour préciser notre
programme et vous donner quelques impressions car aujourd'hui on ne fera
qu'une prise de contact de l'île et régler les formalités puis nous
devrions partir quelques jours en camping nous imprégner de l'atmosphère de ce
haut lieu de spiritualité Maori Bye ! Passez un bon Dimanche !
P.S. encore une changement d'heure (GMT-6)...et demain c'est vous qui en changez !( GMT+1)
Première esquisse de Rapa
Nui à l'aube:
sur l'horizon on distingue les petits rochers de
Motu Kao, Motu Iti et Motu Nui les sanctuaires de l'homme -oiseau
( je vous en parle demain)
Nos premiers Moai ( statues) en bordure de mer sur ce qui ressemble à un ancien marae
à demain !
+
28/10 Comme prévu des nouvelles d' Hanga Roa le seul village de l'île où nous avons ancré le Kalliste
bien à l'abri dans un tout petit port.
Nous avons tout rangé et nettoyé hier et nous allons tout bien fermer car nous
partons jusqu'à Vendredi faire le tour de l'île en camping ....afin de fêter la
Toussaint en pleine nature ( La gendarmerie locale ayant accepté très
gentiment de surveiller le Kalliste pendant notre absence). Hier on a loué 3
chevaux ...et un jeune garçon du nom de Pablo nous accompagnera ...ce sera une
manière plus facile de connaître l'île dans ses détails et en plus d'aider une
famille dans le besoin... et puis ainsi Nico aura plus d'autonomie . ( on a
longuement hésité avec un quad et des vélos... mais les chevaux c'est plus
écologique... cela permet de porter le matériel... et puis surtout eux aussi ont
peut-être quelque chose à nous dire ? ...)
Et puis Igor se faisait une telle joie de pouvoir courir avec eux !
que ça nous a décidé !
L'ile a première vue assez
touristique ressemble assez aux Galapagos ( les animaux en moins) mais tout
semble très concentré sur le village .
Là encore il y aurait beaucoup à dire sur la dévastation d'une civilisation
autrefois florissante par les occidentaux qu'ils soient esclavagistes marchands
ou businessman travaillant dans le mouton ou
porteurs de maladie ( je mettrai le détail de tout cela dans le rapport)
mais il y a un très belle légende et un symbole très fort içi celui du culte de
l'homme oiseau ce qui me fait penser au très beau film
de
Jonathan
le Goéland ...
ici l'homme oiseau...l'homme qui rêve jusqu'à devenir oiseau- devient alors
l'incarnation de Makemake une divinité polynésienne...
...et tous les ans ceux qui s'identifiaient ainsi à lui célébraient leur culte en
organisant une course qui consistait à plonger du cap le plus au sud de l'île en
un vol au dessus de la mer
afin
de gagner à la nage un des ilots rocheux : Motu Iti et d'en rapporter
le premier un
oeuf de sterne nouvellement pondu
il devenait ainsi aux yeux de toute la population le roi :l' incarnation de Makemake ...symbole de vie , de liberté, d'infini et de hauteur...
( et de fécondité) ... fais comme
l'oiseau....
Fais comme l'oiseau
Ça vit d'amour et d'air pur, un oiseau.
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau.
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau,
d'aller plus haut.
Mais je suis seul dans l'univers.
J'ai peur du ciel et de l'hiver.
J'ai peur des fous et de la guerre.
J'ai peur du temps qui passe,
dis ?
Comment peut on vivre aujourd'hui ?
Dans la fureur et dans le bruit.
Je ne sais pas, je ne sais plus,
je suis perdu.
Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau.
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau.
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau,
d'aller plus haut.
Mais l'amour dont on m'a parlé.
Cet amour que l'on m'a chanté.
Ce sauveur de l'humanité.
Je n'en voit pas la trace,
dis?
Comment peut on vivre sans lui ?
Sous quelle étoile, dans quel pays ?
Je n'y crois pas, je n'y crois plus,
je suis perdu.
Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau.
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau.
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau,
d'aller plus haut.
Mais j'en ai marre d'être roulé
Par des marchands de liberté
Et d'écouter se lamenter
Ma gueule dans la glace,
dis ?
Est ce que je dois montrer les dents?
Est ce que je dois baisser les bras?
Je ne sais pas, je ne sais plus,
je suis perdu.
Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau.
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau.
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau,
d'aller plus haut.
Le symbole de l'homme-oiseau
Une chanson de Michel Fugain que l'on chante
souvent lors de nos veillées et qui sera notre
chant cérémonial de la Toussaint !
Voilà ...vous n'aurez pas de nouvelles de nous jusqu'à Vendredi ...à moins que Sr
Nicole ne vous en donne et /ou que Titus vous écrive pour la Toussaint ... en
tous cas nous serons tous avec vous ce jour là celà s'impose : tous- un !
moi en attendant, petite santé oblige, je me met en vacances mais ne vous oublie
pas ...et vous promet de belles images à mon retour ...
allez Bye Joyeuse fêtes de Toussaint de la part de tout l'équipage ! JESS+
ca c'est le petit port : Caletta Hanga Pico qui permet au Kalliste d'être
bien à l'abri
des grosses vagues qui s'annoncent...
Nat vous a trouvé une très
belle vue de Hanga Roa avec au centre la rue principale
qui aboutit au cap de la Punta Roa
tout a droite on reconnaît le port du Kalliste : Calette Hanga Pico et en haut
la piste de l'aéroport
Tout à gauche on aperçoit le port principal: Caleta Hanga Roa qui n'est pas
très abrité
les grands bâtiments sont des hôtels à tou-touristes
2/11 Bonjour à tous !
Nous voila rentré de notre escapade de
presque une semaine sur cette ile splendide :terre battue par la mer et emplie
de mystère, de non dit , de choses à découvrir, de silences ....et de vent !!!
Une expédition mystérieuse au milieu des plateaux volcaniques, des petites baies
poissonneuses, à dormir au pied des moai , sous la voûte étoilée, à
s'imprégner de leur présence et de leur regard...ou plutot de ce que vers quoi
leur regard pointe ...puis se faire réveiller par le douce haleine des
chevaux ...inutile de vous dire que ça restera pour nous quelque chose de
très fort ... spirituellement
C'est comme dormir dans un cimetière ou dans une Eglise ( si si ...ça nous est
arrivé dans le Vercors avec Titus) des tas de messages sont là qui essayent de
se dire , de traverser le temps ...et il faut bien le silence de la nuit et
l'ouverture alors de nos portes les plus secrètes pour en écouter les murmures,
les chuchotements ...les cris ...les rires parfois
les comprendre demande plus de temps encore...
En tous cas nous ne pensions pas atteindre un tel sentiment d'union avec tous les êtres en cette Toussaint...au delà de l'espace et du temps;;;des temps d'absolu vision , d'impression de totale connaissance, de simplicité épurée mais impossible à découper en mots, en phonèmes, pas même en musique ou en dessins ...bref ce qu'on appelle "extases" ou "éveils" ...m'a dit Titus .. ceux qui rendent les foulées légères et la joie profonde
Même José pour qui ce petit retour au
"scoutisme" ne réjouissait pas trop s'est dit se sentir "transformé" de
l'intérieur ...on comprend maintenant disait Titus t ce que pouvaient vivre les
disciples du Nazaréen en descendant le Thabor ...
Un état hébété qui nous suit encore ...
Nat et Nico ..;et Igor l'ont vécu comme un grand jeu... une grande détente
...avec Pablo vrai grand frère pour nous tous !
On est rentré seulement ce matin et on a quitté à regret nos chevaux ( médiums
de tant de choses) et Pablo qui doit passer pour visiter le
bateau et manger avec nous...avec son frère et sa soeur je crois... il est
devenu un ami avec qui nous resterons proches et en relation... son origine
"indienne" nous a rappelé l'Amazonie profonde...
Alors ç'a été dur ce matin de se remettre à l'informatique et aux cartes ...ça
nous apparaît si loin..;si désincarné...si factice... après un tel séjour qu'on a vraiment du mal à réaliser
qu'il y a encore une terre !..;et qu'il faut pourtant bien rentrer chez nous
un jour!
L'océan comme prévu est assez fort... mais la forte mer a pris du retard... et nous obligera à rester içi
jusqu'à Lundi ...après ce devrait être
plus calme... le temps on l'espère de gagner le continent et ses abris !
allez à demain ! Bye !
Depuis des millénaires il
fixe l'horizon infini pour nous
en une infinie attente
3/11 Encore quelques images qui
vous donneront l'envie de venir içi.
Le départ est toujours fixé à Lundi même si la météo n'est pas optimale : une
dépression étant en train de se creuser vers
l'ile Robinson Crusoé où on doit
aller justement... enfin ça n'empêchera pas notre départ d'içi ...simplement
peut-être nous fera abandonner cette escale
Hier on a pique niqué avec Pablo son frère Ignacio et sa soeur ...ce sont devenu
des amis et on fait des progrès en espagnol...
Eux aimeraient bien aller sur le continent pour étudier ou apprendre un métier
...mais hélas on est complet...et ils doivent se contenter de faire les" larbins
à touristes" souvent peu aimables...
Et puis on a été voir le
petit musée qui renferme quelques tablettes ( rorongo) d'une écriture qu'on a
pas encore réussi à déchiffrer... Nat va s'y mettre...
Nico marche de mieux en mieux seule la jambe gauche reste flasque mais c'est un
gros progrès . Tous les deux ont pris pension dans la famille de Pablo...pour
faire de l'espagnol et se faire chouchouter comme d'hab
Le village est calme car ce n'est pas encore la saison touristique locale
José et Titus essayent de tout vérifier le bateau avant la grande
remontée... et moi je me remet à la nième mouture d'un rapport qui "en panne du
côté des Fiji "n'arrive pas à se poursuivre : j'suis pas concentré ni
motivé pour ça en ce moment ...j'préfère flemmarder et flâner......allez
à demain
Passez un bon Wend !
Des sanctuaires splendides et épurés face à la mer témoins d'une grande spiritualité
Pablo et son frère nos amis guides si sympas
Ces veilleurs aux visages
tourmentés semblent espérer en vain...
Tout autour de l'île nombreux sont les alignements -sanctuaires en bord de mer ( marae)
4/11: On
part demain c'est sûr dès que l'océan encore fort sera apaisé mais la météo
est assez fiable en ce moment ... cependant l'heure de départ n'est pas encore fixée
Autre nouvelle réjouissante la dépression que l'on craignait de rencontrer sur la
route semble disparaître... par contre une autre risque de nous suivre on verra
bien !
Finalement on se fait bien à cette vie içi : les gens un peu méfiant à cause
des touristes... voient que nous sommes un peu "spécial"... alors on
nous a adopté
Faut dire qu'après les marchands d'esclaves , les occidentaux porteurs de
maladie, les missionnaires ... le dernier responsable en date était industriel de la
laine un certain Dutroux-Bornier qui avait débarrassé pourtant l'île des
missionnaires pour éléver des moutons...et stakhanoviste à la manière de
certains nabots anthropocentriques de républiques en voie de bananisation n'avait laissé qu'une centaine d'habitants avant d'être
assassiné par l'un d'eux
Ainsi la population de l'ile qui comptait plus de 20000 habitants au XVIIème
siècle fut bien près de disparaître et ce n'est nullement à cause des lutes
intestines des clans ...mais bien de l'action des occidentaux... ( comme autre fois
les Incas)... qui s'attachèrent à détruire une culture qu'ils ne comprenaient
pas... ou dont ils étaient jaloux !
C'est
vraiment terrible cette lèpre occidentale qui désormais nous fait honte !
Toujours aujourd'hui !
Plus sur l'histoire lire ce lien et les suivants
http://www.rongo-rongo.com/histoire-du-rongorongo-1.html
Mais comme c'est dimanche je vous laisse sur une belle chanson de Cristopher Cross que nous a adressé un amis de l'ermitage
Cingler à la voile...
Ce n'est pas loin du paradis
Mais il est trop loin pour moi
Et si le vent est bon ,toi aussi
tu peux naviguer et partir au loin
Et trouver la sérénité
Le destin peut faire des miracles
Crois moi
Il suffit d'attendre et de garder l'espoir
Ce n'est pas loin d'une terre qui n'existe pas
Il n'y a aucune raison de faire semblant d'y croire
Mais si le vent est bon tu peux toi aussi y retrouver la joie
De l'innocence revenue
Le mystère peut faire des miracles
crois moi
Il suffit d'attendre et de garder l'espoir
Naviguer
M'emporte au loin
Là où j'ai toujours entendu qu'il pourrait y avoir juste un rêve
et assez de vent pour m'emporter
Et maintenant être libre.
Rêveries
Me prennent la meilleure partie de mon être
Quand je navigue ainsi
Tout est pris dans un rêve
Chaque mot devient symphonie
Ne me crois-tu pas ?
Naviguer
M'emporte au loin
Là où j'ai toujours entendu qu'il pourrait y avoir juste un rêve
et assez de vent pour m'emporter
Et maintenant être libre.
Ce n'est pas loin de la guérison
Mais ce ne l'est pas pour moi
Pourtant quand le vent est bon toi aussi tu peux naviguer
Et trouver la sérénité
Le mystère peut faire des miracles
Il suffit de savoir attendre et regarder l'espoir
dans les yeux
Crois-moi
Naviguer
M'emporte au loin
Là où j'ai toujours entendu qu'il pourrait y avoir juste un rêve
et assez de vent pour m'emporter
Et maintenant être libre.
Sailing...
Well, it's not far down to paradise, at
least it's not for me
And if the wind is right you can sail away and find tranquility
Oh, the canvas can do miracles, just you wait and see.
Believe me.
It's not far to never-never land, no reason to pretend
And if the wind is right you can find the joy of innocence again
Oh, the canvas can do miracles, just you wait and see.
Believe me.
CHORUS:
Sailing takes me away to where I've always heard it could be
Just a dream and the wind to carry me
And soon I will be free
Fantasy, it gets the best of me
When I'm sailing
All caught up in the reverie, every word is a symphony
Won't you believe me?
Chorus
Well it's not far back to sanity, at
least it's not for me
And if the wind is right you can sail away and find serenity
Oh, the canvas can do miracles, just you wait and see.
Believe me.
chorus
+
Plusieurs volcans aux lacs de cratères limpides servent de miroir au ciel
La crète de l'orongo situé le plus au sud abritait une citée
dont on voit les maisons
"troglodytes" construites en s'enfonçant dans le sol
admirables points de méditations tournés vers l'infini de l'horizon
c'et de cette crête que l'on
plongeait dans l'océan pour aller chercher l'oeuf sacré
en nageant sur les îlots au loin
permettant de devenir l'homme oiseau
Sur quelques moai on a
reconstitué les yeux qui existaient à l'origine
fait d'obsidienne pour la pupille
de chaux et de cartilages de requin pour la partie claire
indicible présence...
5/11 Lever tôt...mais il faut attendre encore une douzaine d'heures pour ne pas trop être secoué . les loupiots sont heureux de pouvoir rester et à nouveau être avec Pablo et sa famille et comme ça on pourra d'avantage se préparer pour cette grande étape qui doit nous conduire aux Falklands en passant par le cap Horn: on est un peu anxieux mais tous les réservoirs sont pleins à ras bord surtout pour le fuel...car va pas faire chaud par là bas...déjà qu'ici il fait à peine 16 ° ce matin !...et c'est une longue et rude étape on le sait ! ...mais il faut rentrer!
Cette attente me permet de vous donner encore quelques images..;en attendant le rapport??,dans quelques semaines ou quelques mois...Bye !
lieu du sanctuaire de l'homme
oiseau( riche en pétroglyphes)
qui s'élançait vers ces iles
maisons donnant sur la mer
maisons actuelles
plage du Nord de l'ile
6/11 Ben non...nous on s'habitue pas
aux départ..;au contraire la blessure du déchirement est chaque fois plus vive sur
des chairs non cicatrisées qui suintent de souvenirs
,de séparations passées... Et à chaque fois les êtres qui apparemment nous sont le
plus indifférent s'attachent à nous et nous nous attachons à eux davantage... que dire à Pablo
effondré et en pleurs et à sa famille :
qu'on ne les oubliera pas? ...ce sera faible...et faux avec le temps...
simplement on essaiera de leur écrire et de repasser: c'est pas facile en
espagnol... et lui qui a tant de mal a écrire et lire ( malgré les leçons de Nat
et de Nico) encore moins... ...alors...
alors... on lui a laissé des tas de dessins, un bon gâteau... quelques bonbons... et de grosses bises...mais vraiment on pouvait pas
l'emmener... une autre fois peut(être... c'est terrible de s'attacher :
même Igor était triste de ne plus pouvoir courir derrière les chevaux... on lui
a donné aussi un
tee shirt du Kalliste et un petit fanion...quand
à José le taciturne c'est bien la première fois que je le vois les yeux rougis ..."à
cause du manque de sommeil et du sel a-t-il vite précisé !... Putain ! elle est
chienne la vie tu sais !.."
....mais personne aurai compris qu'on passe l'hivers içi...
L'an prochain sera différent ...on prendra notre temps et on mettra les
points sur les i avec les parents de ceux qui nous accompagnerons... mais là
...il y
a la famille de José...et celle de Nico...ils ne comprendraient pas ... déjà ils
ont du mal à se faire à l'idée qu'on passera peut-être Noël en mer... les
sédentaires, ceux qui sont à l'extérieur des choses, les clients de la routine... c'est comme ça !
Mais la météo semble bonne pour quelques jours et nous cinglons vers l'archipel
Juan Fernandez... que l'on devrait atteindre dans une huitaine...
hé oui c'est grand le Pacifique !
Au revoir Anga-Roa
Sois pas triste Pablo on revient
On a passé de sacrés moment dans ta belle maison
On fonce au près vers l'est ...pour revenir plus vite !
+
un pétrel à bandes noires nous suit depuis trois jours
7/11 Journée de navigation aisée
: ça change de ces derniers temps et on a pas
grand chose à faire car Adolphe le pilote automatique s'occupe de tout. On a pu
consacrer la journée d'hier à communiquer et à envoyer un télégramme de
remerciement à Pablo . Je me suis remis
au rapport plein de courage , on a même discuté pour l'an prochain pour savoir si
on essaierai le passage du NW ( par le Nord du Canada et l'Alaska
et le détroit de Behring) pour revenir dans le Pacifique . Des oiseaux nous
suivent encore... des grand albatros bien sûr aussi... incarnations de
Makemake ...signe qu'on entre dans des
zones plus fraîches ...les petits pulls et les vestes de quart sont de sortie
!
Nat vous signale en passant que si vous vous intéressez à la voile vous pouvez
suivre la transat Jacques Vabre ( Bretagne -Brésil) grâce au lien
ci-dessous à Demain !
http://www.jacques-vabre.com/fr/s03_news/s03p02_detail_actu.php?news=588&back_mode=accueil
nous fonçons dans une mer encore formée
8/11 La navigation au près est assez confortable finalement quand le vent et la mer sont stables ...aussi on commençait à s'installer dans une insouciante routine quand le baromètre et les cartes météo de ce matin on fait apparaître qu'une petite dépression était née dans notre sillage et commençant de se creuser essayant de nous atteindre ...
notre position est le triangle violet et notre route en
jaune
la dépression est "l'escargot" qui se forme derrière nous
avec des vents a plus de 30 noeuds ( source:
http://www.noaa.gov )
...même si d'après l 'animation elle devrait ralentir puis être aspirée par le "courant d'air" du cap Horn il est possible que nous en subissions quelques précipitations ...raison de plus pour ne pas traîner et nous dépêcher d'arriver au plus vite dans un abri côtier... car après la pluie...il risque fort d'y avoir de la forte mer !!!
http://polar.ncep.noaa.gov/waves/latest_run/nww3_pa.anim.3.gif
( source : http://www.metvuw.com/ )
Nous sommes au triangle vert et notre route est le pointillé bleu
on voit bien l'"escargot" et la dépression qui se creuse,
se dirige vers SE mais dont
le centre devrait passer plus au sud de notre route
comme "aspirée" par le Horn
Cela dit... rien de bien neuf a part qu'il fait
nettement plus frais le soir et qu'Igor ( c'est un signe qui ne trompe pas)
commence à muer et à prendre son "poil d'hivers" ce qui le rend assez grognon
habituellement ... et qu'on est entré dans le Bassin de Roggeveen grande plaine marine qui conduit à l'archipel
Juan Fernandez ...
Moi j'suis toujours à la
bourre ...même si Titus va m'aider à avancer le rapport car on a moins tendance
à aller flâner sur le pont le soir ...mais on dort davantage ...hibernation
hivernale oblige même si içi on est au printemps !...mais les séropos doivent
toujours se ménager allez Bye !
9/11 Notre oiseau est toujours là : on
lui met des restes de nourriture et un peu de patée d'Igor le soir ...et le
matin il a tout mangé ...mais pas moyen de le surprendre même si on l'entend
marcher sur le pont car comme il fait frais on ne sort pas volontiers dans un
vent qui a forci...mais notre "préoccupation" d'hier s'écoule comme prévu plus
au sud...
On l'a baptisé Gabriel...
Un petit réglage a cependant été nécessaire car le vent a tourné et s'est
renforcé nécessitant de relâcher un peu la toile
Nous approchons de l'île Podesta qui selon le net serait une île fantôme
et /ou n'existerait pas ...on devrait l'atteindre demain et nous pourrons alors
trancher cette délicate question...
mais comme de nombreux "admirateurs" nous réclament des prières je vous invite
pour terminer à méditer sur cette belle poésie de Verlaine...Bye
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le poète [ ou l'ermite] est semblable
au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du
Mal
au près sur une mer calme
+
10/11 Comme une vamp froissée replace avec vigueur son écharpe pour indiquer son départ ...la queue de la dépression nous balaie avec mépris...
Brouillard et nuages bas en mer , petite pluie fine sur le pont , Gabriel
l'oiseau de mer
a fini par accepter de se poser sur la proue les plumes collantes et lourdes...et
Igor s'est résigné à ne pas l'y déranger... bien que grognon il sait que les"
petits maîtres "vénèrent les oiseaux
et lui n'aime pas la pluie ...
et attention pas de mauvaise plaisanterie.. il
surveille ...surtout en ces périodes de mue de pelage ! ;-)
Pourrons nous voir l'île fantôme comme prévu ? ...peut_être... si elle existe .., au
milieu des nuages en tous cas nous en approchons...
la mer étrangement calme est silencieuse ...même si le vent est là qui
étrangement n'arrive pas à balayer les nuages mais simplement à en rabattre la
pluie sur les voiles...
la mer a perdu ses jolies teintes tropicales pour revêtir des allures plus
sinistres... ardoisées, verdâtres foncées ou noir ...et s'hérisse parfois d'une
multitude
de piqûres blanchâtres ...
sa surface se met alors à fumer puis à mugir comme un marin qui
n'aime pas la douche trop chaude à son goût ...et qui se retournant pour mieux cacher sa nudité ou son "petit
plaisir" fait osciller doucement le Kalliste ...
Les temps de Novembre ça existe même au printemps dans l'hémisphère sud ! Bye !
+
Soudain au milieu d'un
rideau de pluie surgit Podesta
11/11 Salut ! et bon
Dimanche à tous !
Nous savons grâce à Sr Nicole que désormais vous avez à nouveau les dernières
nouvelles le jour même ! sans à avoir à attendre le lendemain à cause du
décalage horaire comme dans le Pacifique !
Soleil ce matin ça fait du bien de pouvoir se réchauffer car il est tiède à point
!...dommage que des nuages subsistent pour qu'il joue à cache cache... et nous
empêche d'être parfaitement satisfaits.
Du coup le vent a faibli... et l'allure s'est ralentie... et Gabriel notre
oiseau a repris son survol... poussant de petits cris . Titus m'a dit que les
oiseaux quand ça se prend d'amitié c'est comme ça ces petits cris sont une
invite , les mêmes que pousse le mâle quand il veut inciter une femelle à venir
voir son nid ...mais ça a certainement une signification plus vaste ...une incitation à venir
partager quelques vols planés... à le suivre pour communier à un savoureux banc de poisson...
voire à découvrir quelque île cachée pour un petit nid douillet et un petit
câlin ...en tous cas ça m'a rappelé cette chanson de Bécaud
LE PETIT OISEAU DE TOUTES
LES COULEURS
Ce matin, je sors de chez moi
Il m'attendait, il était là
Il sautillait sur le trottoir
Mon Dieu qu'il était drôle à voir
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu
Un petit oiseau dans ma rue
Je ne sais pas ce qui m'a pris
Il faisait beau, je l'ai suivi
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Où tu m'emmènes dis, où tu m'entraînes dis?
Va pas si vite dis et attends-moi
Comme t'es pressé dis, t'as rendez vous dis?
Là où tu vas, je vais avec toi
On passe devant chez Loucho
Qui me fait hé, qui me fait ho
Je ne me suis pas arrêté
Pardon l'ami je cours après
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Sur l'avenue, je l'ai plus vu
J'ai cru que je l'avais perdu
Et puis j'ai entendu siffler
Et c'était lui qui me cherchait
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Où tu m'emmènes dis, où tu m'entraînes dis?
Va pas si vite dis, attends-moi
Comme t'es pressé dis, t'as rendez-vous dis?
Là où tu vas, je vais avec toi
On est arrivé sur le port
Il chantait de plus en plus fort
S'est arrêté, m'a regardé
Au bout de la mer s'est envolé
Je peux pas voler, je peux pas nager
Je suis prisonnier dis, ne m'en veux pas
Et bon voyage dis, et reviens-moi dis
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Le petit oiseau de toutes les couleurs
Votre méditation du Dimanche ?
Pour ce quien est de l'île fantôme... n'en
déplaise à Wikipedia l'ile Podesta existe bel et bien : 32°29 S, 89°13W on s'en
est approché... et nulle base secrète ni de château fantasmagorique abritant
quelque vampire pervers ...mais il
pleuvait vraiment trop pour y débarquer d'autant que ça ne semble pas très
aisé...genre Pitcairn ou Raoul... :
voila le premier mystère que résout l'équipage du Kalliste ...et nous n'en sommes pas peu
fier !... même s'il nous faudra attendre encore 48 heures pour atteindre l'archipel
Juan Fernandez où une courte escale est prévue...et ouiah !!! Allez à demain !
Nat vous conseille comme à son habitude de suivre ces petits liens...et aussi de relire Robinson Crusoé...ou mieux Vendredi ou les limbes du Pacifique version réactualisée de Michel Tournier une très belle méditation sur les "sociétés humaines" !!! ( Titus vous en reparlera certainement un jour...)
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=7991
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Archipel_Juan_Fern%C3%A1ndez&oldid=21214595
sur la flore si spéciale de l'ile et ses
oiseaux :
http://www.tela-botanica.org/actu/rubrique42.html
des images :
http://breteau-photographe.com/galerie/archipel_juan_fernandez_1.php#
un récit tout simple d'un séjour
http://difjean.club.fr/Voyages/Robinson/Sommaire.html
c'est que ça bosse les jours de pluie
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***Ces rapports sont archivés tous les 10 jours environ et complétés par des synthèses de Jess sur les événements du bord dont le sommaire est donné par ordre chronologique dans la première page de la croisière 2007. Le tout est complété par des réflexions-méditations de frère francois publiées sur le Bulletin