*
Les Wayana envisagent en fait un univers en plusieurs strates :
notre terre
serait à peu près centrale, surmontée par deux ciels dont le premier, celui des
vautours , correspond aux nuages
il se présente sous l'aspect d'un désert très
peu boisé familier aux chamanes ,
tandis que le second est celui des proches
du démiurge qui vit, quant à lui, dans le ciel ultime, vers le soleil levant :
c'est le lieu de la chaleur, du feu, du soleil, de la brillance, du jour
éternel...
On y trouve des rochers chauffants et des fleuves de
feu :
c'est le pays des âmes (omole) des morts gardé par l'oiseau-fauve ïutïu.
Symétriquement, deux terres (au moins) seraient situées sous la nôtre:
la
première, l'ancienne, où habitent maintenant les Ipos
et une autre où l'on a pas plus de précisions
Les différentes strates terrestres sont immobiles.
C'est le soleil, la lune et
les étoiles qui tournent autour, ce qui explique leur alternance.
Le levant est
associé à la naissance, au bonheur,
et le couchant à la mort, au malheur, à
l'errance.
Le soleil, c'est du feu, mais c'est aussi Kuyuli.
... Puis au milieu du fleuve,
loin à l'horizon, il a vu
quelque chose qui brillait
mais il avait trop peur pour faire quoi que ce
soit.
La lumière se rapprochait,
le brûlait presque.
En réalité c'était
simplement une pirogue brillante
avec un homme brillant et tout brillait
dedans...
On lui a expliqué que c'était le maître des rainettes
qui
était responsable de son état.
Le soleil était en réalité Kuyuli.
Il a dit:
`"N'aie pas peur, je vais te délivrer'... »
*
Pardon pour ces longs développement
mais que ce soientt André, le
chef Kuyauli ou quelques chercheurs sur place
tous ont voulu montrer à Jess que l'art n'était pas
seulement esthétisme
dans cette culture sans écrit ni linéarité...
mais il était mystique et méditation
Tresser c'est oeuvrer dans la même mouvance que Kuyuli le démiurge
Ici plus
qu'ailleurs la « culture » est une manière spécifique à une communauté de
donner, à un moment de son histoire, sens et forme au monde.
Faisceau dynamique
d'éléments variés,
d'influences en mouvements,
de champs en tension,
elle se
laisse percevoir plutôt que définir.
Toujours frottée d'Ailleurs et d'autres,
elle admet et intègre des
divergences, des compromis, des interprétations :
la culture est à la fois permanence et innovation.
Les
cultures ne s'additionnent pas.
Elles se rencontrent,
se mêlent, s'altèrent, se reconfigurent.
Elles se mettent les unes les autres en
cultures,
elles se défrichent, s'irriguent ou s'assèchent, se labourent ou se
greffent.
Chacune d'entre elles, au départ - mais où y-a-t-il un départ absolu ? -
est une configuration, déjà une mêlée » .
( in Jean Chapuis Wayana eitoponpë Ibis rouge éditions )
Toute tradition « est oeuvre du présent qui se cherche une caution dans le passé
»
elle admet toujours une certaine diversité.
« Ce
n'est pas la récitation qui a créé l'humanité,
mais la narration,
ce qui
signifie qu'on ne se souvient pas par une simple répétition
mais en (re)composant
son passé en fonction des enjeux du présent » .
Les
traditions (terme souvent employé à la place de « culture ») changent, évoluent
;
elles sont toujours - comme celle que nous rapportons - l'un des derniers
états d'une longue lignée.
Ces quelques réflexions permettront notamment aux jeunes Wayana familiarisés avec l'écrit, qui s'en étonnent toujours, de comprendre pourquoi d'un conteur à l'autre le récit n'est jamais identique. Quoiqu'il en soit, si des écarts existent nécessairement, le sens général des différents récits possibles ne varie jamais beaucoup pour la même période.
Nos rêves de
nuits furent peuplés de bêtes aux formes étranges et de mondes merveilleux... à
coup sûr nous nous Wayanisons m'a dit Jess...
quand à Nat il a accepté de redormir chez son papy
Harmonie...
*
Que voulez-vous faire maintenant ?