orage en mer ( aquarelle de Jess)

27-06*9.17 am

Il  y avait longtemps...

Cette nuit les alarmes nous ont réveillé , ça faisait un "raffut"  terrible sur le pont et le bateau bougeait dans tous les sens... une vraie cascade descendait par l'échelle qui mène au cockpit... et Igor aboyait de toutes ses forces...
j'adore ce genre de réveil !!!

Au début j'ai cru à une voie d'eau... heureusement il n'en était rien simplement un gros orage et des trombes de pluie...
Titus était déjà sur le pont et avait enroulé 2 tours au génois et je l'ai aidé à prendre un ris dans la grand voile car les rafales étaient très fortes '( au moins 5Okm/h)...heureusement aucune voile n'était déchirée: on a eu chaud !
j'étais tout nu mais il ne faisait pas froid
Titus a voulu absolument que je passe un harnais
Il a raison : security first !
de plus désormais tout le monde attaché à la ligne de vie en cas de sortie sur le pont dixit le cap'tain

la température s'élève indiquant que l'on s'approche du continent... on sent vraiment le tropique...

On a ensuite installé le Foc no2 et enroulé complètement le génois pour ne pas risquer la déchirure... ou pire encore le démâtage ! d'autant plus que le bateau est fatigué par la longue route au portant et a pris du mou dans les ralingues et haubans après 20 jours de mer .....et il faudra réviser le tout à Cayenne au port avant de repartir...

Nat et Igor nous regardaient hagards par la porte de l'écoutille et Igor en profita pour prendre une bonne douche d'eau douce... pour enlever le sel de son pelage devenu poisseux...
 ils nous ont aidé à tout éponger à l'intérieur du carré : par miracle l'électronique n'a pas été inondé mais il faut que désormais tous les soirs on prenne des précautions pour la protéger d'une éventuelle "inondation" ..à laquelle on avait pas pensé jusqu'ici

Il faut absolument que l'on pense à toujours fermer la porte qui mène au cockpit !

Puis ça c'est calmé mais toute les 1/2 heures ou toutes les heures ça remet ça...
 on a donc décidé de réduire notre vitesse et la toile pour ne pas risquer de casser quelque chose et de surveiller en permanence le radar pour éviter toute collision car on n'y voit pas grand chose dans le rideau de pluie.
On fera des quarts avec Titus la nuit prochaine dans le cockpit

Hier avait pourtant été une belle journée "sur le pont"  mais  déjà la coupole étoilée qui berce nos soirée n'était pas au rendez-vous... et aujourd'hui va certainement changer nos habitudes...
et la compliquer un peu...
il vrai que nous ne pensions pas aller aussi vite et sommes en avance sur notre programme qui prévoyait une arrivée en Juillet ...quand la saison des pluies est terminée !

allez bisous

Jess+

On va essayer de se faufiler à faible allure entre les grains  ( en vert) de la zone de convergence inter-tropicale en direction de la Guyana... sans beaucoup d'espoir d'échapper au mauvais temps... heureusement le vent est là et la mer est calme !...ça aide !

Notre destination est au bout du monde
notre monde est au delà

Amateur, cela veut dire «qui aime»,
et c'est bien de cela qu'il s'agit.

J'aime la mer et j'aime être en mer.

 J'aime partir,
 larguer l'amarre et passer les feux ;
 j'aime naviguer,
 voir le vent tourner,
 la brise adonner,
 le ciel changer,
 la mer se former et se déformer ;
j'aime le bouillon chaud dans le thermos au pied du barreur
et l'étoile
qu'on prend un temps pour cap la nuit
entre hauban et galhauban ;
 j'aime quitter une côte en vue,
et, après un jour,
huit jours,
un mois,
en voir apparaître une autre, qu'on attendait ;
j'aime arriver,
entrer,
 mouiller,
et quand tout est en place,
 fixé,
tourné,
amarré,
 ferlé,
 rabanté,
être à terre.

 Je suis un amateur.

(Jean-François Deniau)

 

J'avais décidé de vous écrire un mot...

la première partie de cette traversée avait été si riche de choses non faites, de saveurs anodines, de sensations inutiles rarement futiles pourtant
le temps avait suspendu son cours et l'espace dévoilait chaque jour un nouvel infini à parcourir...
l'harmonie des chose commençait à apparaître...
enfin...
ou du moins notre esprit nous en donnait-il  l'illusion...
chaque jour un cortège de cétacés des plus petits aux plus gros venait jouer avec notre paresse
communiait avec l'équipage
chacun entendant une mélodie différente
comme autant de chant de sirènes abyssales

Chaque soir pleins d'une journée ivre de vacuité et de plaisir
envoûtés de méditations sous une coupole étoilée
où la lune éclairait le plan unidimensionnel  de notre existence

nous nous abandonnions dans les bras de Morphée...

nous étions enfin !

et puis brutalement changement de rythme...
sans raison aucune... apparemment
les efforts et crispations sont de retour et les angoisses aussi...
dès que l'on approche du monde des hommes...

le pot au noir existait-il avant eux ?

comment vous faire partager ces dix jours d'essentiels si profondément vécus ?
ressentis?
c'est mon souhait... mais combien les mots sont à tordre
...nos vêtements aussi

qui comme des carapaces nous étiquettent et nous enveloppent
nous emprisonnent
nous empoisonnent

la destinée veut que je n'ai plus le temps de le faire...
nous devons être Jess et moi en activité sur le pont
afin qu'aucune bourrasque ne  vienne par trop coucher le  frêle esquif
et ne finisse par nous engloutir...
nous enveloppant d'éternité

 ou déchirer les voiles qui nous portent si puissamment au fil des jours...

nous louvoierons donc jusqu'à la terre
certains qu'un jour nous saurons vous faire comprendre de notre vécu
et vivre de cet essentiel

et si j'ai le temps je ne manquerai pas de vous écrire
encore
pour  que vous puissiez gagner du temps...
ou ne pas trop le perdre
...ni vous même
si par malheur il advenait que vous oubliiez  de vous connaître
ou de vous reconnaître

et de vous y  abandonner...

ff+

pot au noir ( aquarelle de Jess)

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