Seigneur Jésus, quelles
délices inondent l'âme fidèle admise à Votre Table, où on ne lui présente d'autre
aliment que Vous-même, Son unique Bien-Aimé, le plus cher objet de ses désirs !
Oh ! Qu'il me serait doux de répandre en Votre Présence des pleurs d'Amour, et d'arroser
Vos pieds de mes larmes comme Magdeleine !
Mais où est cette tendre piété et cette abondante effusion de larmes saintes ?
Certes en Votre Présence et celle des Saints Anges tout mon coeur devrait s'embraser et
fondre de joie.
Car Vous m' êtes véritablement présent dans Votre Sacrement, quoique caché sous des
apparences étrangères.
2. Mes yeux ne pourraient
supporter l'éclat de Votre divine Lumière, et le monde entier s'évanouirait devant la Splendeur
de Votre Gloire.
C'est donc pour ménager ma faiblesse que Vous vous cachez sous les voiles du Sacrement.
Je possède réellement et j'adore Celui que les Anges adorent dans le Ciel; mais je ne Le vois encore que par ma Foi, tandis qu'ils Le voient tel qu'il Est sans voile.
Il faut que je me contente de ce flambeau de la Vraie Foi, et que je marche à Sa Lumière
jusqu'à ce que luise l'aurore du jour éternel et que les ombres des figures
déclinent ( Cantique 2,17).
Mais quand ce qui est parfait sera venu (ICor.13,10), l'usage des Sacrements
cessera, parce que les Bienheureux, dans la Gloire Céleste, n'ont plu besoin de secours.
Ils se réjouissent sans fin dans la Présence de Dieu, et contemplent Sa Gloire face à
face... pénétrés de Sa Lumière et comme plongés dans l'abîme de Sa Divinité, ils
goûtent le Verbe de Dieu fait chair, tel qu'il sera durant toute l'Eternité.
3. Qu'au souvenir de ces
merveilles tout me soit un pesant ennui, même les consolations spirituelles, car tant que
je ne verrai point le Seigneur mon Dieu dans l'éclat de Sa Gloire, tout ce que je vois,
tout ce que j'entends en ce monde ne m'est rien.
Vous m'êtes témoin, Seigneur, que je ne trouve nulle part de consolation, de repos en
nulle créature... je ne puis en trouver qu'en
Vous seul, mon Dieu, que je désire
contempler éternellement.
Mais celà ne peut être tant que je vivrai dans ce corps mortel.
Il faut donc que je me prépare à une grande patience et que je soumette à Votre
Volonté tous mes désirs.
Car Vos saints, Seigneur, qui ravis d'allégresse, règnent maintenant avec Vous dans le Ciel,
ont aussi, pendant qu'ils vivaient, attendu avec une grande Foi et une grande patience
l'avènement de Votre Gloire.
Je crois ce qu'ils ont cru... ce qu'ils ont espéré je l'espère. J'ai confiance de
parvenir aidé par Votre Grâce, là où ils sont parvenus.
Jusque-là je marcherai dans la Foi, fortifié par leurs exemples.
J'aurai aussi des livres saints pour me consoler et m'instruire, et pardessus
tout Votre
Corps Sacré, pour remède et pour refuge.
4. Car je sens que deux
choses me sont içi-bas souverainement nécessaires, et que sans elles je ne pourrais
porter le poids de cette misérable vie.
Enfermé dans la prison du corps, j'ai besoin d'aliments et de Lumière.
C'est pourquoi vous avez donné à ce pauvre infirme Votre Chair Sacrée, pour être la
nourriture de son âme et de son corps, et Votre Parole pour luire comme une lampe
devant ses pas (Psaume 117,105).
Je ne pourrais vivre sans ces deux choses; car la Parole de Dieu est la Lumière de
l'âme, et Votre Sacrement le Pain de Vie.
On peut encore les regarder comme deux tables placées dans les trésors de l'Eglise.
L'une est la table de l'autel sacré, sur lequel repose un Pain Sanctifié, c'est à dire
le Corps précieux de Jésus-Christ.
L'autre est la table de la Loi Divine, qui contient la doctrine sainte, qui enseigne la
Vraie Foi, qui soulève le voile du Sanctuaire et nous conduit avec sûreté jusque dans
le Saint des Saints.
Je vous rends grâces, Seigneur Jésus, Lumière de l'Eternelle Lumière,
de nous avoir donné par le ministère des prophètes, des apôtres et des autres
docteurs, cette table de la doctrine sainte.
5 .Je Vous rends grâces , ô
Créateur et Rédempteur des hommes, de ce qu'afin de manifester Votre Amour au monde Vous
avez préparé un grand festin, où Vous nous offrez pour nourriture non l'agneau
figuratif mais Votre très Saint Corps et Votre Sang.
Dans ce banquet sacré, que partagent avec nous les anges, mais dont ils goûtent plus
vivement la douceur, Vous comblez de Joie tous les fidèles, et Vous les enivrez
du
Calice du Salut, qui contient tous les délices du Ciel.
6.Oh ! Quelles sont grandes,
quelles sont glorieuses les fonctions des prêtres, à qui il a été donné de consacrer
le Dieu de Majesté par des paroles saintes... de Le bénir de leurs lèvres,...de Le
tenir entre leurs mains...de Le recevoir dans leur bouche et de Le distribuer aux autres
hommes !
Oh ! Qu'elles doivent être innocentes les mains du prêtre, que sa bouche doit être
pure, son corps saint, et son âme exempte des plus légères taches... pour recevoir si
souvent l'auteur de la pureté !
Il ne doit sortir rien que de saint, rien que d'honnête, rien que d'utile, de la bouche
du prêtre qui participe si fréquemment au Sacrement de Jésus Christ.
7. Qu'ils soient simples et
chastes les yeux qui contemplent habituellement le Corps de Jésus- Christ.
Qu'elles soient pures et élevées au Ciel les mains qui touchent sans cesse le Créateur
du Ciel et de la terre.
C'est aux prêtres surtout qu'il est dit dans la Loi: Soyez Saints, parce que Je suis
Saint, Moi le Seigneur votre Dieu (Luc19,2; 20,7).
8. Que Votre Grâce nous aide,
ô Seigneur Tout Puissant ! Nous qui avons été revêtus du sacerdoce, afin que nous
puissions Vous servir dignement, avec une Vraie Piété et une conscience pure.
Et si nous ne pouvons vivre dans une innocence aussi parfaite que nous le devrions,
accordez-nous du moins de pleurer sincèrement nos fautes et de former en esprit
d'humilité la ferme résolution de Vous servir désormais avec plus de ferveur.
Je suis l'ami de la Pureté et c'est de Moi que vient toute Sainteté.
Je cherche un coeur pur, et là est le lieu de Mon Repos.
Préparez-moi un grand cénacle orné, et Je célébrerai chez vous la Pâque avec Mes
disciples (Marc 14,15; Luc 22,12).
Si vous voulez que Je vienne à vous et que Je demeure en vous, purifiez-vous du vieux
levain (ICor.5,7) et nettoyez la maison de votre coeur.
Bannissez-en les pensées du siècle et
le tumulte des vices.
Comme le passereau qui gémit sur un
toit, solitaire (Ps 101,8) rappelez-vous vos péchés dans l'amertume de votre âme.
Car un ami prépare toujours à son ami le lieu le meilleur et le plus beau... et c'est
ainsi qu'il lui fait connaître avec quelle affection il le reçoit.
2. Sachez cependant que vous ne pouvez, quels que soient vos propres efforts vous préparer dignement quand vous
y emploieriez une année entière, sans vous occuper d'autre chose.
Mais c'est par Ma Grâce et Ma seule Bonté qu'il vous est permis d'approcher de Ma table,
comme un mendiant invité au festin du riche, et qui n'a pour reconnaître ce bienfait,
que d'humbles actions de grâces.
Faites ce qui est en vous... et faites-le avec un grand soin.
Recevez, non pour suivre la coutume ou pour remplir un devoir rigoureux, mais avec
crainte, avec respect, avec Amour, le Corps du Seigneur Bien-Aimé, de Votre Dieu qui
daigne venir à Vous.
C'est Moi qui vous appelle, qui vous commande de venir... Je suppléerai à ce qui vous
manque...
Venez et reçevez-Moi !
3. Lorsque Je vous accorde le
don de la ferveur, remerciez-en Votre Dieu, car ce n'est pas que vous en soyez digne, mais
parce que J'ai eu pitié de vous.
Si vous vous sentez au contraire, aride... priez avec instance, gémissez et ne cessez
point de frapper à la porte, jusqu'à ce que vous obteniez quelque miette de Ma table...
ou une goutte des eaux salutaires de la Grâce.
Vous avez besoin de Moi... et Je n'ai
pas besoin de vous.
Vous ne venez pas à moi pour Me sanctifier, mais c'est Moi qui vient à vous pour vous
rendre meilleur et plus saint.
Vous venez pour que Je vous sanctifie, et pour vous unir à Moi, pour reçevoir une Grâce
nouvelle, ,et vous enflammer d'une nouvelle ardeur d'avancer dans la Vertu.
Ne négligez point cette Grâce, mais préparez votre coeur avec un soin extrême, et
recevez-y votre Bien-Aimé.
4. Mais il ne faut pas
seulement vous exciter à la ferveur avant la Communion, il faut encore travailler à vous
y conserver après... et la vigilance qui doit la suivre n'est pas
moins nécessaire que la préparation qui la précède, car cette vigilance est elle même
la meilleure préparation pour obtenir une Grâce plus grande.
Rien au contraire, n'éloigne d'avantage des dispositions où l'on doit être pour
communier, que de trop se répandre au dehors en sortant de la Table Sainte.
Parlez peu, retirez-vous dans un lieu secret... et jouissez de votre Dieu .
Car vous possédez Celui que le monde entier ne peut vous ravir.
Je suis celui à qui vous devez vous donner sans réserve, de sorte que dégagé de toute
inquiétude, vous ne viviez plus en vous , mais en Moi.
Qui me donnera, Seigneur, de
Vous trouver seul ?... et de Vous ouvrir tout mon coeur... et de jouir de Vous comme mon
âme le désire... de sorte que je ne sois plus pour personne un objet de mépris, et
qu'étranger à toute créature, Vous me
parliez seul, et moi à Vous, comme un
ami parle à son ami qui s'assied avec lui à la même table ?
Ce que je demande, ce que je désire, c'est d'être uni tout entier à Vous, que mon coeur
se détache de toutes les choses créées, et que par la fréquente Communion et la
fréquente Célébration des divins mystères ,j'apprenne à goûter les choses du Ciel et
de l'Eternité.
Ah ! Seigneur mon Dieu, quand m'oubliant tout à fait moi-même, serai-je parfaitement uni
à Vous et absorbé en Vous ?
Que je sois en Vous et Vous en moi... et que cette union soit inaltérable.
2. Vous êtes vraiment mon Bien-Aimé, choisi entre mille ( Cant.5,10), en qui
mon âme se complait et veut demeurer à jamais.
Vous êtes le Roi pacifique, en Vous est la Paix souveraine et le Vrai Repos...
hors de Vous il n'y a que travail, douleurs, misère infinie.
Vous êtes vraiment un Dieu caché... Vous Vous éloignez des impies, mais
Vous aimez à converser avec les humbles et les simples ( Is. 14,15; Prov.3,32).
" Oh ! Que Votre tendresse est touchante , Seigneur,Vous qui pour montrer à vos
enfants tout Votre Amour, daignez les rassasier d'un pain délicieux qui descend du Ciel !
"
Certes, nul autre peuple, quelque grand qu'il soit, n'a des dieux qui s'approchent de
lui (Deut. 4,7) comme Vous, ô mon Dieu...
Vous Vous rendez présent à tous Vos fidèles, Vous donnant Vous-même à eux chaque jour
pour être leur nourriture, et pour qu'ils jouissent de Vous, afin de les consoler et
d'élever leur coeur vers le Ciel.
3. Quel est le peuple en effet,
comparable au peuple chrétien ?
Quelle est sous le ciel la créature aussi chérie que l'âme fervente en qui Dieu daigne
entrer pour la nourrir de Sa Chair Glorieuse ?
O faveur ineffable ! O condescendance merveilleuse ! O Amour infini qui n'a été montré
qu'à l'homme !
Mais que rendrai-je au Seigneur pour cette Grâce, pour cette immense Charité ?
Je ne puis rien offrir à mon Dieu qui Lui soit plus agréable que de Lui donner mon coeur
sans réserve et de m'unir intimement à
Lui.
Alors mes entrailles tressailliront de Joie, lorsque mon âme sera parfaitement unie à
Dieu !
Alors Il me dira: Si vous voulez être avec Moi, Je veux être avec vous... et je lui
répondrai: Daignez demeurer avec moi Seigneur; je désire ardemment d'être avec Vous.
Tout mon désir est que mon coeur Vous soit uni .
Combien est grande, ô mon
Dieu ! l'abondance de douceur que Vous avez réservée à ceux qui Vous craignent
(Ps. 30,23).
Quand je viens à considérer avec quel désir et quel amour quelques âmes fidèles
s'approchent, Seigneur, de Votre Sacrement, alors que je me confonds souvent en moi-même,
et je rougis de me présenter à Votre Autel et à la Table Sacrée de la Communion avec
tant de froideur et de sécheresse... d'y porter un coeur si aride, si tiède et de ne
point ressentir cet attrait puissant, cette ardeur qu'éprouvent quelques-uns de Vos
serviteurs, leurs larmes, tant le désir qui les presse est grand, et leur émotion
profonde.
Ils ont soif de Vous, ô mon Dieu ! Qui êtes la Source d'Eau Vive; et
leur coeur et leur bouche s'ouvrent également pour s'y désaltérer.
Rien ne peut tempérer ni rassasier leur faim que Votre Corps Sacré, qu'ils reçoivent
avec une sainte avidité et les transports d'une Joie ineffable.
2. Oh ! Que cette ardente Foi
est une preuve sensible de Votre Présence dans le Sacrement !
Car ils reconnaissent véritablement le Seigneur dans la fraction du pain, ceux dont
le coeur est tout brûlant lorsque Jésus est avec eux (Luc 24,49).
Qu'une affection si tendre , un amour si vif est souvent loin de moi !
Soyez-moi propice, ô mon Jésus ! Plein de douceur et de miséricorde.
Ayez pitié d'un pauvre mendiant, et faites que j'éprouve au moins quelquefois, dans la
Sainte Communion, quelques mouvements de cet Amour qui embrase tout le coeur, afin que ma
Foi s'affermisse, que mon Espérance en Votre Bonté s'accroisse, et qu'enflammé par
cette manne céleste, jamais la Charité ne s'éteigne en moi !
3. Dieu de bonté, Vous êtes
Tout-Puissant pour m'accorder la Grâce que j'implore, pour me remplir de l'Esprit de
ferveur, et me visiter dans Votre Clémence, quand le jour choisi par Vous sera venu.
Car encore que je ne brûle pas de la même ardeur que ces âmes pieuses, cependant par
Votre Grâce j'aspire à leur ressembler, désirant et demandant d'être compté parmi
ceux qui ont pour Vous un si vif amour, et d'entrer dans leur société Sainte.
Il faut désirer ardemment la
Grâce de la ferveur, ne vous lasser jamais de la demander... l'attendre patiemment et
avec confiance... la recevoir avec gratitude... la conserver avec humilité... concourir
avec zèle à son opération, et jusqu'à ce que Dieu vienne à vous, ne vous point
inquiéter en quel temps et de quelle
manière Il lui plaira de vous visiter.
Vous devez surtout vous humilier, lorsque vous ne sentez en vous que peu ou point de
ferveur... mais ne vous laissez point trop abattre, et ne vous affligez point avec excès.
Souvent Dieu donne en un moment ce qu'Il a longtemps refusé; Il accorde quelquefois à la
fin de la prière ce qu'Il a différé de donner au commencement.
2. Si la Grâce était toujours
donnée aussitôt qu'on la désire, ce serait une tentation pour la faiblesse de l'homme.
C'est pourquoi l'on doit attendre la Grâce de la ferveur avec une confiance ferme et
une humble patience.
Lorsqu'elle vous est cependant ou refusée ou ôtée secrètement, ne l'imputez qu'à
vous-même et à vos péchés.
C'est souvent peu de chose qui arrête, ou qui affaiblit la Grâce... si pourtant l'on
peut appeler peu de chose, et si l'on ne doit pas plutôt compter pour beaucoup, ce qui
nous prive d'un si grand bien.
Mais quel que soit cet obstacle, si vous le surmontez parfaitement vous obtiendrez ce que
vous demandez.
3. Car, dès que vous vous serez donné à Dieu de tout votre coeur et que cessant d'errer d'objets en objets au gré de
vos désirs, vous vous serez remis entièrement entre Ses Mains, vous trouverez la Paix
dans cette Union, parce que rien ne vous sera doux que ce qui peut Lui plaire.
Quiconque élèvera donc son intention vers Dieu avec un coeur simple, et se dégagera de
tout amour et de toute aversion déréglée des créatures sera propre à recevoir la
Grâce et digne du Don de la Ferveur.
Car Dieu répand Sa bénédiction où Il trouve des vases vides; et plus un homme renonce
parfaitement aux choses d'ici-bas, plus il se méprise et meurt à lui-même, plus la
Grâce vient à lui promptement, plus elle remplit son coeur et l'affranchit et l'élève.
4. Alors,ravi d'étonnement, il
verra ce qu'il n'avait point vu, et il sera dans l'abondance et son coeur se dilatera,
parce que le Seigneur est avec lui, et qu'il s'est lui-même remis sans réserve et pour
toujours entre Ses Mains.
C'est ainsi que sera béni l'homme qui cherche Dieu de tout son coeur, et qui n'a pas
reçu son âme en vain ( Ps.22,4).
Ce disciple fidèle, en recevant la Sainte Eucharistie, mérite d'obtenir la Grâce d'une
Union plus grande avec le Seigneur, parce qu'il ne considère point ce qui est doux, ce
qui le console... mais au dessus de toute douceur et de toute consolation, l'Honneur et la
Gloire de Dieu !
Seigneur plein de tendresse et
de bonté, que je désire recevoir en ce moment avec un pieux respect... Vous connaissez
mon infirmité et mes pressants besoins, Vous savez en combien de maux et de vices je suis
plongé, quels sont mes peines, mes tentations, mes troubles et mes souillures.
Je viens à Vous chercher le remède pour obtenir un peu de soulagement et de consolation.
Je parle à Celui qui sait tout, qui Voit tout ce qu'il y a de plus secret en moi, et qui
seul peut me secourir et me consoler parfaitement.
Vous savez quels biens me sont principalement nécessaires et combien je suis pauvre en
vertu.
2. Voilà que je suis devant
Vous, pauvre et nu, demandant Votre Grâce, implorant Votre Miséricorde.
Rassasiez ce mendiant affamé, réchauffez ma froideur du Feu de Votre Amour, Eclairez mes
ténèbres par la Lumière de Votre Présence.
Changez pour moi toutes les choses de la terre en amertume; faites que tout ce qui m'est
dur et pénible fortifie ma patience: que je méprise et que j'oublie tout ce qui est
créé, tout ce qui passe.
Elevez mon coeur à Vous dans le Ciel, et ne me laissez pas errer sur la terre.
Que de ce moment et à jamais, rien ne me soit doux que Vous seul, parce que
Vous seul êtes ma nourriture, mon breuvage, mon amour, ma joie, ma douceur et tout mon
bien.
3. Oh ! Que ne puis-je
enflammé, embrasé par Votre Présence, être transformé en Vous, de sorte que je
devienne un même esprit avec Vous, par la Grâce d'une union intime et par l'effusion
d'un ardent amour !
Ne souffrez pas que je m'éloigne de Vous, sans m'être rassasié et désaltéré; mais
usez envers moi de la même miséricorde dont Vous avez souvent usé avec vos Saints d'une
manière si merveilleuse.
Qui pourrait s'étonner qu'en m'approchant de Vous je fusse entièrement consumé de Votre
ardeur, puisque Vous êtes un feu qui brûle toujours et ne s'éteint jamais, un Amour qui
purifie les coeurs et qui éclaire l'intelligence ?
Seigneur, je désire Vous
reçevoir avec un pieux et ardent amour, avec toute la tendresse et l'affection de mon
coeur, comme Vous ont désiré dans la Communion tant de Saints et de fidèles qui Vous
étaient si chers à cause de leur vie pure et de leur fervente piété.
O mon Dieu ! Amour éternel, mon unique bien, ma félicité toujours durable, je désire
Vous reçevoir avec toute la ferveur, tout le respect qu'ai jamais pu ressentir aucun de
Vos Saints.
2. Et quoique je sois indigne
d'éprouver ces admirables sentiments d'Amour, je vous offre cependant toute l'affection
de mon coeur, comme si j'étais animé seul de ces désirs enflammés qui Vous sont si
agréables.
Tout ce que peut concevoir ou désirer une âme pieuse, je Vous le présente, je Vous
l'offre, avec un respect profond et une vive ardeur.
Je ne veux rien me réserver, mais je veux Vous offrir sans réserve le sacrifice de moi-même et de tout ce qui est à moi.
Seigneur mon Dieu, mon Créateur et mon Rédempteur, je désire Vous reçevoir aujourd'hui
avec autant de ferveur et de respect, avec autant de zèle pour Votre Gloire, avec autant
de reconnaissance, de sainteté, d'amour, de foi, d'espérance et de pureté, que Vous
désira et Vous reçut Votre Sainte Mère, la glorieuse Vierge Marie, lorsque l'ange lui
annonçant le Mystère de l'Incarnation, elle répondit avec une pieuse humilité: Voici
la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon Votre Parole (Luc.1,38).
3. Et de même que Votre
bienheureux précurseur, le plus grand des Saints, Jean-Baptiste, lorsqu'il était encore
dans le sein de sa mère, tressaillit de Joie en Votre Présence par un mouvement du
Saint-Esprit, et que Vous voyant ensuite converser avec les hommes, il disait avec un
tendre Amour et en s'humiliant profondément: L'ami de l'époux qui est près de lui
et qui l'écoute est ravi d'allégresse parce qu'il entend la voix de l'époux ( Jean
3,29), ainsi je voudrais être embrasé des plus saints, des plus ardents désirs, et
m'offrir à Vous de toute l'affection de mon coeur.
C'est pourquoi je Vous offre tous les transports d'amour et de joie, les extases, les
ravissements, les révélations, les visions célestes de toutes les âmes saintes, avec les hommages que Vous rendent et Vous rendront
à jamais toutes les créatures dans le Ciel et sur la terre; je Vous les offre ainsi que
leurs vertus pour moi et pour tous ceux qui se sont recommandés à mes prières, afin
qu'ils célèbrent dignement Vos louanges et Vous glorifient éternellement.
4. Seigneur mon Dieu, recevez
mes voeux et le désir qui m'anime de Vous louer, de Vous bénir, avec l'Amour immense,
infini, dû à Votre ineffable grandeur.
Voilà ce que je Vous offre, et ce que je voudrais Vous offrir chaque jour et à chaque
moment... et je prie et je conjure de tout mon coeur tous les esprits célestes et tous
vos fidèles serviteurs de s'unir à moi pour Vous louer et pour Vous rendre de dignes
actions de grâces.
5. Que tous les peuples, toutes
les tribus, toutes les langues Vous bénissent, et célèbrent dans des transports de Joie
et d'Amour la douceur et la Sainteté de Votre Nom.
Que tous ceux qui offrent avec révérence et avec piété les divins mystères, et qui
les reçoivent avec une pleine foi, trouvent devant Vous grâce et miséricorde et qu'ils
prient avec instance pour moi, pauvre pécheur.
Et lorsque, après s'être unis à Vous, selon leurs pieux désirs, ils se retireront de
la Table Sainte rassasiés et consolés merveilleusement, qu'ils daignent se souvenir de
moi, qui languis dans l'indigence...
Gardez-vous du désir curieux
et inutile de sonder ce profond Mystère si vous ne voulez pas vous plonger dans un abîme
de doutes.
Celui qui scrute la majesté sera accablé par la gloire ( Prov. 25,27).
Dieu peut faire plus que l'homme ne peut comprendre.
On ne défend pas une humble et pieuse recherche de la Vérité, pourvu qu'on soit
toujours prêt à se laisser instruire et qu'on s'attache fidèlement à la Sainte
doctrine des Pères.
2. Heureuse la simplicité qui
laisse le sentier des questions difficiles pour marcher dans la Voie droite et sûre des
commandements de Dieu.
Plusieurs ont perdu la piété en voulant approfondir ce qui est impénétrable.
Ce qu'on demande de vous c'est la Foi et
une vie pure, et non une intelligence
qui pénètre la profondeur des mystères de Dieu.
Si vous ne comprenez pas ce qui est au dessous de vous, comment comprendrez-vous ce qui
est au dessus ?
Soumettez-vous humblement à Dieu, captivez votre raison sous le joug de la Foi, et vous
recevrez la lumière de la science selon qu'il vous sera utile ou nécessaire.
3. Plusieurs sont violemment
tentés sur la Foi à ce Sacrement; mais il faut l'imputer moins à eux qu'à l'ennemi.
Ne vous troublez point, ne disputez point avec vos pensées, ne répondez point aux doutes
que le démon vous suggère... mais croyez à la Parole de Dieu, croyez à Ses Saints et
à Ses Prophètes ...et l'esprit de malice s'enfuira loin de vous .
Il est souvent très utile à un serviteur de Dieu d'être éprouvé ainsi.
Car le démon ne tente point les infidèles et les pécheurs, qui sont à lui déjà; mais
il attaque et tourmente de diverses manières les âmes pieuses et fidèles.
4. Allez donc avec une Foi
simple et inébranlable et reçevez le Sacrement avec un humble respect, vous reposant sur
la toute puissance de Dieu de ce que vous ne pourrez comprendre.
Dieu ne trompe point... mais celui qui se croit lui-même est trop souvent trompé.
Dieu s'approche des simples... il se révèle aux humbles, il donne l'intelligence aux
petits ( Ps. 118,130) et il cache Sa Grâce aux curieux et aux superbes.
La raison de l'homme est faible et se trompe aisément... mais la Vraie Foi ne peut être
trompée.
5. La raison et toute les
recherches naturelles doivent suivre la Foi et non la précéder ni la combattre.
Car la Foi et l'Amour s'élèvent par dessus tout et opèrent d'une manière inconnue dans
le Très Saint et Très Auguste Sacrement.
Dieu, éternel, immense, infiniment Puissant fait dans le Ciel et sur la terre des choses
grandes, incompréhensibles et nul ne saurait pénétrer Ses merveilles !
Si les oeuvres de Dieu étaient telles que la raison de l'homme pût aisément les
comprendre, elles cesseraient d'être merveilleuses et ne pourraient être appelées ineffables
.
Fin de l'ouvrage
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