Chapitre 66


LES PORTIERS DU MONASTÈRE

A la porte du monastère on placera un ancien judicieux, qui sache recevoir et rendre réponse et dont la maturité le préserve de déambuler partout.  Ce portier devra avoir
 une loge près de la porte, afin que les arrivants trouvent toujours là quelqu'un pour leur répondre. 'Dès qu'on aura frappé ou qu'un pauvre aura appelé, il répondra: « Deo gratias » ou « Benedicite » et, avec toute la douceur de la crainte de Dieu, il se hâtera de répondre dans la ferveur de la charité. 'Si ce portier a besoin d'aide,'il aura avec lui un frère plus jeune.
Au reste, le monastère, autant que possible, doit être construit de manière qu'on y trouve
tout le nécessaire, eau, moulin, jardin, et que les divers métiers soient exercés à l'intérieur du monastère. 'Ainsi les moines n'auront pas à circuler au dehors, ce qui n'est pas bon du tout pour leur âme.
Nous voulons que cette Règle soit lue fréquemment dans la communauté, pour qu'aucun frère ne prétexte son ignorance.


Chapitre 67


LES FRÈRES EN VOYAGE


Les frères qui doivent prendre la route se recommanderont à la prière de tous les frères et de l'abbé, 'et à la dernière oraison de l'office divin, on fera toujours mémoire de tous les absents. 'Quant aux frères qui reviennent de voyage, le jour même où ils rentrent, à toutes les heures régulières, quand s'achève l'office divin, prosternés sur le sol de l'oratoire, 'ils demanderont la prière de tous pour les écarts auxquels ils ont pu se laisser entraîner, en voyant une chose mauvaise ou en entendant de vains propos.
'Que nul ne se permette de rapporter à un autre ce qu'il aura vu ou entendu hors du monastère, car cela cause beaucoup de dommage. 'Si quelqu'un osait le faire, qu'il soit soumis au châtiment de règle. Il en sera de même pour celui qui se permettrait de franchir la clôture du monastère, d'aller où que ce soit et de faire la moindre chose sans ordre de l'abbé.



Chapitre 68


L'OBÉISSANCE AUX CHOSES IMPOSSIBLES


S'il arrive que l'on enjoigne à un frère certaines choses difficiles ou impossibles, il recevra pourtant l'ordre donné en toute douceur et obéissance. Puis, s'il voit que le poids de la charge dépasse absolument la mesure de ses forces, il soumettra les motifs de son impuissance à son supérieur avec patience et en temps opportun, 'sans orgueil ni résistance ni contradiction. 'Dans le cas où, après cette suggestion, le supérieur maintiendrait son ordre, l'inférieur saura que la chose lui est bonne 'et il obéira par amour, confiant en l'aide de Dieu.


Chapitre 69


NUL AU MONASTÈRE NE SE PERMETTRA DE PRENDRE LA DÉFENSE D'AUTRUI


Il faut bien veiller à ce que, sous aucun prétexte, au monastère un moine ne se permette d'en défendre un autre et pour ainsi dire de le protéger ,fût-il son parent à quelque degré que ce soit. 'En aucune façon les moines ne se le permettront, car cela peut donner lieu à des troubles très graves. 'Si quelqu'un transgresse ce point, qu'il soit sévèrement châtié.



Chapitre 70


NUL NE SE PERMETTRA DE FRAPPER QUI QUE CE SOIT


Tout manifestation de présomption est interdite au monastère 'et nous établissons que nul n'a le droit d'exclure ou de frapper de ses frères, sauf celui qui en a reçu pouvoir de l'abbé. « Ceux qui commettent des fautes seront repris devant tous, afin que les autres aient de la crainte. » 'Pour les enfants jusqu'à l'âge de quinze ans, le soin de leur correction et leur surveillance seront assurés par tous mais cela même se fera en toute mesure et raisonnablement. 'Quiconque se permet quoi que ce contre de plus âgés sans l'ordre de l'abbé  ou sévit sans discrétion contre des enfants subira les sanctions de règle, 'car il est écrit: « Ne fait pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse>>


Chapitre 71


L'OBÉISSANCE MUTUELLE


Cette bonne chose qu'est l'obéissance n'est pas due seulement par tous à l'abbé,
mais les frères s'obéiront aussi les uns aux autres sachant que c'est par cette voie de l'obéissance qu'ils iront à Dieu. 'Faisant donc passer d'abord les ordres de l'abbé et des préposés qu'il a établis, auxquels nous ne permettons pas de préférer des ordres particuliers, 'pour le reste tous les jeunes obéiront à leurs anciens en toute charité et empressement. 'Si quelqu'un faisait preuve de contestation, qu'il soit corrigé.
Quand un frère pour le moindre motif est corrigé par l'abbé ou par un ancien de n'importe quelle manière, 's'il sent tant soit peu que l'esprit de son supérieur est irrité contre lui et ému même légèrement, 'aussitôt, sans délai, il se prosternera à terre à ses pieds en signe de
 réparation et restera étendu jusqu'à ce que cet émoi soit apaisé par une bénédiction. Celui qui aura dédaigné de le faire subira un châtiment corporel et, s'il s'obstinait, qu'il soit expulsé du monastère.


Chapitre 72


LE BON ZÈLE QUE DOIVENT AVOIR LES MOINES


COMME il y a un zèle mauvais et amer qui sépare de Dieu et mène à l'enfer, 'il y a aussi un bon zèle qui sépare des vices et mène à Dieu et à la vie éternelle. 'Les moines exerceront donc ce zèle avec l'amour le plus ardent ils s'honoreront mutuellement de prévenances
'ils supporteront entre eux avec la plus grande patience les infirmités physique morales
'ils s'obéiront à l'envi les uns aux autres
 nul ne recherchera ce qu'il juge utile à même mais ce qui l'est à autrui;
'ils se prodigueront entre frères un amour désintéressé
'ils craindront Dieu par amour;
'ils aimeront leur abbé d'une charité sincère et humble;
"ils ne préféreront absolument rien au Christ: Qu'il daigne nous conduire ensemble à la vie éternelle !


Chapitre 73


TOUTE LA SAINTETÉ DE VIE N'EST PAS CODIFIÉE DANS CETTE REGLE


Nous avons écrit cette Règle pour qu'en l'observant dans les monastères, nous fassions preuve d'une certaine dignité morale et d'un début de vie monastique. Mais pour se hâter vers la perfection de cette vie, il y a les enseignements des saints Pères, dont la pratique achemine l'homme au sommet de la perfection.
Est-il en effet une page ou une parole divinement inspirée de l'Ancien et du Nouveau Testament qui ne soit pour la vie humaine la plus droite des règles ? 'Ou bien est-il un livre des saints Pères catholiques qui ne nous fasse entendre un appel à courir tout droit jusqu'à notre Créateur ? 'Et encore, les Conférences des Pères, leurs Institutions et leurs Vies, ainsi que la Règle de notre Père saint Basile que sont-elles, sinon des leçons de vertu pour les bons moines qui vivent dans l'obéissance ?  Mais pour nous qui menons une vie paresseuse, mauvaise et négligente, il y a de quoi rougir de honte.
'Toi donc, qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis avec l'aide du Christ cette petite règle élémentaire que nous avons écrite, "et alors seulement, aux sommets plus élevés de doctrine et de vertus que nous venons d'évoquer, la protection de Dieu te fera parvenir. 

Amen.+

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