Careme 2004
Troisième semaine de Carême
Quelques textes du groupe de Carême de l'Ermitage
mercredi 17 mars 2004.
Voici quelques textes postés par les participants du groupe Carême de l'ermitage
pour ceux qui n'ont pas le temps d'y participer...ou prennent le train en route
le thème de réflexion cette année : l'Autre
Vous pouvez toujours vous y inscrire si vous le souhaitez
Merci tout d'abord à ceux qui ont « pris le temps » ou « avaient le temps » de
réagir …c'est ainsi que l'on peut avancer et même ,si souvent je ne partage pas
du tout ce qui se dit : j'essaye de comprendre ce que l'on veut dire, de ce qui
veut se dire et c'est vraiment enrichissant de voir que par delà nos différences
de conception et d'expression nous sommes là 13 personnes que tout oppose
peut-être, réunis pour suivre ensemble, cheminer ensemble ce temps de
ressourcement et d'approfondissement tous réunis par le haut « au delà « de ce
que nous disons ou de ce que nous concevons en une même espérance, en une même
intuition de sens… en une même prière tournée vers l'indicible…
C'est pour moi un grand réconfort !
Je continue donc un peu : lisez le…ça même si vous ne comprenez pas tout de
suite, cela germera en vous j'en suis sûr ( même si modestement je suis moins
sûr d'être dans le vrai…simplement j'essaye d'y tendre et vous livre bien
sincèrement mes convictions ou mes recherches actuelles…à vous d'en faire ce que
vous voulez)
Nous disions qu'il convenait de briser le miroir : et cela est vrai vis à vis de
nous même afin de détruire les masques que l'ego a construit pour masquer nos
insuffisances ,protéger nos sensibilités ou nous susceptibilités, en un mot nous
accepter et nous « faire présentable » à nous même ,vis à vis de notre vécu, de
l'histoire qu'on s'est inventé…et que l'on modifie de jour en jour tant on aime
ou on a besoin de la refaire ……sans même souvent nous en rendre compte pour
préserver notre lisibilité, notre sensibilité, notre cohérence, notre
unité…alors que nous ne le sommes pas …
Hommes et femmes éclatées de ce monde nous sommes tous !
Briser le miroir nous fait découvrir notre « pile« , nos mémoires peu
reluisantes, nos traumatismes, nos erreurs : en un mot notre ombre. Ce n'est
souvent d'ailleurs qu'à l'occasion d'un choc violent : séparation, maladie,
deuil , perte de travail que l'on peut toucher le fond et nous découvrir
vraiment ( même s'il faudra d'autres expériences douloureuses pour le savoir
vraiment) et découvrir le Soi ( ou du moins l'approcher) : ce que nous sommes en
Vérité et l'accepter et vivre avec…
Quand on ne sait pas ou plus qui l'on est on essaye de se trouver dans le regard
des autres
Il en serait de même vis à vis des autres : briser les miroirs par lesquels nous
les idéalisons, nous les modifions au gré de nos placages, de nos projections,
de nos peurs et de nos amitiés…nous fonctionnons comme cela : avant que l'autre
nous surprenne , nous déçoive, nous trahisse, nous trompe… en un mot nous
échappe …et que nous prenions véritablement connaissance de l'Autre…sans
fard…dans sa nudité et sa pauvreté : Ecce Homo… Mais dans sons splendide
dénuement, la richesse de sa pauvreté, la force de ses fragilités, l'autonomie
de ses dépendances…
Que ce soit la découverte du Soi ou celle de l'Autre ( avec majuscule) nous
pouvons alors saisir en ces fonds ultimes l'être ou le Tout Autre …dans sa
vérité et sans…sans que ce Tout Autre soit lui aussi une projection de nous
même… une image d'autrui idéalisée… ou les deux à la fois…bref une idole ! : et
c'est si souvent le cas ! Ah ! Si nous pouvions éviter que le Tout Autre soit
une idéalisation narcissique… que dans le contact qu'il me semble avoir avec lui
je me regarde faire…que je me construise une nouvelle image devant lui… ce petit
miroir qui opus assaille quand nous prions ou méditons…
pas facile je vous l'avoue : cela nécessite une remise en cause permanente et un
abandon à ce qui se vit…au tout autre…à la vie…à l'être…et beaucoup d'entrainement…
Mais quand tous les miroirs se brisent ( sans qu'il en soient reconstruits dans
l'instant) on atteint alors l'extase, la nudité de l'être, l'éveille,
l'Expérience Mystique…
Avant de retomber lourdement
Surgit alors cette question :L'être serait-ce le moi ? …ou l'autre ?
L'Être, ce qui fait « être » tout ce-qui est et qui traverse tout ce-qui-est…
D'où le fait qu'on le dénomme aussi Tout Autre, ou l'Autre avec une majuscule ou
que l'on préfère souvent ne pas nommer, refusant par là de l'imaginer, de le
représenter…autrement que par des qualificatifs négatifs comme dans les textes
apophatiques… Mais qui à notre grande surprise « répond » vraie Source dont on
semble tirer des réponses à nos questionnements à nos interrogations
fondamentales… Tout comme les hébreux avaient su le découvrir…et le dire au long
de leurs épreuves…il y a bien longtemps
La aussi il ne faudrait pas que voulant échapper aux principes idolâtres on
veuille en faire une idéalisation de l'homme, de l'autre… un projection de nos
espoirs sur l'autre… aidé en cela si souvent par un christianisme mal compris,
régressif… ou simplement fondamentaliste et sectaire
Il est si difficile de vivre avec un » tout autre » dont on ne peut rien dire
mais dont on pense obscurément qu'il détient la clé de nos interrogations…et qui
répond… du moins c'est ainsi que parfois nous interprétons les solutions que
nous tirons de nos mal êtres, de nos espoirs déçus ou trahis…pour continuer à
vivre…à espérer…ou à donner du sens…et transmettre !
Certains réduisent l'être à l'exigence « d'être-identique-à-soi » et disent
souvent : « l'être c'est-à-dire le moi » … pour eux le moi n'est rien d'autre
que le voeu de persister dans son être à grand peine découvert
L'être étant ainsi dans ce cas borné au moi, on comprend que la personne, si
elle veut sortir de son égoïsme, de son narcissisme n'a rien à attendre de son
rapport avec l'être si ce n'est, à la rigueur, une fascination de son «
être-pour-la- mort » et autres nombrilismes.
Elle n'a plus qu'à se tourner vers l'autre, vers autrui, dans un face-à-face où
devrait se déployer une relation « authentique » dont les moteurs s'affineront
peu à peu : je dois répondre pour l'autre, je suis coupable envers lui, son
regard me dicte les interdits majeurs, etc….
Tous les démêlés qu'on peut avoir avec l'être sont alors projetés sur l'espace
du rapport à l'autre, puisque l'autre remplace l'être.
Pour moi, il y a alors erreur sur l'Être, et elle est si énorme que seule peut
l'expliquer une cause profonde et affective…ou une rayure du passé
Or l'être, pour le sujet, c'est à la fois ce qui le porte et le traverse ; son
rapport à l'être comporte donc ce qui est identique a soi et ce qui pousse à en
sortir.
Ainsi, ce pourquoi certains écartent l'être , le moi en le déclarant rapidement
haïssable c'est ce pourquoi l'être s'impose comme appel à sortir de soi, sortie
qui résulte du contact même avec l'être qui nous traverse.
L'Être se pose alors comme ce qui nous sort de l'esclavage de ce- qu'on-est ; ou
plutôt, comme ce qui nous sort de ce-qui-est car ce- qui-est serait pur
esclavage sans l'appel d'être qui nous appelle à en sortir - et donc à
rencontrer les autres qui sont en proie à cette sortie. C'est en quoi le rapport
à l'être, s'il est vécu dans l'ouverture implique.,. l' altérité , et pas
l'inverse : celle-ci n'implique pas de penser l'être.
Le rapport à l'être implique l'altérité dans l'écart de soi à soi ; elle est
donc intrinsèque même si elle ne prend acte que dans l'espace de la rencontre
avec un autre.
De sorte qu'il n'y a pas à « couper » l'être par le souci de l'autre : ce souci
est déjà là, bien sous les yeux, pour qui vit le rapport à l'être sans s'isoler
du monde ni se couper des autres.
J'arrête là pour cette semaine car je vous sens flotter un peu la semaine
prochaine nous reviendrons à du plus simple et du concret Et vous parlerai de
Sœur Emmanuelle
Bonne semaine à tous ! …et n'oubliez pas de réagir, de prier, de dire Ce Carême
nous le faisons ensemble et nous nourrissons les uns des autres
Eucharistie !
Très fraternellement à tous
ff+
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Bonjour,
J'aime beaucoup votre premier paragraphe (je n'ai pas lu le reste encore !)
Je suis ravie de lire les différentes réactions des personnes qui composent ce
groupe car c'est la seule façon de s'exprimer "à sa façon" sur ce que l'on pense
ou sur ce que l'on ressent. Ce qui permet de nous respecter les uns les autres
et d'essayer de nous comprendre.
Je n'ai pas toujours tout compris des uns et des autres mais je relirai
tranquillement dans le silence.
Sur www.christicity.com, il y a Edito sur : l'erreur de Narcisse par Jérôme Revy
"L'erreur de Narcisse est l'erreur de chacun, qui nous rend incapable d'aimer
l'autre. Qu'est-ce que l'erreur de Narcisse ? C'est l'erreur de celui qui veut
prendre ce qu'il aime......" (ennui - don de soi)
"Mais ne méprisons pas ce qui est habituel, la quotidienneté. Sachons qu'elle
est l'invitation au mouvement le plus profond, celui qui nous rend capables de
réussir à vivre dans une vie où tout est toujours semblable, sauf le mouvement
par lequel on transfigure chaque heure en "bonne heure" et, à la longue, en
BONHEUR."
Restons unis par et dans la prière Claudine
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Il me semble "facile" d'être sans masque devant Dieu,
parce qu'on a rien à Lui prouver et rien à Lui cacher puisque rien à craindre de
Lui,
puisque c'est de nous que nous avons à craindre, Lui est *Amour
Il nous aime tel qu'on est,
IL nous reçoit tel qu'on est et si nous nous sentons reçus de cette façon, aimés
inconditionnellement( difficile d'exprimer avec nos pauvres mots ce qui nous
surpasse et nous dépasse ! ! !) alors on peut se donner entièrement, en toute
simplicité, sans artifice, en toute confiance,
ses "commandements" sont nos balises pour nos délices, on a plu qu'a exister et
à grandir sous son regard d'*Amour, comme le petit enfant qui apprend à marcher,
tombe et se fait mal parfois, mais se relève ou est relevé par plus grand que
lui,consolé, encouragé par sa maman, son papa, la main qu'ils lui tendent pour
lui faire faire ses premiers pas est une main d'amour en laquelle il a confiance
et c'est par la confiance et pour grandir qu'il fait ses premiers pas
Avec nos frères en humanité, nous portons un masque, tant qu'on n'arrive pas à
s'accepter soi-même tel qu'on est, nos limites, nos erreurs, notre passé ect..
Tant qu'on n' arrive pas à se libérer de nos conditionnements, des modèles
imposés
Dès qu'on commence à s'accepter on accepte plus le regard de l'autre, puis on
prends confiance et on s'accepte de plus en plus tel qu'on est et qui ne
peut-être changé, mais aussi on peut redéfinir ce qu'on ne veut plus être puis
ce qu'on veut-être
et on commence à refuser les modèles imposés qui ne nous correspondent pas et
ainsi être plus authentique et aussi accepter que les autres soient ce qu'ils
sont, là où ils en sont, sachant poser les limites qui garantissent nos libertés
respectives, chacun en faisant ce qu'il veut, je souhaite à chacun d'en faire le
meilleur usage pour lui,
mais lui n'est pas moi et je ne sais pas pour lui,
je peux, parfois, donner une piste c'est tout ce que je peux faire, encore
faut-il pouvoir dialoguer un minimum en toute sérénité.
Voilà où j'en suis pour l'instant de cette méditation de l'être...
Fraternellement en Christ Colombe
* Amour=plénitude de bien, de bon, de beau)
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Bonsoir à tous et à toutes ,
Chacun de nous est une partie de clarté et une partie d'ombre , et je pense que
l'on ne peut séparer les deux , il nous est possible d'améliorer le bon côté des
choses . Mais je crois aussi que devant le Très-Haut , il nous est possible
d'être ombre et lumière en un seul être digne de son Amour et de sa Miséricorde
. De toute manière , je crois que c'est comme cela que nous arriverons devant
Lui , non pas tellement pour être jugé, mais tout simplement pour être
accueillis les bras grands ouverts , comme dans la parabole du fils prodigue . A
nous d'accueillir cet AMOUR GRATUIT et de faire de notre mieux aujourd'hui,
demain et les autres jours de notre vie pour Lui rendre grâce et Le remercier de
ce DON merveilleux qu'est notre vie quotidienne . Fraternelle union de prières
pour tous et pour la Paix dans le monde . Gilberte .
Une leçon de vie : le porteur d'eau
LE PORTEUR D'EAU. reçu par courriel auteur inconnu
En Chine, un porteur d'eau possédait deux grosses cruches, chacune d'elle
pendante aux extrémités d'une solide perche qu'il portait sur ses épaules.
L'une des cruches était fêlée, tandis que l'autre était parfaite et livrait
toujours une pleine portion d'eau.
À la fin de la longue marche du ruisseau à la maison, la cruche fêlée arrivait
toujours à moitié pleine. Tout se passa ainsi, jour après jour, pendant deux
années entières où le Porteur livrait seulement une cruche et demi d'eau à sa
maison.
Évidemment, la cruche qui était sans faille se montrait très fière de son
travail parfaitement accompli. Mais la pauvre cruche fêlée était honteuse de son
imperfection, et misérable du fait qu'elle ne pouvait accomplir que la moitié de
ce qu'elle était supposé produire.
Après ces 2 années de ce qu'elle percevait comme étant une faillite totale de sa
part , un jour, près du ruisseau, elle s'adressa au Porteur d'eau , « J'ai honte
de moi-même, et à cause de cette fêlure à mon côté qui laisse fuir l'eau tout au
long du parcours lors de notre retour à votre demeure. »
Le Porteur s'adressa à la cruche, « As-tu remarqué qu'il y avait des fleurs
seulement que de ton côté du sentier, et non sur le côté de l'autre cruche ?
C'est que j'ai toujours été conscient de ta fêlure, et j'ai planté des semences
de jolies fleurs seulement de ton côté du sentier, et chaque jour durant notre
retour, tu les as arrosées. Durant ces deux années j'ai pu cueillir ces jolies
fleurs pour décorer notre table. Si tu n'avais pas été comme tu l'es, nous
n'aurions jamais eu cette beauté qui a égayée notre maison »
La morale :
Chacun de nous avons nos imperfections. Nous sommes tous des cruches fêlées.
Mais ce sont les failles et les fêlures que chacun de nous avons qui rend notre
vie commune plus intéressante et gratifiante.
Vous devez accepter chaque personne pour ce qu'elle est, et percevoir ce qu'il y
a de bon en elle.
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