Carême 2004
Deuxième semaine de Carême
quelques textes du groupe Carême de l'ermitage
mercredi 10 mars 2004.
Voici quelques textes postés par les participants du groupe Carême de l'ermitage
pour ceux qui n'ont pas le temps d'y participer...ou prennent le train en route
le thème de réflexion cette année : l'Autre
Vous pouvez toujours vous y inscrire si vous le souhaitez
Deuxième semaine de Carême
La semaine dernière nous avions mis l'accent sur notre dépendance ontologique à
l'autre, et sur le fait que non seulement il nous donnait ou nous permettait de
vivre mais aussi contribuait à nous former nous aidant à prendre conscience de
nous même.
Ainsi plus encore l'autre devenait notre raison d'être Nous étions pour l'autre
et l'autre était nous même
Le personnage mythique de Narcisse montre bien ce qui se passe souvent alors :
Narcisse ayant repoussé les avances de la nymphe Echo celle-ci lui fit préférer
la contemplation de lui même et sa propre beauté : cela signifie la découverte
de Soi et son affirmation progressive devant les autres…et aussi à ses propres
yeux ( et c'est le drame de Narcisse) : le désir de réussir, de s' imposer,
d'imiter l'autre ou telle ou telle de ses singularités ou attitude… et le
complexe d'Œdipe est bien là pour nous le rappeler avec son identification et
son affrontement au Père et le désir de séduire la mère ( ou vice versa suivant
le sexe auquel on appartient) .
Un personnage se crée alors avec ses masques souvent imposé par les autres, ou
que l'on construit pour s'en protéger, le jeu social que l'on demande à
l'enfant, à l'écolier, à l'étudiant…à l'employé… Masques de soumissions ou de
certitudes du jeux social ,reflets de l'ego de Narcisse dans l'eau de la
fontaine : autant d'images virtuelles de soi brouillée au moindre souffle et
impossibles d'étreindre et qui finissent par leurrer puis anéantir le vrai Soi
celui que l'on ignore en fait .
Certes la prise de conscience du vrai moi et du Soi est essentielle : tellement
de facettes, tellement d'ombres, tellement de recoins ou d'insuffisances à nos
yeux dont la quête se fera tout au long de la vie : qui suis-je ? Pourquoi
suis-je ? Et qui demande pour obtenir des réponses la présence de l'autre et la
confrontation au réel : comment savoir si l'on est vraiment courageux et non
virtuellement avant d'avoir affronté la peur et le danger ?, comment savoir si
l'on est fidèle avant de s'être engagé à vivre avec quelqu'un ou apte à
respecter une promesse ?, comment savoir si l'on dispose de tel ou tel don sans
avoir eu l'occasion d'en goûter puis de l'exercer : on voit qu'ainsi nous nous
créons des images de nous même autant d'apparences qu'il nous faut compléter ou
détruire en fonction du vécu de la vie mais ces apparences ne sont toujours que
des constructions tandis que les autres voient souvent une bien autre image de
nous… que nous ignorons prisonniers que nous sommes de notre miroir et au gré
des images, ignorant nos qualités ou minimisant nos défauts
Il faut pourtant bien un jour pourtant briser le miroir et s'accepter tel que
nous sommes. Découvrir et accepter notre ombre et les mémoires ineffaçables dont
nous sommes porteurs et ce n'est pas toujours chose facile.
De la même manière nous ne voyons que les masques des autres , leurs étiquettes,
ce qu'ils laissent voir d'eux même : là aussi briser le miroir est nécessaire
pour connaître l'autre en vérité, dans sa vérité et non pas nous en créer une
image, une projection idéalisée de nos pensées , de nos phantasmes ou de nos
peurs aussi. Ils sont nombreux ceux qui ne savent point franchir ce pas
Car dans tous les cas le Surmoi est là qui veille ce modèle idéal proposé par le
groupe , la famille, la civilisation modèle de l'homme accompli, du bon citoyen,
de l'épouse parfaite, de l'enfant idéal , de la vie réussie autant de leurres
qui s'il permettent de donner une unité au groupes auxquels nions appartenons ne
peuvent remplacer la connaissance de nous même et de notre vérité ou de celles
observées par les autres…
Une autre image de cette sortie nécessaire de l'illusion nous vient celle là
transmise par le Bouddhisme : c'est celle de Siddhârta (futur Bouddha) prince
préservé et cloîtré dans sa tour d'ivoire qui sort de sa bulle dorée après une
jeunesse heureuse et préservée : où tout le monde est beau, tout le monde est
gentils et qui un beau jour décide d'aller en quête de la réalité extérieure de
celle qu'on lui avait proposée…à la découverte de la vraie vie et de la réalité
des êtres … Ce sont alors les rencontres avec l'autre souffrant que l'on voulait
cacher : maladie, pauvreté, mort, violence subie ou donnée, tout ceci demandant
du sens, une nouvelle prise de conscience de soi , une remise en cause et une
nouvelle approche du Surmoi. Un Surmoi où l'autre sera désormais partie prenante
essentielle pour apaiser ce que l'on aurait pu être ou que l'on sera un jour…ou
accepter que l'on ne sera jamais Un Surmoi pour donner du sens à son existence
et que résume magnifiquement St Paul dans son hymne pour la Charité
Même si je parle toutes les langues des hommes et des anges...si je n'ai pas la
Charité, je ne suis plus qu'un cuivre qui résonne ou une cymbale qui retentit...
Même si j'ai le don de prophétie et si je connais tous les mystères et toutes
les sciences... même si j'ai la plénitude de la Foi, une Foi à transporter les
montagnes... si je n'ai pas la Charité, je ne suis rien... Même si je distribue
tous mes biens en aumône et si je livre mon corps aux flammes...si je n'ai pas
la Charité, cela ne me sert à rien... La Charité sait prendre patience... la
Charité est serviable... elle n'est pas envieuse... elle ne se gonfle pas... ne
fanfaronne pas... ne fait rien de malhonnête... ne cherche pas son intérêt... ne
s'irrite pas... ne tient pas compte du mal... elle ne se réjouit pas de
l'injustice, mais met sa joie dans la Vérité.
Elle excuse tout, croit tout, espère tout... supporte tout ! + La Charité ne
passe jamais. Les Prophéties ? elles disparaîtront. Les langues ? elles se
tairont. La science ? elle disparaîtra. Partielle est notre science, partielle
aussi notre prophétie.... Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est
partiel disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en
enfant, je raisonnais en enfant ; une fois devenu homme, j'ai fait disparaitre
ce qui était l'enfant... A présent nous voyons comme dans un miroir, en
énigme...mais bientôt ce sera face à face ! Actuellement je connais de manière
partielle... mais bientôt je connaîtrai comme je suis connu... Actuellement
demeurent Foi, Espérance, Charité...et le plus important c'est la Charité !
(Saint Paul, 1ère épitre aux Corinthiens chapitre 13)
En conclusion cette semaine faisons effort pour nous découvrir nous même,
découvrir les autres, sans projeter sur eux nos propres opinions ou sentiments
en acceptant pleinement ce qu'ils sont et ce que nous sommes : en un mot en
brisant le miroir de nos constructions : certes une semaine ce n'est pas
suffisant mais ensuite nous auront toute la vie pour poursuivre cette lutte
incessante et briser les reconstructions que nous ne manquerons pas de faire…
En communion pour cette deuxième semaine
Bien fraternellement
ff+
La semaine prochaine : 3ème semaine nous parlerons de l'être
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Dieu, lumière de l'âme
Reste avec moi, ô Lumière de mon âme
Déjà le jour baisse....
C'est de Toi que j'ai besoin, et je le comprends si peu.
Je le dis et je le tiens de la foi : reste avec moi.
Reste avec moi et je commencerai à briller comme Tu brilles, à briller afin
d'être lumière pour autrui.
La lumière, ô Jésus, sera toute entière de Toi.
Rien ne viendra de moi. Aucun mérite.
Ce sera Toi, brillant à travers moi pour autrui.
Puissé-je Te louer de la manière que Tu préfère, en brillant sur ceux qui nous
entourent.
Donne leur Ta lumière comme Tu me la donnes.
Illumine les avec moi, à travers moi.
Apprends moi à témoigner Ta louange, Ta vérité, Ta volonté.
Puissé-je prêcher sans prêcher, l'évidente plénitude de l'amour que mon coeur Te
porte,
non avec des mots, mais par mon exemple et la force de séduction de ce que je
fais et par ma visible ressemblance avec tes saints.
AMEN ( transmis par RR)
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Réflexion
Dernièrement en accompagnant des jeunes qui avaient fait une tentative de
suicide et qui me disaient leur dégoût et leur colère, à cause des horreurs qui
se passent sur la terre, et leur colère était à chaque fois contre les coupables
mais aussi contre les victimes je me suis posée cette question, pourquoi sommes
nous en colère contre les victimes aussi ? n'est ce pas plutôt après nous même
que nous sommes en colère ? Devant notre impuissance à sauver le monde ?
Mais qui nous demande de sauver le monde ?
Personne car pas une personne ne peut demander cela puisque pas une personne à
elle seule peut sauver le monde. Pas Dieu car Lui,Le Créateur, sait ce dont nous
sommes capables et connaît nos limites.
Donc c'est nous même qui nous mettons de tels fardeaux sur les épaules, fardeaux
qui nous écrasent.
Mais si dans le quotidiens de nos vies, avec notre travail, notre famille, notre
santé, nos problèmes plus ou moins graves, nous restons suffisamment ouverts ,
demandant chaque jour de recevoir la force et le courage de vivre ce que nous
avons à vivre et de nous améliorer, étant selon nos possibilités, généreux de
notre temps, de nos possessions et de nos idées,
respectant la vérité toujours et partout,
respectant la vie de tout et de tous,
respectant l'intimité de chacun,
respectant les cultures et les religions de chacun,
écoutant les autres avec humilité, avec notre coeur, apprenant à discerner ce
qui apporte le bien-être et ce qui détruit,
ne jugeant pas,
la douleur d'une personne est la douleur de tous,
le bonheur d'une personne est le bonheur de tous.
C'est en servant les autres et en aimant comme soi-même et soi même et aussi
important que les autres, que chaque personne remplit sa mission ici bas et
trouve le bonheur.
Je dois devenir celui qui trouve toujours le moyen d'aimer.
PRIÈRE
Aide moi, Seigneur, à mieux regarder ma vie,
A chercher, dans mon quotidien,
comment il y a de l' Évangile à vivre.
Je te prie, Seigneur,
pour que naissent partout,
des saints de la vie quotidienne.
AMEN
( transmis par RR)
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