Une "mère Thérésa" de 7 ans !
samedi 1er novembre 2003.

Depuis l'âge de sept ans, Sandra Sanchez aide les plus démunis des bidonvilles de Bogota

PARIS (AP) - De passage à Paris pour la présentation de son livre, "Les oubliés de Bogota", la jeune Colombienne Sandra Sanchez, 18 ans, est repartie dans son pays pour poursuivre son action entamée alors qu'elle n'avait que sept ans : offrir un peu de nourriture et de réconfort aux enfants et vieillards des bidonvilles de Bogota.

Du haut de son 1,56 mètre et sous sa longue chevelure noire, Sandra Sanchez force l'admiration. Elle fait partie de ces "enfants indigos" qui, dès leur plus jeune âge, ont une conscience éclairée des affaires du monde, une incroyable maturité et un sens de l'action étonnant.

Dans son livre, qui paraîtra le 6 novembre prochain, elle explique avec simplicité son combat, sa lutte quotidienne pour aider les autres à sortir de la misère, ces paysans chassés par la guerre entre forces armées, narcotrafiquants, paramilitaires et guérilla.

Car c'est à trois mille mètres d'altitude, aux confins de Bogota, dans le bidonville baptisé El Paraiso, qu'elle vit et qu'elle a pris cette misère en plein coeur. "El Paraiso", un "paradis" d'un million d'habitants au taux de criminalité maximal, où les vieux meurent de faim, où la drogue, le vol, la violence guettent les jeunes sortis d'une école sans fenêtre et sans livre, des jeunes qui errent dans les flaques, la tête vide et le ventre creux.

Elle n'a pas attendu. Sandra, dès l'âge de sept ans, prend vite conscience de la souffrance qui l'entoure. Alors, petit à petit, elle commence à remuer ciel et terre pour que les pauvres parmi les pauvres recouvrent un minimum de dignité, elle anime des rencontres pour aider les enfants battus, les adolescentes mères.

C'est le début d'une aventure humaine hors du commun qui va faire d'elle un "leader infantile", nom que donnent les colombiens aux enfants du pays qui se mobilisent contre la misère quelques jours après avoir rencontré le président d'alors, Ernesto Samper, et lui avoir demandé de l'argent pour financer ses projets.

Elle a aujourd'hui 18 ans. Etudiante de droit à la faculté de Bogota le matin, elle poursuit son action jusque tard chaque nuit. Et après avoir obtenu la construction d'une école, d'un foyer culturel, elle fait construire un centre d'accueil pour les anciens avec l'aide d'une ONG colombienne, un lieu de convivialité où les vieillards mais aussi les enfants trouvent de la nourriture.

"Même s'il ne s'agit que de quelques patates dans de l'eau chaude et d'un petit bout de pain, c'est déjà beaucoup", expliqué-t-elle avec sa petite voix. "Ça ne change pas leur condition de vie, mais ça leur permet de la supporter."

Son livre, c'est en fait l'histoire d'une jeune fille qui, face à la détresse des plus démunis, a refusé de se dire que l'on n'y pouvait rien.

"Les oubliés de Bogota", 238 pages, Ed Michel Laffon. AP