Vente d’une abbaye
mercredi 5 janvier 2005.

 


L’Eglise ne fait plus recette et la vente, à un hôtelier anglais, de l’abbaye de La Bussière, propriété de l’évêché de Dijon en déficit financier, et sa future transformation en "Relais et châteaux", suscite les protestations de nombreux fidèles de ce fleuron du patrimoine de Côte d’Or.

Nous connaissions déjà la dénaturation de Léoncel et sa transformation en lieu de loisir rentable pour et par le diocèse de Valence et le bouffon autoproclamé du lieu, mais voici que la méthode fait tache d’huile

Bâti au douzième siècle, l’abbaye de La Bussière, située à une trentaine de kilomètres de Dijon, compte plusieurs bâtiments, dont certains sont classés monuments historiques, et un parc de cinq hectares ouvert au public.

Ses quelque 160 lits, dont la moitié en dortoir, permettaient d’accueillir dans les années soixante les fidèles pour "une retraite spirituelle", puis, au fil des temps, à des prix modiques, des séjours de groupes scolaires et de particuliers, des séminaires professionnels, et plus récemment des mariages et des fêtes.

Il y a désormais "moins de retraites religieuses", déplore le père Gérard, président de l’association des "Amis de l’Abbaye de La Bussière", forte de 300 membres, qui gère l’établissement. Les autres activités ne permettent pas "de fonctionner toute l’année. Et les gens ne se contentent plus de chambres sans douche individuelle", explique-t-il.

"Ce ne sont pas les gens qui viennent baguenauder le week-end qui peuvent faire vivre La Bussière", qui comptabilise à l’année 10.000 nuitées et 20.000 repas, proteste le prêtre, âgé de 74 ans. "Trop de travaux sont nécessaires, et compliqués, avec ces croisées d’ogives ! Nous ne pouvions plus assumer", se justifie-t-il. Il a fait appel à des partenaires religieux ou institutionnels, en vain.

Le nouvel archevêque de Dijon a alors "saisi une occasion", explique le père Dampt, pour qui la vente a été faite à un "bon prix". Mgr Roland Minnerath, par ailleurs "docteur en gestion", a aussi lancé un plan d’économies pour le diocèse.

"Cela faisait trois ans que je cherchais. J’ai eu un coup de foudre", a déclaré Martin Cummings, déjà propriétaire d’un "Relais et Châteaux" dans le West Sussex. "La situation est idéale, au coeur de la Bourgogne et sur la route de Val d’Isère ou de Courchevel", a-t-il ajouté.

Il rentrera dans les murs au 1er avril et conservera les huit salariés actuels. Les réservations prises pour 2005 par l’ancien établissement seront honorées, tandis que les travaux progresseront dans d’autres batiments. "Nous prévoyons d’aller jusqu’à 28 employés, recrutés localement", annonce M. Cummings, pour l’ouverture après travaux du "Château de la Bussière", ainsi rebaptisé, au printemps 2006.

Le domaine "sera ouvert au public en tant qu’hôtel", prévient-il, soucieux de préserver la "tranquilité" de ses clients. "C’est là que le bât blesse", la première chose que demandent les gens, c’est si le "parc restera accessible", déclare Martine Bretigny, secrétaire de l’établissement, qui a reçu de nombreux appels téléphoniques et courriers de protestation depuis l’officialisation de la vente, en décembre.

"L’archevêque ne doit pas raisonner en chef d’entreprise ! Il faut que la logique financière" soit doublée d’une "logique symbolique, or ici la balance n’est pas faite", s’indigne un architecte, qui craint qu’il soit porté atteinte à l’intégrité architecturale du lieu. Il a dénoncé la vente dans une tribune libre, publiée par le quotidien régional Le Bien Public, qui lui a valu, assure-t-il, un abondant courrier de soutien.

L’abbaye rouvrira ses portes après les fêtes, le 17 janvier, et son personnel s’attend à un afflux de visiteurs, avant que les Anglais investissent les lieux.



( d’après un fait réel relaté sur le net : ce n ’est pas une fiction )




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