Pédophilie bancaire
vendredi 13 février 2004.
Bienvenue aux fils du chèque...
Depuis deux ans, les banques s'arrachent les nourrissons.
Toute une gamme de produits d'épargne leur sont destinés.
C'est quasi in utero que la prospection s'effectue.
Lorsque l'enfant paraît, on propose aux heureux parents d'ouvrir un compte pour
sa pomme.
Au Crédit lyonnais, l'offre layette est baptisée Zébulon. Le Crédit agricole a
trouvé Tiwi, tandis que la Société générale a pondu Eurokid. La BRED n'a pas
cherché loin avec Tirelire, et BNP Paribas, au terme sans doute d'épuisantes
séances de remue-méninges, a accouché de Weezbee.
Le principe est partout le même. Au premier piaillement, on propose aux
géniteurs l'ouverture d'un livret sur la tête du mouflet, avec 15 % ou 16 % en
guise de hochet. Le Crédit lyonnais, toujours fastueux, offre en sus son petit
lion en peluche. Le but avoué est de donner aux enfants au berceau le pli de la
banque de leurs parents, en même temps qu'on espère qu'à l'âge de choisir ils ne
seront pas tentés de changer de crémerie.
Avant, c'est sur le livret A de la poste et des caisses d'épargne que les
Français misaient pour préserver l'avenir de leurs rejetons. Depuis 1999,
concurrence oblige, les banques rivalisent d'ingéniosité dans la pouponnière
financière, mais il apparaît qu'au fond ce sont les parents qui intéressent les
banquiers, car les lardons ne sont pas encore solvables.
Simplement, on leur tient les pieds au chaud en attendant qu'ils grandissent et
se mettent à rapporter.
Cela, qui pourrait s'appeler pédophilie bancaire, n'est pas considéré comme un
délit.
article tiré de l'humanité du 30-1-04 et publié pour infos