Une association de prêtres homosexuels 
catholiques
samedi 4 octobre 2003. 
Ils sont rares, mais ils existent et Le Devoir du 24 septembre nous donnait une 
preuve de l'acte " courageux " qu'ils viennent de poser en vue de sauver le 
mariage des couples homosexuels. Par l'entremise d'un certain Richard, les 
prêtres gays dénoncent " le vocabulaire utilisé par les autorités religieuses 
pour définir l'homosexualité ". Beau sursaut d'honnêteté, certes, mais si je me 
souviens bien, un prêtre, c'est un homme qui fit vœu de chasteté et qui fut " 
élevé " à un ordre de l'Église catholique romaine. Il doit donc obéissance à 
Rome et celui qui règne au Vatican est le représentant sur Terre de Celui qui 
est mort pour sauver les misérables que les humains seraient encore sans ce 
sacrifice. C'est du moins comme ça que j'ai retenu la leçon, oubliée aussitôt, 
si ce n'était que par passion pour le génie des cultures précédentes. 
Or, nous savons assez depuis quelques semaines, alors que le Canada se divise 
sur la définition à donner au mariage et que Jean Chrétien à été voué aux 
gémonies par les sous-papes du pouvoir ecclésiastique, que l'homosexualité donne 
de l'urticaire à la curie romaine, que, pour elle, c'est encore une maladie 
contagieuse et que d'en être atteint constitue un péché mortel. 
Or voilà que pour échapper sans doute aux flammes dévorantes de Lucifer nous 
apprenons qu'il existe une association gay anonyme pour prêtres exclusivement, 
dont l'acronyme est AGAPE. Rome eut déjà ses papes paillards, elle doit compter 
maintenant avec des prêtres ripailleurs. Sa Sainteté le Pape n'a pas fini de 
trembler. Mais ils sont " anonymes " et, puisqu'il s'agit d'un regroupement, ont 
peut se demander comment ses membres se sont assemblés. 
Ils ont, nous apprennent-ils, leurs " journaux internes ", et l'anonymat dont il 
est question protège, selon les hérauts de l'association, la discrétion 
nécessaire pour œuvrer au sein de l'Église. Cette omerta est donc bien opaque 
pour que la hiérarchie si inquisitrice pour les mortels ignore l'existence en 
son sein d'une telle clique pécheresse équipée, de surcroît, de son propre 
organe de propagande ? À moins qu'elle ferme les yeux ? 
Après les prêtres pédophiles et la couverture qui leur fut offerte par leurs 
boss, il ne faut s'étonner de rien. Mais là n'est pas mon propos. Ce qui me 
préoccupe n'est pas tant que ces hommes pêchent deux fois plutôt qu'une et 
reçoivent une absolution inconditionnelle. Ce qui me choque c'est leur anonymat 
proclamé et le crachoir que les médias leur passent. 
Certes, ils se disent préoccupés par la vision qu'à l'Église de l'homosexualité, 
source de souffrances pour les pauvres écartés du système et occasion renouvelée 
de suicide chez les jeunes. Instrumentaliser ainsi les maux de notre société est 
une de ces tartuferies coutumières aux clercs et ces feluettes anonymes feraient 
bien, pour être crédibles, de suivre l'exemple de Jésus qui, sans cagoule et 
selon l'histoire, s'est sacrifié pour les siens. Ils seraient peut-être, eux 
aussi bafoués, ils perdraient peut-être leurs cures et leurs privilèges, mais 
ils ne seraient pas moins bien lotis que la plupart de leur concitoyens. 
Au lieu de craindre les représailles et d'affirmer entre eux que " le discours 
de l'Église " est rétrograde tout en profitant de l'occasion pour s'attirer un 
capital de sympathie en dénonçant publiquement mais anonymement leur propre 
hiérarchie, là est pour moi le scandale. Ne devraient-ils pas user de leur 
dialectique pour éclairer leurs confrères et leurs maîtres ? Ne devraient-ils 
pas au moins ne pas leurrer leurs ouailles ? Les aider au contraire en 
s'affichant homosexuels et heureux de l'être. Les édifier en donnant un visage à 
l'homosexualité qui ne soit pas seulement celui de la honte, de la démission et 
de la compromission.