Une discothèque désaffectée de Moscou devient église catholique
jeudi 10 juin 2004.


Au milieu d’énormes immeubles bleu gris de la périphérie de Moscou, se cache un bâtiment pseudo-classique rose bonbon délabré. Sur la porte en fer, une inscription à la craie annonce "rénovation" et rien n’indique que dans cette discothèque désaffectée fonctionne une église catholique qui irrite les orthodoxes.

Rien n’a changé au rez-de-chaussée, dans une grande salle aux murs noirs, ornée d’une fresque orange vif à la manière des "tags", figurant vaguement une femme nue à quatre pattes.

Mais au premier étage, dans une petite pièce repeinte en blanc, trois prêtres - un Allemand, un Polonais et un Philippin - célèbrent la messe en russe pour une trentaine de personnes de tout âge. Les fidèles de la paroisse Sainte-Olga chantent à gorge déliée et manifestent une bonne connaissance de la liturgie.

Les catholiques de Moscou, étaient à la recherche d’une église depuis sept ans.

Avant la Révolution d’Octobre, ils disposaient de trois églises à Moscou. Ils en ont toujours gardé une, Saint-Louis des Français, et récupéré une autre, celle de l’Immaculée Conception au début des années 1990, mais étaient à l’étroit, devant célébrer pas moins de 27 messes chaque dimanche, vu la diversité linguistique de leur communauté.

"Nous disions la messe dans un appartement au 7e étage du quartier de la Taganka, cela faisait très secte", raconte le père Richard.

Puis le propriétaire de la discothèque du quartier-dortoir de Lioubino leur a fait une offre providentielle. C’était cher - un demi-million de dollars - mais les religieux ont fait appel à des bienfaiteurs étrangers et à leur propre congrégation, et conclu rapidement.

Pour le moment, pas de croix au dessus du fronton triangulaire, même pas de plaque révélant la nouvelle identité de la bâtisse. L’unique information sur la paroisse - dûment enregistrée depuis une douzaine d’années - sont des annonces placardées à l’entrée des deux autres églises de Moscou, et du bouche à l’oreille.

La raison de cette discrétion est sans doute la tension entre les catholiques russes et les orthodoxes. Fortement majoritaires dans le pays, ceux-ci accusent ceux-là de prosélytisme agressif, inacceptable entre "Eglises soeurs".

Et le profil bas adopté par la communauté religieuse des "Verbistes" n’empêche pas qu’ils soient cités en tête de liste des cas de prosélytisme présentés récemment par le patriarcat de Moscou à des envoyés du Vatican.

Certes, disent les catholiques, mais notre troisième église, Saints-Pierre-et-Paul, bâtiment encore solide dans le centre de Moscou, est toujours occupée par une société pétrolière et la récupérer s’avère impossible.

Les babouchkas russes assises sur des bancs devant l’ancienne boîte de nuit trouvent sa reconversion bienvenue. "Les jeunes buvaient et faisaient du bruit la nuit. Maintenant c’est le jour et c’est moins bruyant", dit l’une d’entre elles.



( adapté d’un fait réel trouvé sur le net )




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