Le car de la messe
mardi 27 avril 2004.


Malgré le départ à la retraite des deux chauffeurs, la petite cité de Plougastel-Daoulas (Finistère), près de Brest, maintient l'ancestral service du "car de la messe", deux ramassages le dimanche matin qui resserrent les liens entre les anciens de la commune. Au delà de l'aspect confessionnel, le "car de la messe" joue un "rôle social évident ne serait-ce que pour briser la solitude des personnes âgées en milieu rural", raconte Georges Bodremon, 57 ans, qui effectuait dimanche son dernier circuit avant sa mise à la retraite.

"Tiens, Jean n'est pas là ? Pourtant, il n'a pas été en sortie hier, c'est bizarre", s'inquiètent, avec un accent inimitable, plusieurs mamies en habits du dimanche et fraîchement coiffées.

Casquette bleue vissée sur la tête, l'ancien marin-pêcheur Jean Le Corre, 77 ans, sort de la nuit fraîche, essoufflé : "c'est en côte", explique-t-il difficilement, la main sur la poitrine, avant de s'asseoir sur son siège réservé, juste à côté du chauffeur.

Ils sont ainsi une petite vingtaine de paroissiens à utiliser chaque semaine la ligne pour être présents à 8H30 à l'église du bourg, par ailleurs mondialement connue pour son enclos paroissial d'une richesse exceptionnelle. Un autre service de car sera assuré pour le retour et la messe de 11H30.

L'itinéraire, une soixantaine de kilomètres au total, ne figure sur aucune carte ni aucun dépliant. C'est un service à la demande, où les clients, pour deux euros aller-retour, sont pris en charge devant chez-eux. Georges connaît par coeur chaque virage, ainsi que tous les "bobos" et les petites histoires du coin.

La tradition veut également qu'après l'office, tout le monde se retrouve au café après avoir rendu hommage à ses morts, au cimetière tout proche. "C'est ainsi que la vie continue", explique Jean.

La mairie apporte une participation financière au "car de la messe", car la participation des paroissiens, de moins en moins nombreux, ne suffirait pas à payer le salaire du chauffeur, selon la compagnie de transport Jean Le Page.

Petit bourg de 12.248 habitants dominant la rade de Brest, Plougastel-Daoulas est composé de plus de 160 mini-villages desservis par un réseau routier de plus de 200 km.

"Avant guerre, il fallait pas moins de trois cars pour emmener tout le monde à l'office. Il y avait des gens sur les toits, d'autres s'accrochaient à l'échelle arrière. Les sièges étaient remontés le samedi soir après le transport des cageots de fraises", se rappelle Jean.

"C'était une obligation d'aller à la messe, sinon on était puni et menacé de l'Enfer", explique quant à elle Marie-Louise, toute pimpante avec son manteau du dimanche et sa coiffure gris-bleu.



( d'après une dépêche trouvée sur le net et publiée pour infos)




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